Les Aventures des trois Princes de Serendip
250 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Les Aventures des trois Princes de Serendip , livre ebook

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
250 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Afin de parfaire l'éducation de ses trois fils, Giafer, souverain de Serendip, les pousse à parcourir le monde. Chemin faisant, les princes rencontrent un chamelier, fort marri de la perte de lune de ses bêtes. Ils lui décrivent si bien l'animal que le chamelier est convaincu davoir affaire à des voleurs. Les trois frères sont alors conduits devant le roi Behram, qui découvre leurs remarquables facultés d'observation et de déduction. Séduit par ces jeunes philosophes, le roi finit par leur confier toutes sortes de missions plus ou moins magiques ou galantes, mais toujours délicates...


Oubliés depuis le XVIIIe siècle, ces contes n’ont rien perdu de leur charme. Mais l’identité de leur auteur, leur genèse et leur destin posthume soulèvent des questions non moins fascinantes. Dominique Goy-Blanquet, Marie-Anne Paveau et Aude Volpilhac nous invitent à redécouvrir ici l’oeuvre du chevalier de Mailly et à voyager avec elles en sérendipité, de la Perse à l’Italie, de l’Angleterre de Walpole à la philosophie des sciences, et d’Internet à l’art de trouver ce que l’on ne cherche pas.


Louis de Mailly (1657-1724), plus connu sous le titre de "chevalier de Mailly", est issu d’une très ancienne et illustre maison de France. Enfant naturel, fils d’Antoine de Mailly-l’Épine et de Barbe d’Aubry, il fut cependant reconnu par son père qui le légitima dans son testament et lui accorda de nombreux avantages.


Livre illustré.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782362800252
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES AVENTURES DES TROIS PRINCES DE SERENDIP SUIVI DE VOYAGE EN SÉRENDIPITÉ







LOUIS DE MAILLY
LES AVENTURES DES TROIS PRINCES DE SERENDIP
SUIVI DE VOYAGE EN SÉRENDIPITÉ PAR AUDE VOLPILHAC DOMINIQUE GOY-BLANQUET MARIE-ANNE PAVEAU

éditions THIERRY MARCHAISSE





© 2011 Éditions Thierry Marchaisse

Conception visuelle : Denis Couchaux
Mise en page intérieure : Anne Fragonard-Le Guen
Couverture : miniature persane, XIV e siècle.
Illustrations intérieures : Kay Nielsen, « Arabian nights », années 1930, D. R. l’éditeur ayant recherché en vain les ayants droit.

Éditions Thierry Marchaisse 221 rue Diderot, 94300 Vincennes
http://www.editions-marchaisse.fr/

ISBN (ePub) : 978-2-36280-025-2
www.centrenationaldulivre.fr
Diffusion : Harmonia Mundi






NOTE DE L’ÉDITEUR
Les Aventures des trois princes de Serendip par le chevalier de Mailly n’avaient pas été republiées depuis le XVIII e siècle, mais elles n’en ont pas moins continué à nourrir certains esprits et à produire des effets souterrains.
Nous avons voulu en tenir compte dans cette nouvelle édition en proposant au lecteur un Voyage en sérendipité. On y découvrira l’histoire du texte de Mailly, l’origine de cette étrange idée de serendipity ou « sagacité accidentelle » qu’il a inspirée à Horace Walpole, ainsi que ses diverses retombées artistiques, techniques, scientifiques et philosophiques.






