La lecture à portée de main
147
pages
Français
Ebooks
2020
Écrit par
Ellie Ach
Publié par
Butterfly EDITIONS SAS
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Français
Ebook
2020
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Publié par
Date de parution
25 novembre 2020
Nombre de lectures
61
EAN13
9782376523055
Langue
Français
Silver assise sur mon lit. Silver qui m’envoûte avec ses grands yeux bleus. Silver dont la bouche était si proche que j’ai la sensation d’en avoir le goût sur mes lèvres.
Silver. Silver. Silver.
Pourquoi je n’arrive pas à me la sortir de la tête ? Elle n’a pourtant rien d’extraordinaire ! Hormis le fait qu’elle soit incroyablement belle. Et intelligente. Et drôle. Avec ce putain de caractère qui me rend dingue. Si forte et si fragile à la fois.
Silver...
Publié par
Date de parution
25 novembre 2020
Nombre de lectures
61
EAN13
9782376523055
Langue
Français
Ellie Ach
Devious Souls
ISBN : 978-2-37652-305-5
Titre de l'édition originale : Devious Souls
Copyright © Butterfly Editions 2020
Couverture © mademoiselle-e - AdobeStock
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Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit sous n'importe quelle forme.
Cet ouvrage est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des personnes réelles ou des lieux réels cités n'ont d'autre existence que fictive. Tous les autres noms, personnages, lieux et événements sont le produit de l'imagination de l'auteur, et toute ressemblance avec des personnes, des événements ou des lieux existants ou ayant existé, ne peut être que fortuite.
ISBN : 978-2-37652-305-5
Dépôt Légal : Décembre 2020
06122020-1048-VF
Internet : www.butterfly-editions.com
info@butterfly-editions.com
- 1 -
Silver
– Allez, ne fais pas cette tête, ce n’est pas si terrible.
Je déteste tout chez Consuela, de son faux accent hispanique à son regard bovin, jusqu’à son rouge à lèvres fuchsia totalement ringard, qu’elle a encore à moitié étalé sur ses dents de devant. Cette bonne femme me tape sur les nerfs depuis que je l’ai rencontrée, il y a quelques semaines, mais, aujourd’hui, ça frôle la folie pure. Si elle n’était pas au volant de sa vieille Buick, je l’aurais sûrement déjà attrapée par sa tignasse grasse pour lui secouer la cervelle. Histoire de lui remettre ses quelques neurones en place.
– Évidemment que c’est terrible, je rétorque en la fusillant du regard. Vous m’emmenez en Enfer.
Elle souffle bruyamment, comme si elle peinait à me supporter. A-t-elle seulement pris la peine de se mettre à ma place, juste une seconde ? Bien sûr que non, son rôle n’est que de m’emmener d’un point A à un point B, de faire signer quelques papiers d’usage, puis de retourner à son bureau minable, avec le sourire.
« Encore un dossier classé ! », va-t-elle penser quand elle en aura fini avec moi. Et qu’importent les conséquences…
– Est-ce que vous avez vraiment le droit de me laisser aux mains d’un criminel ? je demande à nouveau, en espérant que sa réponse sera différente des dix fois précédentes où je lui ai posé la question.
– Silver, ton père a purgé sa peine. Aujourd’hui, c’est un homme respectable qui…
Mon rire amer l’empêche de terminer sa stupide tirade. Je n’ai jamais entendu autant de sornettes en une seule phrase. Il y a bien quelques adjectifs qui pourraient décrire mon cher géniteur : égoïste, lâche, absent… dangereux. Mais respectable, ça, non. Pourtant, son casier judiciaire et son mode de vie plus qu’inapproprié à l’éducation d’un enfant n’ont pas semblé gêner le juge des affaires familiales. Un comble, si vous voulez mon avis.
– J’aurais très bien pu m’occuper de moi-même, je ronchonne en croisant les bras sur ma poitrine, me blottissant davantage dans le coin de mon siège.
– Tu n’as que dix-sept ans, me rabâche Consuela en forçant sur son accent hispanique. Tu es trop jeune !
Et elle, trop conne ! Le juge a affirmé que je ne pourrai vivre seule que lorsque j’aurai atteint mes dix-huit printemps. Neuf mois, c’est bien trop long, une éternité ! D’autant plus dans ce bouge sordide qu’est Tonopah, Nevada. À mesure que nous approchons de mon futur lieu de résidence, les chemins deviennent plus désertiques, les boutiques moins nombreuses, les motos plus présentes. Consuela s’engage sur un chemin de terre assez chaotique, bordé de nombreuses plantes à moitié desséchées par le soleil de plomb. Nous nous garons devant une immense bâtisse, attenante à un garage automobile. Devant la porte, un homme d’une quarantaine d’années attend, les bras le long du corps, des lunettes de soleil posées sur le nez, une longue barbe grisonnante lui mangeant le visage. On dirait Arnold Schwarzenegger dans Terminator, en plus poilu. Je ne l’aurais sans doute pas reconnu si ma tutrice ne m’avait pas montré quelques photos avant d’embarquer en voiture. Trop prise dans ma contemplation de cet homme qui n’est autre que mon père, je n’ai même pas remarqué que Consuela était sortie du véhicule, ni qu’elle avait ouvert ma portière. Je nous cherche des similitudes, de vagues traits de ressemblance… À cette distance, c’est malheureusement compliqué. Cependant, je n’ai aucune envie de m’approcher. Mon corps, ma tête, mon cœur, tout me hurle que je devrais fuir cet endroit au plus vite. Les vociférations de Consuela me rappellent toutefois que je n’ai pas le choix. J’avance en traînant des pieds, mon sac à dos sur le bras, jusqu’au perron où il m’attend. Du bout de l’index, il descend à peine ses lunettes noires, un micro sourire se peignant sur son visage.
