184
pages
Français
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2017
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Ebook
2017
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Publié par
Date de parution
03 mars 2017
Nombre de lectures
31
EAN13
9780244019686
Langue
Français
Une envie d’écrire incontrôlable racontant cinq semaines de ma vie et bien plus encore, à l’âge où beaucoup de questions se posent. D’une séparation douloureuse est venue l’écriture m’amenant à redécouvrir mes proches sous un angle différent. Une auto-analyse a pris place pour me raconter et mettre sur papier mes émotions et mes ressentis, nécessaire à un bien-être mal engagé. Camille et la bisexualité sont racontées au fil de cet écrit, notre rencontre, nos joies, nos peines et tout ce qui aura découlé de cette rencontre au féminin. Ce travail d’introspection traite d’homosexualité, de bisexualité, d’adultère, de la capacité à gérer au mieux la tromperie et l’adultère dans un couple hétérosexuel. Mathieu, le mari trompé, sera là tout au long des événements pour aider, écouter, comprendre et pardonner. Il comprendra beaucoup de choses sur lui-même, sur sa femme et sur la vie en général.
Publié par
Date de parution
03 mars 2017
Nombre de lectures
31
EAN13
9780244019686
Langue
Français
En secret
Diane Margot
Couverture conception graphique : Kyrian Malone
Copyright © 2017 Homoromance Éditions
All rights reserved
Tous droits réservés. Toute reproduction, diffusion ou utilisation partielle est strictement prohibée sans l’accord préalable de l'auteur et d'Homoromance Éditions.
Dépôt légal : février 2017
ISBN-13: 978-1544128429
ISBN-10: 1544128428
Mature : période de la vie caractérisée par le plein développement physique, affectif et intellectuel.
Été 2016 - Nous sommes à Llança, en Espagne, nous sommes partis tous les quatre en vacances en famille. Nous sommes à quatre heures de route, nous arrivons, mangeons au restaurant, je suis d’une humeur exécrable, l’ambiance est tendue. Au restaurant, je ne parle pas, je suis malheureuse derrière mes lunettes noires. Elle me manque déjà terriblement. Elle, c’est Camille.
Je l’ai rencontrée sur un forum pour les homos et les bisexuels, j’y suis inscrite depuis plus d’un an. Je discute, j’échange, je cherche à mieux comprendre qui je suis. Je comprends bien que je suis une personne complexe, trop complexe. J’ai rencontré Camille au bout d’un an sur le forum. Dès le début, c’était une évidence : nos échanges étaient imprégnés d’une impression de bien-être et d’apaisement. Nos messages étaient nombreux, il n’y avait pas un seul jour qui passait sans que l’on s’écrive. Nous échangions une centaine de messages par jour, des appels téléphoniques, nous nous rencontrions…
Notre première rencontre eut lieu à Pelissanne, à mi-chemin entre Le Thom, là où Camille habite et Bandol, là où j’habite. Il fallait se voir après une si bonne entente par messagerie et après un échange de photos. À Pelissanne, petit village provençal, nous étions arrivées en voiture et étions tombées nez à nez à un rond-point. On s’était tout de suite reconnue et on avait ri. On s’était garée, on s’était vue en vrai et ma première impression n’était pas bonne du tout. Je ne la trouvais pas à mon goût et ne reconnaissais pas la personne que j’avais rencontrée sur le forum. Cela s’expliquait par le décalage entre le virtuel et la réalité. Il faut dire que Camille était plutôt photogénique, ce qui n’est pas mon cas. On avait discuté, on avait bu un thé et on avait retrouvé la complicité qui commençait à s’installer dans nos échanges. On s’était promenée dans tout le village, dans ses rues, avec son ambiance et son parc, on s’était posé toutes les questions possibles et imaginables que deux filles pouvaient se poser sur leurs vies, leurs envies, leur sexualité…
L’heure du départ approchant, on s’était fait la bise sur le parking et nous sommes montées chacune dans notre voiture. Je compris au volant de ma voiture que c’était maintenant ou jamais d’oser, oser embrasser une fille, ce que j’avais toujours voulu. Je sortis de la voiture, elle était encore là, je me dirigeai vers sa voiture, elle ouvrit sa fenêtre, elle eut le souffle coupé et comprit que je venais pour l’embrasser, on rit et je l’embrassais. À ce moment-là, je savais que ça ne serait plus jamais pareil.
Le soir même, on s’écrit beaucoup, elle s’excusa de sa timidité et me remercia d’avoir osé. Les jours passèrent, notre complicité devenait de plus en plus évidente et on décida de se voir à nouveau, mais cette fois à l’hôtel. On s’était donné rendez-vous à Aix-en-Provence, ville magnifique avec une ambiance qui me rappelait Paris, ma ville natale, là où j’ai grandi et vécu jusqu’à 36 ans. Aix-en-Provence avait pour avantage d’être beaucoup plus animée que Pelissanne et me permettait de faire moins attention aux regards des autres. On s’était donnée rendez-vous près de la fontaine au centre-ville près du cours Mirabeau. On s’était reconnue tout de suite, on s’était promenée, on avait découvert la ville que nous ne connaissions pas ni l’une ni l’autre, on avait mangé au restaurant, un magnifique restaurant avec une décoration exceptionnelle style brasserie parisienne. Les plats étaient immangeables et, par timidité, je n’avais rien osé dire de peur de gâcher le moment. Mais n’étant pas très douée pour cacher mes émotions, elle s’était rendu compte de l’immondice qu’il y avait dans mon assiette, ça nous avait fait rire. À la fin du repas, le stress commençait à monter, impossible de prendre un dessert ou de manger quoi que ce soit d’autre, il était encore temps de faire marche arrière, de ne pas tromper mon mari. Mais une seule envie m’envahissait, c’était d’aller à l’hôtel et d’aller jusqu’au bout de ce désir.