LOUIS DE MAILLY LES AVENTURES DES TROIS PRINCES DE SERENDIP

TEXTE ÉTABLI ET ANNOTÉ PAR AUDE VOLPILHAC






SOURCES ET MODALITÉS DE CETTE ÉDITION
Le Voyage et les avantures des trois princes de Sarendip est paru en 1719, simultanément chez Henri Charpentier et chez Pierre Prault. C’est cette édition que nous reprenons ici.
Une seconde édition du texte de Louis de Mailly (intitulée Voyages et aventures des trois princes de Sarendip ) se trouve dans les Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, ornés de figures, tome 25, Amsterdam et Paris, Rue et Hôtel Serpente, 1788 (sans nom d’éditeur). Coquilles, fautes grammaticales et ponctuation de la première édition y ont été corrigées par l’éditeur anonyme. Aussi avons-nous gardé les corrections de l’édition de 1788 quand cela était nécessaire. En outre, nous avons indiqué les variantes qui existent entre ces deux éditions lorsqu’elles nous ont semblé dignes d’intérêt.
Pour une plus grande lisibilité, nous avons expliqué brièvement en notes certaines tournures de langue, ou certains points d’histoire ; de même, l’orthographe, la ponctuation, la présentation du texte et les marques typographiques des dialogues ont été modernisées.




