La lecture à portée de main
35
pages
Français
Ebooks
2012
Écrit par
Georges L. Bastin Monique C. Cormier
Publié par
Presses de l'Université de Montréal
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2012
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Publié par
Date de parution
01 mai 2012
Nombre de lectures
10
EAN13
9782760627444
Langue
Français
Publié par
Date de parution
01 mai 2012
Nombre de lectures
10
EAN13
9782760627444
Langue
Français
Georges L. Bastin - Monique C. Cormier
Profession traducteur
Édition revue et mise à jour
Les Presses de l'Université de Montréal
Table des matières Couverture Titre Table des matières AVANT-PROPOS INTRODUCTION CHAPITRE 1 : Un peu d'histoire CHAPITRE 2 : Que fait un traducteur ou une traductrice ? CHAPITRE 3 : Formation et recherche CHAPITRE 4 : La profession CONCLUSION Lectures complémentaires Crédits
Avant-propos
Parce que la traduction est vaste et multiforme, objet de pratique quotidienne et de recherche universitaire, investissant poésie et secteurs d’emploi,
nous avons décidé de rédiger cet ouvrage à quatre mains. En effet, notre expérience professionnelle se complète, comme on le verra dans le bref exposé qui suit.
On ne naît pas forcément traducteur. En ce qui me concerne, il est clair que je n’avais aucun don parti- culier à la naissance; par contre, j’ai connu des gens, des amis et des collègues dont les aptitudes innées pour le maniement de la langue et l’apprentissage des langues ont contribué à leur succès professionnel.
C’est peut-être la lecture relativement assidue dès le plus jeune âge, romans d’aventure et de cape et d’épée, presse écrite et un peu de poésie, qui m’a orienté vers les plaisirs de la langue et, en particulier, de l’écriture: journal intime, rédactions, poèmes. Un caprice d’enfant, le rejet a priori des langues classiques, m’a toutefois fait choisir des études secon- daires scientifiques, qui m’ont certes fait souffrir, mais ne m’ont pas détourné un instant du goût pour la langue et les langues. Un autre caprice de jeunesse, le rejet a priori de la philologie et d’une future car- rière d’enseignant, m’a incité à chercher ailleurs. Un carrefour des professions où j’ai rencontré des tra- ducteurs m’a décidé. Je voulais des études de langues, mais de langues qui vivent et s’emploient tous les jours et partout.
À mon entrée à l’École d’interprètes internationaux (EII) de Mons, en Belgique, ma combinaison linguistique a été des plus conservatrices: néerlandais-anglais. Une telle combinaison garantissait, à l’époque, un emploi dans les secteurs public et privé nationaux ou dans les institutions européennes naissantes. J’étais enthousiaste. Je croyais ces études somme toute peu exigeantes, puisque sans énormes notes de cours à digérer en une session, sans longues heures en tablier blanc dans un laboratoire, sans cours magistraux suivis par des groupes de centaines d’étudiants, etc. Ce que j’ignorais, c’est la somme de travail pratique à consacrer jour après jour afin d’ac- quérir la rigueur d’analyse et de maîtriser des réflexes d’écriture. Et que le plus dur allait être le perfectionnement de ma langue maternelle. La licence durait quatre ans, et je m’en suis sorti honorablement. Non sans avoir tenté une incursion frustrée en interprétation de conférence, qui m’a fait découvrir combien l’oral différait de l’écrit et combien cette pratique exigeait de rapidité d’esprit et donc les connaissances linguistiques et culturelles correspondantes.
Frais diplômé, j’aurais dû me retrouver traducteur à la poste, aux chemins de fer belges, dans une société commerciale ou aux communautés européennes. La vie a voulu que je choisisse la coopération inter- nationale (à cause du spectre du service militaire obligatoire) et que j’atterrisse en Amérique du Sud, traducteur-interprète dans une organisation syndicale internationale. Mon premier mandat: le rapport de mon organisation au Tribunal Russell, soit le récit de diverses violations des droits de la personne et en particulier une description détaillée des techniques de torture employées par les régimes dictatoriaux en place à l’époque. J’étais loin des éditoriaux de The Economist que je traduisais à l’EII! Pendant trois années, j’ai fait de l’équilibre sans filet de l’espagnol, langue apprise sur le tas, de l’anglais et un tout petit peu du néerlandais vers le français, puis assez rapidement de ces langues vers l’espagnol. Je me suis aussi initié à l’interprétation consécutive et simultanée pour des séminaires de formation et des réunions politiques dans le domaine syndical. Lassé, j’ai tenté la pige, non sans passer, au début, par l’enseignement de l’anglais et du français dans des écoles secondaires pour survivre. Figurant parmi les rares traducteurs professionnels francophones du Venezuela et ayant acquis une expérience considérable vers l’espagnol, j’ai vu affluer les contrats. Mais la vie me réservait une autre surprise: un poste de professeur d’université pour enseigner la traduction et l’interprétation espagnol-français et français-espagnol. Contre toute attente, je m’y suis lancé à corps perdu, tout en poursuivant une pige sélective auprès d’organismes internationaux et d’auteurs moins anonymes. Une expérience d’une vingtaine d’années de bonheur pro- fessionnel intense. Le virus de la recherche m’ayant pris et mon ambition de direction d’étudiants aux cycles supérieurs exigeant un titre universitaire, j’ai fait un doctorat en traduction et en interprétation à l’Université de la Sorbonne nouvelle-Paris III. Trois années d’aventures intellectuelles passionnantes. Puis, la vie à nouveau m’a joué un tour: elle m’a fait émigrer pour la deuxième fois. En fait, il s’agissait d’un retour à la langue française, aux quatre saisons et au confort du monde développé. Depuis 1998, le Québec et l’Université de Montréal sont le théâtre de mes activités professionnelles: mon enseignement, mes recherches en histoire de la traduction en Amérique latine et mon engagement au sein de l’Association canadienne de traductologie, que j’ai présidée de 2006 à 2010, et de l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec.
