Histoires autour d une unité oubliée - Contes serbo-croates
102 pages
Français

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Histoires autour d'une unité oubliée - Contes serbo-croates , livre ebook

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Description

Vous seriez bien aise de savoir pour quelle raison il est plus facile de s'envoler en caleçon ? Pourquoi le tsar Trojan se sépare systématiquement de tous ses barbiers ? Comment un cyclope est amené à s'occuper, pour son malheur, d'un pope un peu trop naïf ? Découvrez alors sans plus tarder la mosaïque ethnique de l'univers serbo-croate où les rencontres les plus improbables deviennent possibles. Vous découvrirez qu'il fut une époque, pas si lointaine, où une myriade de peuples, aux religions différentes, cohabitaient, se taquinaient et s'entraidaient les uns les autres.Vous aimerez la truculence de ces contes où le plus malin, à défaut du plus moral, sort toujours vainqueur des affrontements qui l'opposent aux empêcheurs de tourner en rond. Dépaysement et plaisir sont garantis avec des personnages tous plus attachants les uns que les autres.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2010
Nombre de lectures 3
EAN13 9782917642306
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire

Table des matières
Sommaire
Histoires autour d’une unité oubliée
Invitation au voyage
C’est plus facile de s’envoler en caleçon
C’est toujours le tour de Saint Pierre
Comment Ero se joua du Turc
Il ne restait plus de place sur l’oreiller
L’épouse qui a trompé le diable
Ero et l’autre monde
La fille du Roi Chiffon
La mauvaise femme
La récompense
Le benêt qui avait des bottes pour voler
Le cyclope cannibale
Le fils du soldat
Le hameau suspendu
Le jugement de Salomon le Sage
Le langage secret
Le lard du diable
Le mari serpent
Le royaume sombre
Le tsar Trojan
Les deux frères
Les deux oursons
Snezana
Tout travail mérite salaire
Le vin rend fort
Découvrez nos autres collections
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Histoires autour d’une unité oubliée
Contes Serbo-Croates
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Véronique Lagny Delatour
Jelena Stankovic
Illustrés par Isabelle Lintignat
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Invitation au voyage
Dobrodosli, bienve nue dans l’uni vers des contes serbo-croates !
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P our les vingt-quatre contes que vous découvrirez ici, nous nous sommes inspirées des corpus de Vuk KARADZIC et de Balint VUJKOV. Puis, nous avons vérifié si ces récits correspondaient à ceux encore racontés par les grands-pères et les grands-mères d’aujourd’hui.
Vous serez surpris par l’étonnante mosaïque offerte par le peuple de l’ex-Yougoslavie. Vous découvrirez qu’il fut une époque, pas si lointaine, où une myriade de peuples, aux religions différentes, cohabitaient, se taquinaient et s’entraidaient les uns les autres, une époque où Marie, la mère de Jésus, n’hésitait pas à placer un oreiller sous la tête des adeptes de Bacchus pour amortir leur chute annoncée, un temps où un cyclope pouvait, certes de fort malheureuse manière, rencontrer un pope, une période où un Hadjuk réussissait à tromper un Turc nouvellement installé sur ses terres.
Nous espérons de tout cœur que vous aurez beaucoup de plaisir à découvrir ces petits bouts de monde souvent truculents, jamais ennuyeux où le plus malin, à défaut du plus moral, sort toujours vainqueur des affrontements qui l’opposent aux empêcheurs de tourner en rond qui croisent son chemin.



C’est plus facile de s’envoler en caleçon
Conte des Bunjevci de Vojvodine

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I l y a quelque temps de cela, dans le village de Vojvodine, le Birov, c’est-à-dire le Maire, organisa, à l’occasion du mariage de son fils unique, des noces d’un tel faste qu’encore aujourd’hui, on en garde le souvenir.
Tous les habitants de la commune furent invités, y compris Lala le miséreux.
Ce dernier était tellement pauvre qu’il ne possédait même pas un pantalon décent lui permettant de se tenir dignement au mariage.
Il survivait comme il le pouvait grâce aux aumônes, à la générosité des uns et des autres et passait l’hiver dans les granges que mettaient à sa disposition les gens du village, par compassion ou par simple charité chrétienne.
Quand il reçut son invitation officielle au mariage, il fut pris au dépourvu, se demandant comment faire bonne figure.
Il décida de rendre visite au tailleur, réputé pour sa gentillesse, afin de lui demander de lui trouver un pantalon, juste pour la durée de la noce.
Le tailleur, qui était vraiment un brave homme, consentit à lui prêter le premier pantalon qui lui passa sous la main et Lala put se rendre, tout heureux, à la fête du mariage.
Lala ne s’était pas aussi bien senti depuis des décennies. Après s’être convenablement rempli la panse avec l’un des quelque quinze cochons de lait rôtis pour l’occasion, il se rafraîchit la gorge avec de la bière et se tordit les boyaux avec de la rakija 1 sous prétexte de faciliter sa digestion. Il s’amusa et dansa ensuite dans la ronde comme personne d’autre ici présent : Lala le miséreux bondissait et se trémoussait en enchaînant des séries de pas compliqués et rapides, sans s’emmêler les pieds une seule fois. Il se laissait aller au rythme entraînant de la flûte et de l’accordéon qui jouaient sans s’arrêter.

