Mansfield Park
308 pages
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Mansfield Park , livre ebook

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Description

Fanny Price, petite fille de 10 ans, quitte ses parents et ses frères et sœurs, pour rejoindre sa tante Maria, épouse du fortuné Sir Thomas Bertram. Les parents de Fanny, ayant du mal à joindre les deux bouts, espèrent qu’ainsi la fillette pourra s’élever de sa condition.
À Mansfield Park, sa nouvelle résidence, Fanny va désormais apprendre à vivre loin des siens, et devra se familiariser avec sa nouvelle parenté : l'impressionnant Sir Thomas, son oncle, l’insouciance Maria, sa tante, Madame Norris, son autre tante qui la méprise, et ses cousins et cousines : Tom, Edmond, Maria et Julia.
Les années passent, au cours desquelles Fanny trouve en Edmond plus qu'un frère : un confident irremplaçable.

Informations

Publié par
Nombre de lectures 14
EAN13 9782374532349
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mansfield Park
Jane Austen
Les classiques du 38
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE PREMIER
Il y a de cela à peu près trente ans, M lle Maria Ward d’Huntingdon, n’ayant pour toute fortune que sept cents livres, eut la chance de conquérir le cœur de Sir Thomas Bertram de Mansfield Park, dans le comté de Northampton. De ce fait elle fut élevée au rang de femme de baronnet avec tout le luxe et tout le confort que lui apportait une maison bien montée et digne de sa situation.
Tout Huntingdon applaudit à ce mariage magnifique et son oncle l’avocat, l’autorisa à user de ses talents jusqu’à concurrence de trois mille livres. Ses deux sœurs devaient bénéficier de son changement de situation et leurs amis et connaissances n’avaient aucun scrupule à prédire que M lle Ward et M lle Frances, aussi jolies que M lle Maria, feraient certes d’aussi beaux mariages. Mais il n’y a pas, dans le monde, autant d’hommes possédant une grosse fortune qu’il y a de jolies femmes pour les mériter.
Six ans plus tard, M lle Ward se crut obligée de s’éprendre du Rév. A. Norris, un ami de son beau-frère, qui n’avait pratiquement aucune fortune et M lle Frances fit encore pire.
L’union de M lle Ward n’était pas à dédaigner et Sir Thomas avait heureusement les moyens de donner l’hospitalité à son ami, à Mansfield, de sorte que M. et M me Norris commencèrent leur vie conjugale avec moins de mille livres par an.
Mais M lle Frances désobligea toute sa famille en s’éprenant d’un lieutenant de marine, sans éducation, sans fortune et sans avenir. Elle aurait difficilement pu s’arrêter à un choix plus malencontreux. Sir Thomas Bertram avait tout intérêt, autant par principe que par fierté, à souhaiter que tous ceux de sa famille aient une situation respectable et aurait aidé de bon cœur la sœur de Lady Bertram dans ce sens. Mais la profession du mari de celle-ci était si peu intéressante qu’avant qu’il n’ait eu le temps de trouver le moyen de les aider, une mésintelligence profonde intervint entre les deux sœurs. C’était ce qui devait naturellement arriver à la suite d’un mariage aussi désastreux. Pour éviter des reproches inutiles, M me Price n’avait jamais écrit à sa famille à ce sujet, jusqu’à ce qu’elle fût mariée. Lady Bertram, qui était une femme de caractère froid et indolent, se serait très bien accommodée d’abandonner sa sœur et de ne plus penser à elle.
Mais M me Norris était moins passive et ne fut satisfaite que lorsqu’elle eut écrit une longue lettre furieuse à Fanny, où elle lui montrait l’indignité de sa conduite et l’injuriait en conséquence. À son tour, M me Price se froissa et se fâcha. Il y eut un échange de lettres désagréables entre elles, dans lesquelles Sir Thomas ne fut pas épargné, tant et si bien qu’il en résulta une brouille qui dura un temps considérable.
Leurs habitations étaient si éloignées et leurs cercles de relations si différents, qu’ils entendirent à peine parler les uns des autres pendant les onze années qui suivirent et que ce fut par hasard que Sir Thomas apprit par M me Norris, qui était toujours au courant de tout, que Fanny allait avoir un autre enfant. Après ce long laps de temps, M me Price ne put supporter plus longtemps son ressentiment vis-à-vis de quelqu’un qui aurait pu l’aider et ne l’aidait pas. Une famille s’accroissant toujours, un mari inapte au service actif, mais aimant la bonne compagnie et les liqueurs fines, et un très petit revenu pour combler tous ces désirs la décidèrent à reconquérir les amis qu’elle avait si sottement sacrifiés. Elle adressa à Lady Bertram une lettre pleine de contrition et de désespoir, parlant avec émotion de ses enfants à qui il manquait le strict nécessaire et demandant la réconciliation. Elle attendait son neuvième enfant et après avoir exposé sa situation demandait à Lady Bertram d’être la marraine en la suppliant de s’occuper des huit autres. Son aîné était un garçon de dix ans plein d’esprit et qui désirait faire son chemin dans la vie, mais comment pouvait-elle l’aider ? Ne pourrait-il être utile à quelque chose dans une des propriétés que Sir Thomas avait dans les Indes ? Tout serait bon pour lui. Que pensait Sir Thomas de Woolwich ? Ou bien ne pouvait-on l’envoyer dans l’Est…
