Titus Andronicus
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Titus Andronicus , livre ebook

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Description

pubOne.info present you this new edition. On dit qu'a la premiere representation des Eumenides, tragedie d'Eschyle, la terreur qu'inspira le spectacle causa des fausses couches a plusieurs femmes; je ne sais quel effet eut produit sur un auditoire grec la tragedie de Titus Andronicus; mais, a la seule lecture, on serait tente de la croire composee pour un peuple de cannibales, ou pour etre representee au milieu des saturnales d'une revolution. Cependant la tradition nous apprend que cette piece, aujourd'hui repoussee de la scene, a excite a plusieurs reprises les applaudissements du parterre anglais. On ajoute meme qu'en 1686, Ravenscroft la remit au theatre avec des changements; mais qu'au lieu d'en diminuer l'horreur, il saisit toutes les occasions de l'augmenter: quand, par exemple, Tamora massacre son enfant, le More dit: Elle m'a surpasse dans l'art d'assassiner; elle a tue son propre enfant, donnez-le-moi. . . que je le devore.

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2010
Nombre de lectures 2
EAN13 9782819939474
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

TITUS ANDRONICUS
TRAGÉDIE
NOTICE
SUR TITUS ANDRONICUS
On dit qu'à la première représentation des Euménides , tragédie d'Eschyle, la terreur qu'inspira lespectacle causa des fausses couches à plusieurs femmes; je ne saisquel effet eût produit sur un auditoire grec la tragédie de Titus Andronicus ; mais, à la seule lecture, on serait tentéde la croire composée pour un peuple de cannibales, ou pour êtrereprésentée au milieu des saturnales d'une révolution. Cependant latradition nous apprend que cette pièce, aujourd'hui repoussée de lascène, a excité à plusieurs reprises les applaudissements duparterre anglais. On ajoute même qu'en 1686, Ravenscroft la remitau théâtre avec des changements; mais qu'au lieu d'en diminuerl'horreur, il saisit toutes les occasions de l'augmenter: quand,par exemple, Tamora massacre son enfant, le More dit: «Elle m'asurpassé dans l'art d'assassiner; elle a tué son propre enfant,donnez-le-moi. . . que je le dévore. »
Titus Andronicus , tel que nous l'imprimonsaujourd'hui, n'a déjà que trop de traits de cette force, etplusieurs fois, nous l'avouerons, un frémissement involontaire nousen a fait interrompre la révision.
Hâtons-nous de dire que presque tous lescommentateurs ont mis en doute que cette pièce fût de Shakspeare,et quelques-uns en ont donné des raisons assez concluantes. Lestyle a une tout autre couleur que celle de ses autres tragédies;il y a dans les vers une prétention à l'élégance, des abréviationsvulgaires, et un vice de construction grammaticale, qui neressemblent en rien à la manière de Shakspeare. Qu'on lise, ditMalone, quelques lignes d' Appius et Virginia , de Tancrèdeet Sigismonde , de la bataille d'Alcazar , de Jéronimo , de Sélim , de Locrine , etc. , et engénéral de toutes les pièces mises sur la scène avant Shakspeare,on reconnaîtra que Titus Andronicus porte le mêmecachet.
Ceux qui admettent Titus Andronicus au nombredes véritables ouvrages de Shakspeare sont obligés de considérercelui-ci comme la première production de sa jeunesse; mais TitusAndronicus n'est point un coup d'essai; on y reconnaît unehabitude, un système calculé de composition. Cependant le troisièmeacte entièrement tragique, le caractère original, quoique toujourshorrible, d'Aaron le More, quelques pensées, quelques descriptions,semblent appartenir à l'auteur du Roi Lear .
La fable qui fait le fond de Titus Andronicus est tout entière de l'invention du poëte ou de quelqu'un de cescompilateurs du treizième siècle, qui confondaient les lieux, lesnoms et les époques dans leurs prétendues nouvelleshistoriques.
