138
pages
Français
Ebooks
2021
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Ebook
2021
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Publié par
Date de parution
22 octobre 2021
Nombre de lectures
11
EAN13
9782378124328
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Je suis une fille bizarre. Enfin, c’est ce qu’on dit. OK, je ne suis pas du genre fêtarde et j’adore traîner dehors seule avec un raton laveur...
Et d’un coup, ma vie bascule. Parce que non seulement je suis accusée de meurtre (moi ?!), mais en plus, il paraît que j’ai des pouvoirs surnaturels (vous réalisez ? Moi, des pouvoirs ?) et que dans Londres se cachent des guildes magiques (le délire...). Et pour couronner le tout, les vampires existent (je rêve !) et mon seul espoir est un très sexy spécimen de cette espèce, qui a la légère particularité d’être aussi terrifiant et séduisant que le Diable en personne... Ce n’est pas pour rien qu’on l’appelle le Diable de Valléesombre, et que presque tout Guild City lui appartient.
Bref...
Certains disent que je devrais laisser tomber et me livrer à la police. Hors de question.
Pour m’innocenter, je vais résoudre ce meurtre moi-même. Même si ça signifie plonger dans un univers dangereux et côtoyer un vampire beaucoup trop attirant et au passé sombre. Je ferais mieux de l’éviter, mais si je veux m’en sortir, je n’ai pas le choix.
Publié par
Date de parution
22 octobre 2021
Nombre de lectures
11
EAN13
9782378124328
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Shadow Guild Tome 1 : Morsure Maudite
Linsey Hall
Pour mon amie Caethes.
Chapitre 1
CARROW
— Il faut que je sorte de cette routine.
Assise sur l’escalier de secours à l’extérieur de mon appartement, je bus une gorgée de mon minuscule cubi de vin (qui n’était rien de plus qu’une brique de jus de fruits pour adultes, selon moi) et baissai les yeux sur ma camarade.
Elle ne leva pas la tête, trop occupée à fouiner dans les poubelles pleines d’ordures coincées dans l’allée. Je n’aurais su dire comment un raton laveur avait réussi à arriver jusqu’à Londres. Ces animaux n’étaient pas censés vivre en Angleterre, mais cette vieille bestiole s’était constitué une maison bien ordonnée dans l’allée derrière mon immeuble.
Je l’avais appelée Cordélia.
Quand je buvais du vin toute seule sur mon escalier de secours, c’était comme si je passais une soirée entre filles, au détail près que ma copine se déplaçait à quatre pattes et s’habillait comme un bandit à fourrure. Sans parler de son amour pour les ordures.
— À ta santé.
Je levai mon verre et lui souris depuis mon perchoir, au deuxième étage de l’immeuble.
Qui avait besoin d’amis humains quand il avait un cubi de vin et un raton laveur errant ? J’avais eu une vraie amie, une fois, Beatrix. Mais elle était morte. Assassinée l’année dernière, et la douleur me déchirait encore le cœur quand j’y repensais. J’avais tenté de retrouver le tueur, mais les pistes s’étaient refroidies depuis des mois. Raison pour laquelle j’étais ici avec Cordélia.
Les bruits nocturnes de Londres résonnaient au loin, des sirènes et des cris, puisque je ne vivais pas vraiment dans la partie la plus chic de la ville. Je baissai les yeux sur Cordélia et l’observai. J’étais curieuse de voir ce qu’elle allait me sortir de la poubelle : c’était comme regarder la télé. Presque.
J’étais trop fauchée pour avoir une télévision, alors je devrais m’en contenter.
Comme répondant à un signal, Cordélia me jeta quelque chose. Il était rare qu’elle prenne en compte ma présence. Stupéfaite, je tendis la main pour attraper ce qu’elle venait de me lancer.
Ma main se referma sur un vieux chiffon et une vision m’assaillit.
Non, pas encore !
Je hoquetai et fermai les yeux tandis que l’image clignotait dans mon esprit. Je n’avais aucune idée de la raison pour laquelle ces visions m’apparaissaient, mais celle-ci était très bizarre.
