La lecture à portée de main
197
pages
Français
Ebooks
Écrit par
François Cadic
Publié par
Editions des Régionalismes
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Nombre de lectures
11
EAN13
9782824053462
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Ce deuxième recueil de Contes et Légendes qui diffère complètement du premier par les sujets et les commentaires, n’aura pas épuisé la matière, tant s’en faut. [...] La terre des Chevaliers de la Table ronde et de Roland restera longtemps le domaine du merveilleux. On ne lui enlèvera pas sa physionomie étrange, son originalité saisissante, sa nature tourmentée, et ses habitants auront beau changer d’habitudes, ils garderont au fond de leur âme un petit coin de ciel bleu où ils aimeront à se réfugier aux heures d’énervement, de lassitude et de nostalgie, et où ils entendront chanter la voix enchanteresse des fées. N’y aurait-il plus place dans le monde que pour l’uniformité et la banalité, filles du progrès moderne ; la poésie et le rêve seraient-ils bannis de partout qu’ils trouveraient ici un asile sûr, à l’abri de barrières protectrices. Sauvegardée par une langue qui prétend vivre ; en dépit de la guerre sourde ou déclarée que mènent contre elle des gouvernements à courtes vues et des intelligences bornées, la légende ne saurait interrompre le cours de ses gracieuses fictions. Il suffira d’aller glaner aux bons endroits pour récolter à pleines gerbes. Je les ai cherchés d’abord dans mon pays natal du haut Morbihan, parmi les paysans de l’Argoet ; puis je suis descendu parmi les marins de l’Arvor. J’ai étendu mes investigations jusque chez les Bretons-Gallos, chez les Cornouaillais, les Léonards et les Trégorois, et à mesure que je m’en allais engrangeant, il me semblait que les épis se multipliaient davantage... » (extrait de la Préface, édition originale de 1919).
Les Contes & légendes de Bretagne (1914, 1919, 1922) et les Nouveaux Contes & légendes de Bretagne (1922, 1925), sans compter les onze fascicules qui les précèdent, publiés entre 1903 et 1914 (et partiellement repris dans les Contes et Nouveaux Contes), font l’objet de cette nouvelle édition, entièrement recomposée qui comprendra 6 tomes.
François Cadic, (1864-1929), né à Noyal-Pontivy (Morbihan), prêtre, professeur d’histoire, écrivain et folkloriste qui a consacré toute sa vie à recueillir contes, légendes et chansons de Bretagne. Il crée, en 1897, l’association la Paroisse bretonne de Paris et rapidement le journal du même nom où seront publiés, initialement, la plupart des contes et légendes de Bretagne. Avec François-Marie Luzel, il est aujourd’hui considéré comme un des collecteurs majeurs de la littérature orale de la Basse-Bretagne.
Publié par
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11
EAN13
9782824053462
Langue
Français
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Même auteur, même éditeur :
isbn
Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2017/2020
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.0777.9 (papier)
ISBN 978.2.8240.5346.2 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.
AUTEUR
FRANÇOIS CADIC
TITRE
CONTES & LÉGENDES DE BRETAGNE
tome ii (AVEC COMMENTAIRES EXPLICATIFS)
AVERTISSEMENT
S i vous le voulez bien, lecteurs, quittons un instant l’atmosphère enfiévrée des cités et les décevantes réalités du combat pour la vie, et allons prendre l’air de la lande et de la grève bretonnes. Il y fait si bon, loin des hommes et près de la nature.
Plus que jamais, la Bretagne est le pays à la mode. Son nom est sur toutes les lèvres. Il n’est Français qui n’ambitionne de saluer la contrée d’où sortirent les preux, dont l’héroïsme a valu à la France la page la plus sanglante et aussi la plus glorieuse de la merveilleuse épopée écrite par les fils, au cours de la récente guerre des Nations. Aux artistes en quête d’impressions fortes, aux écrivains à la recherche de veines nouvelles et fécondes à exploiter elle apparaît comme la terre promise, la source vive d’où coule à pleins bords l’inspiration. La tournée de Bretagne est devenue une façon de pèlerinage classique, presque une œuvre pie à laquelle un esprit quelque peu cultivé ne voudrait pas se dérober.
Nous entreprendrons nous aussi cette tournée, mais nous ne suivrons pas la théorie des touristes courant à perdre haleine le long des voies ferrées et des joutes d’automobiles, sans s’arrêter ailleurs qu’aux portes des hôtelleries et devant les banalités signalées par leurs guides. Nous pénétrerons davantage au cœur du pays. Pour nous conduire, nous retrouverons une amie accueillante et sûre, la douce Fée de la Légende. Nous entrerons à sa suite dans les chaumières des simples et nous écouterons, assis sur la pierre du foyer, les histoires merveilleuses des grands-parents qui ravissent leurs petits gars. Nous irons aux veillées, les soirs d’hiver, et là, sous la tiède haleine du troupeau à l’étable, nous laisserons bercer notre esprit aux ingénieuses fictions des conteurs et voyager avec eux notre imagination, du palais enchanté de la Chimère et des pierres druidiques des landes, parmi lesquelles dansent les Korrigans, à la forêt mystérieuse où, sous un buisson d’aubépine toujours fleuri, Merlin, le barde à la harpe divine, dort son sommeil magique.
