Madeleine Férat
167 pages
Français

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Madeleine Férat , livre ebook

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Description

Émile Zola (1840-1902). Madeleine Férat a été édité pour la première fois en 1868. Le roman débute sur une promenade entre Madeleine et Guillaume de Viargues. Depuis quelques mois elle est sa maîtresse et l'amour les unit. Cependant au bout de six mois, elle découvre avec stupéfaction et terreur que Guillaume a comme meilleur ami son premier amour Jacques qui était étudiant en médecine…

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2012
Nombre de lectures 46
EAN13 9782820621689
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection
«Roman»

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ISBN : 9782820621689
Sommaire
CHAPITRE I
CHAPITRE II
CHAPITRE III
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
CHAPITRE VI
CHAPITRE VII
CHAPITRE VIII
CHAPITRE IX
CHAPITRE X
CHAPITRE XI
CHAPITRE XII
CHAPITRE XIII
MADELEINE FERAT (1868)
CHAPITRE I
Guillaume et Madeleine descendirent de wagon à la station de Fontena y . C’était un lundi, le train se trouvait presque vide. Cinq ou six compagnons de voyage, des habitants du pays qui rentraient chez eux, se présentèrent à la barrière avec les jeunes gens, et s’en allèrent chacun de son côté, sans donner un coup d’œil aux horizons, en gens pressés de regagner leur logis.
Au sortir de la gare, le jeune homme offrit son bras à la jeune femme, comme s’ils n’avaient pas quitté les rues de Paris. Ils tournèrent à gauche et remontèrent doucement la magnifique allée d’arbres qui va de Sceaux à Fontenay. Tout en montant, ils regardaient, au bas du talus, le train qui se remettait en marche, avec des hoquets sourds et profonds.
Quand le train se fut perdu au milieu des feuillages, Guillaume se tourna vers sa compagne et lui dit avec un sourire :
"Je vous ai prévenue, je ne connais pas du tout le pays, et je ne sais trop où nous allons.
Prenons ce sentier, répondit simplement Madeleine, il nous évitera de traverser les rues de Sceaux."
Ils prirent la ruelle des Champs-Girard. Là, brusquement, le rideau d’arbres de la grande allée s’ouvre et laisse voir le coteau de Fontena y ; en bas, il y a des jardins, des carrés de prairie dans lesquels se dressent, droits et vigoureux, d’énormes bouquets de peupliers ; puis des cultures montent, coupant les terrains en bandes brunes et vertes, et, tout en haut, au bord de l’horizon, blanchissent, à travers les feuilles, les maisons basses du village. Vers la fin septembre, entre quatre et cinq heures, le soleil, en s’inclinant rend adorable ce bout de nature. Les jeunes gens, seuls dans le sentier, s’arrêtèrent instinctivement devant ce coin de terre d’une verdure presque noire, à peine dorée par les premières rousseurs de l’automne.
Ils se donnaient toujours le bras. Il y avait entre eux cette vague gêne d’une intimité récente qui a marché trop vite. Lorsqu’ils venaient à songer qu’ils se connaissaient depuis huit jours au plus, ils éprouvaient une sorte de malaise à se trouver ainsi seul à seul, en pleins champs, comme des amants heureux. Se sentant encore étrangers et forcés de se traiter en camarades, ils osaient à peine se regarder ; ils ne se parlaient qu’en hésitant, par crainte de se blesser sans le vouloir. Ils étaient l’inconnu l’un pour l’autre, l’inconnu qui effraie et qui attire. Dans leurs allures lentes d’amoureux, dans leurs paroles vides et douces, même dans les sourires qu’ils échangeaient dès que leurs yeux se rencontraient, on lisait l’inquiétude et l’embarras de deux êtres qu’un hasard marie brutalement. Jamais Guillaume n’aurait cru souffrir autant de sa première aventure, et il en attendait le dénouement avec une véritable angoisse.
Ils s’étaient remis à marcher, jetant des coups d’œil sur le coteau, coupant leurs silences par une conversation à bâtons rompus, où ils ne mettaient rien de leurs vraies pensées, et où il était question des arbres, du ciel, du paysage qui s’étendait devant eux.
