130
pages
Français
Ebooks
2012
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Ebook
2012
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2012
Nombre de lectures
68
EAN13
9782296676589
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Publié par
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01 janvier 2012
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68
EAN13
9782296676589
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Français
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Daniel Cohen éditeur
www.editionsorizons.fr
Cardinales, classiques de l’Antiquité au XIX e siècle
Cardinales a fait d’emblée en beau : la collection s’est ouverte avec Goethe, notre prophète ; son magnifique texte, Le Conte, a paru dans une nouvelle traduction, due à François Labbé ; nous remontons ensuite dans le temps : l’helléniste et latiniste Marcel Desportes a laissé une traduction inédite, de l’ Énéide, forte littérairement et indéniablement inventive. Grâce à l’érudition de l’écrivain Gianfranco Stroppini de Focara, spécialiste de Virgile, le pari a été relevé – une mise sur le marché de l’ opus magnum de la culture occidentale. Au printemps de 2010, outre la grande épopée africaine rapportée par Lylian Kesteloot, L’Epopée Bambara de Segou, Virgile nous est revenu avec les Géorgiques et les Bucoliques, dans une traduction originale de Léopold Niel. Voici, dans la traduction de Charles Dobzynski, les Sonnets à Orphée ; suivront des poèmes d’Emily Dickinson traduits par Antoine de Vial ainsi que plusieurs romans et essais de Judith Gautier, qui eut, dans le dernier quart du XIX e siècle et dans la première décennie du XX e , une notoriété considérable. Il en sera ainsi des érudits, des romanciers, des moralistes de ces vingt siècles – voire en-deça – miroir d’une condition en tous points semblable à la nôtre ; le vertige du temps n’a en rien modifié les interrogations, les espérances, les révoltes, les tourments des hommes et des femmes : Cardinales en sera le reflet bien sûr, et dans une veine universaliste.
Goethe, Le Conte, 2008
Virgile, L’Énéide, 2009
Virgile, Les Géorgiques, Les Bucoliques, 2010
L. Kesteloot, (recueillie par) L’Épopée Bambara de Ségou, 2010
Rainer Maria Rilke, Sonnets à Orphée, 2011
ISBN : 978-2-296-08805-4
© Orizons, Paris, 2011
Fabrication numérique : Actissia Services, 2012
Sonnets à Orphée
Rainer Maria Rilke
Sonnets à Orphée
Choix, traduction de l’allemand
et présentation
par Charles Dobzynski
Du même traducteur
Adam Mickiewicz, Pèlerin de l’avenir, essai suivi d’une anthologie (E.F.R., 1955).
Nazim Hikmet, C’est un dur métier que l’exil, suivi de Paris ma rose et autres poèmes , Messidor. Réédition : Le Temps des Cerises, 1999.
Yannis Ritsos, L’arbre de la prison et les femmes (gravures de Zizi Makris) bilingue grec-français, Éditions d’Art Athènes, 1962.
Dora Teitelboïm, Le vent me parle yiddish (Seghers, 1963).
Gyorgy Somlyo, Souvenir du présent , traduit du hongrois en collboration avec Guillevic (Seghers 1965).
Vladimir Maïakovski, Le nuage en pantalon (Le Temps des Cerises, 1997).
Avrom Sutzkever, Où gîtent les étoiles (avec Rachel Ertel) Le Seuil, 1988, Khaliastra, revue d’avant-garde yiddish, collectif, Lachenal & Ritter, 1988.
Péretz Markish, Le Monceau et autres poèmes (éditions de l’Improviste, 2000).
Moshé Szulsztein, L’or et le feu, avec des dessins de Devi Tuszynski (Cercle Bernard Lazare, 2001).
Anthologie de la poésie yiddish, Le Miroir d’un peuple, Gallimard, 1971, Le Seuil ; 1987, Poésie/Gallimard 2001.
Cette naissance irrésistible
O n connaît les circonstances dans lesquelles les Sonnets à Orphée furent composés, au manoir de Muzot, dans le Valais, au début de l’hiver 1922, la première série entre le 2 et le 5 février : « en quelques jours de saisissement immédiat, alors que je pensais m’atteler à tout autre chose, ces sonnets m’ont été donnés ».
