Lecture et mémoire, l"art de lire et de retenir
196 pages
Français

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Description

Dans une subtile mise en abyme, Sam Redgreen intitule son roman Agathe, comme l'autobiographie rédigée par son protagoniste, Martin. Suite à son licenciement, celui-ci n'a qu'une ambition, c'est de « raconter au monde son histoire avec Agathe », la femme de sa vie, qui l'a quitté sans raison plus de vingt ans auparavant. Il s'installe en Corse où il peut enfin se consacrer à sa passion pour l'écriture. Il y trouve en la personne de Nelly Kramer, réalisatrice de films talentueuse qui accepte d'adapter son récit au cinéma, la possibilité de réaliser son rêve. Devenu co-scénariste, il redonne vie à celle qu'il a aimée et retourne sur les traces de sa romance passée en Martinique, dans le nord de la France et en Irlande avec le secret espoir de retrouver son amour disparu.



Une autobiographie? Un roman? Un scénario? ... Une histoire d'amour, tout simplement.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 février 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334246613
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-24659-0

© Edilivre, 2017
Citation


Dis-moi ton cœur parfois s’envole-t-il, Agathe,
Loin du noir océan de l’immonde cité
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ?
Dis-moi, ton cœur parfois s’envole-t-il, Agathe ?
Emporte-moi, wagon ! Enlève-moi, frégate !
Loin ! Loin ! Ici la boue est faite de nos pleurs !
Est-il vrai que parfois le triste cœur d’Agathe
Dise : Loin des remords, des crimes, des douleurs,
Emporte-moi, wagon ! Enlève-moi, frégate !
Comme vous êtes loin, paradis parfumé,
Où sous un clair azur tout n’est qu’amour et joie,
Où tout ce que l’on aime est digne d’être aimé,
Où dans la volupté pure le cœur se noie !
Comme vous êtes loin, paradis parfumé !
Moesta et Errabunda (extraits)
Les Fleurs du Mal
Charles Baudelaire
A ma Carole,
Repérages
La voiture roulait à vive allure. Depuis que son statut l’avait autorisé à conduire ce genre de berline, au moteur puissant et bien insonorisé, Martin avalait ses quelque soixante mille kilomètres annuels presqu’avec plaisir. Pourtant, à cinquante ans passés, il commençait à avoir roulé sa bosse comme on dit et il avait pris bien du recul par rapport aux avantages en nature qu’une grosse société pouvait offrir à ses cadres. Il ne faisait maintenant qu’en profiter à sa juste mesure.
Ingénieur de formation, il s’était rapidement éloigné de la technique pure pour se retrouver, sans l’avoir voulu ni prémédité vraiment, dans la filière commerciale. Chacun reconnaissait en lui la très célèbre « fibre commerciale » dont la notion lui avait toujours paru énigmatique. Même ses études d’agronomie ne lui avaient laissé aucun souvenir d’une quelconque fibre dont seuls seraient pourvus les bons commerciaux, à l’exception peut-être du chanvre indien aux vertus désinhibantes… Depuis que ses activités professionnelles l’avaient amené à être en relation quotidiennement avec des clients, avérés ou potentiels, il s’était souvent posé la question au sujet de cette fibre et il en concluait à chaque fois que sa capacité à nouer des contacts, à opter pour les bonnes stratégies commerciales, puis, finalement, à remporter des marchés, ne tenait probablement qu’à une caractéristique fondamentale de sa personnalité : il aimait les gens. Il s’intéressait spontanément à leur vie, leurs soucis, leurs passions. Alors, en retour, les gens l’aimaient aussi. Il faut dire que, sans aucune espèce d’effort, il savait se montrer convivial, drôle, truculent, généreux, autant de traits de caractère qui ne pouvaient que plaire aux clients. Ses collaborateurs aussi profitaient de cette bonhomie optimiste et entraînante ; devenu directeur commercial, il excellait dans l’animation des chargés de clientèle, qui, de façon générale, l’adoraient. Parallèlement, il avait su mettre à profit son caractère facile et positif pour créer avec sa hiérarchie des relations quasi-amicales.
Après s’être garé sur le parking du siège de la société, il constata, en se dirigeant vers l’accès principal du bâtiment, à l’imposante porte vitrée, que l’emplacement réservé à la non moins imposante voiture du Directeur Général était occupée. Rien de plus normal dans la mesure où, quelques jours auparavant, Sonia, l’assistante de direction, avait appelé Martin pour le convoquer à une réunion avec le Directeur Général, sans doute, avait-il alors pensé, pour faire le point sur l’avancement des affaires en ce début d’année. Le négoce de produits phytosanitaires n’était pas épargné par la crise mondiale généralisée qui sévissait et les résultats de l’entreprise multinationale où travaillait Martin commençaient à traduire ces difficultés.
Il adressa un petit mot mi flatteur, mi blagueur à l’hôtesse d’accueil qui lui répondit d’un rire étouffé accompagné d’un léger rosissement des joues. Puis, prenant un air très sérieux, roulant des yeux et remontant un sourcil, l’index tendu vers le plafond, il murmura solennellement à la demoiselle qui pouffait encore :
« J’ai rendez-vous avec Dieu le Père… »
Après avoir monté quatre à quatre les escaliers jusqu’au deuxième étage, il modéra progressivement son pas car l’atmosphère qui régnait dans la partie de l’immeuble réservée à la Direction Générale appelait au respect et au silence, sentiment suscité, sans doute, par l’épaisseur de la moquette, le tamisage de l’éclairage et l’éclat des magnifiques plantes vertes qu’une petite main externalisée venait lustrer deux fois par semaine.
