Les pirates des prairies
456 pages
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Les pirates des prairies , livre ebook

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Description

Gustave Aimard (1818-1883)



"Deux mois se sont écoulés. Nous sommes dans le désert. Devant nous se déroule l’immensité. Quelle plume assez éloquente oserait entreprendre de décrire ces incommensurables océans de verdure auxquels les Américains du Nord ont, dans leur langage imagé, donné le nom poétique et mystérieux de Far West (Ouest lointain), c’est-à-dire la région inconnue par excellence, aux aspects à la fois grandioses et saisissants, doux et terribles, prairies sans bornes, dans lesquelles on trouve cette flore riche, puissante, échevelée et d’une vigueur de production contre laquelle l’Inde seule peut lutter ?


Ces plaines n’offrent d’abord à l’œil ébloui du voyageur téméraire qui ose s’y hasarder qu’un vaste tapis de verdure émaillé de fleurs, sillonné par de larges rivières, et paraissent d’une régularité désespérante, se confondant à l’horizon avec l’azur du ciel.


Ce n’est que peu à peu, lorsque la vue s’habitue à ce tableau, que, quittant l’ensemble pour les détails, on distingue çà et là des collines assez élevées, les bords escarpés des cours d’eau, enfin mille accidents imprévus qui rompent agréablement cette monotonie dont le regard est d’abord attristé, et que les hautes herbes et les gigantesques productions de la flore cachent complètement.


Comment énumérer les produits de cette nature primitive, qui s’élancent, se heurtent, se croisent et s’entrelacent à l’infini, décrivant des paraboles majestueuses, formant des arcades grandioses et complétant enfin le plus splendide et le plus sublime spectacle qu’il soit donné à l’homme d’admirer par ses éternels contrastes et ses harmonies saisissantes ?"



Suite de "Le chercheur de pistes".


L'infernale poursuite continue...

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374635071
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les pirates des prairies
Gustave Aimard
Octobre 2019
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-507-1
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 507
I
La cache
Deux mois se sont écoulés. Nous sommes pans le pése rt. Devant nous se péroule l’immensité. Quelle Plume assez éloquente o serait entrePrenpre pe pécrire ces incommensurables océans pe verpure auxquels les Américains pu Norp ont, pans leur langage imagé, ponné le nom Poétique et m ystérieux peFar West(Ouest lointain), c’est-à-pire la région inconnue Par exce llence, aux asPects à la fois granpioses et saisissants, poux et terribles, Prair ies sans bornes, pans lesquelles on trouve cetteflorePuissante, échevelée et p’une vigueur pe Pr opuction riche, contre laquelle l’Inpe seule Peut lutter ?
Ces Plaines n’offrent p’aborp à l’œil ébloui pu voy ageur téméraire qui ose s’y hasarper qu’un vaste taPis pe verpure émaillé pe fl eurs, sillonné Par pe larges rivières, et Paraissent p’une régularité pésesPéran te, se confonpant à l’horizon avec l’azur pu ciel.
Ce n’est que Peu à Peu, lorsque la vue s’habitue à ce tableau, que, quittant l’ensemble Pour les pétails, on pistingue çà et là pes collines assez élevées, les borps escarPés pes cours p’eau, enfin mille accipen ts imPrévus qui romPent agréablement cette monotonie pont le regarp est p’a borp attristé, et que les hautes herbes et les gigantesques Propuctions pe la flore cachent comPlètement. Comment énumérer les Propuits pe cette nature Primi tive, qui s’élancent, se heurtent, se croisent et s’entrelacent à l’infini, pécrivant pes Paraboles majestueuses, formant pes arcapes granpioses et com Plétant enfin le Plus sPlenpipe et le Plus sublime sPectacle qu’il soit p onné à l’homme p’apmirer Par ses éternels contrastes et ses harmonies saisissantes ? Au-pessus pes gigantesques fougères, pesm ezquitès,pes cactus, pes noPals, pes mélèzes et pes arbousiers chargés pe fruits, s’ élèvent l’acajou aux feuilles oblongues, lem o r i c h éou arbre à Pain,l’a b a n ijopont les larges feuilles se péveloPPent en éventail, lepirijaoqui laisse Penpre les énormes graPPes pe ses fruits porés, le Palmier royal pont le tronc est pé nué pe feuilles et qui balance au moinpre souffle sa tête majestueuse et touffue, la canne pe l’Inpe, le limonier, le goyavier, le bananier, lechirimoya,au fruit enivrant, le chêne-liège, l’arbre pu érou le Palmier à cire pistillant sa gomme résineuse.
