Le petit homme
234 pages
Français

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Le petit homme , livre ebook

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Description

Pierre VABRE Le Petit Homme   Roman   Gagnant du Grand Prix littéraire du voyage extraordinaire 2011     Éditions Les Nouveaux Auteurs 16, rue d'Orchampt 75018 Paris www.lesnouveauxauteurs.com   ÉDITIONS PRISMA www.editions-prisma.com 13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex www.prisma-presse.com   Copyright © 2011 Editions Les Nouveaux Auteurs- Prisma Presse Tous droits réservés ISBN : 978–2–8104–14536       À Claire.       « Soyez le changement que vous voulezvoir dans le monde. » Gandhi I La première fois que j’ai vu le Petit Homme, il était assissur un banc.   Ce qui m’a le plus surpris chez lui, c’est qu’ilne regardait pas s’écouler la rivière comme le faisaient d’habitudeles vieux du village.   Il regardait vers le ciel.   Fixement.   Je l’appelle le Petit Homme car il paraissait vraiment petit.Même assis.   Il est arrivé un jour dans mon village sans que personne ne l’aitjamais vu auparavant.   Il était toujours seul.   Il regardait sans cesse le ciel, comme si des nuages allaient apparaîtreun ami. À force de le voir regarder ainsi, un jour, intrigué,je me suis assis à côté de lui.   Il n’a pas tourné la tête, il a juste souri.   Je le vis enfin de près. Des rides profondes marquaient son visageburiné par les ans. Des cheveux courts, grisonnants, ornaient sa têted’où dépassait un front immense. Son nez était petit et légèrementretroussé, ses lèvres étaient fines et ses joues creuses.

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Informations

Publié par
Date de parution 16 juillet 2015
Nombre de lectures 34
EAN13 9782810414536
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pierre VABRE
Le Petit Homme
 
Roman
 
Gagnant
du Grand Prix littéraire

du voyage extraordinaire 2011
 
 
Éditions Les Nouveaux Auteurs
16, rue d'Orchampt 75018 Paris
www.lesnouveauxauteurs.com
 
ÉDITIONS PRISMA
www.editions-prisma.com
13, rue Henri-Barbusse 92624 Gennevilliers Cedex
www.prisma-presse.com
 
Copyright © 2011 Editions Les Nouveaux Auteurs- Prisma Presse
Tous droits réservés
ISBN : 978–2–8104–14536
 

 

 

À Claire.
 

 

 

« Soyez le changement que vous voulezvoir dans le monde. »
Gandhi
I

La première fois que j’ai vu le Petit Homme, il était assissur un banc.
 
Ce qui m’a le plus surpris chez lui, c’est qu’ilne regardait pas s’écouler la rivière comme le faisaient d’habitudeles vieux du village.
 
Il regardait vers le ciel.
 
Fixement.
 
Je l’appelle le Petit Homme car il paraissait vraiment petit.Même assis.
 
Il est arrivé un jour dans mon village sans que personne ne l’aitjamais vu auparavant.
 
Il était toujours seul.
 
Il regardait sans cesse le ciel, comme si des nuages allaient apparaîtreun ami.
À force de le voir regarder ainsi, un jour, intrigué,je me suis assis à côté de lui.
 
Il n’a pas tourné la tête, il a juste souri.
 
Je le vis enfin de près. Des rides profondes marquaient son visageburiné par les ans. Des cheveux courts, grisonnants, ornaient sa têted’où dépassait un front immense. Son nez était petit et légèrementretroussé, ses lèvres étaient fines et ses joues creuses. Ses yeuxétaient bridés. Le Petit Homme était Asiatique. Son menton fin, volontaire,se terminait par un petit bouc aussi gris que ses cheveux. Mais cequi m’impressionnait le plus chez lui, c’étaient ses oreilles,car autant le Petit Homme était petit, autant ses oreilles étaientgrandes. Les lobes semblaient s’allonger indéfiniment.
 
Je restai là, à l’épier pendant quelques minutes, puis commeil n’avait pas dévié d’un degré l’inclinaison desa tête, je me tournai à mon tour vers le ciel, cherchant à comprendrece qui le fascinait à ce point.
 
Au bout de dix minutes, je commençais à ressentir un certain engourdissementdans mon cou. Je me demandai alors comment est-ce qu’il pouvaitrester ainsi des heures durant, sans bouger.
 
