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Publié par
Nombre de lectures
11
EAN13
9782379612169
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Romance contemporaine - 400 pages
Mardi 25 février 2020, un jour comme les autres...
Et pourtant, quelque chose a changé. Qui est cet homme triste à fendre le cœur que l’on amène au foyer Les papillons blancs ce soir-là ? Stella, employée depuis trois ans, n’en a pas la moindre idée. Malgré tout, elle se sent très vite attirée par cet inconnu, prête à prendre tous les risques pour lui.
Derrière le chagrin qu’il porte en permanence se cache un lourd secret que Stella entend bien découvrir.
Qui est Egon ? Que dissimule-t-il ?
Publié par
Nombre de lectures
11
EAN13
9782379612169
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Egon
Callie J.Deroy
Callie J.Deroy
Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-216-9
Couverture : Victor Tongdee
Prologue
Que faisiez-vous le mardi vingt-cinq février 2020, à onze heures quarante-sept exactement ? Vous l’ignorez ? C’est normal. Et il est fort probable que la quasi-totalité des habitants de cette planète n’en ait pas souvenir non plus.
Et pourtant.
Personne, ou presque, n’a rien remarqué, mais il s’est produit un événement sans précédent. Ce jour-là, à cette heure précise, quelque chose a changé. Quelque chose de plus grand que tout ce que vous êtes en mesure de concevoir. Une rupture. Un cataclysme. La fin du monde tel que vous le connaissiez.
Vous ne vous souvenez vraiment pas de ce jour-là ? La lumière n’a-t-elle pas légèrement vacillé ? N’avez-vous pas été parcouru d’un infime frisson ? Peut-être pas. Peut-être que rien n’a été perceptible pour aucun d’entre nous.
Qui pourrait savoir ? Stella ? Non, elle était au travail et n’a rien remarqué d’anormal. Pourtant, ce qu’il s’est passé à cette seconde-là va transformer sa vie. Du tout au tout, et pour toujours.
La leur, la vôtre, celle de tous les autres.
Mais tout cela n’a pas d’importance, parce qu’il est déjà trop tard. Depuis le mardi vingt-cinq février 2020, onze heures quarante-sept, il est trop tard.
Chapitre 1
Mardi vingt-cinq février 2020, vingt heures quarante.
– CHRIS ! Viens par là, s’il te plaît !
Après un léger soupir résigné, ledit Chris, de son vrai nom Christophe, quitte le fauteuil sur lequel il était installé et regagne la salle à manger.
– Tu n’as pas oublié un truc, à tout hasard ?
Le jeune homme adresse à Stella, qui se tient devant lui, les mains sur les hanches, un petit sourire contrit.
– Non, j’ai pas oublié.
– Tant mieux, lui répond-elle. Ce n’est pas parce que Madame Mercueil n’est pas là que tu peux en profiter pour te tourner les pouces.
– Ah ça, je sais bien !
Tout en attrapant une première assiette, il jette un regard en coin à la jeune femme et ajoute, à mi-voix :
– Vous êtes encore plus casse-pieds qu’elle...
Le petit coup de torchon qu’il reçoit sur l’épaule le fait éclater de rire. Le voyant hilare, Stella arrête de faire semblant d’être fâchée et s’esclaffe à son tour.
– Je vais vider le sèche-linge. Quand tu auras fini de débarrasser, assure-toi que Louis n’oublie pas que c’est à son tour de faire la vaisselle.
– Ouais... Si j’arrive à lui faire lâcher son plateau de Scrabble !
Stella soupire, comme si le manque d’entrain de ses pensionnaires la désespérait, mais c’est tout à fait sereine qu’elle quitte la pièce pour rejoindre la lingerie. Elle sait que lorsqu’elle reviendra, la table de la salle à manger sera propre, la vaisselle faite et la cuisine rangée.
Tous ceux qui vivent au refuge savent que rien ne fonctionnerait si chacun n’y mettait pas un peu de bonne volonté. Ce n’est pas un hôtel, ici. Pas de femmes de chambres, de cuisinier ou de service d’étage. Pour que les Papillons blancs continuent d’exister, il faut que chacun mette la main à la pâte et tous l’ont bien compris. A lors, même si c’est parfois en traînant un peu des pieds, ou si une bonne partie de Scrabble est difficile à délaisser, personne ne tente de se dégager de ses obligations. Avoir la possibilité de passer l’hiver avec un toit au-dessus de la tête vaut largement quelques vaisselles ou autres petites tâches ménagères, surtout pour des gens qui viennent de la rue. Le foyer pour lequel Stella travaille depuis maintenant trois ans n’a pas les moyens d’embaucher du personnel spécialisé, loin de là. Il n’a même quasiment plus les moyens de payer ses deux employés.
Lorsque Madame Mercueil l’a ouvert, dans les années soixante-dix, les choses étaient différentes. Elle pouvait compter sur la relative fortune de son mari, un médecin provenant d’une famille bourgeoise de Normandie. À sa mort prématurée, sa veuve hérita de tout ce qu’il possédait et elle fit de son mieux pour gérer le plus intelligemment possible ce qu’elle avait reçu. Elle s’en sortit admirablement bien. Seulement voilà, rien ne dure éternellement, surtout pas l’argent. Après presque deux décennies passées à entretenir un endroit qui ne rapporte rien, les fonds sont aujourd’hui épuisés. Certes, le refuge perçoit une aide financière de l’État, mais si cela couvre les frais les plus indispensables, la situation est loin d’être facile. Sa propriétaire vit donc avec une lourde épée de Damoclès au-dessus de la tête : le foyer pourrait fermer, réduisant à néant le travail dévoué de toute une vie. Les pensionnaires se retrouveraient à nouveau dans la rue, la femme qui a passé des années et des années à tenter de leur venir en aide également.
