Le renard
167 pages
Français

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Description

Johann Wolfgang von Goethe (1749-1832)



"La Pentecôte, cette fête charmante, était arrivée ; les champs et les bois se couvraient de verdure et de fleurs ; sur les collines et sur les hauteurs, dans les buissons et dans les haies, les oiseaux, rendus à la joie, essayaient leurs gaies chansons ; chaque pré fourmillait de fleurs dans les vallées odorantes ; le ciel brillait dans une sérénité majestueuse et la terre étincelait de mille couleurs.


Noble, le roi des animaux, convoque sa cour ; et tous ses vassaux s’empressent de se rendre à son appel en grand équipage ; de tous les points de l’horizon arrivent maints fiers personnages, Lutké la grue et Markart le geai, et tous les plus importants. Car le roi songe à tenir sa cour d’une manière magnifique avec tous ses barons ; il les a convoqués tous ensemble, les grands comme les petits. Nul ne devait y manquer et cependant il en manquait un : Reineke le renard, le rusé coquin, qui se garda bien de se rendre à l’appel, à cause de tous ses crimes passés. Comme la mauvaise conscience fuit le grand jour, le renard fuyait l’assemblée des seigneurs. Tous avaient à se plaindre ; ils étaient tous offensés ; et, seul, Grimbert le blaireau, le fils de son frère, avait été épargné.


Ce fut le loup Isengrin qui porta le premier sa plainte, accompagné de ses protecteurs, de ses cousins et de tous ses amis. Il s’avança devant le roi et soutint ainsi l’accusation : "Très gracieux seigneur et roi, écoutez mes griefs ! Vous êtes plein de grandeur et de noblesse ; vous faites à chacun justice et merci : veuillez donc être touché de tout le mal que j’ai souffert, à ma grande honte, de la part de Reineke..."



Reineke le renard est accusé d'une multitude de crimes. Le roi Lion envoie Brun l'ours chercher Reineke afin qu'il s'explique.et soit jugé. Mais c'est sans compter sur les viles ruses de Reineke : Brun l'ours frôle la mort...


Fable.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782374636757
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le renard

(Reineke Fuchs)


Johann Wolfgang von Goethe

traduit de l’allemand par Édouard Grenier


Mai 2020
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-675-7
Couverture : pastel de STEPH’
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 675
Premier chant

