La Vallée du désespoir
107 pages
Français

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La Vallée du désespoir , livre ebook

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Description

Martial Norbert, as de l'aviation pendant la première guerre mondiale, et fiancé de la belle Rosy, fille de l'ingénieur Wilcox, spécialiste des terrains miniers, part à la recherche de son futur beau-père disparu depuis trois ans alors qu'il était parti exploiter une concession minière. Cette concession englobe «la vallée du désespoir», nom donné par les indiens à une vallée d'accès très difficile, enchâssée par de très hautes montagnes, défendue par des zones désertiques et les rares aventuriers qui en sont revenus sont morts dans l'année. N'écoutant que son courage et sa bravoure, Martial s'y engage et ce qu'il va découvrir est littéralement surprenant...

Informations

Publié par
Date de parution 30 août 2011
Nombre de lectures 110
EAN13 9782820608222
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Vall e du d sespoir
Gustave Le Rouge
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0822-2
CHAPITRE PREMIER – UN DRAME AU DÉSERT
Il y avait un mois que Martial Norbert avait quitté Mexico, en compagnie d’un vieux métis indien, Chanito, qu’on lui avait recommandé pour sa probité et pour la parfaite connaissance qu’il avait des parties encore inexplorées de la Cordillère des Andes. Martial, d’ailleurs, n’avait eu qu’à se féliciter de son choix et il appréciait de plus en plus les qualités d’un pareil guide, depuis qu’ils avaient pénétré dans les régions désertiques de la Sonora, la terre sans eau, sans arbres et sans maître, qu’on a énergiquement appelée No man’s land, la terre hostile à l’homme.
Après une rude matinée de marche à travers une plaine de sable, où les deux mules pesamment chargées enfonçaient parfois jusqu’au poitrail, ils avaient fini par atteindre un ravin abrité, où, sur les bords d’un petit ruisseau, poussaient quelques saules, quelques euphorbes et de maigres palmiers.
Martial, accablé de fatigue, anéanti par une chaleur suffocante, était tombé dans un profond sommeil. Chanito, lui, veillait sur le repos de son maître, « le señor padrone », comme il l’appelait, en fumant d’un air profondément pensif des cigarettes de gros tabac noir, roulées dans une feuille de maïs en guise de papier. Sa face osseuse et couleur de brique, aux méplats fortement accentués, ses lèvres bleuâtres, ses pommettes saillantes, son nez à la fois aplati et busqué faisaient invinciblement songer à ces impassibles colosses gravés dans le roc par les Aztèques et les Chichimèques et que l’on retrouve dans les ruines de leurs temples.
Chanito était vêtu d’un vieux veston de cuir, d’un pantalon de toile bleue en loques et coiffé d’un feutre rongé par l’usure, mais orné d’un galon doré et de petites plaques d’argent, suivant l’ancienne mode mexicaine. Un léger bruit arracha tout à coup le métis à sa rêverie, il tressaillit, se leva et jeta un rapide coup d’œil autour de lui, des pics bleus de la sierra Madre qui bornaient l’horizon vers la droite, jusqu’aux vagues lointaines du Pacifique, derrière la mouvante bordure des dunes. Le bruit s’accentua, répercuté par les échos de la montagne, le bruit, familier à l’oreille du vieux coureur des bois, d’un pic d’acier sonnant sur le dur granit. Et, dans le mortel silence du désert endormi sous un soleil torride, le son paraissait tout proche.
– Un prospecteur… murmura Chanito, en se rasseyant tranquillisé, mais sans perdre de vue la vieille carabine placée à côté de lui.
Troublé dans sa sieste, Martial s’était réveillé et se frottait les yeux. Il allait parler, demander l’explication de ce bruit insolite, mais le métis mit un doigt sur ses lèvres, et lui fit comprendre qu’il ne fallait pas déceler leur présence.
– C’est un homme qui cherche de l’or, fit-il à voix basse.
– Il pourrait peut-être nous renseigner, répliqua le jeune homme.
Chanito secoua la tête.
– Je ne crois pas, murmura-t-il, les prospecteurs n’aiment pas qu’on se mêle de leurs affaires, surtout quand ils viennent de découvrir un gisement, ce qui est le cas…