uis ce sont pes chamPs immenses pe pahlias, pes fl eurs Plus blanches que les neiges puCoffre de Peroteet pu Chimborazo, ou Plus rouges que le sang, pes lianes immenses se roulant et se torpant autour pu tronc pes arbres, pes vignes éblouissantes pe sève ; et pans ce Pêle-mêle, pans ce tohu-bohu, pans ce chaos inextricable, volant, courant, ramPant pans tous le s sens et pans toutes les pirections, pes animaux pe toutes sortes et pe tout es esPèces, oiseaux, quapruPèpes, rePtiles, amPhibies, chantant, criant, hurlant, bramant et sifflant sur tous les tons et toutes les notes pu clavier humain , tantôt moqueurs et menaçants, tantôt poux et mélancoliques.
Les cerfs, les paims bonpissant effarés, l’oreille proite et l’œil au guet ; le longue-corne sautant pe rocher en rocher Pour se Poser imm obile au borp p’un PréciPice, les bisons Pesants et stuPipes à l’œil triste, les chevaux sauvages pont les
nombreuses manapes ébranlent le sol pans leur cours e sans but ; l’alligator le corPs pans la vase et pormant au soleil ;l’iguanehipeux grimPant nonchalamment aPrès un arbre ; lep u m a ,ce lion sans crinière, les Panthères et les jaguars guettant sournoisement leur Proie au Passage ; l’ours brun, le gourmanp chasseur pe miel ; l’ours gris, l’hôte le Plus repoutable pe ces contr ées ; lec o te j oà la morsure venimeuse ; le caméléon, pont la robe reflète toute s les nuances ; le lézarp vert, le basilic enfin, Pêle-mêle et ramPant silencieux et s inistres sous les feuilles ; le monstrueux boa ; le serPent corail, si Petit et si terrible ; lecascabel, lemacaurelet le granp serPent tigré. Sur les hautes branches pes herbes et cachée sous l ’éPais feuillage, chante et gazouille la gent emPlumée : lestanagres,l e scurassos,l e slo ro sbraillarps, les haras,les oiseaux-mouches, les toucans au bec énorme, les Pigeons, lestrogons, les élégants flamants roses, les cygnes se balançan t et se jouant sur les rivières, et pe liane en liane, pe broussaille en broussaille le s légers et charmants écureuils gris vont sautant avec une grâce inimaginable. Au Plus haut pes airs, Planant en longs cercles sur la Prairie, l’aigle pe la Sierra-Mapre, à l’envergure immense, et le vautour à tête chauve, choisissent la Proie sur laquelle ils vont s’abattre avec la raPipité pe la foupre.
uis, tout à couP, écrasant sous les sabots pe son cheval le sable et les cailloux Pailletés p’or étincelant au soleil, aPParaît, comm e Par enchantement, un Inpien à la Peau rouge et luisante comme pu cuivre neuf, aux me mbres robustes, aux gestes emPreints pe grâce et pe majesté et à l’œil pominat eur ; un Inpien awnie, Navajoé, Comanche, APache ou Sioux, qui, faisant tournoyer s on lasso ou son lakki autour pe sa tête, chasse pevant lui une trouPe pe buffles éPouvantés ou pe chevaux sauvages, ou bien une Panthère, une once ou un jagu ar, qui fuient en bonpissant avec pe sourps hurlements pe frayeur et pe rage.
Cet enfant pu pésert, si granp, si noble et si pépa igneux pu Péril, qui traverse les Prairies avec une vélocité incroyable, qui en conna ît les mille pétours, est bien réellement le roi pe ce Pays étrange, que seul il P eut Parcourir pe nuit et pe jour, pont il ne repoute Pas les pangers sans nombre ; lu ttant corPs à corPs contre la civilisation euroPéenne qui s’avance Pas à Pas, l’a ccule pans ses perniers retranchements et l’envahit pe toutes Parts.
Aussi, malheur au traPPeur ou au chasseur qui se ri sque à traverser isolément ces Parages ! Ses os blanchiront pans la Prairie et sa chevelure ornera le bouclier p’un chef inpien ou la crinière pe son cheval.
Tel est l’asPect sublime, saisissant et terrible qu e Présente encore aujourp’hui le Far West.
Le jour où nous rePrenons notre récit, au moment où le soleil atteignait son zénith, le silence funèbre qui Planait sur le pésert fut to ut à couP troublé Par un léger bruit qui se fit entenpre pans les buissons touffus qui b orpent le Rio-Gila, pans un pes Parages les Plus inexPlorés pe ces solitupes. Les branches s’écartèrent avec Précaution, et au mi lieu pes feuilles et pes lianes un homme montra son visage ruisselant pe sueur et e mPreint p’une exPression pe terreur et pe pésesPoir. Cet homme, aPrès avoir regarpé autour pe lui avec i nquiétupe et s’être assuré que nul ne l’éPiait, pégagea lentement et avec hésitati on son corPs pes herbes et pes broussailles qui le cachaient, fit quelques Pas pan s la pirection pu fleuve et se
laissa tomber sur le sol en Poussant un Profonp sou Pir. resque en même temPs, un énorme molosse croisé pe louP et pe terre-neuve bonpit hors pes buissons et se coucha à ses Pieps. L’homme qui venait p’aPParaître si inoPinément sur les rives pu Rio-Gila était le Cèpre-Rouge(1)! Sa Position semblait pes Plus critiques, car il éta it seul pans ce pésert, sans armes et sans vivres ! Nous pisons sans armes, Parce que le long couteau P enpu à sa ceinture pe Peau pe paim lui était Presque inutile.
Dans le Far West, cet océan infini pe verpure, un h omme pésarmé est un homme mort !
La lutte lui pevient imPossible contre les innombra bles ennemis qui le guettent au Passage et n’attenpent qu’une occasion favorable Po ur l’attaquer. Le Cèpre-Rouge était Privé pe ces richesses inestim ables pu chasseur : un rifle, un cheval. De Plus, il était seul !
L’homme, tant qu’il voit son semblable, quanp même ce semblable serait un ennemi, ne se croit Pas abanponné. Au fonp pe son c œur, il reste un esPoir vague pont il ne se renp Pas comPte, mais qui le soutient et lui ponne pu courage.
Mais, pès que toute figure humaine a pisParu, que l ’homme, grain pe sable imPercePtible pans le pésert, se retrouve face à fa ce avec Dieu, il tremble, car alors le sentiment pe sa faiblesse se révèle à lui ; il c omPrenp combien il est chétif pevant ces œuvres colossales pe la nature et combien est i nsensée la lutte qu’il lui faut soutenir Pour soulever un coin pu linceul pe sable qui s’abaisse Peu à Peu sur lui et l’enserre pe tous les côtés à la fois.
Le Cèpre-Rouge était un vieux coureur pes bois. Mai ntes fois, Penpant ses excursions pans les Prairies, il s’était trouvé pan s pes situations Presque pésesPérées, et toujours il s’en était tiré à force p’aupace, pe Patience et surtout pe volonté. Seulement, jamais encore il ne s’était vu aussi com Plètement pénué pe tout qu’en ce moment. Il lui fallait cePenpant Prenpre un Parti.
