La Guerre du Feu , livre ebook

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Après l’attaque meurtrière de leur camp, les survivants de la horde des Oulhamr fuient dans les ténèbres de la nuit. Le feu est mort, et avec lui le sentiment d’humanité. Mais l’espoir survit grâce au fils du Léopard, Naoh. Le jeune guerrier part reconquérir le feu. Il en va de l’avenir de la horde et de son amour pour la belle Gammla. Avec l’aide de ses deux compagnons, Nam et Gaw, il devra affronter ses concurrents au sein de la horde, les ennemis des Oulhamr et les dangers de la nature sauvage.


Cette magnifique aventure préhistorique plonge le lecteur émerveillé dans un univers neuf où les premiers hommes côtoient lions géants, aurochs et mammouths.


Parue en 1909 et portée à l’écran en 1981 par Jean-Jacques Annaud, La Guerre du Feu n’est pas seulement le roman le plus connu de J-H Rosny Aîné, récit fondateur de son cycle des Âges Farouches, mais aussi l’œuvre la plus marquante des romans préhistoriques francophones.


Cette édition vous offre également deux autres aventures formidables, au cœur d’un monde neuf et sauvage, à l’aube de l’humanité, qui complètent le cycle des Âges Farouches : le Félin Géant et Helgvor du Fleuve Bleu.

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Publié par

Date de parution

06 mars 2019

Nombre de lectures

1

EAN13

9782374536668

Langue

Français

Récits des Âges Farouches
LA GUERRE DU FEU LE FÉLIN GÉANT HELGVOR DU FLEUVE BLEU
J-H Rosny Aîné
Les classiques du 38
LA GUERRE DU FEU
Après l’attaque meurtrière de leur camp, les survivants de la horde des Oulhamr fuient dans les ténèbres de la nuit. Le feu est mort, et avec lui le sentiment d’humanité. Mais l’espoir survit grâce au fils du Léopard, Naoh. Le jeune guerrier part reconquérir le feu. Il en va de l’avenir de la horde et de son amour pour la belle Gammla. Avec l’aide de ses deux compagnons, Nam et Gaw, il devra affronter ses concurrents au sein de la horde, les ennemis des Oulhamr et les dangers de la nature sauvage.
Cette magnifique aventure préhistorique plonge le lecteur émerveillé dans un univers neuf où les premiers hommes côtoient lions géants, aurochs et mammouths.
Parue en 1909 et portée à l’écran en 1981 par Jean-Jacques Annaud, La Guerre du Feu n’est pas seulement le roman le plus connu de J-H Rosny Aîné, récit fondateur de son cycle des Âges Farouches, mais aussi l’œuvre la plus marquante des romans préhistoriques francophones.
Cette édition vous offre également deux autres aventures formidables, au cœur d’un monde neuf et sauvage, à l’aube de l’humanité, qui complètent le cycle des Âges Farouches : Le Félin Géant et Helgvor du Fleuve Bleu .
Première partie
Chapitre 1 La mort du Feu
Les Oulhamr fuyaient dans la nuit épouvantable. Fous de souffrance et de fatigue, tout leur semblait vain devant la calamité suprême : le Feu était mort. Ils l’élevaient dans trois cages, depuis l’origine de la horde ; quatre femmes et deux guerriers le nourrissaient nuit et jour.

Dans les temps les plus noirs, il recevait la substance qui le fait vivre ; à l’abri de la pluie, des tempêtes, de l’inondation, il avait franchi les fleuves et les marécages, sans cesser de bleuir au matin et de s’ensanglanter le soir. Sa face puissante éloignait le lion noir et le lion jaune, l’ours des cavernes et l’ours gris, le mammouth, le tigre et le léopard ; ses dents rouges protégeaient l’homme contre le vaste monde. Toute joie habitait près de lui. Il tirait des viandes une odeur savoureuse, durcissait la pointe des épieux, faisait éclater la pierre dure ; les membres lui soutiraient une douceur pleine de force ; il rassurait la horde dans les forêts tremblantes, sur la savane interminable, au fond des cavernes. C’était le Père, le Gardien, le Sauveur, plus farouche cependant, plus terrible que les mammouths, lorsqu’il fuyait de la cage et dévorait les arbres.