D ANS LES TEMPS HEUREUX où les rois étaient philosophes et s’envoyaient les uns aux autres des questions importantes pour les résoudre, il y avait en Orient un puissant monarque, nommé Giafer, qui régnait au pays de Serendip. Ce prince avait trois enfants mâles, également beaux et bien faits, qui promettaient beaucoup. Comme il les aimait avec une extrême tendresse, il voulut leur faire apprendre toutes les sciences nécessaires, afin de les rendre dignes de lui succéder à ses États. Dans ce dessein, il fit chercher les plus habiles gens de son siècle pour leur servir de précepteurs. Quand on les eut trouvés, il les fit venir dans son palais et leur dit qu’il les avait choisis parmi les plus célèbres de son empire pour leur confier l’éducation de ses enfants ; qu’ils ne pouvaient lui faire un plus grand plaisir que de les bien instruire, et qu’il en aurait toute la reconnaissance possible ; ensuite il leur assigna de grosses pensions, et donna à chacun d’eux un fort bel appartement près de celui des princes ses fils. Personne n’osait y entrer pour leur rendre visite, de crainte de les détourner de leurs occupations.
Ces hommes illustres, sensibles à l’honneur que cet auguste roi leur faisait, n’oublièrent rien pour bien exécuter ses ordres, et pour répondre à la haute estime qu’il avait conçue de leur mérite. Les trois jeunes princes, qui avaient beaucoup d’esprit et autant d’envie d’apprendre que leurs maîtres en avaient de les enseigner, se rendirent en peu de temps très savants dans la morale, dans la politique et généralement dans toutes les plus belles connaissances.
Ces sages précepteurs, charmés des progrès de leurs disciples, allèrent en rendre compte au roi. Il en fut si surpris que, s’imaginant que c’était une fiction plutôt qu’une vérité, il voulut lui-même en faire l’épreuve. Il en était capable, car il n’ignorait rien de tout ce qu’un grand homme doit savoir. Il fit d’abord venir l’aîné et, après l’avoir interrogé sur les sciences qu’on lui avait apprises, il lui tint ce discours :
« Mon fils, comme je me sens chargé du poids de mes années, et du pénible fardeau de l’empire, je veux me retirer dans quelque solitude pour ne plus songer qu’à mon repos. Dans cette résolution, je laisse à votre conduite le gouvernement de mes États, et j’espère que vous en userez toujours bien. Cependant, avant que de vous quitter, j’ai plusieurs choses de conséquence à vous recommander. La première, et la plus considérable, est d’avoir toujours la crainte des dieux dans le cœur ; la seconde, de regarder vos frères comme vos enfants ; la troisième, de secourir les pauvres ; la quatrième, d’honorer les vieillards ; la cinquième, de protéger l’innocence persécutée ; la sixième, de punir les coupables ; et la dernière, de procurer à vos peuples la paix et l’abondance. Par ce moyen, vous deviendrez l’objet de leurs vœux et de leurs prières, et le Ciel les exaucera autant pour leur félicité que pour votre gloire. Voilà, mon fils, les conseils que je vous donne : je vous exhorte à les suivre, et si vous le faites, votre règne sera toujours heureux. »
Ces paroles ayant extrêmement surpris ce jeune prince :
« Seigneur, lui dit-il, je suis très obligé à votre bonté paternelle de l’offre qu’elle me fait, et des conseils qu’elle me donne. Mais que dirait-on, et quel blâme ne mériterais-je pas, si j’acceptais le gouvernement de votre empire pendant que vous vivez ? D’ailleurs, comme je sais qu’il n’y a point de météore qui surpasse l’éclat des astres, ni de chaleur qui égale celle du soleil, je suis persuadé qu’il n’y a personne plus capable de gouverner vos États que vous-même, puisque vous en êtes la force et l’ornement tout ensemble. Je serai toujours prêt à vous faire connaître, par mes soins et par mon obéissance, la soumission que j’aurai toute ma vie pour vos ordres ; mais dans cette occasion, je supplie très humblement Votre Majesté de vouloir bien m’en dispenser. Si votre décès précédait le mien, ce que je ne souhaite pas, j’accepterais pour lors votre empire, pourvu que vous m’en jugeassiez digne, et je le gouvernerais suivant les bons avis que vous venez de me donner. Je ferais tout mon possible pour n’en rien omettre, et pour faire voir à tous vos peuples que je n’ai point de plus forte passion que celle de vous imiter. »
La réponse judicieuse de cet aimable prince donna beaucoup de satisfaction au roi qui, ayant reconnu par cette première épreuve la capacité et le bon naturel de son fils, ne douta point qu’il n’eût un jour toutes les qualités nécessaires pour lui succéder glorieusement. Cependant, il dissimula sa joie, et lui dit d’un air sérieux de se retirer, à dessein de faire la même expérience sur les deux autres princes ses fils. Il commença par faire venir son puîné, et s’étant servi du même discours qu’il venait de faire, ce jeune prince lui répondit de cette manière :
« Seigneur, si le Ciel exauçait mes désirs, vous seriez immortel. Vous devriez l’être, non seulement pour le bonheur de vos peuples, mais encore pour celui de vos enfants, puisque jamais prince n’a été plus grand, plus généreux et plus magnanime que vous ; ainsi, jouissez toujours d’une santé parfaite, et d’un empire que vous gouvernez avec tant de sagesse, de prudence et de bonté. À mon égard, Seigneur, je n’en suis nullement capable, cela ne servirait qu’à faire voir ma faiblesse, et à me combler de confusion plutôt que d’honneur. Si une petite fourmi sortait présentement de sa demeure, serait-elle digne de gouverner vos États ? Que suis-je autre chose qu’une petite fourmi sans force et sans adresse ? Il faut infiniment plus de mérite et de génie que je n’en ai pour régir et administrer votre empire ; d’ailleurs mon frère aîné est plein de vie et de santé : c’est à lui qu’appartiennent vos États après vous, et mon cadet et moi, nous n’avons d’autre droit à espérer que les apanages que votre justice et votre bonté voudront bien nous accorder. »
Cette sage réponse ne causa pas moins de plaisir au roi que la précédente. Il remercia les dieux de lui avoir donné deux enfants d’un caractère si doux et si raisonnable. Il fit retirer celui-ci pour faire venir son cadet, et lui tint le même discours qu’il avait fait à ses deux autres fils. Ce jeune prince, surpris et comme interdit de cette proposition, garda un moment le silence, et ensuite il répondit en ces termes :
« Comment, Seigneur, pourrais-je, dans un âge si peu avancé, accepter une dignité si importante et si difficile à remplir ? Je connais trop mon insuffisance pour ne me pas faire justice : je ressemble à une petite goutte d’eau, et votre empire à une grande et vaste mer ; il faudrait avoir un esprit aussi étendu que le vôtre pour le gouverner dignement. Je vois bien, Seigneur, que vous voulez m’éprouver, mais je me donnerai bien de garde de monter si haut, de crainte d’un sort semblable à celui du malheureux Icare : sa punition vint de sa témérité, et ma peine naîtrait de l’injustice et du mauvais naturel que j’aurais de vouloir être préféré à mes frères. Aux dieux ne plaisent, Seigneur, qu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents