De Tanger à Marrakech
134 pages
Français

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De Tanger à Marrakech , livre ebook

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Description

Ce récit de voyage, de Christiane Dupont Nangle, par l’écriture et l’illustration, décrit les marocains dans leur vie de tous les jours. Initialement marquée par l’expérience artistique de Delacroix et de Matisse au Maroc, l’auteur va peu à peu s’en détacher pour se référer à des souvenirs de sa propre enfance, en établissant des similitudes et des contrastes entre sa ville natale en France et les villes marocaines qu’elle a visitées. Elle apporte ici un témoignage vivant sur la beauté touchante du Maroc et sur l’esprit de tolérance de ses habitants. Son écriture se conjugue en harmonie avec sa peinture.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2022
Nombre de lectures 795
EAN13 9789954210938
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

de Tanger à Marrakech
Récit de voyageEditions
Marsam
Ateliers : 6, rue Oskofia (prés Place Pietri) Rabat
Bureaux : 15, avenue des Nations Unies - Rabat
Tél : 037 67 40 28 - Fax : 037 67 40 22
e-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr
Compogravure flashage
Quadrichromie
Impression
Imprimerie Yadini
Dépôt légal : 2007/1531
I.S.B.N. : 9954-21-093-8Christiane Dupont Nangle
de Tanger à Marrakech
Récit de voyageA Mourad el Kanabi
Aziz Lebbar
Aimé Serfati
Remerciements
Pour ceux qui ont eu la patience de m’écouter parler de ce récit de
voyage au fur et à mesure de sa création, de lire mon manuscrit ou de
regarder mes aquarelles : Isabelle Dupont, ma mère, Thomas Nangle et
Emilie Amos mes enfants, Mohamed Belmahi, Ambassadeur du
Royaume du Maroc en Grande Bretagne, Ali El Kasmi, Délégué de
l’Office Marocain National du Tourisme en Grande Bretagne et en
Irlande, Molly Bown, Margot Burrell, Anne Marie Chapel, Nadine Cretin,
Elisabeth Dupré-Danenberg, Luce Géas, Anne Spira et Betka Zamoyska
Pour ceux qui m’ont fait bénéficier de leurs connaissances sur le Maroc :
Lotfi Akalay, auteur et journaliste, Fouad Kadmiri, Conseiller Culturel,
Ambassade du Royaume du Maroc en Grande Bretagne, Abdou
FilaliAnsary, Chercheur, Ahmed Hachmiui, Administrateur, Délégation
Régionale du Tourisme, Fès, Ahmed Lebbar, Guide, Fès, Zakia Jawhar,
Revue Maghrébine, Prologues, Casablanca
« La peinture n’est pas qu’un plaisir des yeux
mais le décor de nos secrètes pensées »
Aragon
Inspiration
Cette histoire sur le Maroc tente de décrire les Marocains dans leur vie de
tous les jours avec leurs djellabas traditionnelles formant des taches de couleurs
dans un décor où la Kasbah se révèle toute blanche et où le ciel bleu ressort
encore plus pur.
Dans ce pays, on est frappé par la persistance du passé dans la vie moderne
et par l’influence qu’exerce la mode européenne sur les jeunes : pour aller à
l’école, les filles portent des sacs à dos et des chaussures de tennis ; leur identité
marocaine se cache derrière leurs blouses blanches et se voit, pour certaines, par
le port d’un foulard sur la tête. Les garçons sont vêtus de tee-shirts et de
bluejeans et portent des chaussures de tennis plus lourdes et plus usées que celles
des filles parce qu’ils traînent souvent avec leurs pieds un ballon de football.
La vie des Marocains se concentre à la maison autour de leurs familles ou à
la mosquée, lieu où ces musulmans vont pratiquer leur religion avec la plus
grande dévotion. Devant le porche en bois vermoulu de la mosquée, dont les
battants sont renforcés de clous en cuivre ternis, des hommes en djellabas