Le Petit Homme souriait toujours depuis mon arrivée, mais nousn’avions échangé aucune parole. Ce silence commençait à m’embarrasseret je me résolus à partir.
 
— Merci d’être venu, me dit-il simplement alors queje commençais à me lever.
 
—  À demain, ponctua-t-il, alors que sansme retourner, je regagnais le chemin qui menait à ma maison.
II

Le lendemain, je n’avais pas cours. Mon père était partitravailler tôt et ma mère s’occupait de la maison, de mon frèreSimon et de ma sœur Léa. J’avais l’habitude d’allerseul dans le pré du maire pour voir ses chevaux. Il y avait notammentun magnifique Mérens noir et j’adorais aller lui rendre visite.J’appréciais toujours de le voir courir à ma rencontre de l’autrecôté de sa clôture.
 
Mais ce jour-là, je retournai dès le matin au bord de la rivière.J’étais vraiment intrigué par ce Petit Homme. Je ne comprenaispas encore pourquoi, mais j’étais comme attiré par sa présence.
 
Il était bien là et regardait toujours le ciel avec intensité,sans ciller le moins du monde.
 
Je m’assis à nouveau près de lui, en lui faisant un petitbonjour de la tête.
 
Il ne bougea pas mais, comme la veille, un sourire lumineux envahitson visage.
—  Bonjour, me dit-il.
 
Je ne répondis rien et me mis à regarder avec lui en directiondu ciel. Je ne sais combien de temps il se passa, mais je me souviensm’être dit que je ne ressentais pas la fatigue dans le cou,comme cela s’était produit la veille.
 
— Tu tiens plus longtemps ! C’est bien, me dit-il.
 
Trop intrigué par cette situation, j’osai enfin prendre laparole :
— Mais que regardez-vous donc ? Je ne vois rien à part unciel bleu, des nuages et quelques passages d’oiseaux.
— Tu appelles cela rien ?
— Oui, enfin je veux dire rien que de très banal, je me tournaisalors vers lui, comment pouvez-vous passer des heures ici à regarderce ciel ?
— Je ne le regarde pas, j’apprécie sa beauté.
— Oui, enfin c’est pareil.
— Ah non !
— Comment ça non ?
— Non, ce n’est pas pareil. Toi, tu vois de banalsnuages, des oiseaux sans grand intérêt, de simples feuilles qui bruissentdans le vent ; moi, je vois une symphonie.
— Une symphonie ?
— Oui, je vois la perfection de tout cela, je suis face àune œuvre magistrale, un tableau vivant, une horlogerie sublime, laperfection en mouvement.
— Mais, monsieur, c’est le ciel, rien que le ciel !
— La perfection est partout. Toujours. Tout le temps.
 
Je ne saisissais pas vraiment ce qu’il me disait, tout commeje ne comprenais pas que l’on puisse s’émerveiller d’untel paysage.
Sans m’en apercevoir, je passai tout de mêmeprès d’une heure à ses côtés. Je m’en rendis compte auson des cloches de l’église qui indiquait déjà onze heures,ce qui me fit sortir de ma torpeur. Je me levai et fus surpris deme sentir en pleine forme après une heure assis sur ce banc en fer.
 
— Au revoir, dis-je.
— À demain, me dit-il tout en continuant « d’apprécier »le ciel.
— Peut-être…
III

Le bus qui me ramenait du lycée n’avait pas fini d’ouvrirses portes que je me précipitais vers la rivière, toujours mû parce désir irrésistible de revoir cet être étrange. Je traversai lepont, passai devant ma maison et suivis le chemin jusqu’au banc.Mais il ne s’y trouvait pas. Je me laissai alors tomber de toutmon poids sur le banc vert, tout en envoyant nonchalamment mon sacà quelques mètres de là.
 
— Tu me cherchais ?
 
Ma tête pivota brusquement sur ma droite, et je pus voir mon PetitHomme assis sur le petit muret qui délimitait le terrain de la maisond’à côté.
 
— Il y avait trop de soleil cet après-midi et j’aipréféré m’asseoir à l’ombre de ce figuier, me dit-il touten continuant d’apprécier sa symphonie céleste. Tu peuxvenir me rejoindre si tu le veux.
 
J’hésitai un moment, puis récupérant mon sac, je vins m’asseoirà côté de lui.
—  La symphonie est-elle toujours aussi belle ?
— Magnifique !
— Je rigolais.
— Moi non.
 
Je remarquai qu’il avait une alliance à son annulaire gauche.
 
