La lecture à portée de main
350
pages
Français
Ebooks
2013
Écrit par
Geneviève Gautier
Publié par
Edilivre
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Ebook
2013
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Publié par
Date de parution
23 juillet 2013
Nombre de lectures
0
EAN13
9782332543929
Langue
Français
Nous sommes dans la première moitié du XXème siècle. Véronique, une jeune fille de la noblesse provinciale est mariée au comte Robert de Rochefort. Elle ne l'aime pas. Lui, l'aime à sa manière, d'une façon "brutale" et "orgueilleuse". Les années cruciales de 14-18 et 39-45 permettront à Véronique de se révéler. Elle connaît alors l’amour sous toutes ses formes, de la passion à l’harmonie.
C'est alors que la science réserve les surprises les plus étonnantes au lecteur dans la dernière partie du roman, avec l'évocation de l'énergie libre.
Publié par
Date de parution
23 juillet 2013
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0
EAN13
9782332543929
Langue
Français
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Copyright
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN numérique : 978-2-332-54390-5
© Edilivre, 2013
Déjà publié
Déjà publié
Cantique du brin d’herbe au vent, éditions An Amzer
Haïe, La Bartavelle éditeur
Première partie Une jeune fille de la belle époque
Chapitre I Le problème de l’existence
Le château était impressionnant, réellement féodal. Quatre tours pointues s’intégraient à sa façade épaisse. Il surplombait un à-pic et dominait de très haut la bourgade dont les toits de tuiles brunies se distinguaient entre les feuillages.
C’était une austère place forte, sans aucune des fioritures de la Renaissance.
Voilà donc ma demeure, songea Véronique. Elle est noble, gigantesque, certes !
En se dirigeant vers le portail, elle jeta un dernier coup d’œil autour d’elle : une masse de nuages gris dérivait dans le vent de l’automne où tournoyaient quelques corbeaux. La jeune femme essaya de chasser l’image lugubre d’une prison qui lui venait à l’esprit et qu’elle croyait voir barrer son chemin et sa destinée.
Elle avait dix-huit ans et l’homme qui marchait à ses côtés en accusait quarante-deux. De belle taille, athlétique, grâce à la chasse à courre, la chevelure d’une ardente couleur d’un blond roux, il était doué de force, don qu’une femme admire ; il pourrait être son défenseur.
Maintenant que leur mariage venait d’être célébré, comment allait-il se comporter ? Elle ne l’aimait pas. Et pourtant, son avenir semblait irrémédiablement déterminé. Et lui, qu’éprouvait-il ? Elle devinait qu’elle serait dirigée avec une poigne de fer. Or, elle haïssait la tyrannie.
Dans le visage encore parfaitement mince et hâlé de l’époux, les yeux gris paraissaient froids. Ses mains faisaient presque peur, elles étaient si larges et garnies de disgracieux poils roux.
Depuis longtemps il l’avait remarquée lorsqu’elle allait nager dans l’étang qui reflétait les arbres de la forêt de chênes, puis s’étendait sur l’herbe de la berge – et, d’autres fois, au temple, ces matins-là, gantée de suédine et chapeautée de paille blonde, alors qu’elle méditait en penchant légèrement sa tête bouclée.
Véronique n’avait plus que sa mère. Celle-ci devenue veuve très tôt, perdait peu à peu ses biens, sa fortune.
Et maintenant, toutes les deux habitaient une maison seigneuriale délabrée, située non loin du château ; il aurait fallu des millions pour la remettre en état, des millions qu’elles ne possédaient plus.
Le porche classique soutenu par des colonnes corinthiennes était large et imposant, mais la porte massive aux gonds rouillés aurait dû être repeinte et réparée. Les dallages en damier noir et blanc du hall étaient disjoints. Sur la droite s’ouvrait un vaste salon où, autrefois, l’on dansait. Il était orné de deux superbes miroirs de Venise se faisant face, aux encadrements sculptés et dorés à la feuille. De nombreux fauteuils Louis XVI garnis de tapisseries au petit point, représentant bergers et guirlandes de roses, se trouvaient simplement repoussés les uns contre les autres, occupant les deux tiers de la place. Il y avait longtemps que l’on n’entretenait plus le plancher couvert d’une épaisse couche de crasse qui dissimulait les diverses teintes des bois précieux. De cette salle de bal sans emploi, fermées demeuraient les persiennes, et tirés les rideaux ivoire aux longues franges effilochées.
La mère et la fille ne pouvaient plus que se cantonner dans quelques pièces : un ancien petit salon qui servait de bureau, deux chambres, une grande cuisine promue au rang de salle à manger.
Rien de plus triste que la grandeur et la beauté quand elles sont livrées à la déchéance, à cette pauvreté qui contrastait cruellement avec les richesses d’antan.
Dans le bureau, pendait du plafond un fil électrique sale, rendez-vous des mouches autour de l’abat-jour métallique, dont l’ampoule constituait le seul éclairage de la pièce. Le meuble banal où Madame du Carroir faisait ses comptes jurait avec les fauteuils Louis XIII aux dossiers élevés, comme avec les portraits des ancêtres guindés qui, dans leurs armures et leurs collerettes, contemplaient de haut cette désolation.
Et que dire du manque de confort moderne, voire d’hygiène, dont l’absence se faisait remarquer.
De son côté, dans son château féodal voisin de leur propre demeure, le comte Robert de Rochefort savait tout cela. Depuis plusieurs années, il avait attendu presque inconsciemment, tout en lui jetant parfois un coup d’œil, que grandisse Véronique. En même temps, il avait conservé la vague idée de l’épouser plus tard.
