52
pages
Français
Ebooks
2019
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Ebook
2019
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Publié par
Date de parution
06 mai 2019
Nombre de lectures
0
EAN13
9780244768003
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Il fait chaud et la terre donne à peine assez d’eau pour la communauté d’Enyo, jeune fille de dix-sept ans qui sait qu’une vie l’attend avec un homme, mais en repousse l’idée. Ce jour-là, elle décide de creuser un puits, un puits pour faciliter la vie de tous. Elle n’imagine pas que le trou va s’ouvrir sur bien davantage que de l’eau. Elle aura un rôle bien plus important à jouer que de trouver une source. Une prophétie et un royaume plus tard, Enyo sera obligée d’écouter son cœur...
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06 mai 2019
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EAN13
9780244768003
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
L’âme de fer
Hélène de froment
Copyright © 2019 Homoromance Éditions
Tous droits réservés.
ISBN :
ISBN-13 :
DÉDICACE
Un grand merci à la femme qui partage ma vie, qui me soutient et corrige mes textes.
Et merci à toutes celles qui me lisent.
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE
TABLE DES MATIÈRES
Une Quête
La prophétie
Les routes se séparent
BIOGRAPHIE
Pour nous rejoindre sur notre réseau :
Une Quête
Notre communauté s’était augmentée d’un nouveau venu. Le petit Léondras venait d’ouvrir les yeux sur notre triste planète. Il était le deux-cent-troisième habitant et le fils de mon frère aîné.
Notre père avait fondé ce groupement après la grande guerre contre les oiseaux de proie. Il s’était battu à en perdre la vie pour nous protéger et les oiseaux avaient fini par tomber jusqu’au dernier. Nous étions en 2201 et nous faisions de notre mieux pour continuer à vivre sur ce caillou sec et rond qui avait pour nom la Terre.
La paix s’était à nouveau installée sur notre habitat troglodyte au bas d’une falaise. La rivière qui venait la ronger l’hiver était presque à sec l’été, et nous n’avions qu’elle pour résister à la rudesse du climat.
Moi, j’avais dix-sept ans et j’étais pleine d’espérance. Dans mes songes les plus fous je rêvais de ne plus souffrir des inondations, de la sécheresse ni du gel qui avait amputé quelques-uns de mes frères de vie.
Notre groupe comptait quatre-vingt-dix femmes, nombre inférieur à celui des hommes. Je ne me sentais pas femme, et encore moins homme. Je n’avais jamais aspiré à garder les enfants et à torturer mon temps à gérer le manque de provisions et d’eau consommable. Moi, je voulais chasser et marcher pour découvrir de nouveaux horizons. Je me disais qu’il y avait certainement un endroit plus accueillant quelque part, où nous serions à l’abri de la soif et de la faim.
Oui, du haut de mes dix-sept ans, j’avais la résolution d’un chef et la témérité de la jeunesse.
Tout a commencé à la naissance de mon neveu.
L’eau se faisait rare et la chaleur à l’extérieur atteignait presque cinquante degrés. Dehors, seules les femmes s’affairaient à peigner le lin battu, qu’elles tisseraient l’hiver dans nos galeries.
Ma belle-sœur avait très chaud malgré les vingt degrés permanents que nous assurait notre maison creusée dans la roche. Léondras avait arrêté de pleurer et, après avoir tété, dormait sur la poitrine nue de sa mère, enveloppé d’une couverture en peau de renard des sables. Je le regardais sans pour autant être attendrie. D’ailleurs, mon esprit allait bien au-delà de cette scène. Je me disais qu’il fallait creuser un puits... Un grand puits qui nous permettrait d’avoir toujours de quoi boire, manger et nous laver.
Ma belle-sœur humecta sa bouche avec le maigre filet d’eau que sa mère venait de faire goutter sur son visage. Mon frère, lui, était parti pêcher à la source de la rivière ; elle ne passait plus devant chez nous depuis déjà deux semaines.
J’ai effleuré les cheveux doux du bébé et j’ai enfilé ma cape pour me protéger des rayons brûlants. Une cape presque blanche, de la couleur du lin.
J’ai pris ma canne de bois flotté et j’ai commencé à marcher sous la chape de plomb du soleil, en examinant le sol. Par endroits il se craquelait déjà. J’étais probablement folle de croire qu’il pouvait y avoir de l’eau en dessous de cette couche dure aux aspects de carapace de tortue plate et terne. Il devait y avoir un bon mètre de vase séchée sous mes pieds – cette vase qui nous collait aux pieds l’hiver. Mais j’étais persuadée que si je passais outre cette épaisseur, je découvrirais en dessous l’équivalent des mousses que l’on trouvait près des rochers, à la source. Je m’y étais baignée, enfant.
Je ne savais pas d’où me venait cette idée idiote, mais j’ai choisi un endroit et je me suis mise à creuser avec une écuelle de métal dérobée en cuisine. J’avais chaud et la terre ne s’effritait pas. Elle se cassait par petits blocs que je repoussais aussi loin que mon bras tendu me le permettait. J’étais seule à l’extérieur sous le soleil accablant, ruisselante. Et aussi têtue que mon père, comme le disait ma mère.