Cependant, entre-temps, le véritable propriétaire du pantalon était venu réclamer son vêtement dans la boutique du tailleur. L’artisan dut envoyer en catastrophe son apprenti chercher le dit vêtement qui habillait à ce moment précis la partie charnue de notre pauvre Lala.
Lorsque le jeune apprenti arriva à la fête, il trouva Lala en train de danser, siffler et chanter à tue-tête:
« Hopa, cupa, je vais m’envoler ! Hopa, cupa, je m’envolerai ! »
Le jeune garçon, confus de mettre Lala dans une situation délicate, chuchota discrètement à son oreille les consignes transmises par son patron :
- Le maître m’a envoyé pour reprendre ce pantalon de suite ! Le client attend son article dans la boutique ! expliqua-t-il, tout rougissant.
Le pauvre Lala qui n’avait pas eu l’occasion de se distraire depuis des lustres, tout à l’ivresse de la danse, n’entendit même pas ce que lui disait le garçon, trop plongé qu’il était dans la fête. Il continua donc à s’enthousiasmer et à sautiller en répétant :
- Hopa, cupa ! Je vais m’envoler ! Hopa, cupa ! Regardez, je m’envole !
L’apprenti qui attendait déjà depuis un bon moment et qui commençait à perdre patience lui lança, agacé :
- Écoute-moi maintenant ! Enlève ce pantalon d’abord et envole-toi ensuite! Tu y arriveras certainement plus facilement ! Avec un simple caleçon, tu seras plus léger ! »
C’est ainsi que Lala rendit son pantalon sans s’en rendre compte.

L’apprenti ne fit là que révéler ce que nous enseignent les sages : cette histoire pour nous dire tout simplement que renoncer à certains biens matériels terrestres peut mener à la liberté.
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1 Sorte d’alcool fort



C’est toujours le tour de Saint Pierre
Conte de Vojvodine, ethnie bunjevci


I l y a de cela plus de deux mille ans, Jésus-Christ décida de parcourir le vaste monde en compagnie de Pierre, son plus fidèle disciple. Le Christ espérait ainsi être à même de mieux comprendre les hommes en découvrant de ses propres yeux leurs coutumes et leurs habitudes quotidiennes.
Un beau jour, alors qu’ils se trouvaient au pays de Canaa, ils traversèrent un petit village, juste comme la nuit tombait. Jésus, prudent, suggéra à Pierre :
« Écoute, Pierre ! Nous devrions commencer à réfléchir à un endroit où passer la nuit !
- Ne vous inquiétez pas, Seigneur, nous finirons bien par trouver, nous avons encore le temps ! lui répondit Pierre, fort insouciant.
Ils continuèrent donc leur marche et sortirent du village. Ils parcoururent encore bien six kilomètres le long d’un petit chemin sinueux et désert, avant que la fatigue et la pénombre ne les obligent à s’arrêter.
Jésus se préoccupa alors de leur sort :
- Nous n’allons tout de même pas rester sur cette route toute la nuit ? demanda-t-il.
- Bien sûr que non ! D’ailleurs, j’aperçois la lumière d’une chandelle là-bas au loin ! s’empressa de remarquer Pierre pour le rassurer.
Ils avancèrent ainsi en direction de la lueur annoncée. Lorsqu’ils en furent suffisamment proches, ils purent distinguer une petite auberge, perdue au bord du chemin, au milieu de nulle part.
- Une auberge ! Quelle chance ! s’écria Jésus, soulagé. Va leur demander s’ils ont un lit pour nous, mon fidèle ami !
.
Pierre entra dans l’établissement qu’il jugea au premier abord bien peu accueillant et fit sa demande à l’aubergiste. Ce dernier se montra fort peu disposé à lui rendre service et lui répondit d’un ton peu aimable :
- Je ne dispose plus que d’un lit et encore, ce n’est qu’une paillasse, dans la grande salle. Je n’ai plus aucune chambre de libre.
Pierre jugea la situation : il avisa, dans la pièce qu’on lui proposait, les nombreux clients, bruyants, occupés à boire, à festoyer et à chanter à tue-tête de bien étranges refrains. Il s’en retourna auprès de Jésus pour lui exposer la situation. N’ayant aucune envie de passer la nuit dehors, les deux amis décidèrent, quoique sans conviction, d’accepter ce gîte de fortune.
Une fois à l’intérieur, lorsque le lit fut mis à leur disposition, le Christ, exténué, chuchota les yeux déjà mi-clos :
- Je me couche tout de suite, Pierre, si tu le permets !
- A votre guise, Seigneur ! Mais installez-vous près du mur, je m’allongerai du côté extérieur ! Ainsi, vous serez mieux protégé des voleurs.

Si Jésus trouva le sommeil sur le champ, Pierre, qui avait le ventre creux, n’y parvint absolument pas. Alors qu’il rêvait de festin, il échafauda tout un plan pour pouvoir, une fois l’auberge endormie, quitter furtivement sa paillasse pour s’emparer des bonnes victuailles et des boissons laissées à sa portée sur les tables abandonnées. Il se pelotonna, réconforté par son idée, sous la couverture, attendant le moment propice pour passer à l’acte.
Malheureusement pour lui, c’est juste ce moment que choisit un ivrogne de l’auberge pour lancer à ses camarades de boisson :
- Regardez ! Voilà un étranger qui semble nous espionner. Que nous veut-il ? Il mérite une bonne raclée pour son impudence ! grogna-t-il en désignant Pierre du doigt.
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D’un seul bond, avec une belle unité, tous les soiffards de l’auberge se ruèrent sur le pauvre apôtre pour le rouer de coups en tous genres. Quand ils l’eurent rossé d’importance, ils sortirent dehors pour se soulager. Jésus, réveillé par le vacarme, fut désolé de trouver son compagnon meurtri de cette façon. Après l’avoir consolé, il lui proposa généreusement :
- Mon ami, allonge-toi maintenant

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