La lettre produisit son effet. Elle rétablit la paix et ramena la bonté. Sir Thomas envoya des conseils et des recommandations. Lady Bertram de l’argent et une layette et M me Norris écrivit des lettres.
Tels furent les résultats immédiats, mais durant ces douze mois M me Price obtint un autre avantage. M me Norris déclara souvent à ses amis et connaissances qu’elle ne pouvait laisser sa pauvre sœur dans le besoin et quoique ayant déjà fait beaucoup pour elle, elle sentait qu’elle devait faire encore davantage. Elle émit l’idée de soulager M me Price de la charge de l’un de ses enfants.
– Ne serait-ce pas bien, s’ils prenaient chez eux complètement à leur charge l’aînée des filles, âgée de neuf ans et dont la mère ne pouvait s’occuper. L’ennui et la dépense ne seraient rien en comparaison de la bonne action accomplie.
Lady Bertram acquiesça immédiatement :
– Je crois que nous ne pourrions faire mieux, dit-elle. Envoyez chercher l’enfant.
Mais Sir Thomas ne donna pas son consentement aussi rapidement. Il discuta et hésita. C’était une charge sérieuse et une petite fille ainsi enlevée de sa famille devait être élevée d’une façon adéquate, sinon ce serait une cruauté au lieu d’être une bonté. Il songeait à ses quatre enfants… à ses deux fils… à l’affection entre cousins… Mais à peine avait-il commencé ses objections que M me Norris l’interrompit, ayant réponse à tout.
– Mon cher Sir Thomas, je vous comprends très bien et je rends hommage à votre délicatesse, qui est tout à fait en rapport avec votre façon d’agir, et je suis tout à fait de votre avis : il faut faire pour l’enfant que l’on prend comme cela à sa charge tout ce qu’il est possible de faire. N’ayant pas d’enfant moi-même, que puis-je faire de mieux que de m’occuper des enfants de mes sœurs ? M. Norris est trop droit pour ne pas m’approuver. Ne nous empêchez pas de faire une bonne action pour une bagatelle. Donnez à cette jeune fille une éducation et introduisez-la dans un milieu convenable et je parie dix contre un, qu’elle a toutes les chances de bien s’établir sans dépenses supplémentaires pour personne. Une de « nos » nièces, Sir Thomas, et je devrais plutôt dire une de « vos » nièces, ne pourrait vivre dans cette compagnie sans en tirer de nombreux avantages. Je ne dis pas qu’elle sera aussi bien que ses cousines, je dirai même qu’elle ne peut pas l’être, mais elle sera introduite dans la société de cette contrée dans des circonstances si favorables, qu’il y a beaucoup de chances pour qu’elle s’établisse très convenablement. Vous pensez à vos garçons, mais n’oubliez pas que c’est ce qui a le moins de chances d’arriver. Les élever toujours ensemble, comme frères et sœur, c’est moralement impossible et je n’en connais aucun exemple. C’est en réalité le seul vrai moyen d’empêcher toute union. Supposons qu’elle soit une jolie fille et que Tom et Edmond la voient dans sept ans pour la première fois, il pourrait y avoir quelque danger. Rien que l’idée qu’elle a souffert loin de nous tous dans la pauvreté et les privations serait assez pour attendrir et rendre amoureux deux jeunes garçons tendres et bons. Mais s’ils sont élevés ensemble pendant tout ce temps, même si elle a la beauté d’un ange elle ne sera jamais pour eux autre chose qu’une sœur.
– Il y a beaucoup de vrai dans ce que vous dites, répondit Sir Thomas, et loin de moi l’idée de rejeter une idée qui pourrait contenter tout le monde. Je désirais seulement faire remarquer que cet engagement ne doit pas être pris à la légère et que pour qu’il soit réellement une aide pour M me Price et une possibilité pour nous, nous devons pouvoir assurer à cet enfant, ou du moins nous engager à lui assurer, pour l’avenir, la possibilité de devenir une femme accomplie et qu’elle puisse se suffire à elle-même, même si, quoi que vous disiez, elle ne trouve pas à se marier.
– Je vous comprends parfaitement, s’écria M me Norris, vous êtes l’homme le plus généreux que je connaisse et je suis sûre que nous ne serons jamais en désaccord sur ce point. Comme vous le savez, je suis prête à faire tout ce que je puis, pour ceux que j’aime et quoique je ne puisse jamais avoir pour cette petite fille le centième de l’affection que j’ai pour vos enfants, je me haïrais si j’étais capable de la négliger. N’est-elle pas un enfant de ma sœur et puis-je supporter que cette petite ait faim, tant que j’ai un morceau de pain à lui donner ? Mon cher Sir Thomas, quoique ayant beaucoup de défauts, j’ai un cœur tendre, et pauvre comme je le suis, j’aimerais mieux renoncer à mon nécessaire que d’agir d’une faço

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