Comme beaucoup de jeunes, j’ai souhaité tôt faire des études universitaires qui, en plus de me former sur le plan intellectuel, me permettraient de gagner ma vie. Contrairement à la littérature, vers laquelle me portait naturellement l’amour de la langue française, la traduction, dans les années 1970, offrait cette double garantie, qu’elle offre toujours, d’ailleurs.
Avec en poche un baccalauréat spécialisé en tra- duction de l’Université de Montréal, j’ai obtenu un poste de traductrice, puis de réviseuse et de chef de service dans une grande société d’assurance. Parallèlement, je suis devenue chargée de cours à la Faculté de l’éducation permanente de l’Université de Montréal, toujours à la recherche de praticiens en mesure de communiquer leur savoir à la lumière de leur expérience.
C’est l’amour de l’enseignement qui m’a déci- dée à entreprendre une maîtrise en traduction à la même université. Sous la direction d’un maître, Paul A. Horguelin, j’ai obtenu ce diplôme au début des années 1980. Robert Dubuc y enseignait la terminologie, sœur de la traduction, en plein essor au Québec à cette époque en raison de l’obligation de francisation imposée aux entreprises par la Charte de la langue française, aussi connue sous le nom de «loi 101». Comme pour la traduction, que j’ai continué d’enseigner, notamment à l’Université McGill, c’est dans des entreprises québécoises que j’ai appliqué mes connaissances de terminologue avant d’en faire l’objet de mon enseignement plus tard à l’Université de Montréal.
Mon idée étant faite je serais professeure , je me suis inscrite, à la suggestion de Jean Delisle auprès de qui j’avais suivi un cours de théorie de la traduction à l’Université d’Ottawa, à l’École supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT) de l’Université de la Sorbonne nouvelle-Paris III. Cette école était dirigée par la regrettée Danica Seleskovitch, interprète de réputation internationale. C’est sous sa direction et celle de Jean Delisle que j’obtiendrai un doctorat en traduction et en interprétation. Ma thèse portait sur la pédagogie de la traduction technique, ce qui me permettait de toucher à la terminologie, discipline non encore reconnue comme telle à l’ESIT à cette époque. De retour au Québec, j’ai été professeure de traduction au Département de langues et linguistique de l’Université Laval avant d’entrer finalement à l’Université de Montréal, en 1988, où j’occupe maintenant un poste de professeure titulaire. Aujourd’hui, la terminologie occupe l’essentiel de mon enseignement.
Au cours de toutes ces années, j’ai voulu demeurer très proche du milieu professionnel, riche et varié, consciente de la nécessité d’établir des ponts entre universitaires et praticiens. Aussi, de 1980 à aujourd’hui, je suis demeurée active au sein de la Société des traducteurs du Québec, devenue en 1992 un ordre professionnel, l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec (OTTIAQ), comme membre ou comme responsable de comités, comme membre du conseil d’administration de l’Ordre de 1998 à 2009, mais surtout comme vice-présidente aux Affaires professionnelles de 2000 à 2003 et enfin comme présidente de 2003 à 2006.
Comme tout professionnel qui entend demeurer compétent, le traducteur doit avoir à cœur de se former toute sa vie. Il doit le faire par lui-même, mais il revient à son ordre professionnel de l’assister dans cette tâche. En 1998-1999, le Comité spécial de la formation continue, dont j’avais la responsabilité, a repensé, en les rendant plus pertinents et en les accentuant, les services à offrir à ses membres. Mais c’est surtout à titre de présidente de l’OTTIAQ que j’ai favorisé le rapprochement avec les milieux de formation comme les universités, avec les directeurs de programmes, les professeurs et les chargés de cours, sans oublier les étudiants qu’il faut inviter très tôt à se voir comme de futurs professionnels. Mes trois mandats de présidente de l’Ordre, qui regroupe plus de 2000 membres, auront alors été fortement marqués par ma volonté d’établir des ponts avec la relève et d’assurer la reconnaissance de l’Ordre dans le milieu universitaire. Dans le même esprit, convaincue que la clé de la reconnaissance du traducteur demeure la confiance en ses qualités professionnelles et civiques, et la c