Sans dessus dessous
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Sans dessus dessous , livre ebook

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Description

pubOne.info thank you for your continued support and wish to present you this new edition. Ou la North Polar Practical Association lance un document a travers les deux mondes.

Informations

Publié par
Date de parution 23 octobre 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782819910657
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

I
Où la « North Polar Practical Association »lance un document à travers les deux mondes.
« Ainsi, monsieur Maston, vous prétendez que jamaisfemme n'eût été capable de faire progresser les sciencesmathématiques ou expérimentales ?
- A mon extrême regret, j'y suis obligé, mistressScorbitt, répondit J.-T. Maston. Qu'il y ait eu ou qu'il y aitquelques remarquables mathématiciennes, et particulièrement enRussie, j'en conviens très volontiers. Mais, étant donnée saconformation cérébrale, il n'est pas de femme qui puisse devenirune Archimède et encore moins une Newton.
- Oh ! monsieur Maston, permettez-moi deprotester au nom de notre sexe...
- Sexe d'autant plus charmant, mistress Scorbitt,qu'il n'est point fait pour s'adonner aux étudestranscendantes.
- Ainsi, selon vous, monsieur Maston, en voyanttomber une pomme, aucune femme n'eût pu découvrir les lois de lagravitation universelle, ainsi que l'a fait l'illustre savantanglais à la fin du XVIIème siècle ?
- En voyant tomber une pomme, mistress Scorbitt, unefemme n'aurait eu d'autre idée... que de la manger... à l'exemplede notre mère Ãve !
- Allons, je vois bien que vous nous déniez touteaptitude pour les hautes spéculations...
- Toute aptitude ?... Non, mistress Scorbitt.Et, cependant, je vous ferai observer que, depuis qu'il y a deshabitants sur la Terre et des femmes par conséquent, il ne s'estpas encore trouvé un cerveau féminin auquel on doive quelquedécouverte analogue à celles d'Aristote, d'Euclide, de Képler, deLaplace, dans le domaine scientifique.
- Est-ce donc une raison, et le passé engage-t-ilirrévocablement l'avenir ?
- Hum ! ce qui ne s'est point fait depuis desmilliers d'années ne se fera jamais... sans doute.
- Alors je vois qu'il faut en prendre notre parti,monsieur Maston, et nous ne sommes vraiment bonnes...
- Qu'à être bonnes ! » répondit J.-T.Maston.
Et cela, il le dit avec cette aimable galanteriedont peut disposer un savant bourré d'x. Mrs Evangélina Scorbittétait toute portée à s'en contenter, d'ailleurs.
« Eh bien ! monsieur Maston, reprit-elle, àchacun son lot en ce monde. Restez l'extraordinaire calculateur quevous êtes. Donnez-vous tout entier aux problèmes de cette oeuvreimmense à laquelle, vos amis et vous, allez vouer votre existence.Moi, je serai la « bonne femme » que je dois être, en lui apportantmon concours pécuniaire...
- Ce dont nous vous aurons une éternellereconnaissance, » répondit J.-T. Maston.
Mrs Evangélina Scorbitt rougit délicieusement, carelle éprouvait ­ sinon pour les savants en général ­ du moins pourJ.-T. Maston, une sympathie vraiment singulière. Le coeur de lafemme n'est-il pas un insondable abîme ?
Oeuvre immense, en vérité, à laquelle cette richeveuve américaine avait résolu de consacrer d'importantscapitaux.
Voici quelle était cette oeuvre, quel était le butque ses promoteurs prétendaient atteindre.
Les terres arctiques proprement dites comprennent,d'après Maltebrun, Reclus, Saint-Martin et les plus autorisés desgéographes :
1° Le Devon septentrional, c'est-à-dire les îlescouvertes de glaces de la mer de Baffin et du détroit deLancastre;
2° La Géorgie septentrionale, formée de la terre deBanks et de nombreuses îles, telles que les îles Sabine,Byam-Martin, Griffith, Cornwallis et Bathurst;
3° L'archipel de Baffin-Parry, comprenant diversesparties du continent circumpolaire, appelées Cumberland,Southampton, James-Sommerset, Boothia-Felix, Melville et autres àpeu près inconnues.
En cet ensemble, périmétré par lesoixante-dix-huitième parallèle, les terres s'étendent sur quatorzecent mille milles et les mers sur sept cent mille millescarrés.
Intérieurement à ce parallèle, d'intrépidesdécouvreurs modernes sont parvenus à s'avancer jusqu'aux abords duquatre vingt-quatrième degré de latitude, relevant quelques côtesperdues derrière la haute chaîne des banquises, donnant des nomsaux caps, aux promontoires, aux golfes, aux baies de ces vastescontrées, qui pourraient être appelées les Highlands arctiques.Mais, au delà de ce vingt-quatrième parallèle, c'est le mystère,c'est l'irréalisable desideratum des cartographes, et nul ne saitencore si ce sont des terres ou des mers que cache, sur un espacede six degrés, l'infranchissable amoncellement des glaces du Pôleboréal.
Or, en cette année 189', le gouvernement deEtats-Unis eut l'idée fort inattendue de proposer la mise enadjudication des régions circumpolaires non encore découvertes -régions dont une société américaine, qui venait de se former en vued'acquérir la calotte arctique, sollicitait la concession.
