À Demi-mot
71 pages
Français

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À Demi-mot , livre ebook

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Description

On pense que tout est dit On croit que tout est compris Mais dans ce silence qui sépare les mots Dans ce souffle entre les phrases se glissent les maux Qui transforment chaque respiration La moindre inspiration En un champ de mines Où l'amour devient ruine Et les polémiques, des guerres C'est pourtant cette langue qui fait de nous des grégaires Façonnant chacun pour soi tout un monde de demi-mots.

Informations

Publié par
Date de parution 18 octobre 2012
Nombre de lectures 4
EAN13 9782312005164
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

À Demi-mot
Luc Delvaux
À Demi-mot
recueil






Les éditions du net 70, quai Dion Bouton 92800 Puteaux
À ma fille Catherine Et à son adorable maman








Du même auteur

Comme se brûlent les ailes les papillons, Paris, Edilivre, 2010.
À la poursuite de Nadja, Paris, Edilivre, 2012.
11 septembre 2001 – La théorie du complot en question, Paris, LEN, 2012.














© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00516-4
Première partie De la Jeunesse
À demi-mot
Enfant de l’amour
Célébré, protégé, admiré
Qui nous survivra, que l’on aimera toujours
Mais enjeux de disputes dans le couple déchiré

À deux on l’a guidé sur le chemin de la vie
Avec nos parents on l’a surveillé
Puis le temps sur l’amour a sévi
Les paroles qui guérissent se sont tues, effrayées

Et peu à peu la haine de l’amour s’est fait le reflet
Les mots de blessants sont devenus cruels
On cherche dans l’autre ce qu’il a de plus laid
On rêve de rompre des années le rituel

Puis le couple se déchire
Chacun reprend ce qu’il pense être à lui
Oubliant qu’ils s’étaient unis pour construire
Et entre les deux, l’enfant, de l’amour le fruit

Ne pouvant le partager de manière équitable
C’est son cœur que chacun veut conserver
Commettant dans l’âme de l’enfant des dégâts irréparables
En voulant de l’autre détruire l’image qui y est préservée

Et quand finalement chacun reprend seul son chemin
Après s’être battu pour de l’enfant conserver la garde
Du petit on a brisé les lendemains
l’abandonnant sur une route sans rambarde

Et lors des visites, on poursuivra le travail de sape
Se détruisant l’un l’autre aux yeux de l’enfant
Dont le mal ira croissant dans un univers où tout dérape
Personne n’écoutant ce silence qui le défend

Et si les parents peuvent construire un autre amour
Repartir à zéro sur de meilleures bases
Lui à qui on a donné le jour
Avec le monde n’est plus en phase

Le mal introduit dans son cœur
A lentement fait son chemin
Détruisant toute source de bonheur
Lui dévoilant la face cachée de l’être humain

Cette face où amour rime avec haine
Où chaque phrase est à double sens
Chaque sourire atteint de gangrène
Un monde non fait de vérité, mais seulement d’apparence

Cet être sans défense victime du pire des combats
Né de la passion entre un homme et une femme
Ressemblant un peu à ces deux dont le cœur s’enflamma
Ne vivra plus une fois le couple sans âme
Qu’une vie entière de demi-mots
Un enfant comme les autres
C’était un enfant comme les autres, peut-être un peu plus rêveur, ou simplement plus lent. Il aimait jouer, rire et chanter, mais le temps de l’école et des difficultés est arrivé.
Un psychologue qui l’aurait examiné aurait sans doute conclu qu’il avait une intelligence spatiale, mais l’action pédagogique prompte à étiqueter ses élèves sans chercher à comprendre l’a classé parmi les cancres et les bons à rien ; tuant peu à peu l’enfant et l’homme en devenir.
Au début de sa scolarité, certains professeurs tentèrent de le soutenir, mais très vite tous l’abandonnèrent et on le considéra comme un imbécile. La violence symbolique fit le reste, le corps professoral se passait le mot d’année en année et il se trouvait toujours un de ces merveilleux enseignants tout imbus de leur savoir pour rappeler à l’enfant qu’il était stupide et que jamais il n’atteindrait les plus hautes marches du podium symbolisées par cette estrade où eux-mêmes se tenaient.
L’enfant se renferma, plus personne jamais ne le vit sourire ou ne l’entendit chanter et ses camarades se firent l’écho des réprimandes des professeurs sur un ton beaucoup plus méprisant.
L’autorité de l’école finit même par convaincre l’enfant que son crâne était vide et que si on l’ouvrait on n’y trouverait pas de cerveau, que son attitude était celle de ces animaux sauvages guidés par l’instinct.
Alors, lorsque son âge le libéra de l’obligation scolaire, on le laissa sortir sans aucune sorte de diplôme, ce qui lui fermait l’accès aux études supérieures et celui du monde du travail.
Condamné sans jugement à rester enfermé à perpétuité dans son statut d’enfant et d’imbécile, il passait ses journées devant la télévision, autre instance investie du pouvoir, et un matin il comprit enfin une leçon.
Il s’empara du fusil de chasse que son père dissimulait derrière la penderie de sa chambre et d’un pas tranquille il reprit le chemin de son ancienne école.
Comme ses héros à la télévision, ses mains s’activaient sur la culasse de l’arme, distribuant avec fracas les mauvaises notes à tous ceux qu’il croisait.
La dernière balle, il se la réservait, pour s’ouvrir le crâne et vérifier ce qu’il contenait.
Ne traverse pas seule
Tous les jours tu me répétais
De ne pas traverser seule
Car la route est parsemée de trous
Que mes jambes sont trop courtes pour franchir les gravats
Et qu’il faut faire attention où l’on pose les pieds
Car les assassins ont caché des pièges
Qui arrachent les jambes des enfants