Les douze habitants des Papillons blancs sont tous au courant de la situation, voilà pourquoi chacun participe à la vie communautaire sans se faire prier. Des « Madame Mercueil », il n’y en a pas tant que ça. Car sous des abords stricts, et derrière ses petites lunettes rondes qui lui donnent un air de maîtresse d’école un peu sévère, tous savent que se cache une femme avec un cœur énorme. Pour beaucoup, elle est et restera la seule à leur avoir tendu la main quand ils n’avaient plus rien, la seule à leur avoir offert une chance de s’en sortir.
Un grand panier à linge sous le bras, Stella passe la porte de derrière en la poussant d’un coup de coude, descend maladroitement les quelques marches qui mènent au jardin sans vraiment voir où elle met les pieds et rejoint la dépendance qui, aujourd’hui, fait office de lingerie.
La petite construction, faite de la même brique rouge que la maison, est en piteux état. En cette fin février, la température est encore bien trop froide pour envisager de s’y attarder plus que de raison. La jeune femme dépose son panier sur le carrelage craquelé, devant une machine industrielle certes dépassée, mais bien pratique lorsque l’on doit s’occuper du linge de douze personnes. Elle ouvre le hublot et entreprend de sortir la fournée de draps qui se trouvent à l’intérieur. Elle a tout juste vidé le tambour quand Sam, le plus ancien et le plus particulier des pensionnaires des Papillons blancs – qui est aussi son collègue – passe la porte restée entrouverte.
– Mademoiselle Stella ?
Elle tourne la tête, un air interrogatif sur le visage.
– Oui, Sam ?
– Y’a quelqu’un qui vous d’mande, à l’accueil.
Elle se redresse.
– Qui ?
– Vous devriez v’nir...
Stella fronce les sourcils. Pourvu qu’il n’y ait pas de problème... Madame Mercueil s’est absentée, ce qui est extrêmement rare. Elle n’aimerait pas avoir à la déranger pendant les quelques jours que sa patronne s’autorise à passer loin de son foyer. Sans oublier qu’elle lui avait assuré être apte à gérer les Papillons blancs durant ces quelques jours...
Malgré la curiosité et la pointe d’inquiétude que la nouvelle fait poindre en elle, elle ne demande pas d’explications supplémentaires à Sam. Elle le connaît bien, suffisamment pour savoir que s’il est l’homme le plus gentil du monde, il est aussi le moins bavard. Jamais de mots superflus ou de grands discours, avec lui. Une habitude qu’il a prise quand il était dans la rue et qu’il n’a pas perdue depuis, même si cela fait plus de huit ans qu’il vit e t travaille aux Papillons blancs.
En lui souriant de manière rassurante, elle passe devant lui pour quitter la dépendance et rejoindre la maison, d’un pas un peu trop rapide pour être vraiment détendu. Lorsqu’elle emprunte le couloir menant à la porte d’entrée et qu’elle aperçoit l’une des personnes qui l’y attendent, son cœur fait un bond.
Dans son uniforme bleu foncé, un agent de police se tient dos à elle, les pouces passés dans la ceinture. Pourvu que l’un des pensionnaires ne se soit pas mis dans une situation délicate ! Elle serait dans l’obligation de téléphoner à Madame Mercueil.
Tout en continuant d’avancer pour rejoindre le petit groupe, Stella se racle la gorge pour tenter de se donner une contenance.
– Bonjour, lance-t-elle d’une voix presque claire.
L’agent de police, un homme assez jeune, grand, à l’allure un peu dégingandée, se retourne pour lui faire face.
– Ah, bonjour. Vous êtes la responsable ?
– Euh... ce qui s’en rapproche le plus en ce moment. Est-ce qu’il y a un souci ?
– Non, ne vous en faites pas.
Il se tourne vers sa collègue, une femme petite et robuste qui semble encore plus jeune que lui, et vers un homme auquel Stella ne prête pas vraiment attention, trop inquiète quant à la présence de deux policiers au sein des Papillons blancs.
– Y’a un endroit quelque part où nous pourrions discuter ?
– Oui... Oui, venez.
D’un signe de tête, elle lui désigne une porte vitrée, celle du bureau de Madame Mercueil. Elle s’avance et y entre la première, suivie quelques secondes plus tard par l’agent de police. Elle referme derrière eux et attend, un peu nerveusement, que ce dernier lui explique enfin la raison de leur venue.
– Bon, voilà, commence-t-il. On a trouvé cet homme, tout à l’heure.
D’un coup de pouce vers l’arrière, il désigne celui dont il parle. Stella, les bras croisés sur la poitrine, se penche légèrement sur le côté pour voir de qui il est question.
Il se tient juste à côté de la policière. Il est grand, peut-être encore plus que l’agent avec lequel elle discute, et d’une carrure très athlétique. Pas le genre de personne à qui on a envie d’aller chercher des noises. Ses cheveux blond foncé sont coupés courts, mais pas assez pour ne pas donner une impression désordonnée, comme s’ils n’avaient pas été coiffés depuis longtemps. Stella pose les yeux sur son visage et quelque chose la frappe. Ce type baraqué, qui, a priori , n’aurait pas à craindre grand monde, paraît... extrêmement vulnérable. Il garde la tête et les épaules basses, comme s’il portait un poids trop lourd pour lui.
Elle se redresse pour faire face au policier.
– Quelqu’un nous a appelés, un peu avant seize heures, pour nous