Les Employés, ou la Femme supérieure
168 pages
Français

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Les Employés, ou la Femme supérieure , livre ebook

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Description

La Comédie humaine - Études de moeurs. Troisième livre, Scènes de la vie parisienne - Tome XI (sic, erreur pour le tome III). Onzième volume de l'édition Furne 1842.

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 94
EAN13 9782820601506
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Les Employ s, ou la Femme sup rieure
Honor de Balzac
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0150-6
À LA COMTESSE SÉRAFINA SAN-SÉVERINO, NÉE PORCIA.
Obligé de tout lire pour tâcher de ne rien répéter, je feuilletais, il y a quelques jours, les trois cents contes plus ou moins drolatiques de Il Bandello, écrivain du seizième siècle, peu connu en France, et publiés dernièrement en entier à Florence dans l’édition compacte des Conteurs italiens : votre nom, de même que celui du comte, a aussi vivement frappé mes yeux que si c’était vous-même, madame. Je parcourais pour la première fois Il Bandello dans le texte original, et j’ai trouvé, non sans surprise, chaque conte, ne fût-il que de cinq pages, dédié par une lettre familière aux rois, aux reines, aux plus illustres personnages du temps, parmi lesquels se remarquent les nobles du Milanais, du Piémont, patrie de Il Bandello, de Florence et de Gênes. C’est les Dolcini de Mantoue, les San-Severini de Créma, les Visconti de Milan, les Guidoboni de Tortone, les Sforza, les Doria, les Frégose , les Dante Alighieri (il en existait encore un), les Frascator, la reine Marguerite de France, l’empereur d’Allemagne, le roi de Bohème, Maximilien, archiduc d’Autriche, les Medici, les Sauli, Pallavicini, Bentivoglio de Bologne , Soderi, Colonna, Scaliger, les Cardone d’Espagne. En France : les Marigny, Anne de Polignac princesse de Marsillac et comtesse de Larochefoucault, le cardinal d’Armagnac, l’évêque de Cahors, enfin toute la grande compagnie du temps, heureuse et flattée de sa correspondance avec le successeur de Boccace. J’ai vu aussi combien Il Bandello avait de noblesse dans le caractère : s’il a orné son œuvre de ces noms illustres, il n’a pas trahi la cause de ses amitiés privées. Après la signora Gallerana, comtesse de Bergame, vient le médecin à qui il a dédié son conte de Roméo et Juliette ; après la signora molto magnifica Hypolita Visconti ed Atellana, vient le simple capitaine de cavalerie légère , Livio Liviano ; après le duc d’Orléans, un prédicateur ; après une Riario, vient messer magnifico Girolamo Ungaro, mercante lucchese, un homme vertueux auquel il raconte comment un gentiluomo navarese sposa una che era sua sorella et figliuola, non lo sapendo, sujet qui lui avait été envoyé par la reine de Navarre. J’ai pensé que je pouvais, comme Il Bandello, mettre un de mes récits sous la protection d’ una virtuosa, gentilissima, illustrissima contessa Serafina San-Severina, et lui adresser des vérités que l’on prendra pour des flatteries. Pourquoi ne pas avouer combien je suis fier d’attester ici et ailleurs, qu’aujourd’hui, comme, au seizième siècle, les écrivains, à quelque étage que les mette pour un moment la mode, sont consolés des calomnies, des injures, des critiques amères, par de belles et nobles amitiés dont les suffrages aident à vaincre les ennuis de la vie littéraire. Paris, cette cervelle du monde, vous a tant plu par l’agitation continuelle de ses esprits, il a été si bien compris par la délicatesse vénitienne de votre intelligence ; vous avez tant aimé ce riche salon de Gérard que nous avons perdu, et où se voyaient, comme dans l’œuvre de Il Bandello, les illustrations européennes de ce quart de siècle, puis les fêtes brillantes, les inaugurations enchantées que fait cette grande et dangereuse syrène, vous ont tant émerveillée, vous avez si naïvement dit vos impressions, que vous prendrez sans doute sous votre protection la peinture d’un monde que vous n’avez pas dû connaître, mais qui ne manque pas d’originalité. J’aurais voulu avoir quelque belle poésie à vous offrir, à vous qui avez autant de poésie dans l’âme et au cœur que votre personne en exprime ; mais si un pauvre prosateur ne peut donner que ce qu’il a, peut-être rachètera-t-il à vos yeux la modicité du présent par les hommages respectueux d’une de ces profondes et sincères admirations que vous inspirez.
