Le détective bizarre
279 pages
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Le détective bizarre , livre ebook

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Description

René Pujol (1887-1942)



"Paulette se dressa sur son séant et tendit l’oreille, car il se passait dans la maison quelque chose d’anormal. On courait dans le couloir, des coups sourds retentissaient à intervalles inégaux, et une voix étouffée répétait :


– Ouvrez, monsieur !... ouvrez !...


Quelques secondes suffirent à Paulette pour s’éveiller tout à fait. Elle sauta sur le tapis, et chercha ses mules dont une avait glissé sous le lit.


Une autre voix cria :


– Allez chercher un serrurier !...


Paulette rajusta son pyjama et donna un rapide coup de brosse à ses cheveux courts. C’était une belle jeune fille blonde, ayant à peine dépassé vingt ans. De grands yeux gris éclairaient son visage, sous l’arc parfait des sourcils admirablement dessinés. Avec son petit nez légèrement retroussé, sa bouche gourmande, elle avait un air à la fois puéril et très féminin.


Avant de sortir de sa chambre, Paulette regarda machinalement la pendule. Dix heures. Elle se levait habituellement beaucoup plus tôt, mais la veille, après une représentation de Lohengrin à l’Opéra, elle était allée souper à Montmartre avec sa tante, son oncle et des amis.


Au bout du couloir, devant la porte de la salle de bains, quatre domestiques étaient groupés. Il y avait là le maître d’hôtel Pierre, les deux femmes de chambre Léontine et Maria, et le chauffeur Gaston. C’était ce dernier qui heurtait obstinément le panneau en disant :


– Ouvrez, monsieur !... ouvrez !..."



M. Dauterive est retrouvé mort enfermé dans sa salle de bain ; son épouse est inconsciente dans un placard et ne se souvient de rien. L'affaire est confiée à M. Fringuet, un vieux policier plutôt peureux et secondé par M. Marmoussaille aussi fort que bête. M. Fringuet arrivera-t-il à dénouer les fils de cette étrange énigme ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 12
EAN13 9782374636818
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le détective bizarre


René Pujol


Mai 2020
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-681-8
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 681
I
Une surprise

