La lecture à portée de main
139
pages
Français
Ebooks
2020
Écrit par
Marcia Gary
composé par
Homoromance Éditions
Publié par
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139
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Français
Ebook
2020
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Publié par
Date de parution
30 octobre 2020
Nombre de lectures
1
EAN13
9781716750465
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Que ce soit en Égypte ou en Grèce antique, dans un passé lointain ou un futur hypothétique, dans une forêt imaginaire ou la grande ville de Paris, chacune de ces femmes a été traversée par l’amour, bousculée par l’étrange, transcendée de passion. Magie, sorcellerie ou malédiction, spiritualité ou religion, l’énergie cosmique de l’amour viendra les transformer, les sublimer, et ce, pour toujours et à jamais.
Publié par
Date de parution
30 octobre 2020
Nombre de lectures
1
EAN13
9781716750465
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Autres temps
Autres mœurs
Marcia GARY
Copyright © 2020
Tous droits réservés.
ISBN :
DÉDICACE
Pour Adri, qui depuis toujours voulait me persuader de l’avenir du numérique et des liseuses, qui devait réaliser mes couvertures avec talent, qui aurait dû avoir une belle et longue vie tranquille. Tu nous manques, copain.
TABLE DES MATIÈRES
DÉDICACE
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
GATTARA
1 – BONIOL
2 – PARIS
3 – LES CHATS
4 – ANNE
5 – LE LIVRE
SHAMANE
1 – LA NOUVELLE MAISON
2 – LE TABLEAU
3 – LA SHAMANE
MUERTE
1 - RÉVEIL
2 - ADIEU
3 - CATRINA
PYTHIE 2.0
1 – LE TEMPLE D’APOLLON
2 – LE LAC
3 – L’ESPACE
MANDRAGORE
1 – LA FORÊT
2 – L’APPRENTIE
3 – LA RENCONTRE
4 – LE SAVOIR
5 – LA PASSION
6 – LA MANDRAGORE
7 – LES ADIEUX
8 – LA SORCIÈRE
NEFERTARI
1 – LA HAUTE ÉGYPTE
2 – LA DIVINE ADORATRICE
3 – LA FÊTE DE L’IVRESSE
BIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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REMERCIEMENTS
Je remercie vivement toute l’équipe d’Homoromance Editions de m’avoir permis de publier ce recueil de nouvelles.
Je remercie mon amie Laurence A., qui m’avait suggéré à l’époque de proposer mes écrits à cette maison d’édition là, précisément.
Sans toi, sans vous HR, et sans tous ces lecteurs, ce rêve n’aurait jamais pu prendre forme.
Un immense merci du fond du cœur.
GATTARA
1 – BONIOL
La femme était vieille, le dos voûté. De petite taille, elle avait cette stature d’ancêtre n’ayant plus d’âge. Sa tête semblait vouloir rentrer se camoufler dans son thorax, se réfugier à l’abri du monde extérieur, ce monde animé et grouillant de vie.
Elle se déplaçait par tout petits pas, bien emmitouflée dans ses chaussons sans forme. Jamais de geste brusque, jamais de haussement de voix, elle ne voulait pas qu’on la remarque. Elle se contentait de glisser, d’effleurer, de chuchoter.
Sa maison en pierre était tassée, comme elle, comme prête à se réintégrer à la colline à laquelle elle était adossée. Dans ce minuscule village des Cévennes, les ruelles n’étaient que pavés posés là de guingois et passages étriqués entre deux ruines. Les toits de certaines granges se composaient désormais de branchages pourrissants et les tuiles se trouvaient bien plus souvent écrasées au sol qu’à leur place sur les charpentes.
Nichée entre deux collines recouvertes de sombres champignons et de son manteau de feuilles orangées à l’automne, la commune de Boniol était si petite qu’elle n’apparaissait sur aucun plan, sinon comme un petit point diffus sur les cartes régionales. Composé d’une dizaine de maisons à peine, la plupart abandonnées, Boniol avait eu son heure de gloire auprès des Hollandais. Ils avaient racheté quelques bâtisses il y a 30 ans pour leur pied à terre au fin fond de la France rurale. Mais peu à peu, même les étrangers étaient partis, poussés dehors par les crues pernicieuses et dévastatrices de la petite rivière courant en bas du village. Un ru, un minuscule cours d’eau qui - on ne savait pas pourquoi au début - avait nécessité un pont à l’entrée du bourg. Mais parfois, quand les orages d’été se déchaînaient et faisaient tomber sur le sud de la France ses torrents d’eau tiède, la rivière de Boniol enflait, gonflait pleine de ce jus nouveau. Elle remontait les pentes de ces collines cévenoles, doucement, tranquillement, sans même que l’on s’en aperçoive. Et puis tout à coup, elle était là, aux portes des maisons, elle venait toquer aux lourds panneaux de bois fermant les cours. Alors, elle s’infiltrait partout. Et elle y restait. Des semaines entières jusqu’à la décrue. Malgré le beau temps revenu, malgré la chaleur régnant sur ces deux mois d’été, elle prenait son temps pour retourner dans son lit misérable. Elle avait l’air de s’y plaire, dans ces maisons de Hollandais refaites à neuf, et ce n’est que millimètre par millimètre qu’elle daignait céder chaque jour pour repartir se tapir au creux de ces collines, en bas des champs détrempés. Au début, les étrangers se demandaient pourquoi le bas du village n’était pas construit, c’était si joli et agréable de vivre au bord d’une toute petite rivière sinuant tranquillement entre les arbres… Alors ils construisaient, quelques petits pavillons, rien de bien grand puisque les anciens du coin les en avaient découragés, mais quand même, une petite maison d’invités de-ci de-là, un petit chalet pour les enfants quand ils viendraient rendre visite… Jusqu’à la crue suivante. Elle emportait tout. Sans bruit, sans le gros fracas des inondations des villes, non, en silence, en prenant le temps, cette rivière qui n’avait pas de nom, cette rivière si petite, avait chassé loin de chez elle ces étrangers qui l’avaient sous-estimée.
