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Description
Informations
Publié par | Pub One Info |
Date de parution | 06 novembre 2010 |
Nombre de lectures | 1 |
EAN13 | 9782819949565 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
VIE DE MOLIERE
PAR VOLTAIRE
Le goût de bien des lecteurs pour les chosesfrivoles, et l'envie de faire un volume de ce qui ne devraitremplir que peu de pages, sont cause que l'histoire des hommescélèbres est presque toujours gâtée par des détails inutiles et descontes populaires aussi faux qu'insipides. On y ajoute souvent descritiques injustes de leurs ouvrages. C'est ce qui est arrivé dansl'édition de Racine faite à Paris en 1728. On tâchera d'éviter cetécueil dans cette courte histoire de la vie de Molière ; on ne dirade sa propre personne que ce qu'on a cru vrai et digne d'êtrerapporté, et on ne hasardera sur ses ouvrages rien qui soitcontraire aux sentiments du public éclairé.
Jean-Baptiste Poquelin naquit à Paris en 1620, dansune maison qui subsiste encore sous les piliers des halles. Sonpère, Jean-Baptiste Poquelin, valet de chambre tapissier chez leroi, marchand fripier, et Anne Boutet, sa mère, lui donnèrent uneéducation trop conforme à leur état, auquel ils le destinaient : ilresta jusqu'à quatorze ans dans leur boutique, n'ayant rien appris,outre son métier, qu'un peu à lire et à écrire. Ses parentsobtinrent pour lui la survivance de leur charge chez le roi ; maisson génie l'appelait ailleurs. On a remarqué que presque tous ceuxqui se sont fait un nom dans les beaux-arts les ont cultivés malgréleurs parents, et que la nature a toujours été en eux plus forteque l'éducation.
Poquelin avait un grand-père qui aimait la comédie,et qui le menait quelquefois à l'hôtel de Bourgogne. Le jeune hommesentit bientôt une aversion invincible pour sa profession. Son goûtpour l'étude se développa ; il pressa son grand-père d'obtenirqu'on le mît au collège, et il arracha enfin le consentement de sonpère, qui le mit dans une pension, et l'envoya externe auxjésuites, avec la répugnance d'un bourgeois qui croyait la fortunede son fils perdue s'il étudiait.
Le jeune Poquelin fit au collège les progrès qu'ondevait attendre de son empressement à y entrer. Il y étudia cinqannées ; il y suivit le cours des classes d'Armand de Bourbon,premier prince de Conti, qui depuis fut le protecteur des lettreset de Molière.
Il y avait alors dans ce collège deux enfants quieurent depuis beaucoup de réputation dans le monde. C'étaientChapelle et Bernier ; celui-ci connu par ses voyages aux Indes, etl'autre célèbre par quelques vers naturels et aisés, qui lui ontfait d'autant plus de réputation qu'il ne rechercha pas celled'auteur.
L'Huillier, homme de fortune, prenait un soinsingulier de l'éducation du jeune Chapelle, son fils naturel ; et,pour lui donner de l'émulation, il faisait étudier avec lui lejeune Bernier, dont les parents étaient mal à leur aise. Au lieumême de donner à son fils naturel un précepteur ordinaire et prisau hasard, comme tant de pères en usent avec un fils légitime quidoit porter leur nom, il engagea le célèbre Gassendi à se chargerde l'instruire.