Arrivée à l’hôtel, j’allai seule à la réception, pris la chambre et demandai à Camille de monter. Dans la chambre, les gestes, les caresses, les positions étaient comme une évidence pour moi, comme si je les avais toujours sus. Tout ressortait à ce moment-là, mon envie si longtemps refoulée et le plaisir procuré par ce moment. Un sentiment de bien-être et de puissance m’envahissait, enfin j’étais moi, dominatrice et à ma place.
Vers dix-sept heures, le temps était venu de nous séparer, au moment de rendre la clé à la réception, je tombais sur une réceptionniste peu délicate qui vraisemblablement ne connaissait pas très bien son métier ; devant plusieurs clients, elle insistait pour comprendre pourquoi je rendais la clé à cet instant précis et s’il y avait un problème avec la chambre. D’un regard foudroyant, j’avais remis cette réceptionniste à sa place sans dire un seul mot. Le problème était enfin réglé, je pouvais partir.
Les mois ont passé et nous nous sommes vues plusieurs fois, Camille et moi, à l’hôtel et ailleurs. Je me posais beaucoup de questions. Pourquoi ne jouissais-je pas avec elle, mais autant avec mon mari ? Pourquoi étais-je autant attirée par les femmes et n’arrivais pourtant pas à me laisser aller comme il aurait fallu ? Camille me plaisait-elle ? Était-elle la bonne personne ?
9 août – Je suis à Llança depuis deux jours, Camille m’envoie des messages comme à son habitude, mais uniquement par boite mail, plus discrète pour son mari du fait que je suis à l’étranger. Mathieu, mon mari, tombe sur un de ces messages, me tend le téléphone pour me mettre devant l’évidence, je souris bêtement, ne sachant pas quoi répondre. Ce message intercepté était très probablement voulu, je ne supportais plus de lui mentir, moi qui lui avais toujours tout dit et qui ne lui avais jamais menti en vingt ans de vie commune.
Mathieu est un ami d’enfance. Nos mamans étaient institutrices, au début de leur carrière, elles avaient fait connaissance et étaient devenues amies très rapidement. Françoise, la mère de Mathieu, avait eu une enfance difficile, et maman, une enfance plutôt douce. De leur entente et de leur amitié avait suivi une relation amicale très proche. Elles se voyaient tous les mercredis. Mon frère Franck et mon mari Mathieu s’amusaient ensemble. Les amitiés étant toujours très fluctuantes, ces deux amies s’étaient perdues de vue pendant plusieurs années pour se retrouver une dizaine d’années plus tard devant le cinéma de la place d’Italie dans le treizième arrondissement de Paris. Elles se retrouvaient enfin et ne se sont plus quittées. Ce fut pour un temps seulement. C’est là que j’ai fait la connaissance de Mathieu, être sensible et survolté. Il avait trois ans de plus que moi. À cet âge, c’est beaucoup, j’avais quinze ans et lui dix-huit. Mathieu était plutôt instable. Il consommait tout ce qui pouvait le faire planer. J’étais pour ma part dans un univers très différent, mais tellement plus ennuyeux. J’étais très impressionnée par lui et n’osais pas le regarder en face. C’est difficile pour faire une rencontre amoureuse. Il faut dire que j’avais très peu d’estime pour moi à cette époque et que les garçons ne m’intéressaient pas plus que ça. Je n’étais pas attirée par eux, seules les filles me faisaient de l’effet. À quinze ans, quand j’ai décidé d’en parler à ma mère et de lui annoncer mon homosexualité, sa réponse n’a pas été adéquate du tout et me convainquit pour très longtemps de ne plus en parler et d’enfouir ça au plus profond de moi.
Pour revenir à Mathieu, il cumulait les aventures les unes après les autres, avait beaucoup de succès avec les filles, ce que je comprenais complètement. Il était d’une douceur et d’une gentillesse à toute épreuve, une femme dans un corps d’homme, c’était peut-être ça qui m’avait plu chez lui. Il avait les qualités et la douceur d’une femme dans un corps d’homme. C’était l’alibi parfait pour mes parents.
Quelques années plus tard, les parents de Mathieu avaient invité mes parents à Conches en Ouche, petit village normand dont était originaire Françoise, la mère de Mathieu. On était convié à un repas dans leur maison normande et à passer le weekend avec eux. Après avoir mangé et, comme à mon habitude, ne pas avoir ouvert la bouche de la soirée, je me retrouvais à l’étage, seule avec Mathieu. Nous avons parlé des heures durant, pris beaucoup de plaisir à discuter. Nous avons fini dans son lit ou plutôt dans le mien, le sien étant soi-disant cassé. Pour la première fois, un homme me caressait, cherchait à me donner du plaisir et s’occupait de moi pour mon bien-être.
Au réveil, honteuse, je quittais la chambre, rentrais à Paris sans lui dire au revoir. Je me sentais changé, ma première expérience avec Alexandre avait été chaotique, humiliante et confirmait mon dégoût pour les hommes. Avec Mathieu, c’était différent : pas de dégoût, beaucoup de douceur.
9 août après-midi – Il pleut des cordes à Llança, Mathieu est au courant que j’entretiens une correspondance avec Camille, il ne sait pas encore que je couche avec elle. Comment lui annoncer ? Sortir de cette impasse du mensonge ?
D’un manque qui avait été comblé par Camille venait un autre manque, celui de ne pas la voir suffisamment. Et, il y a cette autre souffrance, celle de mentir à mon mari. Suis-je née pour souff