Martial regarda avec précaution, en se cachant derrière les roseaux qui bordaient le ruisseau, dans la direction que lui indiquait son guide et aperçut à quarante mètres de là un grand gaillard à longue barbe brune d’assez mauvaise mine, qui, armé d’un pic, tapait de tout son cœur sur la roche quartzeuse. À cet endroit, la ravine s’élargissait brusquement, le ruisseau devenu plus important coulait entre deux hautes falaises… C’est sur une sorte de plate-forme située à mi-côte de cette falaise que le prospecteur s’était installé…
À côté de lui étaient éparpillés la pelle, le lourd marteau, les fleurets et les cartouches de dynamite, outillage habituel du moderne chercheur d’or, avec la battée classique, le plat de fer battu qui sert à laver les sables aurifères. Dix mètres plus bas, un âne pelé broutait mélancoliquement près du ruisseau.
À ce moment, une face basanée se montra entre deux fissures du roc, à quelques pas du prospecteur et regarda celui-ci avec une atroce expression de ruse et de basse cruauté. On eût dit un tigre prêt à bondir !
– Sainte Vierge ! murmura Chanito, en se signant dévotement, le pauvre chercheur d’or est perdu !
– Comment cela ? demanda Martial, profondément ému.
– L’homme qui le guette est un bandit, le fameux Bernardillo, connu de tous les habitants de la frontière, et même en Arizona, où il a commis je ne sais combien de meurtres. Son procédé n’a pas changé. Il suit pendant des jours et des jours un prospecteur et quand celui-ci a découvert un filon, il l’assassine et s’empare du produit de son travail.
– Il faudrait empêcher cela ! s’écria Martial avec indignation.
– Trop tard, « señor padrone »… Voyez !…
Le bandit, avec une souplesse et une lenteur toute féline, était sorti de sa cachette, tenant à la main une navaja à large lame. Il n’était plus qu’à deux pas du prospecteur, tout entier à son rude labeur.
La gorge serrée par l’angoisse, Martial assistait impuissant à ce drame atroce. Il eût voulut crier, mais sa voix s’étrangla dans son gosier paralysé par l’émotion. D’ailleurs, comme l’avait dit Chanito, il était trop tard.
Le prospecteur venait de déposer son pic, pour étancher la sueur qui ruisselait de son visage. C’est alors seulement qu’il aperçut Bernardillo, qui se ruait sur lui comme une bête fauve. La lame de la navaja décrivit une courbe étincelante comme un éclair, mais, à cet instant précis, le claquement sec d’une détonation fit retentir les échos de la sierra, et le bandit, frappé en plein cœur, dégringola tout sanglant du haut du rocher.
En se retournant, Martial aperçut Chanito qui, sa carabine encore fumante dans les mains, souriait d’un grave sourire.
– Je m’étais trompé. Il n’était tout de même pas trop tard, « señor padrone », fit-il sentencieusement. Voilà toujours un coquin de moins !
– Tu as bien fait, bégaya Martial, encore tout bouleversé, mais n’aurons-nous pas d’ennuis à cause de ce meurtre ?
Chanito eut un superbe haussement d’épaules.
– Bah ! dit-il, avec insouciance, au contraire ! J’aurais plutôt droit à une prime, car ce gredin de Bernardillo a été condamné à mort deux ou trois fois… Maintenant, allons voir le prospecteur, celui-là peut dire qu’il nous doit une fière chandelle !
L’homme était demeuré à la même place : en proie à la stupeur et au saisissement, à la suite du drame rapide dont il avait failli être victime et auquel il n’avait rien compris. À la vue de ceux qui l’avaient sauvé – il n’était pas encore tout à fait sûr que ce fût eux –, il porta la main au browning qu’il avait à la ceinture, avec un geste de méfiance.
– C’est vous qui avez tiré ? demanda-t-il.
– Oui, répondit Martial.
Il en resta là de sa phrase, tant il était surpris. Le prospecteur et lui se dévisageaient avec étonnement, mais sans nulle malveillance.
– Voyons, dit enfin Martial, c’est bien toi, Léon de Fontenac ?
– Oui, mon vieux, mais du diable si je t’aurais reconnu !
– Et toi, avec ta longue barbe !…
Les deux amis qui, pendant la guerre, avaient servi dans la même escadrille, s’embrassèrent avec effusion, à la grande stupeur de Chanito. Fontenac, le rude prospecteur, était très ému.
– Tu ne peux pas te figurer, murmura-t-il, avec quel plaisir on retrouve un vieux camarade comme toi, quand il y a six mois qu’on vit en plein désert ! Ah ! j’en ai des choses à te raconter !
– Que diable fais-tu ici ? Je te croyais riche.
– Je l’étais, répondit Fontenac d’un air détaché, seulement, j’ai le défaut d’être très dépensier !…
– Je comprends… tu as mangé ton patrimoine en faisant la fête ?
– C’est cela même. J’ai f

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