Né sous le signe des poissons, deux tendances opposées se disputaient son âme. Son physique robuste, son inépuisable vitalité l’entraînaient parfois à des excès. Il menait une vie libre, sportive et dénuée de préjugés. Souvent, il agissait en réaction contre l’éducation austère qu’il avait reçue. Ayant été élevé dans la religion protestante, il avait fait partie de la masse des indifférents et bien des gens le trouvaient sympathique.
Cependant, vers la quarantaine, à quelques mois d’intervalle, le sort avait frappé deux fois, lui enlevant ses parents dont il avait fermé les yeux dans sa demeure ancestrale. Un tel choc avait produit un revirement dans son caractère. Les seules affections solides de son cœur avaient été arrachées. En homme qui n’a jamais été malade, il eut peur de la solitude, au cas où il perdrait la santé. La tristesse l’abattit quelque temps. Il se rendit compte qu’il avait mené une existence superficielle et chercha confusément un appui stable et sûr.
Le souvenir des principes religieux qui lui avaient été inculqués, lui revint alors. Du temps de son enfance, son père prenait tout au sérieux, Calvin était passé par là.
Dès lors, le comte retourna au temple. On le vit, les yeux clos, plongé dans un profond recueillement. Quel changement ! Il n’était plus le joyeux compagnon, solide buveur, valseur infatigable, ardent cavalier, un homme au langage souvent peu académique. Au lieu de passer ses journées à la pêche ou à la chasse, avec quelques gars du pays, il s’enfermait dans sa bibliothèque aux murs tapissés de livres. Il choisissait alors les classiques les plus sérieux : Platon, Roger Bacon, Corneille et, plus grave encore, Montesquieu ! Enfin, le soir, il retrouvait : la Bible dont il avait héritée de sa mère. C’était un sincère retour à la religion qu’il désirait pratiquer avec rigueur.
Puis, l’idée lui vint que les longs couloirs et les salles désertes du château pourraient être animés par des jeux et des rires d’enfants…
La présence de Véronique au temple l’intéressait de plus en plus. Avait-il réellement les yeux clos, ou lançait-il vers elle des regards en coulisse, sous ses paupières à demi baissées ? Toujours est-il que son « idée vague » se précisait. A la fin de sa période de deuil, il rendit régulièrement visite à madame du Carroir. Il se contentait d’apporter à chaque fois des fleurs, puis de faire une petite conversation sur le bord d’un fauteuil. La baronne, enchantée, se rengorgeait et s’empressait d’appeler sa fille.
Celle-ci, pâle, les lèvres serrées, écoutait sans rien dire et ne répondait aux questions que par monosyllabes.
Elle devinait ce qui se passait. Elle savait que sa mère subodorait une « affaire », c’est-à-dire, un beau mariage pour elle. Après ces visites, elle se retirait au fond du jardin pour réfléchir à son avenir. A quoi serait-elle réduite, si la situation ne changeait pas ? Sa mère se voyait obligée de vendre pour vivre, ses derniers lopins de terre. De son côté, l’idée d’une carrière ne l’avait jamais effleurée. D’ailleurs, en dehors de connaissances succinctes, elle n’avait appris qu’un peu de piano, de la couture… et la confection des confitures ! Le mariage lui semblait l’aboutissement normal de son éducation. Sinon, qu’adviendrait-il ? Elles seraient tôt ou tard contraintes à la vente de leur maison et sûrement dans de mauvaises conditions, à cause du triste état du bâtiment et parce qu’elles étaient deux femmes seules. Exilées alors quelque part en famille, elles deviendraient les parentes pauvres, logées par charité. Rien ne serait pire qu’un tel sort, pensait Véronique, car elle avait, cachés au fond de son être, de l’audace et un désir d’indépendance, sous une réputation de douceur et de timidité.
– Allez donc vous promener tous les deux dans le parc, suggéra un soir la baronne. La nuit descend, elle va être si belle… (le coup du clair de lune, se disait-elle, rien de plus favorable à une demande en mariage…).
– Je ne veux pas, dit Véronique maussade.
– Pourquoi donc ?
– Cela m’ennuie, c’est tout.
Elle avait surpris dans les yeux du comte une lueur fugitive qui lui avait fait peur. Cependant, même si la pensée d’une fatalité l’emplissait de tristesse, elle se crue emportée par une force irrémédiable. Alors à quoi bon lutter ?
C’était la première fois qu’une entrevue avec Robert allait se passer loin de la surveillance maternelle.
Lorsqu’ils furent dehors, il ne s’agissait pas seulement d’admirer les étoiles.
– Vous a-t-on jamais dit que vous êtes jolie ? Que votre visage est parfait ?
Ils s’étaient enfoncés dans un petit bosquet, entouré de buissons sauvages, le comte attira Véronique vers lui et l’enlaça. Elle sentit la jambe de l’homme s’appuyer conte la sienne depuis le talon jusqu’à la hanche, et avant de se remettre d’un certain étonnement, à cause de cette nouveauté, la main du comte se glissait à l’intérieur de son corsage ;
– Que d’épaisseurs là dedans ! s’écria-t-il, impatienté.
Où se cachait le jeune sein ? Chandail, corsage, corset, combinaison, lainage fin, quoi encore ? Chemise de jour, enfin, il allait atteindre le contact désiré…. Sa main s’impatientait et Véronique furieuse, le repoussa. Elle étai