La Pentecôte, cette fête charmante, était arrivée ; les champs et les bois se couvraient de verdure et de fleurs ; sur les collines et sur les hauteurs, dans les buissons et dans les haies, les oiseaux, rendus à la joie, essayaient leurs gaies chansons ; chaque pré fourmillait de fleurs dans les vallées odorantes ; le ciel brillait dans une sérénité majestueuse et la terre étincelait de mille couleurs.
Noble, le roi des animaux, convoque sa cour ; et tous ses vassaux s’empressent de se rendre à son appel en grand équipage ; de tous les points de l’horizon arrivent maints fiers personnages, Lutké la grue et Markart le geai, et tous les plus importants. Car le roi songe à tenir sa cour d’une manière magnifique avec tous ses barons ; il les a convoqués tous ensemble, les grands comme les petits. Nul ne devait y manquer et cependant il en manquait un : Reineke le renard, le rusé coquin, qui se garda bien de se rendre à l’appel, à cause de tous ses crimes passés. Comme la mauvaise conscience fuit le grand jour, le renard fuyait l’assemblée des seigneurs. Tous avaient à se plaindre ; ils étaient tous offensés ; et, seul, Grimbert le blaireau, le fils de son frère, avait été épargné.
Ce fut le loup Isengrin qui porta le premier sa plainte, accompagné de ses protecteurs, de ses cousins et de tous ses amis. Il s’avança devant le roi et soutint ainsi l’accusation : « Très gracieux seigneur et roi, écoutez mes griefs ! Vous êtes plein de grandeur et de noblesse ; vous faites à chacun justice et merci : veuillez donc être touché de tout le mal que j’ai souffert, à ma grande honte, de la part de Reineke. Mais, avant tout, soyez touché du déshonneur qu’il a jeté si souvent sur ma femme et des blessures qu’il a faites à mes enfants ; hélas ! il les a couverts d’ordures d’une matière si corrosive, qu’il y en a encore trois à la maison qui souffrent d’une cruelle cécité. Il est vrai que, depuis longtemps, il a été question de ce crime : on avait même fixé un jour pour mettre ordre à de pareils griefs ; il offrit de faire tous les serments ; mais bientôt il changea d’avis et courut s’enfermer dans sa forteresse ; c’est ce que savent trop bien tous les hommes qui m’entourent ici. Seigneur, il me faudrait bien des semaines pour raconter rapidement tous les maux que le brigand m’a faits. Quand toute la toile que l’on fait à Gand deviendrait du parchemin, elle ne pourrait pas contenir tous les tours qu’il m’a joués ; aussi je les passe sous silence. Mais le déshonneur de ma femme me ronge le cœur ; j’en tirerai vengeance, quoi qu’il arrive. »
Lorsque Isengrin eut ainsi tristement parlé, on vit s’avancer un petit chien qui s’appelait Vackerlos ; il parlait français et raconta combien il était pauvre et qu’il ne lui restait rien au monde qu’un petit morceau d’andouille et que Reineke le lui avait pris ! Alors le chat Hinzé, tout en colère, s’élança d’un bond et dit : « Grand roi, que personne ne se plaigne du mal fait par le scélérat plus que le roi lui-même. Je vous le dis, dans cette assemblée, il n’y a personne ici, jeune ou vieux, qui doive craindre ce criminel autant que vous. Quant à la plainte de Vackerlos, elle ne signifie rien ; il y a des années que cette affaire est arrivée ; c’est à moi qu’appartenait cette andouille. J’aurais dû me plaindre alors ; j’étais allé chasser ; chemin faisant je fis une ronde de nuit dans un moulin ; la meunière dormait, je pris tout doucement une andouille, je l’avouerai ; mais, si Vackerlos y eût jamais quelque droit, il le doit à mon adresse. »
La panthère dit : « À quoi bon ces plaintes et ces paroles ? elles ne servent à rien ; le mal est assez constaté. C’est un voleur, un assassin, je le soutiens hardiment. Ces messieurs le savent bien ; il est artisan de tout crime. Tous les seigneurs, et le roi lui-même, viendraient à perdre fortune et honneur, qu’il en rirait s’il y gagnait seulement un morceau de chapon gras. Que je vous raconte le tour qu’il a fait hier à Lampe le lièvre ; le voici devant vous, cet homme qui n’offensa jamais personne. Reineke joua le dévot et s’offrit à lui enseigner rapidement tous les chants d’église et tout ce que doit savoir un sacristain ; ils s’assirent en face l’un de l’autre et commencèrent le Credo . Mais Reineke ne pouvait pas renoncer à ses anciennes pratiques : au milieu de la paix proclamée par notre roi et malgré son sauf-conduit, il tint Lampe serré dans ses griffes et colleta astucieusement l’honnête homme. Je passais près de là ; j’entendis leur chant, qui, à peine commencé, cessa tout à coup ; je m’en étonnai. Mais, lorsque j’arrivai près d’eux, je reconnus Reineke ; il tenait Lampe par le collet, et certes il lui eût ôté la vie si, par bonheur, je n’étais pas allé par là. Le voilà ! regardez les blessures de cet homme pieux. Et maintenant, sire, et vous, seigneurs, souffrirez-vous que la paix du roi, son édit et son sauf-conduit soient le jouet d’un voleur ? Oh ! alors le roi et ses enfants entendront encore longtemps les reproches des gens qui aiment le droit et la justice ! »
Isengrin ajouta : « Il en sera ainsi et malheureusement Reineke ne changera pas. Oh ! que n’est-il mort depuis longtemps ! ce serait à souhaiter pour les gens pacifiques ; mais, si on lui pardonne encore cette fois, il dupera audacieusement ceux qui s’en doutent le moins maintenant. »
Le neveu de Reineke, le blaireau, prit maintenant la parole et défendit courageusement Reineke, dont la fausseté pourtant était bien connue : « Seigneur Isengrin, dit-il, le vieux proverbe a bien raison : « N’attends rien de bon d’un ennemi. » Vraiment mon oncle n’a pas à se louer de vos discours ; mais cela vous est facile. S’il était comme vous à la cour et qu’il jouit de la faveur du roi, vous pourriez vous repentir d’avoir parlé si malignement de lui et d’avoir renouvelé ces vieilles histoires. En revanche, ce que vous avez fait de mal à Reineke vous l’oubliez et cependant, plus d’un seigneur le sait, vous aviez fait un pacte et juré de vivre en bons compagnons. Voici l’histoire : vous verrez à quels dangers il s’est exposé, un hiver, à cause de vous. Un voiturier passait la route, conduisant une cargaison de poisson ; vous l’aviez flairé et vous auriez voulu pour beaucoup goûter de sa marchandise. Malheureusement, l’argent vous manquait. Vous vîntes trouver mon oncle ; vous le décidez et il s’étend sur le chemin comme s’il était mort. Par le ciel ! c’était une ruse bien audacieuse. Mais attendez, vous verrez quelle fut sa part du poisson. Le voiturier arrive et voit mon oncle dans l’ornière : il tire vivement son couteau pour l’éventrer. Le prudent Reineke ne bouge pas plus que s’il était mort ; le voiturier le jette sur son chariot et se réjouit de sa trouvaille. Oui, voilà ce que mon oncle a osé pour Isengrin ! Tandis que le voiturier continuait sa route, Reineke jetait les poissons en bas ; Isengrin venait de loin tout à son aise et mangeait les poissons. Cette manière de voyager ne plut pas longtemps à Reineke. Il se leva, sauta à bas et vint demander sa part du butin ; mais Isengrin avait tout dévoré, et si bien, qu’il en pensa crever ; il n’avait laissé que les arêtes, qu’il offrit, du reste, à son ami. Voici un autre tour que je veux aussi vous raconter : Reineke avait appris qu’il y avait chez un paysan un cochon gras, tué le jour même, pendu au clou ; il le dit fidèlement au loup. Ils partent ensemble pour partager loyalement le profit et les dangers ; mais la peine et le danger furent pour Reineke seul ; car il s’introduisit par la fenêtre et à grande peine jeta la proie commune au loup resté au dehors. Par malheur, il y avait là tout près des chiens qui flairèrent Reineke dans la maison et le houspillèrent d’importance ; il leur échappa tout blessé, alla bien vite trouver Isengrin, lui raconta ses malheurs et demanda sa part du butin : « Je t’ai gardé un délicieux morceau, » lui dit celui-ci : « tu n’as qu’à t’y mettre et le bien ronger, tu m’en diras des nouvelles ! » Et il lui apporta le morceau : c’était le crochet en bois après lequel le paysan avait pendu le cochon ; le rôti tout entier, ce morceau de roi, avait été dévoré par le

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