– Tu as fait bon voyage ?
Sa voix me surprend. Je ne sais pas vraiment à quoi je m’attendais. Plus grave, plus sèche. Moins chaleureuse. Je hausse une épaule, n’étant pas encore prête à lui adresser la parole. Je ne suis pas certaine qu’il apprécierait ce qui sortirait de ma bouche. Ma tutrice lui rappelle qu’ils ont divers documents à signer, que cela peut se faire sans ma présence. Évidemment, comme je n’ai mon mot à dire sur rien… De plus, ce n’est pas comme si je pouvais me barrer d’ici. Il semblerait qu’il n’y ait rien à des kilomètres à la ronde. Juste de la poussière, quelques cactus, et des dizaines de motos que je suis incapable de conduire.
Mon père et Consuela entrent dans un bureau, à l’entrée du garage. Je lève les yeux au ciel, me protégeant des rayons du soleil en plaçant une main en visière devant mes yeux. Une immense pancarte surplombe la bâtisse. Écriture blanche sur fond noir. Le dessin d’un trident, dont la pointe centrale est surplombée d’un œil. Je le sens me scruter, fouillant au travers de mon âme. C’est flippant. Et, à présent, officiel. Me voici arrivée chez les Devious Souls .
***
Un bruit me tire de ma contemplation. Je ne sais pas durant combien de temps je suis restée à observer ce sinistre symbole. Assez, apparemment, pour que Consuela et mon paternel se débarrassent de la paperasse. Celle-ci ne me jette pas même un regard avant de quitter la propriété, ce qui confirme bien mon intuition que, pour elle, je n’étais qu’un dossier parmi tant d’autres. Mon père s’avance vers moi, les mains dans les poches, les traits légèrement figés. Il se place à mes côtés en levant son nez vers le nom des Devious Souls qui trône au-dessus de l’entrée. Lorsqu’il retire enfin ses lunettes, je comprends mieux pourquoi ma mère disait toujours que je lui ressemblais. Nous avons les mêmes yeux. Des iris d’un bleu très clair, ornés d’une petite tâche orangée près de la pupille. Son nez est un peu plus épaté que le mien, toutefois, nous partageons également la même bouche. Fine, mais bien dessinée. La sienne est entourée de poils dorés qui commencent doucement à tirer vers le gris. Ma chevelure est d’un blond presque blanc, assortie à ma peau aussi pâle que la mort.
Si lui est véritablement très grand, à l’inverse, je suis minuscule à ses côtés, atteignant à grand-peine les un mètre soixante. Cela, je le tiens de Maman. En ce qui concerne mon tour de taille, il faut croire que je ne corresponds ni à l’un ni à l’autre. Ma mère était très mince, une véritable brindille. J’avais parfois peur qu’un simple coup de vent puisse la briser en deux. Malgré son âge, mon père est taillé dans le marbre, ses muscles dépassent de son blouson en cuir, arborant fièrement le nom de son club et son écusson de Président. Je ne suis malheureusement ni élancée ni musclée, simplement un peu rondelette. J’oscille entre la taille quarante et quarante-deux, mon fessier étant assez proéminent. L’avantage, c’est que mes seins le sont également.
Voyant que je l’observe de près, mon géniteur tente un sourire, que je ne lui rends évidemment pas. Je ne souhaite pas qu’il se fasse d’illusions, je suis ici parce que l’on m’y a obligée, pas par choix. Dans le fond, je suis certaine que lui aussi se serait bien passé de ma présence. C’est d’ailleurs ce qu’il a fait ces seize dernières années.
– Je ne voulais pas que tu te sentes acculée, mais il y a de nombreuses personnes, à l’intérieur, qui rêvent de te connaître. Nous avons fermé le garage pour la journée, histoire de fêter ton arrivée.
Là encore, je ne prononce pas un mot. Il croit sincèrement qu’il y a quoi que ce soit à fêter ? Pour ma part, je n’ai qu’une envie, m’enfermer dans ma chambre et ne plus en sortir avant neuf mois. J’espère qu’elle est bien isolée, j’aimerais autant avoir à croiser le moins de monde possible. Personne, ce serait encore mieux, néanmoins, vu le nombre de motos qui sont garées devant la maison, il y a peu de chance que je sois exaucée. Mon père ne lâche pas l’affaire, même si je le sens assez gêné. Je ne crois pas qu’il soit réellement habitué à faire la conversation. Ici, il doit distribuer des ordres à tour de bras en attendant que les autres s’exécutent sans oser le contredire. Il va vite déchanter.
– Je ne m’y connais pas trop en matière de mode adolescente. Mais l’une des filles a personnalisé ta chambre, et s'il te manque quoi que ce soit, elle t’emmènera où tu voudras. Décoration, vêtements… Vous irez dans le même lycée, toutes les deux.
Le lycée, mon second cauchemar. Certains adorent cette période de la vie. Les études, les copines, les petits amis, et tout ce qui va avec. Je détestais mon ancien bahut. Les élèves craignaient ; les profs, encore plus. Quant aux cours, ils étaient barbants au possible. Si je pouvais ne plus jamais y retourner, ce serait parfait. Étant donné le mode de vie assez marginal de mon père, j’ai envisagé un instant qu’il ne m’oblige pas à y mettre les pieds. Cependant, Consuela m’a vite rappelé que l’école étant obligatoire, s’il veut conserver ma garde, « Papa » devra veiller à ce que je m’y rende, et que j’obtienne des notes correctes. Génial…
Nous arrivons face à la porte, j’ai l’impression qu’il nous a fallu des heures pour parcourir quelques