Paulette se dressa sur son séant et tendit l’oreille, car il se passait dans la maison quelque chose d’anormal. On courait dans le couloir, des coups sourds retentissaient à intervalles inégaux, et une voix étouffée répétait :
– Ouvrez, monsieur !... ouvrez !...
Quelques secondes suffirent à Paulette pour s’éveiller tout à fait. Elle sauta sur le tapis, et chercha ses mules dont une avait glissé sous le lit.
Une autre voix cria :
– Allez chercher un serrurier !...
Paulette rajusta son pyjama et donna un rapide coup de brosse à ses cheveux courts. C’était une belle jeune fille blonde, ayant à peine dépassé vingt ans. De grands yeux gris éclairaient son visage, sous l’arc parfait des sourcils admirablement dessinés. Avec son petit nez légèrement retroussé, sa bouche gourmande, elle avait un air à la fois puéril et très féminin.
Avant de sortir de sa chambre, Paulette regarda machinalement la pendule. Dix heures. Elle se levait habituellement beaucoup plus tôt, mais la veille, après une représentation de Lohengrin à l’Opéra, elle était allée souper à Montmartre avec sa tante, son oncle et des amis.
Au bout du couloir, devant la porte de la salle de bains, quatre domestiques étaient groupés. Il y avait là le maître d’hôtel Pierre, les deux femmes de chambre Léontine et Maria, et le chauffeur Gaston. C’était ce dernier qui heurtait obstinément le panneau en disant :
– Ouvrez, monsieur !... ouvrez !...
En apercevant Paulette, le maître d’hôtel fit un pas, et devançant la question qu’allait poser la jeune fille, il expliqua :
– Mademoiselle, nous sommes très inquiets... Monsieur est enfermé dans la salle de bains depuis plus d’une heure... Quelqu’un l’ayant demandé au téléphone, je suis allé le prévenir... J’ai frappé, monsieur n’a pas répondu... J’ai insisté, de plus en plus fort, toujours aussi vainement...
La jeune fille essaya elle-même d’ouvrir, puis demanda :
– Mon oncle est-il sûrement dans la salle de bains ?
– Oui mademoiselle... La clef est sur la porte, à l’intérieur...
– Et vous dites qu’il est là depuis plus d’une heure ?
– Oui mademoiselle, à peu près.
– Quelqu’un l’a-t-il vu entrer ?...
– Moi, mademoiselle, répondit la femme de chambre.
– Il est peut-être souffrant ?...
– C’est ce que j’ai pensé... J’ai envoyé Jean chercher un serrurier...
– Avez-vous prévenu madame ?...
Le maître d’hôtel, perplexe, se gratta la tempe :
– Ah ! mademoiselle, de ce côté-là, il y a encore autre chose...
– Quoi donc ?... mais parlez, voyons !... s’impatienta la jeune fille.
Le maître d’hôtel lâcha tout à trac :
– Mademoiselle... madame a disparu.
Paulette sursauta en entendant cette révélation au moins inattendue :
– Comment, disparu ?...
– Oui, mademoiselle. Nous avons cherché partout, madame n’est pas dans la maison.
– Depuis quand ?...
– Nous l’ignorons, mademoiselle...
– N’est-elle pas dans le jardin ?...
– Elle n’est pas dans le jardin non plus.
– Alors, elle est sortie !...
– Cela dépend comment mademoiselle l’entend...
– Sortie par la porte, normalement.
– Non, mademoiselle... Les concierges sont formels à ce sujet. Eux seuls peuvent ouvrir de leur loge et nul ne leur a demandé le cordon.
– Mais c’est invraisemblable... Pierre !...
– J’ai vérifié moi-même tous les détails que je donne à mademoiselle...
Paulette courut à la chambre de ses parents. Le lit était défait, on apercevait des vêtements jetés sur les sièges, mais la pièce était vide. Un certain désordre régnait, mais il était pour ainsi dire normal ; il n’y avait pas eu lutte dans la pièce.
– Mais ma tante n’est pas habillée !... s’exclama la jeune fille en soulevant une robe qui gisait sur une chaise.
Le maître d’hôtel fit un geste d’ignorance :
– Non, madame est probablement en peignoir...
– Elle ne peut donc être bien loin... conclut la jeune fille s’efforçant à la logique. Nous la chercherons tout à l’heure, mieux vaut nous occuper d’abord de mon oncle... Le plus pressé est d’entrer dans la salle de bain... La fenêtre n’est-elle pas ouverte ?...
– Non, mademoiselle... D’ailleurs, cela ne nous avancerait guère qu’elle fût ouverte, car elle est munie de solides barreaux de fer... On ne peut passer par là.
– Il ne s’agit pas de passer, mais de savoir ce qu’est devenu mon oncle.
– Les carreaux sont en verre dépoli, on ne voit rien à travers ...
– Il faut en casser un !... s’exclama Paulette.
– J’y ai songé, répondit naïvement Pierre, mais je n’ai pas osé prendre cela sur moi... Ce sont des carreaux qui valent au moins cinquante francs pièce...
– Il s’agit bien d’argent maintenant !...
– Alors, mademoiselle, on va casser le carreau...
Les Dauterive habitaient un de ces coquets hôtels qui donnent sur le parc Monceau. Cet hôtel, qui ne comportait que deux étages, appartenait à la famille depuis l’époque de Louis-Philippe et malgré le jeu des héritages, il n’avait jamais été vendu à des étrangers.
– En parcourant le jardin, vous n’avez rien remarqué ?
– Non, mademoiselle, rien du tout...
– Il y avait peut-être des traces ?...
– Nous sommes certains que non, mademoiselle... Le jardinier a ratissé les allées hier soir, et il n’y avait aucune empreinte sur le sable quand nous avons commencé nos recherches.
Un jardin assez vaste, remarquablement entretenu, séparait l’habitation du parc Monceau. Sans doute par crainte des voleurs, toutes les fenêtres du rez-de-chaussée étaient garnies de barreaux de fer auxquels Pierre venait de faire allusion ; ces barreaux étaient assez rapprochés pour que nul ne pût se glisser entre eux pas même un enfant.
Le valet aimait bien son maître, mais pas au point de se blesser pour lui. Il enroula un mouchoir autour de son poing, et brisa la vitre en verre diaphane.
Il jeta un coup d’œil inquiet dans la salle de bain.
– Oh ! mademoiselle... balbutia-t-il en pâlissant.
M. Dauterive, entièrement nu, gisait sur les carreaux, la face contre terre. La baignoire pleine d’eau indiquait que la défaillance l’avait surpris au moment où il allait entrer dans son bain.
– Mon oncle !... s’écria Paulette. Répondez, mon oncle !... je vous en supplie !...
Mais le corps de M. Dauterive resta inerte.
– Ah ! voici ! le serrurier... fit soudain Pierre. On va pouvoir secourir monsieur.
– Vite !.. qu’il ouvre la porte !... Vite !...
Le serrurier que ramenait Jean paraissait avoir conscience – un peu trop – de son importance. Il ne se hâtait guère et faisait cliqueter en marchant un gros trousseau de rossignols.
– Ah ! ah !... voilà l’objet ?... fit-il en fixant dédaigneusement la serrure.
– Dépêchez-vous, monsieur !... dit Paulette.
– Oui, mademoiselle... Vous êtes chez vous, n’est-ce pas ?... Vous avez bien le droit de faire ouvrir cette porte ?...
– Mais oui, monsieur !... Ouvrez donc !...
– On va faire le nécessaire !... promit l’homme de l’art.
Il secoua inutilement la porte, inspecta la serrure de plus près, puis indiqua solennellement ce que tout le monde savait :
– La clef est à l’intérieur !... Il faut d’abord s’en débarrasser...
Au moyen d’une petite pince à branches plates, il fit tourner la clef et la poussa. Ils l’entendirent tomber de l’autre côté.
Le serrurier cligna de la paupière :
– Ce n’était pas plus malin que ça, fit-il. Maintenant, c’est l’enfance de l’art !... Vous allez voir si ça va résister longtemps !...
En effet, à la première pesée du rossignol judicieusement choisi, le pêne céda. Malgré cela, la porte ne s’ouvrit point.
– Rien à faire !... conclut le serrurier. Il y a un verrou.
– Défoncez la porte !... supplia Paulette en sa tordant les mains. C’est affreux de ne pouvoir secourir mon on

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