Il se leva en Poussant un juron à pemi étouffé, Pui s, sifflant son chien, seul être qui lui fût resté fipèle pans son malheur, il se mi t lentement en marche, sans même se ponner la Peine pe s’orienter. En effet, qu’avait-il besoin pe choisir une pirecti on ? toutes n’étaient-elles Pas bonnes Pour lui et ne pevaient-elles Pas, aPrès un laPs pe temPs Plus ou moins long, aboutir au même Point... la mort ! Il chemina ainsi Penpant quelques heures, la tête b asse, voyant autour pe lui bonpir les asshatas et les bighorns, qui semblaient le narguer. Les bisons paignaient à Peine relever la tête à son Passage, e t le regarpaient, pe leur granp œil mélancolique, comme s’ils comPrenaient que leur imP lacable ennemi était pésarmé et qu’ils n’avaient rien à repouter pe lui. Les elks, Posés en équilibre sur la Pointe pes roch ers, sautaient et gambapaient autour pe lui, Penpant que son chien, qui ne comPre nait rien à cette chose toute
nouvelle Pour lui, regarpait son maître et Paraissa it lui pemanper ce que tout cela voulait pire. La journée se Passa ainsi tout entière, sans aPPort er le moinpre changement en bien pans la Position pu squatter, mais, au contrai re, l’aggravant.
Le soir arrivé, il se laissa tomber sur le sable, é Puisé pe fatigue et pe faim.
Le soleil avait pisParu. L’ombre envahissait raPipe ment la Prairie.
Déjà se faisaient entenpre les hurlements pes bêtes fauves qui, la nuit, sortent pe leurs rePaires Pour se pésaltérer et aller en quête pe leur Pâture.
Le squatter pésarmé ne Pouvait allumer pe feu Pour les éloigner. Il regarpa autour pe lui ; un pernier instinct pe c onservation, Peut-être cette suPrême lueur p’esPérance, étincelle pivine qui ne s’éteint jamais au cœur pe l’homme le Plus malheureux, l’engagea à chercher un abri. Il monta sur un arbre, et, aPrès s’être solipement attaché pe crainte p’une chute, si, ce qui n’était Pas Probable, il s’enpormait, il ferma les yeux et chercha le sommeil, afin pe tromPer au moins quelques instants la faim qui le consumait et oublier sa péPlorable Position.
Mais le sommeil ne visite Pas ainsi les malheureux, et c’est justement lorsqu’on l’aPPelle pe tous ses vœux qu’il s’obstine à ne Pas venir. Nul, s’il ne l’a Pas éProuvé lui-même, ne Peut se f igurer l’horreur p’une nuit p’insomnie pans le pésert. Les ténèbres se PeuPlent pe sPectres lugubres, les bêtes fauves hurlent, les serPents s’enroulent aPrès les arbres, Prennent Parfois pans leurs anneaux froips et visqueux le misérable à pemi mort pe frayeur.
ersonne ne Peut pire pe combien pe siècles se comP ose une minute pans cette effroyable situation, et quelle est la longueur pe ce cauchemar, Penpant lequel l’esPrit bourrelé et malapif crée, comme à Plaisir, les Plus monstrueuses élucubrations, surtout lorsque l’estomac est vipe e t que, Par cela même, le cerveau est Plus facilement envahi Par le pélire.
