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0
EAN13
9782824053677
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Parus en 1891, ces contes classiques de la tradition populaire ont été patiemment recueillis par l’auteur du côté de Lussac-les-Châteaux au moment où ils étaient encore vivants dans la mémoire de leurs derniers locuteurs.
On y retrouve toute la verve, la verdeur et la fraîcheur du conteur poitevin.
Entièrement recomposés, retrouvez ces contes merveilleux, aventures extraordinaires, le diable et les sorciers, les fééries, les contes d’animaux, les facéties, les histoires de moines et de curés !
Léon Pineau, né en 1861, originaire du Poitou, professeur au lycée de Tours, fut un spécialiste du folklore scandinave. Mais ses Contes populaires et son Folklore du Poitou (publié en 1892) restent les ouvrages de référence sur le sujet.
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9782824053677
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Même auteur, même éditeur :
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Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2008/2010/2011/2014/2020
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0278.1 (papier)
ISBN 978.2.8240.5367.7 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
AUTEUR
léon PINEAU
TITRE
CONTES POPULAIRES DU POITOU
PRÉFACE
L e présent volume n’a aucune prétention. Les contes dont il se compose ont été recueillis de la bouche même du peuple ; je les rends exactement comme il me les a donnés : j’ai fait œuvre de collectionneur, non de critique.
Plus tard, quand la moisson sera terminée, nous verrons, s’il y a lieu, à vanner le grain. Aujourd’hui, j’offre au public ma gerbe telle quelle : herbes et fleurs. Que si dans le nombre il s’en trouve dont le parfum soit un peu trop pénétrant : ce sont gauloises plantes des champs et des bois ; il leur faut le grand air !
Le voyageur qui se rend de Poitiers à Limoges, traverse d’abord un plateau peu riche et fort monotone, quoique percé de quelques jolis vallons ; puis, après une heure environ de chemin de fer, aperçoit tout à coup une vallée superbe. La Vienne là, au fond, coule, large et limpide, entre une double rangée d’élégants peupliers et de vergnes au feuillage sombre. Tout le long, ce sont de fraîches prairies naturelles, des champs, par tout petits carrés, de culture multicolores ; et, bornant l’horizon, d’ailleurs peu étendu, des coteaux ondulés, en général nus et arides, mais par endroits couverts de bois d’où émerge quelque antique tour… En face, sur la hauteur un clocher se dresse, vieille poivrière à la cime aiguë surmontée du coq aux ailes déployées : c’est Lussac-les-Châteaux. Lussac avec les ruines mélancoliques de son vieux château, son « Ermitage », le « gouffre de Fontserin », la « Font-Chrétien », ses rochers et ses grottes ! C’est là que j’ai fait ma récolte.
Les récits que je publie ici y sont extrêmement populaires. Le conteur connaît les endroits où « ça se passait » ; il me les indique : c’est là-bas, sur la côte, à ces gros chênes, à l’entrée de la forêt, que le « chat-écuriou » et le renard rivalisaient d’adresse, un matin, à qui mangerait seul le dindon qu’ils venaient de voler ; c’est dans le « ris », au bas du village du Port, au-dessus du moulin, que le jars a surpris la conversation des laveuses… Lui, vieillard de 75 ans, il a assisté à beaucoup de ces scènes-là : il était justement à l’affût, la nuit que le renard a été tué d’un coup de fusil par le métayer de la Clergeauderie.
Et l’excellente femme qui m’a ouvert tout grands les inépuisables trésors de sa mémoire, ce ne peut être qu’une fée, rencontrée, quand elle était enfant, sur les bords de la Blourde, qui lui a appris tant et de si belles choses !
À eux deux, qui m’ont fourni la meilleure partie de ce recueil, à ce pauvre père Biaizon, qui est mort emportant dans la tombe mainte plaisante histoire de curés et de moines, et à tous autres, domestiques, ouvriers et voisins, Louis Vergnaud, Rollé, le père
Robin, qui, sans trop se faire prier, ont consenti à me dire ce qu’ils tenaient des « anciens », j’adresse l’expression de ma sincère reconnaissance.
Ces contes, hélas ! vont chaque jour se perdant. Vieux fabliaux, exubérants de malice, et dont nos grand’pères se vengeaient des duretés de la vie ; féeries gracieuses, qui ont encore bercé nos jeunes années, ne serait-ce pas de l’ingratitude que d’assister à leur disparition, sans même essayer d’en conserver un souvenir ?
