L'Avion que j'ai pas pris , livre ebook

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« Dans l'escalier, “Please, Love, stay !” Comme un automate, je répète que mon job m'attend. La neige tombe de plus en plus, les flocons descendent de plus en plus vite. L'air est dense, lourd, étouffe les bruits. Le taxi est là... Les flocons mettent leur rideau entre nos visages. Nos lèvres se frôlent, douces et glacées. Elles glissent, se perdent ; nos yeux sont immenses, éperdus, hors du temps. Je le regarde, il a mis ses mains dans les poches. Vite, Je tourne Les talons, Vite, Sans me retourner, Kennedy Airport ! » Récit d'une passion évidente, mais interrompue, puissante puis qui s'estompe en pointillés, « L'Avion que j'ai pas pris » évoque, entre France et États-Unis, la turbulente valse des sentiments d'une femme gagnée par le doute et la crainte. D'un côté, deux âmes, deux corps qui s'attisent et s'attirent ; de l'autre, les freins que l'on s'impose, qui nous clouent au sol, nous rendant incapables d'envol. Et de ces contradictions surgit un texte tout en regrets, où se lit en creux une vie manquée... De là donc, ce texte mélancolique, en forme de double deuil : celui d'une relation bouleversante mais empêchée ; celui d'un homme, d'un artiste, à jamais perdu.

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Date de parution

05 janvier 2015

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342032901

Langue

Français

L'Avion que j'ai pas pris
Isabelle Gauthier
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
L'Avion que j'ai pas pris
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
À Thomas
NYC
 
 
 
 
À mon père Max
 
À mon fils Arnaud
 
À mes petits-enfants Linaud, Peters et Naomie
 
À ma mère Colette et à mon frère
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

La muse au bois de rose
 
 
 
 
Prologue
 
 
 
La plage aux galets gris,
L’orage qui claque,
Les routes qui défilent,
Le ciel de Paris,
Les lumières de Kennedy Airport,
Les mains,
Améthyste,
Caressent le corps des guitares,
Ondulent mes hanches,
Les péniches qui descendent la Seine,
Le port de Villefranche,
La petite maison sur la colline,
Les parfums d’Italie,
Le rosé qui éclabousse le cristal,
L’avion dans le ciel,
La muse au bois de rose,
La lettre à l’encre rouge,
Le galop d’un cheval dans la neige,
La voix des sorcières,
La nuit tiède et humide,
Arrêt sur image,
Toujours, pour toujours,
Mayotte, minuit cinq.
 
 
 
 
 
 
16 avril 2008, minuit cinq… Mon cœur s’arrache ! Je n’aurais jamais pensé que sa mort, l’idée de son corps froid réveillerait en moi tout ce que je n’ai jamais osé lui dire. Ses belles mains à la bague d’améthyste qui caressent ma peau et le corps des guitares, aujourd’hui inertes.
Il m’a fallu quatre ans pour me mettre à écrire. Toujours, pour toujours. La plage aux galets gris, la muse au bois de rose, la lettre à l’encre rouge, l’avion qui tourne sur Kennedy Airport, le galop d’un cheval dans la neige… L’amour est invisible à celui qui ne le connaît pas !
Naomie :
— Et pourquoi t’as pas pris l’avion, Babou ?
 
 
 
 
 
 
Ce jour-là il faisait très chaud, comme un jeudi de juillet sur la Côte d’Azur. Mon amie Nanou avait rendez-vous avec une copine de Toronto, sur la plage aux galets gris… Ah oui ! J’avais oublié, on venait de passer une merveilleuse année au Canada ! Enfin… C’est une autre histoire !
Pendant que j’écris, j’entends cette chanson et je vois l’avion qui se pose à Kennedy Airport. La foule, l’odeur des gens, et lui qui me serre dans ses bras à l’aérogare.
Ça y est, la voiture est garée, avec cette chaleur… pas facile. L’air sent bon l’été et l’écume de la Méditerranée.
Sandra est déjà là. On lui fait de grands signes. Et puis il y a cet homme venu avec elle. Il s’est levé en nous voyant ; si grand avec des yeux si bleus, plus profonds que tous les abysses. Il émane de lui une beauté étrange, troublante, qui me caresse et me tétanise à la fois ! Des cheveux blond vénitien au vent léger, magique, magnétique… Il me fixe étrangement, comme un rêve qui avait commencé il y a longtemps.
Je n’ai pas su quoi faire, impossible de s’en sortir en disant une bêtise ou en faisant semblant d’être sotte. Alors j’ai dit bonjour, bêtement… Il a souri et le temps s’est arrêté un court instant… Les bruits aussi d’ailleurs… Les secondes duraient mille ans !
Je le vois comme si c’était hier, j’ai juste à fermer les paupières pour sentir son souffle sur ma joue et son parfum envelopper mon corps !
Les serviettes étalées sur la plage, les corps luisants de crème et de sel. Trop tard ! Je sens son regard me dessiner… Une gêne indicible s’empare de moi.
 