Depuis quelques années, il est vrai, la conférencede Berlin avait formulé un code spécial, à l'usage des grandesPuissances, qui désirent s'approprier le bien d'autrui sousprétexte de colonisation ou d'ouverture de débouchés commerciaux.Toutefois, il ne semblait pas que ce code fût applicable en cettecirconstance, le domaine polaire n'étant point habité. Néanmoins,comme ce qui n'est à personne appartient également à tout le monde,la nouvelle Société ne prétendait pas « prendre » mais « acquérir», afin d'éviter les réclamations futures.
Aux Etats-Unis, il n'est de projet si audacieux ­ oumême à peu près irréalisable ­ qui ne trouve des gens pour endégager les côtés pratiques et des capitaux pour les mettre enoeuvre. On l'avait bien vu, quelques années auparavant, lorsque leGun-Club de Baltimore s'était donné la tâche d'envoyer unprojectile jusqu'à la Lune, dans l'espoir d'obtenir unecommunication directe avec notre satellite. Or n'étaient-ce pas cesentreprenants Yankees, qui avaient fourni les plus grosses sommesnécessitées par cette intéressante tentative ? Et, si elle futréalisée, n'est-ce pas grâce à deux des membres dudit club, quiosèrent affronter les risques de cette surhumaineexpérience ?
Qu'un Lesseps propose quelque jour de creuser uncanal à grande section à travers l'Europe et l'Asie, depuis lesrives de l'Atlantique jusqu'aux mers de la Chine, ­ qu'un puisatierde génie offre de forer la terre pour atteindre les couches desilicates qui s'y trouvent à l'état fluide, au-dessus de la fonteen fusion, afin de puiser au foyer même du feu central, ­ qu'unentreprenant électricien veuille réunir les courants disséminés àla surface du globe, pour en former une inépuisable source dechaleur et de lumière, ­ qu'un hardi ingénieur ait l'idéed'emmagasiner dans de vastes récepteurs l'excès des températuresestivales pour le restituer pendant l'hiver aux zones éprouvées parle froid, ­ qu'un hydraulicien hors ligne essaie d'utiliser laforce vive des marées pour produire à volonté de la chaleur ou dutravail ­ que des sociétés anonymes ou en commandite se fondentpour mener à bonne fin cent projets de cette sorte ! ­ ce sontles Américains que l'on trouvera en tête des souscripteurs, et desrivières de dollars se précipiteront dans les caisses sociales,comme les grands fleuves du Nord-Amérique vont s'absorber au seindes océans.
Il est donc naturel d'admettre que l'opinion fûtsingulièrement surexcitée, lorsque se répandit cette nouvelle ­ aumoins étrange ­ que les contrées arctiques allaient être mises enadjudication au profit du dernier et plus fort enchérisseur.D'ailleurs, aucune souscription publique n'était ouverte en vue decette acquisition, dont les capitaux étaient faits d'avance. Onverrait plus tard, lorsqu'il s'agirait d'utiliser le domaine,devenu la propriété des nouveaux acquéreurs.
Utiliser le territoire arctique !... En véritécela n'avait pu germer que dans des cervelles de fous !
Rien de plus sérieux que ce projet, cependant.
En effet, un document fut adressé aux journaux desdeux continents, aux feuilles européennes, africaines, océaniennes,asiatiques, en même temps qu'aux feuilles américaines. Il concluaità une demande d'enquête de commodo et incommodo de la part desintéressés. Le New-York Herald avait eu la primeur de ce document.Aussi, les innombrables abonnés de Gordon Bennett purent-ils liredans le numéro du 7 novembre la communication suivante ­communication qui courut rapidement à travers le monde savant etindustriel, où elle fut appréciée de façons bien diverses.
« Avis aux habitants du globe terrestre,
« Les régions du Pôle nord, situées à l'intérieur duquatre-vingt-quatrième degré de latitude septentrionale, n'ont pasencore pu être mises en exploitation par l'excellente raisonqu'elles n'ont pas été découvertes.
« En effet, les points extrêmes, relevés par lesnavigateurs, de nationalités différentes, sont les suivants enlatitude :
« 82°45', atteint par l'Anglais Parry, en juillet1847 sur le vingt-huitième méridien ouest, dans le nord duSpitzberg;
« 83°20'28..., atteint par Markham, de l'expéditionanglaise de sir John Georges Nares, en mai 1876, sur lecinquantième méridien ouest dans le nord de la terre deGrinnel;
« 83°35', atteint par Lockwood et Brainard, del'expédition américaine du lieutenant Greely, en mai 1882, sur lequarante-deuxième méridien ouest, dans le nord de la terre deNares.
« On peut donc considérer la région qui s'étenddepuis le quatre-vingt-quatrième parallèle jusqu'au Pôle, sur unespace de six degrés, comme un domaine indivis entre les diversEtats du globe, et essentiellement susceptible de se transformer enpropriété privée, après adjudication publique.
« Or, d'après les principes du droit, nul n'est tenude demeurer dans l'indivision. Aussi les Etats-Unis d'Amérique,s'appuyant sur ces principes, ont-ils résolu de provoquerl'aliénation de ce domaine.
« Une société s'est fondée à Baltimore, sous laraison sociale North Polar Practical Association, représentantofficiellement la confédération américaine. Cette société sepropose d'acquérir ladite région, suivant acte régulièrementdressé, qui lui constituera un droit absolu de propriété sur lescontinents, îles, îlots, rochers, mers, lacs, fleuves, rivières etcours d'eau généralement quelconques, dont se compose actuellementl'immeuble arctique, soit que d'éternelles glaces le recouvrent,soit que ces glaces s'en dégagent

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