Madeleine touchait à sa vingtième année. Elle portait une toilette très simple d’étoffe grise, relevée par une garniture de rubans bleus ; un petit chapeau de paille rond coiffait ses admirables cheveux d’un roux ardent, aux reflets fauves, qui se tordaient et se massaient en un énorme chignon derrière sa tête. C’était une grande et belle fille dont les membres souples et forts annonçaient une rare énergie. Le visage était caractéristique. Le haut avait une solidité, presque une dureté masculine ; la peau se tendait fortement sur le front ; les tempes, le nez et les pommettes accusaient les rondeurs de la charpente osseuse, donnant à la figure le froid et la fermeté d’un marbre ; dans ce masque sévère, les y eux s’ouvraient, larges, d’un vert grisâtre et mat, qu’un sourire éclairait par moments de lueurs profondes. Le bas du visage, au contraire, était d’une délicatesse exquise, il y avait de voluptueuses mollesses dans l’attache des joues, aux deux coins de la bouche, où se creusaient de légères fossettes ; sous le menton, mince et nerveux, se trouvait une sorte de renflement qui allait s’attacher au cou ; les traits n’étaient plus tendus et rigides, ils étaient gras, mobiles, couverts d’un duvet soyeux, ils avaient mille petits plans flexibles et devenaient d’une finesse adorable à certains endroits où le duvet manquait ; au milieu, les lèvres un peu fortes, d’un rose vif, paraissaient trop rouges pour ce visage blanc, à la fois sévère et enfantin.
Cette étrange physionomie était faite en effet d’austérité et de puérilité. Quand le bas dormait, quand les lèvres se pinçaient dans les moments de réflexion ou de colère, on ne voyait que le front dur, l’arrête nerveuse du nez, les y eux mats, le masque solide et énergique. Puis, dès qu’un sourire ouvrait la bouche, le haut semblait s’adoucir, on n’apercevait plus que les lignes molles des joues et du menton. On eût dit le rire d’une petite fille dans le visage d’une femme faite. Le teint était d’une blancheur laiteuse et transparente, à peine taché de quelques grains de rousseur vers les angles des tempes ; sous l’épiderme satiné, le sang coulait, bleuissant la peau.
Souvent, l’expression ordinaire de Madeleine, une sorte d’orgueil rude, se fondait brusquement dans un regard d’une ineffable tendresse, d’une tendresse de femme faible et vaincue. Un coin de son être était resté enfant. Tandis qu’elle suivait l’étroit sentier au bras de Guillaume, elle avait des gravités qui accablaient singulièrement le jeune homme, et de subits abandons, des soumissions involontaires qui lui rendaient l’espérance. À sa démarche ferme, légèrement cadencée, on devinait qu’elle avait cessé d’être jeune fille.
Guillaume avait cinq ans de plus que Madeleine. C’était un garçon grand et maigre, d’allure aristocratique. Son visage long, aux traits amincis, eût été laid sans la pureté du teint et la hauteur du front. Toute sa physionomie annonçait le fils intelligent et affaibli d’une forte race. Il avait, par moments, de brusques tressaillements nerveux, et paraissait d’une timidité d’enfant. Légèrement courbé, il parlait avec des gestes hésitants, interrogeant Madeleine du regard avant d’ouvrir les lèvres. Il craignait de déplaire, il tremblait que sa personne, que son attitude et sa voix ne fussent désagréables. Se défiant toujours de lui-même, il se montrait humble et caressant. Puis, quand il se croyait méconnu, des élans de fierté le redressaient. La fierté était toute sa force. Il aurait peut-être commis des lâchetés, s’il n’y avait eu en lui un orgueil inné, une susceptibilité nerveuse qui le faisaient se roidir contre tout ce qui blessait ses délicatesses. C’était un de ces êtres aux sentiments tendres et profonds qui ont des besoins cuisants d’amour et de tranquillité, et qui s’endorment volontiers dans une douceur éternelle ; ces êtres d’une sensibilité de femme, oublient aisément le monde pour se réfugier au fond de leur propre cœur, dans la certitude de leur noblesse, dès que le monde les mêle à ses hontes et à ses misères. Si Guillaume se perdait dans les sourires de Madeleine, s’il éprouvait une joie exquise à regarder son teint nacré, il lui venait parfois, à son insu, un pli de dédain aux lèvres, quand la jeune femme lui jetait un coup d’œil froid, presque moqueur.
Les jeunes gens avaient tourné le coude que fait le chemin des Champs-Girard, et se trouvaient dans une ruelle qui s’allonge entre deux murailles grises d’une monotonie désespérante. Ils pressèrent le pas pour sortir de ce corridor étroit. Puis ils continuèrent leur promenade à travers champs, par des sentiers à peine frayés. Ils passèrent au pied du coteau où se dressent les énormes châtaigniers de Robinson, et arrivèrent à Aulna y . Cette course rapide avait fouetté leur sang. Leur esprit s’étai

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