C’est ce que Rilke écrit à Gertrude Ouckama Knoop, son amie, la mère de Vera, cette jeune musicienne morte à dix-neuf ans, à la mémoire de qui les Sonnets vont être dédiés, ou plutôt élevés « comme un monument funéraire ». Le poète ajoute dans sa lettre : « Vous comprendrez du premier coup d’œil pourquoi vous devez être la première à les posséder » En effet, si diffuse que soit la référence (un seul sonnet, l’avant dernier, le xxiv°, inscrit dans cette émotion qu’elle inspire la figure même de Vera), elle domine et anime le mouvement de l’ensemble et n’a cessé d’imprégner davantage « mais si secrètement que je ne m’en suis aperçu que peu à peu cette naissance irrésistible qui m’a secoué ».
C’est en effet un véritable séisme, physique et créatif, qui s’est emparé de Rilke. Et ce flux qui le traverse dans les jours qui suivent précipite l’écriture des dernières Élégies de Duino, de la septième à la dixième, dont il annonce l’achèvement à son amie Marie de la Tour-et-Taxis. Il lui écrit :
Le tout en quelques jours, ce fut une tempête qui n’a pas de nom, un ouragan de l’esprit comme autrefois à Duino : tout ce qui est « fibre et tissus » en moi a craqué, quand à manger durant ce tremps, il ne fallait pas y songer. Dieu sait qui m’a nourri.
Mais dès lors cela est. Est. Est… »
L’ouragan ne s’arrête pas là : entre le 15 et le 23, avec une nouvelle série de 25 sonnets, se trouve pratiquement réalisée la seconde partie des Sonnets à Orphée. On le constate d’emblée : nées de la même fièvre, mais en suivant des veines distinctes, les deux œuvres sont inséparables, jumelles, l’une prend dans l’autre résonance, malgré les différences de structure et de forme un verset libre et non rimé pour les élégies, un agencement régulier, même avec parfois quelques libertés et variantes, pour les sonnets. Diversité, par conséquent, de l’intonation, du souffle, de l’orchestration des vers, qui souligne en même temps leur autonomie de conception. Le sens éperdu de la beauté toujours suspendu vertigineusement à la tension éthique, à l’interrogation récurrente sur le sens de l’être du sublime dans le chant, la profondeur et la compassion du regard si lucide porté sur l’être et sur l’ Autre, se donnent ici secrètement la main, tout en empruntant des voies divergentes. On a pu voir dans les Élégies de Duino non seulement l’œuvre poétique majeure de Rilke, mais aussi l’un des moments privilégiés ou des tournants d’une poétique de la modernité, tant ici la pensée, dans la complexité de ses tourments, de ses ruptures, de ses exaltations, de ses interrogations parfois désespérées, s’y accorde à la liberté d’un souverain lyrisme faisant voler en éclats les cadres traditionnels et inventant son architecture discursive propre, une rhétorique, certes, mais une rhétorique qui fait passer dans le langage la mise en question de son pouvoir, une respiration qui le fait vaciller, la prégnance d’un « frisson nouveau ».
Des Élégies aux Sonnets
La thématique des Sonnets ne se distingue pas fondamentalement de celle des Élégies , mais on est en droit de se demander si Rilke, en ayant recours à la forme conventionnelle depuis Pétrarque du sonnet, aurait inexplicablement hésité au cours de son incursion dans l’inouï de la modernité. Aurait-il procédé à un retour en arrière dans un no man’s land de l’archaïsme, voire de l’académisme ? Or, il suffit de confronter les textes pour se persuader qu’il n’en est rien et que l’opposition elle existe n’est pas primordiale. La cohérence des œuvres, leur parfait équilibre interne et ce qui se joue entre elles me paraît caractériser le double mouvement de la pensée rilkéenne, tantôt vers son propre paroxysme, le survol des abîmes, tantôt vers une sorte de concentration dans l’individualisme, sous le signe de Narcisse, axe central des Sonnets, étayée en même temps par l’accroissement d’acuité que procure la sérénité.
La même méditation, la même conscience métaphysique de l’être-ici, de l’ être-au-monde, de son destin, de sa précarité, de ses impasses, la même effusion sensorielle dans la succulence de la nature, le même douloureux sentiment de la beauté, qui, est comme l’autre versant de la mort. La beauté qui ne s’atteint, si même elle est atteignable, que dans les affres de la métamorphose, celle que connaît Orphée, précisément, après son passage dans l’enfer, le domaine d’Hadès, la seule résurrection possible étant dans