Il était mort ! L’ennemi avait détruit deux cages ; dans la troisième, pendant la fuite, on l’avait vu défaillir, pâlir et décroître. Si faible, il ne pouvait mordre aux herbes du marécage ; il palpitait comme une bête malade. À la fin, ce fut un insecte rougeâtre, que le vent meurtrissait à chaque souffle… Il s’était évanoui… Et les Oulhamr fuyaient, dépouillés, dans la nuit d’automne. Il n’y avait pas d’étoiles. Le ciel pesant touchait les eaux pesantes ; les plantes tendaient leurs fibres froides ; on entendait clapoter les reptiles ; des hommes, des femmes, des enfants s’engloutissaient, invisibles. Autant qu’ils le pouvaient, orientés par la voix des guides, les Oulhamr suivaient une ligne de terre plus haute et plus dure, tantôt à gué tantôt sur des îlots. Trois générations avaient connu cette route, mais il aurait fallu la lueur des astres. Vers l’aube, ils approchèrent de la savane.

Une lueur transie filtra parmi les nuages de craie et de schiste. Le vent tournoyait sur des eaux aussi grasses que du bitume ; les algues s’enflaient en pustules ; les sauriens engourdis roulaient parmi les nymphéas et les sagittaires. Un héron s’éleva sur un arbre de cendre et la savane apparut avec ses plantes grelottantes, sous une vapeur rousse, jusqu’au fond de l’étendue. Les hommes se dressèrent, moins recrus, et, franchissant les roseaux, ils furent dans les herbes, sur la terre forte.

Alors, la fièvre de mort tombée, beaucoup devinrent des bêtes inertes : ils coulèrent sur le sol, ils sombrèrent dans le repos. Les femmes résistaient mieux que les hommes ; celles qui avaient perdu leurs enfants dans le marécage hurlaient comme des louves ; toutes sentaient sinistrement la déchéance de la race et les lendemains lourds ; quelques-unes, ayant sauvé leurs petits, les élevaient vers les nuages.

Faouhm, dans la lumière neuve, dénombra sa tribu, à l’aide de ses doigts et de rameaux. Chaque rameau représentait les doigts des deux mains. Il dénombrait mal ; il vit cependant qu’il restait quatre rameaux de guerriers, plus de six rameaux de femmes, environ trois rameaux d’enfants, quelques vieillards.

Et le vieux Goûn, qui comptait mieux que tous les autres, dit qu’il ne demeurait pas un homme sur cinq, une femme sur trois et un enfant sur un rameau. Alors ceux qui veillaient sentirent l’immensité du désastre. Ils connurent que leur descendance était menacée dans sa source et que les forces du monde devenaient plus formidables : ils allaient rôder, chétifs et nus, sur la terre.

Malgré sa force, Faouhm désespéra. Il ne se fiait plus à sa stature ni à ses bras énormes ; sa grande face où s’aggloméraient des poils durs, ses yeux, jaunes comme ceux des léopards, montraient une lassitude écrasante ; il considérait les blessures que lui avaient faites la lance et la flèche ennemies ; il buvait par intervalles, à l’avant du bras, le sang qui coulait encore.

Comme tous les vaincus, il évoquait le moment où il avait failli vaincre. Les Oulhamr se précipitaient pour le carnage ; lui, Faouhm, crevait les têtes sous sa massue. On allait anéantir les hommes, enlever les femmes, tuer le Feu ennemi, chasser sur des savanes nouvelles et dans des forêts abondantes. Quel souffle avait passé ? Pourquoi les Oulhamr avaient-ils tournoyé dans l’épouvante ? Pourquoi est-ce leurs os qui craquèrent, leurs ventres qui vomirent les entrailles, leurs poitrines qui hurlèrent l’agonie, tandis que l’ennemi, envahissant le camp, renversait les Feux Sacrés ? Ainsi s’interrogeait l’âme de Faouhm, épaisse et lente. Elle s’acharnait sur ce souvenir, comme l’hyène sur sa carcasse. Elle ne voulait pas être déchue, elle ne sentait pas qu’elle eût moins d’énergie, de courage et de férocité.

