Le souvenir d une certaine image...
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Description

Publié à l’initiative conjointe de l’APEF (Association Portugaise d’Études Françaises) et du CEHUM (Centre d’Études Humanistiques de l’Université du Minho), ce Souvenir d’une certaine image se veut avant tout un hommage rendu à Maria do Rosário Girão dos Santos par la communauté académique portugaise. Si son titre renvoie à Proust, un des auteurs de prédilection de notre collègue, le livre rassemble vingt-deux contributions – essais, témoignages et créations artistiques, s’offrant en miroir d’une activité de quatre décennies, continument poursuivie, partagée, passionnée dans la recherche et l’enseignement des études françaises et comparées.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782304054569
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cristina Alvares, Maria de Jesus Cabral, Conceição Varela, Silvia Araújo
Le souvenir d’une certaine image
Pour Maria do Rosário Girão dos Santos
Exotopies
é ditions Le Manuscrit Paris


ISBN 978-2-304-05456-9
© Éditions Le Manuscrit, mai 2023


Visuel de couverture : Essai de figure en plein air : Femme à l’ombrelle tournée vers la gauche , Claude Monet, Paris, musée d’Orsay.
Photo © RMN-Grand Palais (musée d’Orsay) / Stéphane Maréchalle


« Exotopies »
Collection dirigée par Ana Clara Santos et Maria de Jesus Cabral
La collection « Exotopies » est issue de travaux de l’APEF (Association Portugaise d’Études Françaises) qui siège à l’université de Coimbra, au Portugal. Elle est née de la volonté de divulgation des activités scientifiques (colloques, journées de réflexion) menées par l’APEF et qui, à la croisée d’horizons disciplinaires, critiques et géographiques variés, contribuent à la vitalité des études en langue française selon une perspective transfrontalière. Privilégiant le patrimoine littéraire et artistique, cette collection se veut une interface scientifique ouverte à d’autres domaines de recherche – linguistique, traduction, didactique – dont ce patrimoine ne saurait être dissocié. Ayant pour objet les études françaises et le questionnement des frontières, cette collection propose de nouveaux éclairages sur diverses perspectives concernant l’écriture, l’art et la langue. Elle promeut un regard comparatiste révélant le dialogue fécond que les langues et cultures entretiennent dans l’espace européen.


Présentation
« Le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant ; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années ». Dans cette petite phrase mélancolique, tirée de Du Côté de chez Swann , les lieux décrochent des espaces physiques où ils se trouvent et deviennent autonomes sous forme d’images – images fugitives, certes, ou flottantes, sans ancrage matériel, mais qui restent dans notre mémoire. Ce sont des souvenirs.
Il en est ainsi de Maria do Rosário Girão Ribeiro dos Santos. Son écrivain préféré ne saurait mieux dire le souvenir de l’image de Rosário qui imprègne les lieux qu’elle fréquentait à l’Université du Minho tout au long de plus de quarante années de carrière universitaire, puisqu’elle y a fait ses débuts en 1978. Depuis qu’elle est partie à la retraite, notre souvenir associe son image à trois lieux contigus formant une certaine région de l’École des Lettres, Arts et Sciences humaines. Tout d’abord, son bureau, le dernier à droite au fond du couloir des Études francophones, où elle travaillait toute la journée et où on savait qu’on pourrait la rejoindre quand elle n’était pas en cours ; puis, le même couloir qu’elle arpentait énergiquement pour aller au Secrétariat ou pour utiliser l’énorme photocopieuse en face ; et finalement, la porte arrière du bâtiment où elle descendait à chaque heure pour une pause cigarette et un bout de conversation avec des collègues fumeurs. On appelle ce coin du campus la tabagie . Le bureau, le couloir et la tabagie forment l’espace-Rosário qui est toute une zone de l’École où on ne la voit plus alors qu’elle reste quand même bien visible dans nos souvenirs, sans doute stimulés par le fait que les espaces physiques gardent l’empreinte de ceux et celles qu’ils ont enveloppés. Il se peut que l’image ne soit pas aussi autonome que la phrase de Prout le laisserait croire à une lecture superficielle, mais qu’elle se tienne entre dedans et dehors, ancrée aussi bien dans nos mémoires que dans la matérialité de l’espace.
L’image que nous gardons de Rosário n’est pas du tout statique. C’est une image dynamique, une image qui bouge, une image de femme à l’énergie inépuisable et contagieuse. En apprenant sa retraite, les collègues restaient bouche bée, incapables de se figurer une Rosário qui ne bosserait pas. Même en retrait – plus qu’en « retraite » – on peut lui attribuer le mot de Mallarmé : « Moi, aussi, je travaille ». En effet, le désœuvrement est quelque chose qu’elle méconnaît radicalement. Soyons sûrs qu’elle reste pleine d’activités.
Ce livre rend hommage à l’intense activité intellectuelle et académique de Rosário Girão, spécialiste de littérature française, de littérature comparée, de littérature d’Azores et de mythocritique. Écrits par des collègues et d’anciens étudiants, les textes réunis dans ce volume sont l’image du respect et de l’admiration pour son travail et pour sa trajectoire professionnelle. La sensibilité littéraire qui émane de sa production scientifique, la justesse et la finesse de ses idées, sa disponibilité pour écouter les autres et accueillir tous les points de vue ; son intransigeance face aux favoritismes et aux injustices, son indifférence aux mandarinats, sont partie intégrante d’un charisme humain et académique fidèle à sa propre nature , comme le dirait Baudelaire, poète à qui elle a consacré plusieurs travaux, à commencer par sa thèse de doctorat.
Ce livre auquel ont voulu participer des collègues de tout le pays, chère Maria do Rosário, renvoie l’image de toute une activité, la tienne, soutenue, persistante, sans faille ni découragement, continument poursuivie, partagée, engagée dans la recherche et l’enseignement. Que de souvenirs, ici et là, de plusieurs décennies de compagnonnage et pour tout ce que ton action inspire : une éthique irréprochable, une rigueur scientifique remarquable, un dévouement toujours généreux, sans cesser d’être critique, une honnêteté et une impartialité qui ont marqué la gestion du Département au fil de plusieurs mandats de Directrice. Tout le dévouement et participation active aux projets de l’APEF – Association Portugaise d’Études Françaises et à ceux du réseau LEA ! Lire en Europe Aujourd’hui. Et le plus important : la curiosité intellectuelle et le plaisir d’étudier la littérature, essaimés dans tes livres comme dans plusieurs générations d’étudiants.
C’est donc avec beaucoup de joie et en vive reconnaissance que nous avons préparé Souvenir d’une certaine image . Présenté en trois parties – études, témoignages et créations, ce livre, publié en collaboration entre l’APEF et le CEHUM – Centre d’Études Humanistiques de l’Université du Minho, réunit un ensemble de vingt-deux contributions de collègues, amis et anciens étudiants qui ont souhaité évoquer une trajectoire universitaire d’excellence. Il nous reste à exprimer notre vive gratitude à tous ceux et celles dont les textes composent ce bouquet.
Puisse Maria do Rosário y retrouver reflétée un peu de sa propre pensée et se reconnaître dans ce travail.
Cristina Álvares et Maria de Jesus Cabral, Au nom des organisatrices