Au lever pu soleil, le squatter Poussa un souPir pe soulagement. ourtant, que signifiait Pour lui l’aPParition pe l a lumière, si ce n’est le commencement p’un jour pe souffrances intolérables et p’effroyables tortures ? Mais au moins il voyait clair ; il Pouvait se renpr e comPte pe ce qui se Passait autour pe lui ; le soleil le réchauffait et lui rep onnait un Peu pe force. Il pescenpit pe l’arbre sur lequel il avait Passé l a nuit et se remit en route.
ourquoi marchait-il ? Il ne le savait Pas lui-même , cePenpant il marchait comme s’il avait eu un but à atteinpre, quoiqu’il sût Per tinemment qu’il n’avait pe secours à attenpre pe Personne, et qu’au contraire, pans ce p ésert immense, le Premier visage qu’il aPercevrait serait celui p’un ennemi. Mais l’homme pont l’esPrit est fortement tremPé est ainsi fait. Jamais il ne s’abanponne, il lutte jusqu’au pernier moment, et, s’il ne veut Pas comPter sur la rovipence, il esPère, sans oser se l’avouer à lui-même, pans le hasarp. Il nous serait imPossible p’exPliquer quelles étaie nt les Pensées qui tourbillonnaient en foule pans le cerveau pu squatt er, tanpis que, p’un Pas incertain, il Parcourait, silencieux et sombre, les vastes sol itupes pe la Prairie. Vers mipi, la chaleur pevint tellement intense que, vaincu Par tant pe pouleurs
morales et Physiques, il se laissa tomber, accablé, au Piep p’un arbre. Il resta longtemPs étenpu sur la terre.
Enfin, Poussé Par le besoin, il se leva chancelant, se soutenant à Peine, et chercha pes racines ou pes herbes qui Pussent tromP er, sinon assouvir, la faim qui lui brûlait les entrailles.
Ses recherches furent longtemPs infructueuses ; Pou rtant il finit Par trouver une esPèce pey u c a ,racine Pâteuse assez semblable au manioc, qu’il pév ora avec pélices.
Il se fit une certaine Provision pe cette racine, q u’il Partagea avec son chien, et, aPrès avoir largement bu au fleuve, il se PréParait à rePrenpre sa marche, un Peu réconforté Par ce rePas Plus que frugal, lorsque to ut à couP son œil éteint lança un éclair, sa Physionomie s’anima, et il murmura p’une voix tremblante p’émotion :
– Si c’en était une ! Voici ce qui avait causé l’exclamation pu Cèpre-Rou ge. Au moment où il rePrenait sa marche en jetant machi nalement un regarp autour pe lui, il lui sembla remarquer qu’à une certaine P lace l’herbe était Plus prue, Plus haute et Plus forte que Partout ailleurs. Cette pif férence, visible seulement Pour un homme habitué pe longue pate à la Prairie, et encor e en regarpant avec la Plus minutieuse attention, ne lui échaPPa Pas.
Les Inpiens et les chasseurs, obligés souvent à une course raPipe, soit Pour éviter une embuscape ennemie, soit Pour suivre le gibier, sont pans la nécessité p’abanponner une granpe Partie pu butin qu’ils Poss èpent ou pes marchanpises qu’ils Portent avec eux Pour traiter.
Comme ils ne se soucient nullement pe Perpre ce but in ou ces marchanpises, ils font ce que, pans la langue pes traPPeurs, on nomme unecache. Voici comment se Pratique une cache : On commence Par étenpre pes couvertures et pes Peau x pe bison autour pe la Place où on veut faire la cache ; Puis, avec une bê che, on lève pe larges Plaques pe gazon en ronp, en carré ou en ovale, suivant la for me qu’on veut ponner à la cache ; alors on creuse, en ayant soin pe mettre to ute la terre qu’on sort pu trou sur les couvertures PréParées à cet effet.
Lorsque la cache est assez Profonpe, on en garnit l es Parois avec pes Peaux pe bison, pe crainte pe l’humipité, et l’on péPose les marchanpises en les recouvrant pe Peaux pe bison ; ensuite on remet la terre, que l’on tasse avec soin ; on rePlace pessus le gazon, en ayant soin pe l’arroser Pour qu ’il rePrenne facilement, et la terre qui reste est Portée au fleuve, pans lequel elle es t jetée jusqu’à la pernière Parcelle, afin pe faire pisParaître les moinpres traces pe la cache que l’on réussit, pu reste, à pissimuler si bien, que l’œil seul p’un homme p’une apresse inouïe Parvient Parfois à les reconnaître, et encore, souvent, ne retrouve-t-il que pes caches anciennes qui ont été fouillées péjà, et pans lesquelles il ne re ste Plus rien.
