Le cercle rouge
338 pages
Français

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Le cercle rouge , livre ebook

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Description

Maurice Leblanc (1864-1941)



"– Et tu vois, vieux Jim, prononça le gardien, en frappant sur l’épaule de l’homme, on a repeint les murs de ta cellule. Si tu les esquintes de nouveau, gare à toi ! Hein ! plus d’inscriptions. Sinon...


L’homme ne bougeait pas, juché sur un escabeau. Le gardien le regarda un instant, et, d’une voix plus douce, où il y avait de la pitié :


– Allons, tu es plus calme. Cela t’a réussi, l’isolement. Ah ! coquin ! c’est que tu nous en as fait voir avec tes crises ! C’est-il fini ? Tant mieux. À bientôt, vieux Jim !


L’homme resta seul dans sa cellule, au milieu de la lumière indécise qui glissait de deux lucarnes taillées en sifflet dans l’épaisseur du mur, au milieu du silence sépulcral que troublaient parfois des hurlements lointains.


Jim paraissait cinquante ans. Ses cheveux gris tombaient sur son front en longues mèches. Sous le vêtement rayé que portent les prisonniers aux États-Unis, il était maigre, mais d’une carrure d’athlète. Sa face, d’une pâleur pierreuse, aux grands traits lourds, était figée dans une expression hagarde.


Jim se leva et s’approcha de la grille qui servait de porte à la cellule. Entre ses mains puissantes, il en saisit les barreaux, et, un moment, apathiquement distraits, ses regards errèrent dans l’ombre du couloir, où le gardien s’était éloigné. Puis il se mit à marcher de long en large dans la cellule étroite.


L’allure était à la fois pesante et élastique, comme celle d’un grand fauve. Et, tout à coup, il s’arrêta, ainsi que la bête s’arrête, sous le choc d’une sensation : désir qui s’éveille, instinct qui cherche à s’assouvir."



A chaque fois qu'une étrange marque, un cercle rouge, apparaît sur sa main, Jim Barden ne peut réprimer ses instincts criminels. Cette malédiction, transmise de génération en génération, cessera-t-elle avec la mort de Jim et de son fils Bob ? C'est ce qu'espère le médecin légiste Max Lamar jusqu'au jour où il aperçoit un cercle rouge sur une main féminine...


Maurice Leblanc est le père du célèbre gentleman-cambrioleur Arsène Lupin.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782374635866
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le cercle rouge


Maurice Leblanc


Janvier 2020
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-586-6
Couverture pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 586
Prologue

1

– Et tu vois, vieux Jim, prononça le gardien, en frappant sur l’épaule de l’homme, on a repeint les murs de ta cellule. Si tu les esquintes de nouveau, gare à toi ! Hein ! plus d’inscriptions. Sinon...
L’homme ne bougeait pas, juché sur un escabeau. Le gardien le regarda un instant, et, d’une voix plus douce, où il y avait de la pitié :
– Allons, tu es plus calme. Cela t’a réussi, l’isolement. Ah ! coquin ! c’est que tu nous en as fait voir avec tes crises ! C’est-il fini ? Tant mieux. À bientôt, vieux Jim !
L’homme resta seul dans sa cellule, au milieu de la lumière indécise qui glissait de deux lucarnes taillées en sifflet dans l’épaisseur du mur, au milieu du silence sépulcral que troublaient parfois des hurlements lointains.
Jim paraissait cinquante ans. Ses cheveux gris tombaient sur son front en longues mèches. Sous le vêtement rayé que portent les prisonniers aux États-Unis, il était maigre, mais d’une carrure d’athlète. Sa face, d’une pâleur pierreuse, aux grands traits lourds, était figée dans une expression hagarde.
Jim se leva et s’approcha de la grille qui servait de porte à la cellule. Entre ses mains puissantes, il en saisit les barreaux, et, un moment, apathiquement distraits, ses regards errèrent dans l’ombre du couloir, où le gardien s’était éloigné. Puis il se mit à marcher de long en large dans la cellule étroite.
L’allure était à la fois pesante et élastique, comme celle d’un grand fauve. Et, tout à coup, il s’arrêta, ainsi que la bête s’arrête, sous le choc d’une sensation : désir qui s’éveille, instinct qui cherche à s’assouvir.
Ses yeux se fixèrent d’abord sur la muraille nue, à droite de la grille, et face aux lucarnes. Le plâtre en était recouvert d’une peinture brune, Presque noire, et toute neuve comme l’avait dit le gardien. Cela parut l’embarrasser. Ses doigts frémirent, impatients et crispés. Mais il y avait, dans l’encoignure, un petit placard d’angle où il rangeait son pain et sa cruche d’eau. Il l’ouvrit. À l’intérieur, la couche de plâtre était blanche, lisse et propre.
Alors Jim revint à son escabeau, qu’il empoigna et fit pirouetter. En dessous du siège, le bois s’était fendu. Il introduisit un de ses ongles dans cette fente et la suivit jusqu’à son extrémité. Quelque chose tomba, un morceau de mine de crayon, d’un rouge écarlate.
Tenant cette mine entre le pouce et l’index, il retourna vers le placard. Là, debout, le coude appuyé contre l’un des rayons, posément, avec une tension de tout l’être, qui durcissait son visage, il se mit à dessiner quelque chose sur le plâtre blanc.
Quand il eut fini, il recula un peu pour contempler son œuvre.
Il avait dessiné un cercle rouge.
Un cercle large environ comme un bracelet de femme, un cercle à peu près régulier dans son diamètre, mais inégal dans la ligne épaisse qui le formait, tantôt plus étroite et tantôt plus renflée ; un cercle de sang, eût-on dit. Jim le regarda longtemps, longtemps, avec des expressions diverses et rapides qui contractaient ses traits, expressions de fureur, de haine, de désespoir, de résignation farouche. Ses yeux s’emplissaient de ce rouge anneau insolite, de cette petite figure énigmatique qui semblait lui dire tant de choses terribles et douloureuses. Et, soudain, il parut souffrir à un tel point que, brusquement, il referma la porte du placard et s’en écarta.
Mais il n’avait pas fait quatre pas en arrière qu’il tressaillit, étouffant un cri de stupeur.
En face de lui, sur le mur, entre le placard et la grille, il y avait un cercle rouge.
Pas une seconde, il n’hésita et, si folle que fût l’idée qui assaillit son cerveau, il l’accepta aussitôt. Le cercle qu’il voyait, c’était celui-là même qu’il venait de dessiner.
En deux enjambées, il sauta jusqu’au placard : le premier cercle était là.
Mais alors, l’autre ?... l’autre qui jaillissait de la muraille nue ?
Il tourna la tête et regarda de côté, en tremblant, avec l’espérance de ne plus le voir et la certitude profonde de le voir encore.
Il le vit.
Il le vit. Ses regards s’y clouèrent ardemment. Le second cercle était l’image du premier... en même temps, il en différait... En quoi ?... En quoi ?... Même grandeur, même aspect, même éclat sanglant... et pourtant...
À pas sournois, Jim se glissa le long du mur, et, tout à coup, projeta sa main violemment.
Il le tenait ! Il l’avait écrasé comme on écrase une bête nuisible ! Il l’avait anéanti ! Quel soulagement !
Il écarta la main. Cette fois, il ne put retenir un cri rauque qui déchira sa gorge.
Le cercle rouge était plus loin, à trente centimètres de distance.
Et voilà que se produisit la chose du monde la plus effarante : le cercle rouge bougea de nouveau ! Il se mit à danser sur la muraille nue, allant et venant, disparaissant, reparaissant, bondissant.
Sous nos paupières closes, un point de lumière qui persiste danse ainsi souvent, s’enfle et diminue, devient un disque frissonnant, se transforme en un anneau de clarté, se multiplie, se divise en feux follets qui jouent dans le temple fermé de notre vision. De même, Jim voyait – mais devant ses yeux grands ouverts – toute une fantasmagorie de cercles rouges, de points lumineux, de taches de sang, de couronnes écarlates, de boules enflammées qui tourbillonnaient en une ronde éperdue.
Sa raison s’égara. Il s’abattit sur le mur, et de ses poings formidables il frappa sans relâche, forcené, tandis que, de sa gorge, jaillissaient des cris incohérents.
– Eh bien ! Jim, qu’est-ce qu’il y a ? Encore tes accès de rage ? C’était le gardien que le bruit avait attiré et qui regardait entre les barreaux.
Jim recula et, par un effort, se maîtrisa, non pas qu’il eût peur, mais il ne voulait pas que le gardien entrât et vît le cercle rouge sur la muraille.
Le gardien examina l’homme durant quelques instants. Des gouttes de sueur baignaient le visage et le cou de Jim. Cependant, il paraissait maintenant calme et maître de lui.
– C’est fini, n’est-ce pas ? Un peu de silence à présent ! dit le gardien, qui s’éloigna.
Jim n’avait plus bougé. De nouveau, il regardait la muraille.
Le cercle rouge n’était plus là.
En même temps, par un phénomène inconcevable, mais dont il ne pouvait mettre en doute un seul moment la réalité affreuse, il avait la sensation nette, irrécusable, que le cercle rouge traversait l’étoffe de son vêtement, s’imprimait dans son dos, pénétrait dans sa chair et la brûlait comme un fer chauffé à blanc.
Sensation diabolique ! Et, pourtant, comment la nier ?
C’était intolérable. D’un coup, Jim sauta de côté, livrant passage à cette chose inconnue qui le torturait, et la chose se rua sur le mur, comme projetée par une puissance indomptable.
Le cercle était là de nouveau.
Et puis, soudain, il disparut. Plus rien. La muraille vide.
Jim respira.
Mais il y eut, coup sur coup, deux apparitions, deux boules de lumière qui jaillirent du mur, encore une interruption, puis toute une série d’éclairs, séparés les uns des autres par des intervalles réguliers.
Machinalement, Jim les compta, ainsi que l’on compte les vibrations lumineuses d’un phare.
Il y en eut quinze.
Une autre interruption. Puis deux éclairs.
Jim attendit. Mais il ne se produisit plus rien et, au bout de quelques minutes, il put croire qu’il ne se produirait plus rien.
– Deux... Quinze... Deux... murmura-t-il, se rappelant les nombres respectifs des trois séries d’apparitions du cercle rouge.
Cela n’eut pour lui, tout d’abord, aucune signification, car il n’en cherchait point. Mais, après un instant, il eut cette idée, tout à fait inconsciente, d’ailleurs, de confronter chacun de ces nombres avec la lettre qui lui correspondait dans l’alphabet.
Il obtint un B, un O et un B.
Alors, il éprouva une surprise sans bornes. Réunies, ces trois lettres – il s’en rendit compte – formaient un mot, ou plutôt un nom : Bob.
Et Bob, c’était le nom de son fils.
L’émotion le fit chanceler, il dut s’asseoir sur l’escabeau. Mais son effroi m

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