La Princesse de Clèves
68 pages
Français

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La Princesse de Clèves , livre ebook

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Description

Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de La Fayette, est née le 18 mars 1634 à Paris et morte le 25 mai 1693, est une femme de lettres française. Ses oeuvres les plus connues sont La Princesse de Montpensier, publié anonymement, et La Princesse de Clèves, qui inugure le roman d’analyse psychologique et a inspiré Honoré de Balzac, Raymond Radiguet ou encore Jean Cocteau.

Informations

Publié par
Date de parution 13 avril 2020
Nombre de lectures 30
EAN13 9782381580104
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0002€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Madame de La Fayette
La Princesse de Clèves
ISBN 9782381580104 © mars 2020 StoryLab é ditions 101 rue du faubourg Saint-Denis 75010 Paris www.storylab.fr
IMAGE DE COUVERTURE : Howard Catherine (Hollstein 137) Van Dyck, Antoine ou Anthonie ou Antoon , Auteur du modèle De Jode, Arnold , Aquafortiste Van den Enden, Martin , Editeur d’estampes Entre 1634 et 1636 Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris GDUT4371 CC0 Paris Musées / Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, Petit Palais


PREMIÈRE PARTIE
La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second. Ce prince étoit galant, bien fait et amoureux : quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avoit plus de vingt ans, elle n’en étoit pas moins violente et il n’en donnoit pas des témoignages moins éclatans.
Comme il réussissoit admirablement dans tous les exercices du corps, il en faisoit une de ses plus grandes occupations : c’étoient tous les jours des parties de chasse et de paume, des ballets, des courses de bague, ou de semblables divertissemens ; les couleurs et les chiffres de M me de Valentinois paroissoient partout, et elle paroissoit elle-même avec tous les ajustemens que pouvoit avoir M lle de La Marck, sa petite-fille, qui étoit alors à marier.
La présence de la reine autorisoit la sienne. Cette princesse étoit belle, quoiqu’elle eût passé la première jeunesse ; elle aimoit la grandeur, la magnificence et les plaisirs. Le roi l’avoit épousée lorsqu’il étoit encore duc d’Orléans et qu’il avoit pour aîné le dauphin, qui mourut à Tournon, prince que sa naissance et ses grandes qualités destinoient à remplir dignement la place du roi François I er , son père.
L’humeur ambitieuse de la reine lui faisoit trouver une grande douceur à régner : il sembloit qu’elle souffrît sans peine l’attachement du roi pour la duchesse de Valentinois, et elle n’en témoignoit aucune jalousie ; mais elle avoit une si profonde dissimulation qu’il étoit difficile de juger de ses sentimens ; et la politique l’obligeoit d’approcher cette duchesse de sa personne, afin d’en approcher aussi le roi. Ce prince aimoit le commerce des femmes, même de celles dont il n’étoit pas amoureux : il demeuroit tous les jours chez la reine à l’heure du cercle, où tout ce qu’il y avoit de plus beau et de mieux fait de l’un et de l’autre sexe ne manquoit pas de se trouver.
Jamais cour n’a eu tant de belles personnes et d’hommes admirablement bien faits ; et il sembloit que la nature eût pris plaisir à placer ce qu’elle donne de plus beau dans les plus grandes princesses et dans les plus grands princes. M me Élisabeth de France, qui fut depuis reine d’Espagne, commençoit à faire paroître un esprit surprenant et cette incomparable beauté qui lui a été si funeste. Marie Stuart, reine d’Écosse, qui venoit d’épouser M. le dauphin, et qu’on appeloit la reine dauphine, étoit une personne parfaite pour l’esprit et pour le corps : elle avoit été élevée à la cour de France ; elle en avoit pris toute la politesse, et elle étoit née avec tant de dispositions pour toutes les belles choses que, malgré sa grande jeunesse, elle les aimoit et s’y connoissoit mieux que personne. La reine, sa belle-mère, et Madame, sœur du roi, aimoient aussi les vers, la comédie et la musique : le goût que le roi François I er avoit eu pour la poésie et pour les lettres régnoit encore en France ; et le roi, son fils, aimant les exercices du corps, tous les plaisirs étoient à la cour. Mais ce qui rendoit cette cour belle et majestueuse étoit le nombre infini de princes et de grands seigneurs d’un mérite extraordinaire. Ceux que je vais nommer étoient, en des manières différentes, l’ornement et l’admiration de leur siècle.