À ce motif, tout sentimental, de les recueillir s’en ajoute un autre plus puissant.
Il ne suffit pas pour connaître une nation et juger de ses qualités et défauts, de l’avoir étudiée dans les maîtres de sa littérature classique : pupilles d’Athènes et de Rome, le peuple n’existe pas pour eux.
Ce qu’il faut surtout, c’est étudier, jusqu’en ses moindres détails, cette autre littérature, tout orale, des chansons et des contes, qui, de génération en génération, s’est transmise à travers les âges, et où le vrai peuple, qui aime et qui souffre, a mis toute son âme : ténèbres et rayons.
Le fond de cette littérature semble commun à la plupart des peuples : mais c’est une fleur dont les nuances varient selon les pays. J’ai voulu la montrer telle qu’elle s’est épanouie en Poitou.
Et c’est toute mon excuse d’avoir pensé à publier ce recueil après tant d’autres du même genre, plus complets, et de maîtres qui, par leurs commentaires, ont su ajouter l’intérêt de la science aux charmes de la fiction populaire.
LÉON PINEAU.
Tours, février 1891
CONTES MERVEILLEUX AVENTURES EXTRAORDINAIRES
I. LES POMMES D’OR
I l y avait une fois un roi qui avait un très joli jardin. Il avait des pommiers d’or magnifiques. Toutes les nuits ses pommes d’or étaient volées. Il avait trois enfants. Il dit à ses enfants :
— Mes enfants, il faut veiller (surveiller) le voleur qui vole nos pommes.
— Ah ! que dit l’aîné, mon papa, je vais y coucher.
Quand ce vint dans la nuit, la peur le prend, et il tourne rentrer bien vite. Le papa lui demande s’il avait aperçu le voleur qui volait les pommes. Il lui dit que non, que la peur l’avait pris, et qu’il s’était sauvé.
— Ah ! que dit le cadet, t’es bien craintif, va ! Je m’en vas y coucher à mon tour.
Voilà qu’il y couche. Quand ce vint à peu près à la même heure, la peur le prend encore plus fort que son frère et il tourne rentrer au galop. Ah ! le matin, quand il raconta encore ça à son père :
— Ah, mes enfants ! Faut que vous soyez bien malhardis !
— Allons ! que dit le plus jeune, papa, je vais y rester, moi, à mon tour.
Voilà le plus jeune qui y reste, et il y reste bien toute la nuit. Il aperçoit un gros lion qui sort de sous une grosse pierre aussi lourde comme une meule de moulin, et va se charger de pommes. Il retourna rentrer là où il avait sorti, rabat la pierre, et il ne s’y connaissait absolument rien.
Voilà, le matin, que le papa lui demande :
— Et toi, mon fils, as-tu vu le voleur ?
— Oh oui, papa ! je l’ai vu ! Bien sûr que je l’ai vu ! C’est un gros lion qui vient voler nos pommes.
Et voilà qu’il fait voir l’endroit là où il avait sorti et rentré. Ils perçurent cette grosse pierre ; et il a fallu la lever. Ils avaient aperçu dessous un puits, qu’ils ne pouvaient pas savoir là où que ça allait.
Voilà que dit le roi :
— Il faut avoir des cordes assez longues et attacher un grand seau, et on descendra là où il ira.
Ils attachent une sonnette en haut du câble : quand la sonnette sonnait, il fallait les remonter.
— Ah ! que dit l’aîné, je m’en vais y descendre, moi, papa !
Voilà qu’il se met dans le seau pour descendre. Quand il fut bien bas, bien bas, la peur le prend. Bien vite, il fait sonner la sonnette pour le remonter. Quand il fut monté :
— Qu’est-ce que tu as vu, mon fils, donc pour t’avoir fait tant de peur ?
— Je n’ai rien vu, papa ; mais la peur m’a pris, je n’ai pas pu aller plus loin.
— Allons ! que dit le cadet, je m’en vais y descendre à mon tour.
Voilà qu’il descend peut-être bien cinquante mètres plus bas que son frère ; la peur le prend et il fait sonner la sonnette, bien vite pour le remonter.
— Ah, mon Dieu ! que dit le papa, voyons ! Qu’est-ce que tu as vu donc, toi aussi ?
Il répond :
— Papa, moi, j’ai eu tant de peur, que je n’ai pu aller plus loin.
— All