Le Non de Ntomba
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Le Non de Ntomba , livre ebook

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Description

Avoir le courage en tant qu’individu d’exprimer un point de vue positif qui s’oppose à celui du groupe et de poser un acte paradoxal qu’on sait capable d’attirer sur soi un tollé général, voire une sanction punitive, n’est pas monnaie courante. Au moment où les « Apirizalom » (clan du chef Buli) exerçaient leur sujétion sur les « Tomnyolo » (clan de Ntomba), alors même que les dominés désemparés ne pouvaient entrevoir la possibilité de renversement des rapports de force, l’étoile de Ntomba se leva et illumina le cheminement de la communauté « Tomnyolo » vers des lendemains enchantés, bien que tumultueux. Il faudrait apprendre à résister aux forces du mal, le salut est au bout de cet effort.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 septembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414132539
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-13251-5

© Edilivre, 2017
Prologue
La menace de Buli d’envoyer l’oncle de Ntomba en prison à Mantoum allait se réaliser le jour où Edjoé, représentant de l’autorité administrative, décida de faire une tournée de prise de contact en vue de collecter les informations relatives aux populations devant payer l’impôt dans son ressort territorial. Ce jour-là, l’ordre fut donné d’arrêter Ntonga. Ntomba s’y opposa à sa façon. Il exprimait ainsi spontanément son mécontentement à l’égard des arrestations arbitraires dont été victimes les membres de son clan. Il décida de s’attaquer à l’administrateur en personne. Car, il lisait une complicité entre Buli et lui. Pour lui, s’attaquer au représentant de l’administration Edjoé, c’était attaquer le mal à la racine. C’était lui, Edjoé, qui cautionnait les actes d’injustice et de discrimination de Buli. Un incident arriva, qui allait produire plus de peur que de mal et révolutionner l’organisation administrative du village Yéyé. Celui-ci éclata en deux : Yeye-Osu et Yeye-Bè, dirigés respectivement par Buli et Ntomba. Cependant, le manque d’unité et d’entente durables entre les Tomnyolo allait mettre à mal l’existence du village Yéyé-Bè qui perdit son autonomie administrative obtenue à haut risque. Peuples d’Afrique et du monde, sachons préserver nos acquis derrière nos leaders politiques. Evitons la discorde et la querelle stérile. Elles favorisent l’incompréhension mutuelle et la guerre qui vient anéantir le progrès déjà réalisé. Soyons tolérants, patients en attendant notre tour de gouverner car « aucune condition n’est permanente ». De plus, aucun gouvernement ne peut faire l’unanimité. Sachons donc composer avec les autres pour une meilleure gouvernance. Respectons nos lois, bien qu’elles soient mauvaises, elles restent perfectibles.
I
Exaspéré, le jeune Ntomba se leva et se dirigea hardiment vers le représentant de l’administration Edjoé. Il lui administra une gifle sur la joue gauche avec toute la vigueur d’un jeune de son âge, sous le regard ahuri de son père, du chef Buli et de ses notables. L’émoi était à son comble. La stupeur s’empara de tous les habitants de Yéyé. De mémoire de patriarches, pareil événement ne s’y était jamais produit. Ils s’attendaient à la réplique sévère des gendarmes vis-à-vis de tous. Eux qui avaient des matraques et des armes à feu n’allaient-ils pas s’en servir pour punir tout le village pour avoir préparé une surprise aussi désagréable à la haute hiérarchie ? Une telle ignominie publique ne méritait-elle pas une sanction exemplaire pour décourager à jamais toute velléité allant dans le sens du mépris de l’administration ? La pensée des habitants présents dont certains avaient déjà un pied à la fuite était que les forces de l’ordre présentes allaient s’en prendre à l’assistance. Mais la riposte des hommes en tenue fut professionnelle, proportionnelle à l’acte posé et dirigée vers son auteur. Ntomba savait bien que cet acte lui vaudra une sanction exemplaire et même périlleuse, mais il ne put s’empêcher de le poser. Il avait perdu la maîtrise de soi car, la goutte d’eau venait de déborder le vase. Un défèrement à la prison de Mantoum où l’avaient précédé ses nombreux autres cousins et oncles ne lui faisait plus peur. Son vif désir était de voir l’état des choses changer ; même s’il ne changeait rien, il avait la conviction qu’un jour ça changera. Et il avait montré l’exemple à suivre. Un exemple à améliorer peut-être, mais il ne pouvait plus supporter.
Alors que les gendarmes couraient vers lui pour l’arrêter, Ntomba s’écria avec un ton plein de rage, les poings fermés tel un boxeur et prêt à affronter quiconque aurait l’intention de l’attraper : – J’en ai marre, j’en ai marre…
« Pouvez-vous imaginer de nos jours un adolescent qui, lors d’un rassemblement populaire présidé par une autorité administrative dans un village, aurait l’outrecuidance de poser un acte aussi scandaleux devant une foule de personnes et sans peur de la présence des forces de l’ordre ?! C’était ce que fit Ntomba. L’expression du ressentiment qu’il avait contre les injustices que subissaient les Tomnyolo était forte. Paradoxalement à la lecture que la foule fit de ce mauvais geste, Edjoé allait en avoir une interprétation différente.