Ils l’avaient surnommée Gattara. Parce qu’elle avait un côté « mama » italienne. Parce qu’elle avait des dizaines de chats. Une vieille folle à chats, c’est ce que les gens disaient d’elle. Il ne restait que trois ou quatre familles dans le village, et quelques couples d’étrangers l’été, venant passer une semaine dans leur mas sur les hauteurs. Tous avaient peur d’elle. Elle semblait être arrivée ici avant tout le monde. Personne, même à Bessèges la ville voisine, ne se rappelait l’avoir vu emménager. Elle était là, depuis toujours, c’est tout. On ne connaissait pas sa famille - alors qu’ici on connaissait toujours la famille - et on ne lui avait jamais vu d’enfants, ni même de visiteurs. Elle vivait seule au milieu de ses chats, recluse dans sa maison aux allures de caverne, sans jamais parler à quelqu’un ni demander un service à qui que ce soit.
Dans le village de Boniol passait chaque semaine une antique fourgonnette avec tout le nécessaire dont avait besoin Gattara. Le J5 brinquebalant était rempli de pains, fromages, viandes et tout ce que l’on pouvait trouver dans une épicerie de quartier. Comment tout ce fourbi tenait dans cette si petite camionnette aux allures d’épave ? Ça ! nul ne savait, mais la vieille femme y trouvait son compte, ne prenant que le strict nécessaire pour elle et ses chats. La conductrice du J5 était son seul contact sur terre, sa seule relation sociale, si « relation » est bien le mot que l’on puisse choisir pour les 3 phrases échangées chaque semaine. L’épicière était une femme boudinée dans son tablier fleuri, un visage rubicond aux pommettes rosies par la fraîcheur campagnarde. Elle ne venait au village que pour la femme aux chats et quelques touristes qui trouvaient cette épicerie ambulante tellement « terroir » et « originale ». Le détour n’était pas important pour la grosse dame, alors elle continuait à venir, chaque semaine, livrer à cette « Gattara » son lait, son pain et sa chair à saucisse fraîche. Elle accueillait en silence, avec respect, les mots formulés d’une voix enrouée, demandant sans fioritures ses 500g de viande hebdomadaire. La vieille gardait les yeux baissés, récupérant son dû d’une main calleuse et franche. Elle n’était pas antipathique, non, la femme dans la fourgonnette recevait toujours un bonjour et un merci poli. Mais ces deux-là ne partaient pas dans des conversations sans fin de commères, pas un mot de trop, juste ce qu’il fallait, le minimum utile.
Les gens du coin respectaient cela, son silence. Même si on jasait derrière son dos, personne ne venait jamais l’embêter ou la déranger pour de futiles questions qui de toute façon seraient restées sans réponse.
2 – PARIS
Gattara n’avait pas toujours été ainsi.
Dans son jeune âge, alors qu’elle s’appelait encore Myriam, sa vie sociale parisienne était florissante. Adolescente, les hommes la regardaient d’un œil gourmand et attendaient avec impatience qu’elle entre dans la fleur de l’âge pour pouvoir la courtiser. Certes, elle était petite, mais ces hanches charnues et ses seins dodus attiraient toutes les attentions. Les hommes faisaient la bouche ronde devant ses formes engageantes et les femmes plissaient leurs yeux reptiliens d’une jalousie non camouflée. Mais elle n’en avait cure ni des uns ni des autres, elle n’était encore qu’une enfant dans un corps de tentatrice. Ce qu’elle aimait, elle, c’était jouer aux billes avec les petits du quartier. Elle adorait cueillir des fleurs sur les pentes vertes de Montmartre pour les offrir à sa mère. Elle aimait aider son père à charger sur son vieux vélo son panier-repas avant qu’il parte au travail à l’usine. Sa vie était simple. Elle riait beaucoup, faisait la pipelette avec sa voisine de palier, elle envisageait le monde comme une vaste cour d’école où chaque rencontre était porteuse d’échange et de jeu, où chaque jour se déroulait dans la joie.
Lorsqu’elle n’était pas dehors à chahuter avec ses copines sous le regard des grands lorgnant dans son corsage, la jeune fille restait chez elle, seule dans sa chambre, avec ses livres adorés. Non pas qu’elle disposât d’une bibliothèque bien fournie, la famille n’en avait malheureusement pas les moyens, mais elle avait toujours avec elle une dizaine de livres qu’elle arrivait à échanger au gré des rencontres. Ce qu’elle préférait, c’était les histoires fantastiques, celles où combattaient de majestueux dragons ailés, d’innombrables fées et plein d’êtres plus fantastiques les uns que les autres. Elle adorait se plonger dans un énorme roman, la faisant totalement disparaître de son monde quotidien, de la surface de la Terre même. Elle se retrouvait alors propulsée dans une forêt remplie d’elfes maléfiques, ou au fond de la mer avec des poissons gigantesques aux couleurs fantasmagoriques. Le jeune femme pouvait passer là des heures, assise à même le sol au centre de la petite pièce lui servant de chambre, le dos voûté comme si elle s’apprêtait à plonger toute entière entre les lignes devenues alors une porte sur un monde magique et envoûtant.
Un jour, à la bibliothèque du quartier, Myriam tomba sur un livre étrange. Sa couverture en cuir usé était striée de couleurs pourtant toujo