« Et l’avion qui se pose sur la piste à Kennedy Airport, dans la lueur de l’aube… Et les lumières… J’ai mis mon petit manteau en daim pour la peine, et mes nouvelles bottes en cuir frappé gris… »
Il est derrière moi, je sens sa présence qui me transperce… Je me retourne, il est là, plus beau que tous les dieux de l’Olympe et du Panthéon !
Fantaisie de l’éternité, ni hier, ni demain, ni maintenant !
Hors du temps,
Hors de l’espace,
Comme une dimension, une pause sur image !
Il m’a souri, mes yeux croisent les siens. Trop tard ! Je suis sous le charme, envoûtée, un rendez-vous pris d’avance !
Nos âmes se parlent sans mots, se reconnaissent dans une télépathie animale !
Je regarde ses mains, il porte une bague étrange, très grosse, sertie d’une améthyste sur son doigt long et fin avec un ongle plus long que les autres.
Je croise à nouveau son regard… Les bruits se sont tus, les parfums s’assoupissent. Le temps s’est de nouveau arrêté… Seuls lui et moi sur la plage aux galets gris. Nos yeux dansent et nos corps s’enlacent déjà sans se toucher…
Une promesse, une certitude…
 
« Je descends de l’avion, la neige commence à tomber, mes yeux scintillent comme ceux d’une enfant… »
Je retourne près des filles, il s’assied un peu trop près de moi. Le soleil amplifie les senteurs et ouvre les sens.
— Bien, dit Nanou, alors vous êtes d’accord ? Barbecue samedi chez les amis de Sandra ?
J’ai bafouillé pour dire oui. Aujourd’hui encore, je vois son visage dans la nuit, ses yeux brillants de désir. Sa voix résonne à mon oreille :
—  You’re such a nice person love .
 
« Debout dans le froid de New York, près des grands arbres, évanescent ! »
Comme un rêve qui a duré mille ans !
Le soleil de la plage aux galets gris descend doucement sur la mer. Mon corps frémit sous son regard. Il regarde mes mains arrondies, posées sur la serviette de Tahiti.
Je lève les yeux, croise les siens. Personne ne m’avait jamais regardé comme ça. Il m’enveloppe tout entière, me contourne, me dessine mieux qu’un peintre… Comme un regard qui me cherchait depuis toujours !
 
« Mon cœur s’est arraché de ma poitrine. Je me suis réveillée en sursaut dans la nuit tiède et humide de Mayotte. Je l’ai vu s’éloigner comme une ombre… Je savais… J’ai regardé l’heure… 16 avril… »
Alors nous sommes parties avec Nanou. Tout en conduisant, je reste troublée par lui. Nanou ne parle pas, elle regarde l’avenue bordée de platanes immobiles dans la torpeur de l’été.
Nous prenons la petite route qui monte dans la colline. Ça sent déjà si bon. Deux, trois, quatre virages, je la connais par cœur, cette route qui conduit à la maison de mes grands-parents. Rien n’a changé, ou presque. Toujours les mêmes oliviers qui me rassurent tant ils sont là depuis longtemps.
Puis je la vois, simple, blanche, avec des volets gris, en contrebas de la route, au beau milieu du grand jardin. Des arbres fruitiers plantés çà et là, des bouquets de toutes fleurs. Et cette lumière qui regarde la mer ! Comme tes yeux, mon amour…
Je revois ses lèvres si fines, si douces, si suaves, et cette envie que j’avais d’y poser les miennes…
 
« Je reste enfermée pour écrire notre amour… Depuis quand ? »
Parfois je sens sa présence, mais peut-être est-ce moi qui le souhaite ? Ses yeux brillent dans la nuit !
 
« Mon cœur s’est arraché de ma poitrine. Je me suis réveillée en sursaut dans la nuit tiède et humide de Mayotte. Je l’ai vu s’éloigner comme une ombre… 16 avril 2008, minuit cinq. Je sais ! Ce vide en moi… Ce froid ! Et l’avion qui se pose à Kennedy Airport, qui roule, qui tourne… Son corps dans le mien, dans la torpeur du sud de la France ! »
Bon, bon, on arrive avec Nanou. Je gare la voiture sur le parking d’herbes et de rocailles. Le figuier est toujours aussi beau et imposant. La figue est d’ailleurs l’un de mes fruits préférés, avec la cerise. La voisine a apporté des pêches… au moins dix kilos ! C’est une bonne idée, mais je ne pourrai jamais manger tout ça…
Quatre notes de guitare à la radio ! Je pense à lui, le matin, le soir, en mangeant… tout le temps ! Peut-être que j’oserai, je ne sais pas… Trois jours encore avant samedi ! Heureusement, je travaille dans une école de langue ; un job d’été, ça va m’occuper…
Je suis comme une enfant à qui on a promis une surprise. Mes yeux s’éclairent encore quand j’y pense…
 
« Ses mains qui dessinent mon visage… Mes yeux dans les siens. Dans la torpeur du sud de la France, les draps sentent la lavande et l’amour ! »
— Hé, t’es où, là ?
Nanou me ramène au présent.
— Tu penses à lui ?
Je lui souris.
— Oh là là ! Ça va donner !
 
« Je suis assise devant le frigo, jambon cru d’Italie… Un jour je pardonnerai à ma mère ! »
Ça y est ! C’est samedi, je me trouve belle dans le miroir ; bermuda en jean, tee-shirt blanc… C’est comme ça que je me plais. Vite ! Dans la voiture avec Nanou et les deux tartes qui sortent du four ! Ce n’est pas très loin, Aspremont, la colline d’en face !
 
« Les larmes brûlent mon visage, déchirent ma peau...

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