blanches ou brunes, ou bien vêtus à l’européenne, attendent pieds nus en tenant
leurs babouches ou chaussures à la main pour faire leurs ablutions. Seuls les
musulmans peuvent franchir ce porche. A la Mosquée les hommes et les
femmes prient séparément et, durant leur méditation religieuse, le temps
devient immobile. Si certains n’éprouvent pas le besoin de parler de l’Islam, ils
observent rigoureusement les règles du Coran.
5On est également frappé par ces enfants qui, dévoués à leurs parents,
rendent service à leurs familles et font la queue à la fontaine avec des bouteilles
en plastique vides afin de s’approvisionner en eau. Si l’on me posait la question
: « En dehors de la beauté islamique, qu’est ce qui vous a le plus frappée au
Maroc ? ». Je répondrais : « le nombre de bouteilles en plastique : Il y en a des
blanches, des jaunes et des rouges. » Dans ma mémoire le Maroc est dans le
lointain, enveloppé dans une gaze de lin, mais, près de mon cœur, il est proche
et accessible. Parfois devant la méfiance et l’interrogation de quelques Marocains
sur ma nationalité, je réponds : « je suis une passagère en transit, une étrangère
en voyage s’efforçant de recréer, par sa sensibilité d’artiste, la spontanéité de
votre peuple, l’ancienne beauté aristocratique de votre pays, sa lumière, ses
couleurs, ses symboles, sa vulnérabilité, ses murs décadents devenus des
fantômes de Médinas médiévales, ses artisans au visage grave immergés dans
une atmosphère de travail au ralenti et ses ânes dociles et travailleurs... en
résumé, tout son charme qui, comme les passions éphémères, s’échappe en
bouffées passagères. » Dans mon élan à dessiner et à peindre à l’aquarelle,
j’essaie de suivre timidement les pas de Delacroix et de Matisse, deux peintres
français qui, émerveillés par la beauté de ce pays, ont laissé un grand témoignage
sur le Maroc. Mon admiration pour ces deux peintres m’exhorte à dessiner sans
que ma main ne tremble au regard curieux que jettent les enfants quand je suis
penchée sur mon carnet de croquis. Ils sont souvent admiratifs et encourageants
; quelques-uns m’introduisent auprès de leurs familles habitant à la Médina ou
à la Kasbah. Contrairement aux adultes, ces enfants m’inspirent confiance parce
que nous avons en commun de ne pas ressentir le sens du ridicule et de vivre
dans l’espoir. Ils m’appellent Madame l’Artiste et prononcent mon nom d’une
manière respectueuse et craintive.
La raison de mon voyage - juin 1990 – Londres
Ayant repris possession dans l’élégant quartier de Mayfair d’une de mes
aquarelles choisie pour la reproduction d’une carte d’anniversaire par la Medici
Society, j’en profite pour m’arrêter dans une galerie où sont exposés des
tableaux russes. C’est la première exposition de peintres russes à Londres
depuis la fin de la guerre froide. Le propriétaire de la galerie a la curiosité de
regarder mon aquarelle et est séduit par mon style qui lui rappelle, dit-il, les
illustrations du magazine américain du New Yorker. Il m’offre la possibilité
d’aller peindre au Maroc dans le but de faire une exposition dans sa galerie.
J’accepte son offre avec enthousiasme, même s’il ne me propose pas de contrat
et que je n’ai jamais voyagé dans un pays musulman où les femmes seules ne
sont pas toujours les bienvenues.
67Souvenirs du Maroc
Dans l’autobus londonien rouge à plate-forme qui me conduit à Chelsea, je
prononce machinalement les mots : Afrique du Nord, pays arabe, Maroc,
Marocains, babouches, souk, Inchallah. Je me souviens qu’à l’école en France,
en étudiant l’histoire de l’Afrique du Nord, nous ne devions retenir que les