On trouve aussi dans le recueil de Percy 1, uneballade que quelques-uns ont cru plus ancienne que la pièce, ce quin'est pas facile à décider: nous la plaçons en note.
Note 1:(retour) Relics of anc. poets , v. I,p. 222.
TITUS ANDRONICUS
TRAGÉDIE
PERSONNAGES
SATURNINUS, fils du dernier empereur
de Rome, et ensuite proclamé
lui-même empereur.
BASSIANUS, frère de Saturninus,
amoureux de Lavinia.
TITUS ANDRONICUS, noble romain,
général dans la guerre contre les
Goths.
MARCUS ANDRONICUS, tribun du
peuple, et frère de Titus.
MARTIUS,
QUINTUS,
LUCIUS, fils de Titus Andronicus.
MUTIUS,
LE JEUNE LUCIUS, enfant de
Lucius.
PUBLIUS, fils de Marcus le tribun.
ÉMILIUS, noble romain.
ALARBUS,
CHIRON, fils de Tamora.
DÉMÉTRIUS,
AARON, More, amant de Tamora.
UN CAPITAINE du camp de Titus.
TROUPE DE GOTHS et DE ROMAINS.
UN PAYSAN.
TAMORA, reine des Goths.
LAVINIA, fille de Titus Andronicus.
UNE NOURRICE, avec un enfant
more.
Parents de Titus, sénateurs, juges,
officiers, soldats, etc.
La scène est à Rome, et dans la campagneenvironnante.
ACTE PREMIER
SCÈNE I
Rome. — Devant le Capitole. On aperçoit le monumentdes Andronicus.
Les SÉNATEURS et les TRIBUNS assisdans la partie supérieure du temple; ensuite SATURNINUS avecses partisans se présente à une des portes; BASSIANUS et lessiens à l'autre porte: les tambours battent, et les enseignes sontdéployées.
SATURNINUS. — Nobles patriciens, protecteurs de mesdroits, défendez par les armes la justice de ma cause; et vous, mesconcitoyens, mes fidèles partisans, soutenez par l'épée mes droitshéréditaires. Je suis le fils aîné du dernier empereur qui aitporté le diadème impérial de Rome: faites donc revivre en moi ladignité de mon père, et ne souffrez pas l'injure qu'on veut faire àmon âge.
BASSIANUS. — Romains, mes amis, qui suivez mes paset favorisez mes droits, si jamais Bassianus, le fils de César, futagréable aux yeux de Rome impériale, gardez donc ce passage auCapitole, et ne souffrez pas que le déshonneur approche du trôneimpérial, consacré à la vertu, à la justice, à la continence et àla grandeur d'âme: mais que le mérite brille dans une électionlibre; et ensuite, Romains, combattez pour maintenir la liberté devotre choix.
(Marcus Andronicus entre par la partie supérieure,tenant une couronne. )
MARCUS. — Princes, dont l'ambition secondée par desfactions et par vos amis lutte pour le commandement et l'empire,sachez que le peuple romain, que nous sommes chargés dereprésenter, a, d'une commune voix, dans l'élection à l'empireromain, choisi Andronicus, surnommé le Pieux, en considération desgrands et nombreux services qu'il a rendus à Rome. La ville nerenferme point aujourd'hui dans son enceinte un homme d'un plusnoble caractère, un plus brave guerrier. Le sénat l'a rappelé danscette ville, à la fin des longues et sanglantes guerres qu'il asoutenues contre les barbares Goths. Ce général, la terreur de nosennemis, secondé de ses fils, a enfin enchaîné cette nation robusteet nourrie dans les armes. Dix années se sont écoulées depuis lejour qu'il se chargea des intérêts de Rome, et qu'il châtie par sesarmes l'orgueil de nos ennemis: cinq fois il est revenu sanglantdans Rome, rapportant du champ de bataille ses vaillants fils dansun cercueil. — Et aujourd'hui enfin, l'illustre Titus Andronicusrentre dans Rome chargé des dépouilles de la gloire, et ennobli parde nouveaux exploits. Pour l'honneur du nom de celui que vousdésirez voir dignement remplacé, au nom des droits sacrés duCapitole que vous prétendez adorer, et de ceux du sénat que vousprétendez respecter, nous vous conjurons de vous retirer et dedésarmer vos forces; congédiez vos partisans, et faites valoir vosprétentions en paix et avec modestie, comme il convient à descandidats.