D E B ALZAC .
À Paris, où les hommes d’étude et de pensée ont quelques analogies en vivant dans le même milieu, vous avez dû rencontrer plusieurs figures semblables à celle de monsieur Rabourdin, que ce récit prend au moment où il est Chef de Bureau à l’un des plus importants Ministères : quarante ans, des cheveux gris d’une si jolie nuance que les femmes peuvent à la rigueur les aimer ainsi, et qui adoucissent une physionomie mélancolique ; des yeux bleus pleins de feu, un teint encore blanc, mais chaud et parsemé de quelques rougeurs violentes ; un front et un nez à la Louis XV, une bouche sérieuse, une taille élevée, maigre ou plutôt maigrie comme celle d’un homme qui relève de maladie, enfin une démarche entre l’indolence du promeneur et la méditation de l’homme occupé. Si ce portrait fait préjuger un caractère, la mise de l’homme contribuait peut-être à le mettre en relief. Rabourdin portait habituellement une grande redingote bleue, une cravate blanche, un gilet croisé à la Roberspierre, un pantalon noir sans sous-pieds, des bas de soie gris et des souliers découverts. Rasé, lesté de sa tasse de café dès huit heures du matin, il sortait avec une exactitude d’horloge, et passait par les mêmes rues en se rendant au Ministère, mais si propre, si compassé que vous l’eussiez pris pour un Anglais allant à son ambassade. À ces traits principaux, vous devinez le père de famille harassé par des contrariétés au sein du ménage, tourmenté par des ennuis au Ministère, mais assez philosophe pour prendre la vie comme elle est ; un honnête homme aimant son pays et le servant, sans se dissimuler les obstacles que l’on rencontre à vouloir le bien ; prudent parce qu’il connaît les hommes, d’une exquise politesse avec les femmes parce qu’il n’en attend rien ; enfin, un homme plein d’acquis, affable avec ses inférieurs, tenant à une grande distance ses égaux, et d’une haute dignité avec ses chefs. À cette époque en 1825, vous eussiez remarqué surtout en lui l’air froidement résigné de l’homme qui avait enterré les illusions de la jeunesse, qui avait renoncé à de secrètes ambitions ; vous eussiez reconnu l’homme découragé mais encore sans dégoût et qui persiste dans ses premiers projets, plus pour employer ses facultés que dans l’espoir d’un douteux triomphe. Il n’était décoré d’aucun ordre, et s’accusait comme d’une faiblesse d’avoir porté celui du Lys aux premiers jours de la Restauration.
La vie de cet homme offrait des particularités mystérieuses : il n’avait jamais connu son père ; sa mère, femme chez qui le luxe éclatait, toujours parée, toujours en fête, ayant un riche équipage. dont la beauté lui parut merveilleuse par souvenir, et qu’il voyait rarement, lui laissa peu de chose ; mais elle lui avait donné l’éducation vulgaire et incomplète qui produit tant d’ambitions et si peu de capacités. À seize ans, quelques jours avant la mort de sa mère, il était sorti du lycée Napoléon pour entrer comme surnuméraire dans les Bureaux. Un protecteur inconnu l’avait promptement fait appointer. À vingt-deux ans, Rabourdin était Sous-Chef, et Chef à vingt-cinq. Depuis ce jour, la main qui soutenait ce garçon dans la vie n’avait plus fait sentir son pouvoir que dans une seule circonstance ; elle l’avait amené, lui pauvre, dans la maison de monsieur Leprince, ancien commissaire-priseur, homme veuf, passant pour très-riche et père d’une fille unique. Xavier Rabourdin devint éperdument amoureux de mademoiselle Célestine Leprince, alors âgée de dix-sept ans et qui avait les prétentions de deux cent mille francs de dot. Soigneusement élevée par une mère artiste qui lui transmit tous ses talents, cette jeune personne devait attirer les regards des hommes les plus haut placés. Elle était grande, belle et admirablement bien faite ; elle peignait, était bonne musicienne, parlait plusieurs langues et avait reçu quelque teinture de science, dangereux avantage qui oblige une femme à beaucoup de précautions si elle veut éviter toute pédanterie. Aveuglée par une tendresse mal entendue, la mère avait donné de fausses espérances à sa fille sur son avenir : à l’entendre, un duc ou un ambassadeur, un maréchal de France ou un ministre pouvaient seuls mettre sa Célestine à

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