Une heure de promenade dans le monde de l’irréel ne vaut-elle pas mieux qu’une journée d’ennui parmi les petitesses et les misères d’ici-bas ?
Ce deuxième recueil de Contes et Légendes dont j’entreprends la publication et qui diffère complètement du premier par les sujets et les commentaires, n’aura pas épuisé la matière, tant s’en faut. Il sera suivi d’un troisième, peut-être d’un quatrième, car la source où puise l’imagination bretonne est loin d’être tarie, malgré les nombreuses causes qui contribuent à l’appauvrir.
La terre des Chevaliers de la Table ronde et de Roland restera longtemps le domaine du merveilleux. On ne lui enlèvera pas sa physionomie étrange, son originalité saisissante, sa nature tourmentée, et ses habitants auront beau changer d’habitudes, de goûts et de préoccupations, au milieu de l’existence matérielle que l’on mène aujourd’hui ; ils auront beau descendre de l’idéal vers le terre-à-terre des intérêts positifs, ils garderont au fond de leur âme un petit coin de ciel bleu où ils aimeront à se réfugier aux heures d’énervement, de lassitude et de nostalgie, et où ils entendront chanter la voix enchanteresse des fées.
N’y aurait-il plus place dans le monde que pour l’uniformité et la banalité, filles du progrès moderne ; la poésie et le rêve seraient-ils bannis de partout qu’ils trouveraient ici un asile sûr, à l’abri de barrières protectrices. Sauvegardée par une langue qui prétend vivre, en dépit de la guerre sourde ou déclarée que mènent contre elle des gouvernements à courtes vues et des intelligences bornées, la légende ne saurait interrompre le cours de ses gracieuses fictions. Il suffira d’aller glaner aux bons endroits pour récolter à pleine gerbes. Ces bons endroits, une expérience déjà ancienne m’a appris à les connaître. Je les ai cherchés d’abord dans mon pays natal du haut Morbihan, parmi les paysans de l’Argoet ; puis je suis descendu parmi les marins de l’Arvor. J’ai étendu mes investigations jusque chez les Bretons-Gallos, chez les Cornouaillais, les Léonards et les Trégorois, et à mesure que je m’en allais engrangeant, il me semblait que les épis se multipliaient davantage.
A mon appel, les Conteurs sont accourus nombreux et chacun s’est efforcé de contribuer à mon entreprise dans la mesure de ses moyens. Une réserve un peu farouche avait longtemps empêché leurs langues de se délier. N’est-il pas de mode chez certains gros malins de la jeune génération et chez les citadins auxquels les racontars des quatrièmes pages de journaux suffisent comme pâture intellectuelle, de se moquer des rustiques inventions qui enchantaient nos pères ? Ils le savaient et ils se figuraient que je partageais le scepticisme de ceux-là. La preuve du contraire les a mis en confiance.
Ainsi que pour mon premier livre, je les ai rencontrés dans toutes les classes de la société campagnarde, chez le prêtre et la religieuse, chez le laboureur, le tailleur et l’ouvrier agricole. Qu’ils veuillent bien recevoir ici le témoignage de ma reconnaissance. Que soient surtout remerciés ceux qui furent mes plus actifs collaborateurs : MM. les abbés Camper, ancien recteur d’Erdeven ; Le Moing, vicaire de Cléguer ; Quelven, professeur à Lorient ; Sœur Marie-Louise de la Conception de Kermaria, MM. Bourlot de Guern, Edy de Saint-Géran, Guilleray de Noyal-Pontivy, Guillou de Melrand, Lecomte de Guer, Mercier de Noyal-Pontivy, Joson de Saint-Avé (pseudonyme sous lequel a voulu se cacher modestement le conteur de l’une de nos légendes de Korrigans), etc. C’est grâce à eux que j’ai composé ce livre.
A ces récits, dont la plupart me furent présentés en breton, je me suis efforcé de conserver le tour naïf et la manière simple, la saveur et le trait piquant qu’ils avaient dans la langue originelle. Je me suis attaché aussi, en les commentant, à peindre le plus exactement possible la société campagnarde, à exprimer, à travers ces fictions, l’âme du paysan breton avec les caractères qui constituent son originalité, avec son sentimentalisme, son idéalisme, sa note religieuse et en même temps sa morale bien humaine, morale à la Jacques Bonhomme qui ne vise pas à 1’austérité et qui penche plutôt volontiers du côté du malin et du fort.
Comme dans mon précédent livre, j’ai sérié les légendes, en tenant compte des ressemblances qu’elles offraient, afin d’en rendre l’étude plus facile. Puissent-elles rencontrer la même faveur !
Au bord du sentier que nous suivons ensemble et qui nous mène à nos destinées finales, je dépose, lecteur, à votre intention, ce modeste bouquet composé de simples fleurs des champs. Le parfum en est moins suave et moins pénétrant que celui d’autres fleurs plus brillantes ; il ne vous semblera peut-être que plus sain. Je souhaite qu’en le respirant, vous éprouviez quelque plaisir et que le trajet vous soit moins pénible.
François Cadic.
6 août 1919.
PREMIÈRE PARTIE : LES BIENHEUREUX
I. NOTRE-DAME DE GUÉMÊNÉ
A vec son divin fils, la Vierge Marie avait quitté le Paradis de bon matin ce jour-là. Elle s’avançait dans l’aube rayonnante, semant à pleines mains des lis dans les champs, des pâquerettes dans les pr