Le roi de Navarre attiroit le respect de tout le monde par la grandeur de son rang et par celle qui paroissoit en sa personne. Il excelloit dans la guerre, et le duc de Guise lui donnoit une émulation qui l’avoit porté plusieurs fois à quitter sa place de général pour aller combattre auprès de lui, comme un simple soldat, dans les lieux les plus périlleux. Il est vrai aussi que ce duc avoit donné des marques d’une valeur si admirable et avoit eu de si heureux succès qu’il n’y avoit point de grand capitaine qui ne dût le regarder avec envie. Sa valeur étoit soutenue de toutes les autres grandes qualités : il avoit un esprit vaste et profond, une âme noble et élevée et une égale capacité pour la guerre et pour les affaires. Le cardinal de Lorraine, son frère, étoit né avec une ambition démesurée, avec un esprit vif et une éloquence admirable, et il avoit acquis une science profonde, dont il se servoit pour se rendre considérable en défendant la religion catholique qui commençoit d’être attaquée. Le chevalier de Guise, que l’on appela depuis le grand prieur, étoit un prince aimé de tout le monde, bien fait, plein d’esprit, plein d’adresse, et d’une valeur célèbre par toute l’Europe. Le prince de Condé, dans un petit corps peu favorisé de la nature, avoit une âme grande et hautaine, et un esprit qui le rendoit aimable aux yeux même des plus belles femmes. Le duc de Nevers, dont la vie étoit glorieuse par la guerre et par les grands emplois qu’il avoit eus, quoique dans un âge un peu avancé, faisoit les délices de la cour. Il avoit trois fils parfaitement bien faits : le second, qu’on appeloit le prince de Clèves, étoit digne de soutenir la gloire de son nom ; il étoit brave et magnifique, et il avoit une prudence qui ne se trouve guère avec la jeunesse. Le vidame de Chartres, descendu de cette ancienne maison de Vendôme dont les princes du sang n’ont point dédaigné de porter le nom, étoit également distingué dans la guerre et dans la galanterie. Il étoit beau, de bonne mine, vaillant, hardi, libéral : toutes ces bonnes qualités étoient vives et éclatantes ; enfin, il étoit seul digne d’être comparé au duc de Nemours, si quelqu’un lui eût pu être comparable ; mais ce prince étoit un chef-d’œuvre de la nature ; ce qu’il avoit de moins admirable étoit d’être l’homme du monde le mieux fait et le plus beau. Ce qui le mettoit au-dessus des autres étoit une valeur incomparable, et un agrément dans son esprit, dans son visage et dans ses actions, que l’on n’a jamais vu qu’à lui seul : il avoit un enjouement qui plaisoit également aux hommes et aux femmes, une adresse extraordinaire dans tous ses exercices, une manière de s’habiller qui étoit toujours suivie de tout le monde, sans pouvoir être imitée, et, enfin, un air dans toute sa personne qui faisoit qu’on ne pouvoit regarder que lui dans tous les lieux où il paroissoit. Il n’y avoit aucune dame, dans la cour, dont la gloire n’eût été flattée de le voir attaché à elle ; peu de celles à qui il s’étoit attaché se pouvoient vanter de lui avoir résisté ; et même plusieurs à qui il n’avoit point témoigné de passion n’avoient pas laissé d’en avoir pour lui. Il avoit tant de douceur et tant de disposition à la galanterie qu’il ne pouvoit refuser quelques soins à celles qui tâchoient de lui plaire : ainsi il avoit plusieurs maîtresses ; mais il étoit difficile de deviner celle qu’il aimoit véritablement. Il alloit souvent chez la reine dauphine : la beauté de cette princesse, sa douceur, le soin qu’elle avoit de plaire à tout le monde et l’estime particulière qu’elle témoignoit à ce prince, avoient souvent donné lieu de croire qu’il levoit les yeux jusqu’à elle. MM. de Guise, dont elle étoit nièce, avoient beaucoup augmenté leur crédit et leur considération par son mariage ; leur ambition les faisoit aspirer à s’égaler aux princes du sang et à partager le pouvoir du connétable de Montmorency. Le roi se reposoit sur lui de la plus grande partie du gouvernement des affaires, et traitoit le duc de Guise et le maréchal de Saint-André comme ses favoris ; mais ceux que la faveur ou les affaires approchoient de sa personne ne s’y pouvoient maintenir qu’en se soumettant à la duchesse de Valentinois ; et, quoiqu’elle n’eût plus de jeunesse ni de beauté, elle le gouvernoit avec un empire si absolu que l’on peut dire qu’elle étoit maîtresse de sa personne et de l’État.
Le roi avoit toujours aimé le connétable, et, sitôt qu’il avoit commencé à régner, il l’avoit rappelé de l’exil où le roi François I er l’avait envoyé. La cour étoit parta

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