Alors tous les soirs
En sortant de l’école
J’attendais patiemment en serrant mon cartable
Bouclier de cahiers pour protéger des balles
J’attendais que tu viennes
Pour me prendre dans tes bras
Et rentrer à la maison de l’autre côté de la route

Mais ce soir-là tu étais en retard
Quand je t’ai vu je t’ai fait signe
Un petit signe de joie, rien de plus
Qu’as-tu compris ?
Pourquoi cette urgence soudaine ?

Tu t’es élancé sur la chaussée
Ton regard rivé au mien
Comme pour m’empêcher de m’avancer
Que n’as-tu regardé toi-même en haut de la rue
Là où des hommes étaient embusqués ?

Il n’y eut qu’un seul coup de feu
Un claquement sec presque ridicule
Un trou noir t’a frappé en plein front
te rejetant en arrière
Les bras soudain devenus fous
Comme marionnette projetée dans les airs
Avant de t’écrouler
Corps sans vie au milieu des gravats

Pourquoi t’ai-je fait signe
J’avais compris la leçon
Jamais je n’aurais traversé seule
Réveille-toi papa, j’ai froid maintenant
Je t’attends comme tu l’as dit sur le trottoir
À l’abri du porche de l’école

Mais il se fait tard
Maman ne viendra plus
Les miliciens l’ont emmenée l’été dernier
Réveille-toi papa
Cela fait trois jours que j’attends
Petite fille obéissante
Que les adultes ne voient pas
Ils ont d’autres soucis, leur vie, leur famille

J’ai faim, j’ai soif
Mais j’attends pour traverser
Comme tu me l’as toujours dit
Que passe cette révolution
Comme celles qui l’ont précédée.
Enfant de personne
Comme tous les enfants il aime jouer
Mais toujours dans son regard
Comme un crime inavoué
Une porte sombre déjà celle d’un bagnard

Il rit avec ses camarades
Chante à la chorale de l’école
Puis fatigué de la mascarade
Il se referme dans sa geôle

Le jour de Noël il aime être seul
Il ne célèbre pas la naissance du Seigneur
Se rit des parents autour de l’enfant dans la meule
Loin du réveillon, il se couche de bonne heure

En grandissant il devient solitaire
Ne s’intéresse plus aux autres
Les filles l’abandonnent à son sanctuaire
Peu lui chaud dans la foule il ne se vautre

Certaines bonnes âmes veulent l’approcher
Leurs tentatives le mettent en fureur
Prêt à frapper lorsqu’on veut le toucher
Dans ses ténèbres nul besoin de lueur

C’est lors de son dernier anniversaire
Qu’il révéla son terrible mal
Avouant à ceux qui lui étaient le plus chers
Pourquoi il n’était pas un enfant normal
Il ne pouvait fêter son anniversaire
Car pour cela il fallait être né
Et quand on n’a ni père ni mère
On ne peut qu’hiberner à jamais condamné
Un destin tracé
Issue d’un milieu défavorisé d’une quelconque ville
Elle a cependant des projets d’avenir et de gagne
Des rêves plus grands que ceux de sa famille
Une foi en elle capable de déplacer des montagnes

Très vite elle recherche des petits boulots
Nettoyant les pare-brises et les

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