événements vantant la gloire de la France. Après la colonisation de l’Algérie, je
me rappelle surtout du Traité de Fès, concluant l’Accord du Protectorat français
avec le Maroc et du général Lyautey qui fut nommé résident général au Maroc
et dont le nom fut lié à cette époque coloniale. Je ne comprenais pas encore
l’obsession du colonialisme européen.
Mes connaissances sur l’histoire du Maroc étant trop sommaires, pour les
développer je lis quelques livres qui m’apprennent qu’au début du XXe siècle,
le Maroc était un pays difficile à gouverner parce qu’il ne constituait pas un Etat
homogène mais représentait des territoires morcelés, partagés entre des tribus
arabes et berbères.
Lyautey fit défricher les terres sur lesquelles il fit pousser des cultures variées
et planter des arbres. Des mines de phosphate furent découvertes et exploitées,
devenant plus tard l’industrie la plus importante du Maroc. Pour obtenir le
soutien des chefs de tribus, Il pratiqua la « politique de la tasse de thé », faisant
des réceptions en leur honneur et leur offrant des cadeaux. Lyautey devint
populaire avec les Arabes et les Berbères et respecta leurs coutumes. Une de ses
plus grandes réussites fut de préserver la Médina avec ses murs fortifiés pour
les Arabes et les Berbères et de bâtir la Ville Nouvelle pour les coloniaux à
Rabat, Meknès, Fès et Marrakech. Il construisit les ports de Casablanca et de
Kenitra, toutes les routes reliant les villes du Maroc et la ligne de chemins de
fer. Casablanca devint la première ville internationale et Rabat la capitale du
Maroc. Dans les écoles qu’il créa, la langue française était enseignée deux ans
après l’arabe aux enfants marocains. Lyautey fut le résident général du Maroc
de 1912 à 1925.
En prenant conscience de l’histoire du Maroc, je vais laisser de côté la culture
française, qui a marqué ce pays depuis le Protectorat, pour essayer de le définir
et de remonter à ses origines.
Le Maroc fait partie de la Méditerranée mais il se tourne aussi vers l’Ouest
par ses côtes en bordure de l’Océan Atlantique. Ses ancêtres, des Berbères
d’origine euro-asiatique, avaient reçu le nom de Libyens par les Grecs. Cette
race berbère qui vivait entre le Sahara et la Méditerranée a lutté avant d’adopter
la culture, la langue et la religion des dominations étrangères qui firent la
conquête du Maroc, leur montrant qu’elle pouvait rester indisciplinée et imposer
8ses coutumes berbères. Les hommes voilés de l’Anti-Atlas étaient des Berbères.
Leur alphabet aux caractères libyens ressemblait aux signes gravés sur la Vallée
du Nil qui dataient de plus de six mille ans. Les Berbères n’étaient pas tous
nomades mais la vie de plein air les épanouissait. Ils devinrent sédentaires
lorsqu’ils découvrirent les plaines protégées du nord de l’Atlas. Les Phéniciens,
les Carthaginois, les Romains, les Vandales et les Byzantins ont tous essayé de
conquérir le Maroc parce qu’il leur ouvrait une porte sur l’Afrique.
Après l’influence de l’Occident romain et chrétien au Maghreb, on vit arriver
celle de l’Orient arabe. Les Arabes choisirent de conquérir l’Afrique du Nord
dans le but de répandre la religion de l’Islam. Leurs invasions s’effectuèrent en
trois mouvements. Ils vinrent pour la première fois au Maroc aux VIIe et VIIIe
siècles. En 681, Oqba ben Nafi, chef guerrier de la dynastie omeyyade de
Damas conquit cette partie de l’Afrique du Nord aux confins du Sahara jusqu’à
la côte Atlantique qu’il appela « el Maghreb el Aqsa », « le Far-West ». (Maghreb
veut dire l’Ouest).

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