Un homme se faisait défoncer le crâne.
Un meurtre.
Eh bien, ça alors, voilà qui allait me sortir de ma routine !
***
Le corps était encore chaud quand je finis par mettre la main dessus.
Le corps d’un homme gisait sur les pavés rendus humides par la pluie. Son visage fracassé ressemblait à de la viande hachée.
Mon cœur se serra de compassion et une nausée me retourna l’estomac. Je côtoyais la mort de plus près que la moyenne des gens, mais je n’aimais pas ça pour autant. Qui aimerait ça ?
J’examinai rapidement les alentours. L’adrénaline me donnait la sensation d’être sur le point d’exploser. Les humains restaient des animaux et à cet instant, il y avait un chasseur, là, dehors.
Et je ne voulais pas devenir sa proie.
Le sang battant dans mes oreilles, je scrutai les ombres de l’allée sombre. Il n’y avait pas le moindre recoin où se cacher et les toits s’élevaient bien au-dessus de moi. Même si quelqu’un se tenait là-haut, il était trop loin pour me faire le moindre mal. Bien sûr, il pouvait toujours me tirer dessus. Mais à en croire le visage de ce pauvre gars, le meurtrier préférait un autre genre d’arme.
Je reportai mon attention sur le cadavre. Tout était mouillé à cause de la pluie tombée récemment, même lui. Un énorme tatouage tape-à-l’œil s’enroulait autour de son cou. Un dragon. Du sang ruisselait sur les pavés et se mêlait à l’eau de pluie. Je m’en écartai, ne voulant rien déranger.
Je n’étais pas inspectrice, du moins pas officiellement, puisque j’avais échoué à l’école de police, mais il m’arrivait d’aider les services de police locaux et j’avais gardé des souvenir de ma formation.
Sauf que je n’allais pas suivre les règles qu’on m’avait apprises, parce que c’était comme ça que je travaillais le mieux.
Je ne pouvais pas expliquer mes talents, pas plus que je ne pouvais expliquer pourquoi j’avais eu une vision de la mort de cet homme et pourquoi j’avais su qu’il fallait que je vienne ici. J’espérais juste réussir à devancer le tueur et arriver avant lui.
Je n’y arrivais jamais.
La mort gagnait à chaque fois.
À chaque fois, j’échouais. Même dans les moments les plus importants.
Mon cœur se serra d’amertume. J’aurais voulu sauver quelqu’un, rien qu’une fois. Aider. J’avais essayé d’aider Beatrix, mais j’étais arrivée trop tard : je l’avais retrouvée morte dans une allée, exactement comme ça. Elle avait été tuée de la même manière. Des larmes me picotèrent les yeux au souvenir de cet échec. Il m’arrivait de voir le futur, mais concernant la mort, je ne voyais que le présent. Ou le passé.
Je devais partir. Fuir. Si j’étais surprise debout devant le corps, c’en était fini de moi. Les flics m’ayant déjà trouvée sur les lieux du meurtre de Beatrix, ils croiraient que j’étais la meurtrière. A force d’être surprise sur une scène de crime, j’allais finir par être désignée coupable. Logique. Mais je ne comptais pas en arriver là. Surtout en sachant que j’étais au courant de certains détails concernant le meurtre dont eux n’avaient pas connaissance.
Pourtant, je ne pouvais pas partir. Mes pieds refusaient de bouger.
Ce pauvre homme s’était fait fracasser le crâne. J’étais arrivée trop tard pour le sauver, mais je pouvais encore lui rendre justice et peut-être même arrêter le meurtrier avant qu’il ne s’en prenne à quelqu’un d’autre.
C’était ce genre de pensées qui me poussait toujours à agir, quelles que soient les conséquences.
J’étudiai l’homme du regard et repérai une minuscule trace de brûlure à la base de sa gorge. En forme de spirale. Je la regardai en clignant des yeux et un rugissement grandit dans mes oreilles.