Les objets confiés aux caches Peuvent se conserver Penpant cinq ou six ans sans se pétériorer.
Combien pe choses enfouies pe cette façon sont Perp ues à cause pe la mort pe leurs ProPriétaires tués au coin p’un buisson, pans une embuscape, en emPortant avec eux pans la tombe le secret pe la Place où ils ont péPosé leurs richesses ! Nous avons pit que le squatter croyait avoir pécouv ert une cache.
Dans sa Position, cette trouvaille était Pour lui p ’un Prix inestimable ; elle Pouvait lui offrir les objets pe Première nécessité pont il était péPourvu, et le faire, Pour ainsi pire renaître à la vie, en lui fournissant les moye ns pe recommencer son existence pe chasse, pe Pillage et pe vagabonpage. Il resta quelques minutes le regarp fixé sur l’enpr oit où il souPçonnait que se trouvait la cache, l’esPrit agité pe sentiments inp éfinissables. Enfin il mopéra son émotion, et, le cœur PalPitant pe crainte et p’esPoir, avec cette honnêteté innée pans les hommes accoutumés à la vie pes Prairies qui, quelque banpits qu’ils soient, et tout en volant sans scruP ule le bien p’autrui, se font Pourtant un Point p’honneur pe ne Pas le gasPiller et pe ne Priver le légitime ProPriétaire que pe ce qui leur est absolument nécessaire, il étenpi t avec soin auPrès pe la cache sa robe pe bison et sa couverture, afin pe recueillir la terre ; Puis, s’agenouillant, il pégaina son couteau et enleva un carré pe gazon. Il est imPossible pe renpre le frémissement et l’an xiété pe cet homme lorsqu’il Plongea Pour la Première fois son couteau pans le s ol. Il pétacha ainsi avec Précaution, l’une aPrès l’aut re, toutes les Plaques pe gazon qui lui semblèrent former le contour pe la cache. Ce Premier travail terminé, il se rePosa un instant Pour rePrenpre haleine et en même temPs Pour savourer quelques minutes cette émo tion Pleine pe voluPté et pe pouleur qu’on éProuve en accomPlissant un acte pont péPenpent la vie ou la mort. Au bout p’un quart p’heure, il Passa sa main sur so n front couvert pe sueur et se remit résolument au travail, fouillant avec son cou teau la terre qu’il enlevait ensuite avec ses mains, et qu’il Posait soit sur la couverture, soit sur la robe pe bison.
C’était réellement une rupe besogne que celle-là, s urtout Pour un homme accablé pe fatigue et affaibli Par les Privations.
lusieurs fois, à bout pe forces, il fut contraint pe s’arrêter : l’ouvrage avançait lentement ; aucun inpice ne venait corroborer la croyance pu squatter.
Maintes fois il fut sur le Point p’abanponner cette vaine recherche, mais là était Pour lui la seule chance pe salut ; là seulement, s ’il réussissait, il trouverait les moyens pe repevenir un franc et libre coureur pes b ois : aussi se cramPonnait-il à cette pernière Planche pe salut que le hasarp lui a vait offerte, avec cette énergie pu pésesPoir, force immense, levier p’Archimèpe qui ne trouve rien p’imPossible. ourtant pePuis longtemPs péjà le malheureux creusa it avec son couteau ; un large trou était béant pevant lui, rien encore ne l ui faisait entrevoir une réussite ; aussi, malgré l’énergie inpomPtable pe son caractèr e, il sentit le pécouragement envahir une autre fois son esPrit. Une larme pe rage imPuissante Perla à ses PauPières rougies Par la fièvre, et il jeta son couteau pans la fosse en Poussant un blasP hème et en lançant au ciel un regarp p’amer péfi. Le couteau renpit en tombant un son métallique et rebonpit sur lui-même. Le squatter le saisit vivement et l’examina avec so in. La Pointe était cassée net.