— Vous êtes marié ? dis-je.
— Oui, à la plus merveilleuse des épouses, la plus belleaussi.
— Comment s’appelle-t-elle ?
— Claire.
— Et vous avez des enfants ?
 
Pour la première fois, le sourire quitta son visage. Son regardserein parut tout à coup s’embrumer, sa tête s’inclinavers le sol et ses rides parurent plus profondes, comme des cicatricesqui ne se seraient jamais vraiment refermées avec le temps.
 
— Oui… Deux.
 
Après quoi et comme si de rien n’était, il reprit sa posefavorite : le visage à 45° vers le ciel, les yeux fixes, son sourirereprenant petit à petit sa place.
 
Un peu gêné d’avoir apparemment ravivé une sombre douleur,je gardai le silence mais je fus troublé par cet épisode et ne réussispas à « apprécier » le ciel cet après midi-là. Un peupenaud, je repris mon sac et fis mine de rentrer chez moi.
 
—  Ne te fie pas aux apparences Gabriel, laPerfection est partout. Toujours. Tout le temps. Même si parfois,on l’oublie.
— Vous connaissez mon prénom ?
— Je connais beaucoup de choses sur toi.
 
Je fus surpris par cette remarque. Comment connaissait-il mon prénom ?Que savait-il donc sur moi ? Qui était-il ? Le malaise et le doutes’installèrent alors en moi. Je quittai ma pose méditative etrepris le chemin qui conduisait à la maison.
 
— À demain, me dit-il.
 
Je ne répondis rien.
IV

Cette rencontre avec le Petit Homme m’avait troublé. Je mesentais proche de lui et pourtant, quelques jours auparavant, je nele connaissais pas. Son calme et sa sérénité me fascinaient. Il connaissaitmon prénom, il semblait apparemment connaître d’autres chosessur moi, mais qui était-il au juste ? Que cherchait-il ?
 
Ce matin-là, je jetai un coup d’œil par la fenêtre. Le tempsn’était pas très beau mais le Petit Homme était tout de mêmeassis sur le banc. Il regardait toujours le ciel. Fixement. Les habitantsdu village qui passaient par là, le regardaient de façon circonspecte.
 
Toujours mû par une grande curiosité, je décidai de le rejoindreà nouveau.
 
Tel un rituel, je m’assis à côté de lui. Ne bougeant pasla tête le moins du monde, il se mit à sourire.
 
— Bonjour Gabriel, comment vas-tu aujourd’hui ?
— Bien, bien.
Le silence s’installa à nouveau entre nouscomme si le spectacle que nous offrait le ciel allait commencer. Aubout d’un moment, et sans détourner la tête, je lui demandai :
 
— Je peux vous poser une question ?
— Tu sembles en avoir envie ! Je t’écoute.
— D’où venez-vous ? On ne vous a jamais vu au villageavant et, sans vous vexer, vous n’avez pas une tête de vieuxdu pays, vous venez de Chine ?
— Non, du Vietnam.
— Du Vietnam ? Là où il y a eu la guerre ?
— Chez toi aussi, il y a eu la guerre.
— Oui, enfin je veux dire, le pays de « Platoon »,« Apocalypse Now », « Full Metal Jacket » ?
— Et aussi de « L’odeur de la Papaye Verte »,oui je viens de là-bas.
— Vous avez fait la guerre ? dis-je avec une pointe d’excitation.
— Oui, me dit-il avant de marquer une pause, mais tu sais,le Vietnam, ce n’est pas que la guerre, même si cela a été dramatiquepour le pays et si les Vietnamiens en souffrent encore.
— Mais comment vous êtes-vous retrouvé ici ?
— C’est une bien longue histoire.
— Je veux bien l’entendre.
— Cela serait bien long. Connais-tu le Vietnam ?
 
À part le nom de sa capitale, je ne connaissais rien de ce payset j’aurais même eu du mal à le situer sur une carte. Le seulmot avec lequel je l’associais, c’était le mot guerre.
 
— Vous vous êtes battu ?
—  Oui.
— Vous habitiez où ?
— Je viens du centre du Vietnam. J’habitais dans laplus jolie ville qui soit : Hoi An.
— Vous voulez dire Hanoï ?
— Non, j’ai bien dit Hoi An, et même si elle n’estpas construite directement au bord de la mer, jusqu’au siècledernier, c’était un des plus grands ports de commerce d’Asiedu Sud-est. Des H

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