On avait retrouvé la même marque de brûlure sur le corps de Beatrix.
Nom d’un chien… Son tueur était de retour !
Le cœur battant, je pressai mes doigts contre la peau pâle de la main de l’homme. Mon don (ou ma malédiction, selon mon humeur du moment) s’activait quand je touchais quelque chose. Je n’étais pas assez folle pour croire que c’était de la magie, mais je n’avais aucune idée de ce que c’était. Je n’avais jamais rencontré personne d’autre comme moi.
S’il te plaît, active-toi.
Il fallait que j’aie une vision qui serve à quelque chose.
Dès que j’eus touché la peau de l’homme, qui commençait déjà à refroidir, une vision apparut dans mon esprit. Je ne pouvais choisir ce que je voyais à travers un contact physique avec quelque chose… ou quelqu’un, mais dans des cas comme celui-là, je priais toujours pour que ma vision me donne un aperçu du meurtrier.
Ma respiration accéléra tandis que je m’efforçais d’enregistrer les images qui défilaient dans ma tête : un homme grand et aux larges épaules qui se tenait tout à fait immobile devant la victime. Il était plongé dans l’ombre et seuls ses yeux d’un gris glacial scintillaient dans la nuit. Un million d’émotions semblaient passer dans ce regard et ma tête se mit à tourner : j’eus l’impression de regarder à la fois dans le futur et le passé, incapable de décrypter quoi que ce soit, mais convaincue qu’il y avait une information importante au milieu de tout ça.
Je détournai mon attention de ses yeux. Je me comportais comme une vraie cinglée.
Le reste de son corps me donna l’impression d’être taillé dans la pierre, comme si cet homme était fait de granit. Tout chez lui exhalait la force ; il était aussi puissant et inamovible qu’une montagne. Un frisson de peur me parcourut.
Mais il se dégageait de lui quelque chose qui m’attirait. Quelque chose de si viscéral que ça me tiraillait. Une connexion. Une chaleur…
Mon cœur se mit à battre plus fort et ma peau se réchauffa.
C’était un tueur.
Pourquoi est-ce que je ressentais cette… attraction pour lui ?
Comme une certitude. Une connexion. Deux étoiles qui traversaient l’espace, sur le point d’entrer en collision l’une avec l’autre.
Non.
Il y avait toutes les chances pour qu’il soit un assassin.
Je ne voyais pas d’arme dans sa main, pas de batte, pas de barre de fer, rien qui aurait pu servir à tabasser la victime, mais il était présent au moment de la mort de cet homme. Autrement, je ne l’aurais pas vu. Il se déplaça légèrement et la lumière traça une ligne sur son visage, révélant une pommette ciselée et une mâchoire carrée. Ses lèvres étaient pleines, la seule trace de douceur que je puisse déceler chez lui. Un éclat de dents blanches brilla dans les ténèbres ; deux d’entre elles étaient plus longues que les autres. Pointues.
Des crocs.
Je reculai en trébuchant et ma main perdit le contact avec le cadavre.
Des crocs ?
C’était impossible. Je perdais la tête. Les gens n’avaient pas de crocs.
— Viens à moi.
Sa voix résonnait d’un pouvoir sourd, et un vertige me saisit.
— Quoi ? croassai-je.
Mes visions ne me parlaient jamais.
— Viens à moi.
Sa voix parut me traverser et éveilla en moi des terminaisons nerveuses dont je ne connaissais même pas l’existence.
Le meurtrier était-il vraiment en train de me dire de venir à lui ? Comment ?
Comment était-ce possible ?
Comment mon talent était-il possible ?
— C’est vous qui avez fait ça ? demandai-je d’une voix tremblante.
Il ne répondit pas, et sa silhouette obscure disparut.
Je détestais avoir à admettre que j’étais une dégonflée, mais le soulagement m’envahit : ce type et l’attraction que j’avais ressentie pour lui m’avaient fichu une trouille bleue.
Il était peut-être l’assassin de Beatrix. C’était inacceptable.