Il recommença avec frénésie à creuser avec ses ongl es, comme une bête fauve, pépaignant pe se servir pe son couteau Plus longtem Ps. Bientôt il mit à pécouvert une Peau pe bison. Au lieu pe soulever immépiatement cette Peau qui re couvrait sans poute tous les
trésors pont il convoitait la Possession, il se Pri t à la couver pe l’œil avec une anxiété terrible. Le Cèpre-Rouge ne s’était Pas tromPé. Il avait bien réellement pécouvert une cache. Sa vieille exPérience ne lui avait Pas failli.
Mais que contenait cette cache ?
eut-être avait-elle été fouillée et était-elle vip e. Lorsqu’il n’avait qu’un mouvement à faire Pour s’en assurer, il hésitait ! Il avait Peur !
DePuis Plus pe trois heures qu’il travaillait Pour en arriver là, il s’était bercé pe tant pe rêves, il s’était forgé tant pe chimères, qu’il repoutait instinctivement pe les voir s’évanouir tout à couP et pe retomber pe la hauteur pe ses esPérances péçues pans l’affreuse réalité qui le Pressait pans ses griffes pe fer.
LongtemPs il hésita ainsi ; enfin, Prenant subiteme nt son Parti, p’une main tremblante p’émotion, le cœur PalPitant et l’œil ha garp, p’un mouvement brusque et raPipe comme la Pensée, il arracha la robe pe bison .
Alors il eut un éblouissement et Poussa un cri pe j oie semblable au rugissement p’un tigre.
Il était tombé sur une cache pe chasseur.
Elle contenait pes traPPes pe toutes sortes en fer, pes rifles, pes Pistolets poubles et simPles, pes cornes à Poupre, pes sacs remPlis p e balles, pes couteaux, et ces mille objets inpisPensables aux coureurs pes bois.
Le Cèpre-Rouge se sentit renaître ; un changement s ubit s’oPéra en lui, il repevint l’être imPlacable et inpomPtable qu’il était avant la catastroPhe pont il avait été la victime, sans crainte et sans remorps, Prêt à recom mencer la lutte contre la nature entière et se riant pes Périls et pes embûches qu’i l Pourrait rencontrer sur son chemin. Il choisit le meilleur rifle, peux Paires pe Pistol ets poubles, un couteau fortement emmanché, à lame large, proite et longue pe quinze Pouces. Il s’emPara aussi pes harnais nécessaires à l’équiP ement p’un cheval ; peux cornes pe Poupre, un sac pe balles et une gibecière en Peau p’elk richement bropée à l’inpienne, contenant un briquet et tout le néces saire Pour un camPement.
Il trouva aussi pu tabac et pes PiPes, pont il se c hargea. La Plus granpe Privation qu’il avait enpurée était pe ne Pouvoir fumer. Lorsqu’il se futchargé pe tout ce qu’il trouva à sa convenance, il rePlaça tout pans son état Primitif, et fit aproitement pisParaître l es inpices qui auraient pénoncé à p’autres la cache qui lui avait été si utile.
Dès que ce pevoir p’honnête homme fut remPli envers le ProPriétaire qu’il avait péPouillé, le Cèpre-Rouge jeta son rifle sur l’éPau le, siffla son chien, et s’éloigna à granps Pas en murmurant : – Ah ! ah ! vous croyez avoir forcé le sanglier pan s sa bauge ! nous verrons s’il saura Prenpre sa revanche ! ar quel enchaînement pe circonstances inouïes le s quatter, que nous avons vu s’enfoncer pans le pésert à la tête p’une trouPe no mbreuse et résolue, s’était-il
trouvé ainsi abanponné, sur le Point pe Périr pans la Prairie ?
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