« Bonjour, Sonia, j’ai rendez-vous avec Michel… euh… avec Monsieur Flanckart.
– Bonjour Martin. Ça va bien, vous ?… Je le préviens immédiatement. »
Sonia était bien plus qu’une assistante. C’était la véritable plaque tournante de presque toute la société. Au courant de tout, ayant une ancienneté dans l’entreprise lui permettant de « sentir » et d’anticiper les moindres frémissements de malaise de n’importe quel collaborateur ou service, elle savait aussi s’en ouvrir discrètement à ses supérieurs afin de déminer à temps les conflits et autres petits désagréments qui auraient pu nuire à la vie normale et efficace de la société. Martin savait cela. C’est pourquoi l’attitude de Sonia, ce matin-là, lui parut un peu bizarre, son sourire un peu moins franc. Elle semblait, sans qu’il ne puisse vraiment déceler de signes objectifs lui permettant de l’affirmer, un peu plus froide, un soupçon plus inquiète que d’habitude.
Il n’eut pas le temps d’approfondir la question car déjà la porte capitonnée du bureau directorial s’ouvrait et le Directeur Général Adjoint faisait signe à Martin d’entrer.
« Tiens ? Pourquoi le DGA est-il là aus si ? Ça n’était pas prévu… », s’étonna Martin en arborant tout de même un sourire décontracté de circonstances avant de pénétrer dans le bureau.
Michel Flanckart était assis derrière un immense bureau en marbre vert veiné de blanc qui ressemblait à une tombe. A chaque fois, Martin se posait la même question : comment avait-on pu faire entrer cet horrible morceau de caillou, qui devait peser une tonne, dans cette pièce située, qui plus est, au deuxième étage ! Pourtant, ce matin-là, ce n’est pas cela qui l’intrigua. D’habitude, surtout lorsque d’autres personnes étaient présentes, les réunions se déroulaient autour de la petite table ronde, en bois celle-là, à l’autre bout de la pièce… Autre signe qui sortait des usages courants, le Directeur Général ne se leva même pas pour serrer la main de Martin, qui fut donc obligé de contourner presque complètement la pierre tombale pour saluer son supérieur. Celui-ci lui fit signe de s’asseoir dans un des deux fauteuils présents devant le bureau, tandis que le Directeur Adjoint posait son digne séant dans l’autre.
« Alors Martin, comment ça va ?, lança Flanckart.
– Ben… disons que compte tenu de la conjoncture, ça devient un peu compliqué… mais… on va y arriver. J’ai quelques touches intéressantes et… je ne voudrais pas m’avancer mais…
– Mouais, mouais… bon, ça fait combien d’années que tu es dans la boite, déjà ? »
Cette question glaça le sang de Martin. Il le savait, c’était un des éléments de langage préliminaires les plus classiques employés par les managers ayant en tête de se séparer d’un collaborateur. A l’âge qu’il avait, et compte tenu de son expérience dans les discussions et les négociations commerciales, il savait qu’il ne se trompait pas. Un train de frissons lui traversa l’échine en même temps qu’il prenait conscience de ce qui était en train de se préparer. En essayant de ne pas faire remarquer son trouble, il tourna la tête vers le Directeur Adjoint, perdu dans la lecture de son bloc-notes.
« Mais, tu le sais bien Michel, ça va faire vingt-trois ans le premier avril prochain…
– Et au commerce, tu as démarré quand ?
– … Bon, attends un peu, s’agaça Martin en lançant des regards alternativement aux deux directeurs, on se connait suffisamment, non ? Qu’est-ce qui se passe ? Y’a un problème ? Tu veux me muter ou quoi ? »
Martin aurait pu décrire par avance le mouvement qu’allait faire Michel Flanckart à ce moment de la conversation : se redressant de son fauteuil, dans lequel il avait mollement avachi son quintal depuis le début des débats, le Directeur Général prit un air préoccupé puis il appuya ses deux avant-bras sur le sous-main en cuir posé sur le marbre et commença à observer fixement ses doigts boudinés aux ongles parfaitement manucurés, semblant réfléchir de la façon la plus intense à sa prochaine phrase.
« Tu sais Martin, d’ailleurs tu l’as dit toi-même, la conjoncture devient, non pas un peu, mais très, très compliquée et, au milieu de ce marasme, sur ton périmètre, depuis quelques mois, j’ai l’impression que ça l’est encore plus, non ?
– Non ! Non, je ne pense pas comme toi. C’est vrai que les derniers résultats commerciaux ne sont pas flamboyants mais, je te l’ai dit, on va remonter ça très vite. Par exemple, sur le dossier des engrais azotés, j’ai rencontré l’autre jour…
– C’est bon, c’est bon ; me racontes pas la messe !, l’interrompit Flanckart avec, soudain, beaucoup moins de souplesse dans la voix. On est en train de faire couler cette boite et mon devoir est d’empêcher cela, avant tout pour sauver les emplois… tu piges ?…
– Ouais, j’en ai peur… en sacrifiant le mien, c’est ça ? » coupa Martin.
Michel Flanckart, surpris par cette intervention, eut un temps de réflexion puis, à la manière d’un ballon de baudruche, souffla en se ratatinant dans son fauteuil :
« Oui… mais tu sais, franchement, ça ne m’amuse pas et…
– C’est bon, c’est bon, épargne moi tes larmes de crocodiles : quoi, quand, combien ? »
Le ton de Martin était devenu cassant.
« Jean-François, tu lui dis ? », se d

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