Études


Camilo Pessanha e a busca do tempo perdido
Anabela Leal de Barros Universidade do Minho – CEHUM
“A vida flui (parece) como um novelo que se desenrola ...a vida é água a correr” (António Gedeão) 1
Em Camilo Pessanha, a orquestração das palavras parece transmutar a música plangente do ser incapaz de furtar-se à “doença de pensar” — a mesma de que António Caeiro (quase) não padece — e à consequente consciencialização de que a perfeita imutabilidade e essencialidade do ser , num tempo já perdido, foi irremediavelmente substituída pela transitoriedade intransponível e insuficiente do estar. Expulso desse paraíso, o homem está hoje condenado a um cenário em fuga para um final inefável: o caos que precede novo cosmos ou, temivelmente, um caos do qual nenhuma ordem poderá brotar. As palavras do estrangeiro que foi expelido do seu país (tempo original, ventre materno, paraíso?) não se cansam, por isso, de formular interrogações teimosas que se perdem no vazio, em demanda sempre da origem, do caminho, da natureza mentirosa de uma realidade que tão depressa se oferece como se esquiva:
Não sei o caminho
Eu sou estrangeiro
Não sei de onde venho,
Que azar me fadou?…
[…]
Miragens do nada,
Dizei-me quem sou… (Pessanha, 1983:75,65)
É pela clepsidra das palavras — inúteis no tempo telepático do paraíso — que se vai escoando o destino do triste soldado que ninguém ama, do preso asfixiado entre as grades do mundo, da flauta que pela noite chora, abandonada pela orquestra e pelos beijos, do “cómico defunto” encravado na ponte que une, separando, morte e vida:
Mas ai, ó soldado!
Ó triste alienado!
Por mais exaltado
Que o toque reclame,
Ninguém que te chame…
Ninguém que te ame…
…só modulada trila
A flauta flébil… Quem há-de remi-la?
Quem sabe a dor que sem razão deplora? (Pessanha, 1983: 62,71)
Nesta poesia que configura a busca do paraíso, só as palavras atingem essa pátria de permanência, líquido amniótico onde a luz “penteada” do dia nunca morre, onde a água viva não corre e o amor não se esvai. Afinal, o verdadeiro amor constitui “a plenitude da própria existência” 2 , o único momento da antiga androginia, do tempo parado e perfeito, cujo pálido reflexo é o fugaz amor do mundo sensível, enganado entre o delírio das sensações e o equívoco de existir:
Eu vi a luz em um país perdido
San Gabriel […]
Vem-nos levar à conquista final
Da luz, do Bem, doce clarão irreal.
Vem guiar-nos, Arcanjo, à nebulosa
[…] onde […]
Fulgem as velhas almas namoradas…(Pessanha, 1983: 27,40,41)
O tempo presente surge, na obra de Pessanha, como as cobras que extinguem o idílio, exílio onde o peregrino vê constantemente fugir a luz “desgrenhada” do dia, a água que lhe arrebata quanto ama, deserto enganador onde mão invisível rasga cada lençol de pureza, cada oásis de magia ou réstia de paraíso:
…Águas do rio,
Fugindo sob o meu olhar cansado,
Para onde me levais meu vão cuidado?
Quem poluiu, quem rasgou os meus lençóis de linho,
Onde esperei morrer, meus tão castos lençóis?
Eis quanto resta do idílio acabado,
- P

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