J’ai creusé pendant des heures et recommencé le lendemain. Au bout de huit jours, je suis venue à bout de la vase et la terre plus friable s’est entassée sur les rebords du puits, qui faisait maintenant presque un mètre cinquante de profondeur. Une humidité perçait presque imperceptiblement sous la croûte et je me disais que j’avais eu raison de continuer de chercher cette eau miraculeuse dont nous avions un besoin vital en quantité plus importante. La petite citerne creusée dans le roc par mon père ne suffisait plus. Les naissances avaient doublé en un an. Les adolescents étaient devenus des hommes, et les couples s’étaient formés.
J’avais moi-même quelques prétendants un peu insistants que je rejetais sans ménagement. Bien sûr que je ressentais des désirs moi aussi, mais je ne comprenais pas trop d’où ils venaient. La plupart des femmes se rapprochaient des hommes. Moi, je frémissais en regardant mes amies se baigner nues à la source, en cachette.
J’étais différente. J’aimais leur corps, leurs seins qui réagissaient à l’eau fraîche, la courbe douce de leurs reins et l’arrondi de leurs fesses. Je les trouvais si belles. Si j’arrivais à mettre au jour cette eau, je m’imaginais prendre un bain avec Élée, seule à seule. Nous avions grandi ensemble et c’était pour moi la plus jolie. Mon cœur battait plus fort lorsqu’elle était à mes côtés.
Le soleil me cognait sur la tête malgré mon capuchon et je me disais que mon esprit divaguait sûrement, que certainement les femmes ne ressentent pas ce genre de besoin.
J’arrivais à présent à remplir de ce mélange de sable et de terre l’écuelle à chaque raclement. L’humidité imprégnait cette fois nettement le bas de mon corps, pourtant, j’ai poussé un soupir de découragement. Je venais de heurter une pierre. Une très grosse pierre. Le genre de pierre qui semblait si longue et devait peser tellement lourd que j’avais peu de chance d’être capable de la soulever. J’ai essayé d’en déceler le contour du bout des doigts. Elle était carrée, et une autre pierre s’y appuyait, aussi plate qu’elle. Un mur qui se serait effondré ?
Je raclai à nouveau tout autour. La sueur coulait dans mes yeux et les brûlait. Je voulais trouver le moyen de soulever ces pavés qui obturaient à présent mon trou. Une ancienne route, sûrement.
Pour être plus efficace, j’ai utilisé un caillou avec lequel j’ai gratté ce qui s’était aggloméré autour du premier pavé. Je savais que le lit de la rivière ne s’élargissait jusque-là que lors de crues exceptionnelles et que mon puits serait presque toujours hors de portée de ces eaux boueuses. J’étais persuadée de trouver en dessous de l’obstacle un sol encore plus humide et plus meuble que celui qui m’avait donné tant de mal ces derniers jours.
J’ai remplacé le caillou trop grossier par un petit bâton plus précis et j’ai frotté, frotté entre les deux pierres jusqu’à ce que le sol se dérobe sous mes mains et mes genoux. Les pierres désormais détachées et ne se soutenant plus avaient juste lâché sous mon poids. Il ne s’agissait pas d’une route, mais d’une voûte.
Je me suis remise debout avec précaution. J’avais mal à la hanche mais, après quelques frictions, je me rassurai. Pas de casse, tout allait bien ; j’aurai juste quelques bleus. Je regardai vers le haut, vers l’azur éclatant du ciel. Impossible de remonter. J’étais tombée de presque trois mètres, peut-être plus.
La voûte était arrondie. Je me trouvais dans un couloir qui paraissait très long. ç a sentait l’humidité et les pierres étaient mouillées. Entre elles serpentaient de petites lignes de mousse qui s’effritaient sous mes doigts. J’étais seule et je savais que, même si je criais, personne ne pourrait m’entendre. J’étais loin de notre village et les parois de nos refuges étaient si épaisses qu’elles ne laissaient qu’à peine pénétrer les cris des enfants lorsqu’ils jouaient dehors en période intermédiaire. Mais j’étais certaine d’avoir trouvé quelque chose qui pourrait nous être utile, et il n’était pas question de renoncer. J’ai commencé à marcher en prenant le tunnel au hasard. Je me disais qu’il déboucherait bien quelque part et que je pourrais regagner la surface de cette façon, où que ce soit. Au moins, là, en bas, il faisait frais, une quinzaine de degrés sans doute, et la progression était facile sur une terre aplanie et très légèrement grasse. Bizarrement, le couloir était baigné d’une faible lumière qui semblait venir de nulle part, comme s’il s’éclairait de lui-même.
Par chance, ma canne de bois flotté était tombée en même temps que moi et je m’appuyais sur elle, rassurée par cet unique et précieux soutien.
Je n’entendais que le bruit de mes pas, comme un écho amplifié par une distance qui semblait infinie. Et j’ai marché... J’ai marché longuement sans savoir combien de temps. J’ai fini par m’écrouler de fatigue. Pas de lueur annonçant la moindre sortie. Juste cette lumière apaisante et presque chaude par contraste avec la fraîcheur de l’endroit.
J’ai retiré ma capuche et je me suis recroquevillée sur le côté sur mon lit de terre, en croisant mes bras sur mes genoux pliés. Curieusement, ma hanche ne me faisait même plus mal. J’étais bien et je me suis endormie.
À mon réveil, je n’avais aucun moyen de connaître l’heure. Impossible de savoir combien de temps j’avais pu fermer les yeux. J’ai cru entendre une musique au loin, mais c’était si confus que j’avais l’impression de rêver.
À perte de vue le ...