A ce moment-là, le village Yéyé-Bè n’avait pas encore une existence légale. Il était encore dans les entrailles de Yéyé tel que légué par le chef Zambo et nul n’entrevoyait la possibilité de son avènement. Seul le démiurge savait que Ntomba venait de poser là un acte révolutionnaire. La procédure conduisant à l’autonomie des Tomnyolo était ainsi déclenchée.
La révolte de Ntomba avait été préparée inconsciemment en amont par son père Tsala. Il lui avait conté tous les conflits qui avaient déjà jalonné les rapports entre Apirizalom et Tomnyolo. Il était convaincu que son fils avait besoin de connaître son passé pour bien comprendre le présent et envisager l’avenir. Il devait connaître la façon dont les Tomnyolo étaient arrivés à Yéyé. Comme leur implantation faisait déjà problème dans les esprits de certains Apirizalom, il fallait se préparer à mieux se défendre un jour, si jamais on était contraint de comparaître en justice pour motif de troubles de jouissance. Il devait apprendre à protéger ses droits et à défendre la mémoire de ses ancêtres. Tsala avait le devoir d’éclairer son fils sur l’histoire des possessions terriennes du village. Car certaines indiscrétions révélaient que les Apirizalom se proposaient de les chasser de Yéyé. Ce que Tsala ne savait pas, c’était que les faits relatés à son fils le conditionnaient psychologiquement. Ils exacerbaient sa colère et le poussaient à vouloir refouler son dépit sur un adversaire.
Tsala dans leur conversation lui rapporta :
«  Fils, je veux que tu t’appropries l’histoire de ton clan. Tu dois aussi connaître ta culture car un homme sans culture est comme un zèbre sans rayures . Un enfant doit rester lié à sa tradition car elle véhicule le savoir, le savoir-être et le savoir-faire de ses ancêtres. Il faut savoir préserver son originalité pour éviter le déracinement culturel qui est souvent fatal. Abandonner sa culture appauvrit le patrimoine culturel universel.
Ntomba, mon fils, l’histoire des relations entre les « Mvog-Zambo ou Apirizalom » et nous n’est pas un long fleuve tranquille. Les conflits entre eux et nous remontent à l’époque de tes arrières-grands parents. Tout le monde connaît dans ce village que notre ancêtre c’est Oléa. Ce dernier était venu trouver asile chez le chef Zambo. Il fuyait la guerre civile qui s’était déclenchée dans son pays d’origine. Mais, ce que les gens oublient, c’est que des décennies après et puisqu’Oléa avait épousé la fille de Zambo et que ce dernier lui avait cédé des terrains que nous avions grandement mis en valeur à la suite de nos ancêtres, les Apirizalom ne peuvent plus nous chasser d’ici ; même les lois de ce pays ne le leur permettent pas. Ils ne cessent de nous appeler des envahisseurs alors que ce sont eux qui cherchent à nous réduire au silence pour s’emparer de nos biens. De connivence avec Buli le chef, ils ne cessent de nous envoyer en prison injustement pour rester avec nos femmes, contrôler nos exploitations agricoles et vendre nos terrains. Et, le représentant de l’administration Edjoé soutient même Buli qui ne cesse de lui donner des chèvres (et nos chèvres !) quand il vient en tournée. »
D’après les déclarations du père de Ntomba, leurs aïeux étaient arrivés dans le village au moment où les terrains n’appartenaient véritablement à personne. Même Zambo ne montrait que les arbres tels que les baobabs pour déterminer les limites avec ses voisins. Les forêts étaient encore vierges. Il fallait une hache bien tranchante et la force des muscles pour les conquérir. Or, maintenant que ces espaces hostiles étaient devenus des exploitations agricoles rentables, les Apirizalom voulaient les arracher. On s’installait où on voulait à l’époque. Beaucoup d’autres personnes après Oléa avaient trouvé des espaces dans le village de Zambo. Mais les Apirizalom ne se plaignaient pas de celles-là. La haine était viscérale entre les deux clans Apirizalom et Tomnyolo.
Un jour , raconta le père de Ntomba, il eut une bagarre entre son père et une famille Apirizalom composée de trois frères. La cause de cette lutte était le fait de laisser les porcs et les chèvres en divagation dans le village. La plupart de ces animaux multipliaient les chiques qui déformaient les orteils des enfants. Le chef Buli donnait l’impression de prohiber ce phénomène de divagation des animaux. Mais seulement, on constatait que les membres de sa famille ne semblaient pas être concernés par cette loi. Pour un même délit, il appliquait deux mesures différentes : lorsqu’une chèvre Apirizalom allait détruire les tiges de manioc d’un Tomnyolo, Buli exigeait que le Tomnyolo fasse une haie tout autour de son champ. Par contre, si c’est une chèvre d’un Tomnyolo qui allait piller un champ d’un Apirizalom, il demandait aux Tomnyolo d’attacher leurs chèvres. Par conséquent, les animaux des Apirizalom continuaient de causer la plupart des dégâts à travers le village. Ils disaient qu’il n’était pas question d’interdire à leurs animaux de divaguer. Le faire reviendrait à interdire à eux les Mvog-Zambo, de se promener chez-eux. La truie du grand-père de Ntomba, sortie un jour de son enclos, fut transpercée par une flèche dans le but de faire respecter la volonté du chef. L’Apirizalom qui posa cet acte soutenait que nul n’était au-dessus de la loi. La truie en question venait de mettre bas. Elle laissa errant dans la nature, ses por

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