SATURNINUS. — Combien l'éloquence du tribun réussità calmer mes pensées!
BASSIANUS. — Marcus Andronicus, je mets ma confiancedans ta droiture et ton intégrité; et j'ai tant de respect etd'affection pour toi et les tiens, pour ton noble frère Titus, pourses fils et pour celle devant qui toutes mes pensées seprosternent, l'aimable Lavinia, le riche ornement de Rome, que jeveux à l'instant congédier mes amis, et remettre ma cause à madestinée et à la faveur du peuple, afin qu'elle soit pesée dans labalance.
(Il congédie ses soldats. )
SATURNINUS, aux siens . — Amis, qui vous êtesmontrés si zélés pour mes droits, je vous rends grâces, et vouslicencie tous. J'abandonne à l'affection et à la faveur de mapatrie, moi-même, ma personne et ma cause. Rome, sois juste etfavorable envers moi, comme je suis confiant et généreux enverstoi. — Ouvrez les portes et laissez-moi entrer.
BASSIANUS. — Et moi aussi, tribuns, son pauvrecompétiteur.
(Saturninus et Bassianus entrent dans le Capitole,accompagnés de Marcus, des sénateurs, etc. , etc. )
SCÈNE II
UN CAPITAINE, et foule .
LE CAPITAINE. — Romains, faites place: le digneAndronicus, le patron de la vertu, et le plus brave champion deRome, toujours heureux dans les batailles qu'il livre, revient,couronné par la gloire et la fortune, des pays lointains où il acirconscrit avec son épée et mis sous le joug les ennemis deRome.
(On entend les trompettes. Paraissent Mutius etMartius: suivent deux soldats portant un cercueil drapé de noir,ensuite marchent Quintus et Lucius. Après eux paraît TitusAndronicus, suivi de Tamora, reine des Goths, d'Alarbus, Chiron etDémétrius, avec le More Aaron, prisonniers. Les soldats et lepeuple suivent: on dépose à terre le cercueil, et Titus parle.)
TITUS. — Salut, Rome, victorieuse dans tes robes dedeuil! tel que la nef, qui a déchargé sa cargaison, rentre chargéed'un fardeau précieux dans la baie où elle a d'abord levé l'ancre:tel Andronicus, ceint de branches de laurier, revient de nouveausaluer sa patrie de ses larmes; larmes de joie sincère de seretrouver à Rome! — O toi, puissant protecteur de ce Capitole, soispropice aux religieux devoirs que nous nous proposons de remplir. —Romains, de vingt-cinq fils vaillants, moitié du nombre quepossédait Priam, voilà tous ceux qui me restent vivants ou morts!Que Rome récompense de son amour ceux qui survivent, et que ceuxque je conduis à leur dernière demeure reçoivent la sépulture avecleurs ancêtres: c'est ici que les Goths m'ont permis de remettremon épée dans le fourreau. — Mais, Titus, père cruel et sans soucides tiens, pourquoi laisses-tu tes fils, encore sans sépulture,errer sur la redoutable rive du Styx? Laissez-moi les déposer prèsde leurs frères. ( On ouvre la tombe de sa famille. )Saluons-les dans le silence qui convient aux morts! dormez en paix,vous qui êtes morts dans les guerres de votre patrie. O asilesacré, qui renfermes toutes mes joies, paisible retraite de lavertu et de l'honneur, combien de mes fils as-tu reçus dans tonsein, que tu ne me rendras jamais!
LUCIUS. — Cédez-nous le plus illustre desprisonniers goths, pour couper ses membres, les entasser sur unbûcher, et les brûler en sacrifice ad manes fratrum , devantcette prison terrestre de leurs ossements, afin que leurs ombres nesoient pas mécontentes, et que nous ne soyons pas obsédés sur laterre par des apparitions.
TITUS. — Je vous donne celui-ci, le plus noble deceux qui survivent, le fils aîné de cette malheureuse reine.
TAMORA. — Arrêtez, Romains! — Généreux conquérant,victorieux Titus, prends pitié des larmes que je verse, larmesd'une mère qui supplie pour son fils. Et si j

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