La lumière s’éleva dans sa force. Elle roulait sur le marécage, fouillant les boues et séchant la savane. La joie du matin était en elle, la chair fraîche des plantes. L’eau parut plus légère, moins perfide et moins trouble. Elle agitait des faces argentines parmi les îles vert-de-grisées ; elle jetait de longs frissons de malachite et de perles, elle étalait des soufres pâles, des écaillures de mica, et son odeur était plus douce à travers les saules et les aulnes. Selon le jeu des adaptations et des circonstances, triomphaient les algues, étincelait le lis des étangs ou le nénuphar jaune, surgissaient les flambes d’eau, les euphorbes palustres, les lysimaques, les sagittaires, s’étalaient des golfes de renoncules à feuilles d’aconit, des méandres d’orpin velu, de linaigrettes, d’épilobes rosés, de cardamines amères, de rossolis, des jungles de roseaux et d’oseraies où pullulaient les poules d’eau, les chevaliers noirs, les sarcelles, les pluviers, les vanneaux aux reflets de jade, la lourde outarde ou la marouette aux longs doigts. Des hérons guettaient au bord des criques roussâtres ; des grues s’ébattaient en claquant sur un promontoire ; le brochet barbelé se ruait sur les tanches, et les dernières libellules filaient en traits de feu vert, en zigzags de lazulite.

Faouhm considérait sa tribu. Le désastre était sur elle comme une portée de reptiles : jaune de limon, écarlate de sang, verte d’algues, elle jetait une odeur de fièvre et de chair pourrie. Il y avait des hommes roulés sur eux-mêmes comme des pythons, d’autres allongés comme des sauriens et quelques-uns râlaient, saisis par la mort. Les blessures devenaient noires, hideuses au ventre, plus encore à la tête, où elles s’élargissaient de l’éponge rougie des cheveux. Presque tous devaient guérir, les plus atteints ayant succombé sur l’autre rive ou péri dans les eaux.

Faouhm, détachant ses yeux des dormeurs, examina ceux qui ressentaient plus amèrement la défaite que la lassitude. Beaucoup témoignaient de la belle structure des Oulhamr. C’étaient de lourds visages, des crânes bas, des mâchoires violentes. Leur peau était fauve, non noire ; presque tous produisaient des torses et des membres velus. La subtilité de leurs sens s’étendait à l’odorat, qui luttait avec celui des bêtes. Ils avaient des yeux grands, souvent féroces, parfois hagards, dont la beauté se révélait vive chez les enfants et chez quelques jeunes filles. Quoique leur type les rapprochât de nos races inférieures, toute comparaison serait illusoire. Les tribus paléolithiques vivaient dans une atmosphère profonde ; leur chair recelait une jeunesse qui ne reviendra plus, fleur d’une vie dont nous imaginons imparfaitement l’énergie et la véhémence.

Faouhm leva les bras vers le soleil, avec un long hurlement :

– Que feront les Oulhamr sans le Feu ? cria-il. Comment vivront-ils sur la savane et la forêt ? Qui les défendra contre les ténèbres et le vent d’hiver ? Ils devront manger la chair crue et la plante amère ; ils ne réchaufferont plus leurs membres ; la pointe de l’épieu demeurera molle. Le lion, la bête-aux-dents-déchirantes, l’ours, le tigre, la grande hyène les dévoreront vivants dans la nuit. Qui ressaisira le Feu ? Celui-là sera le frère de Faouhm ; il aura trois parts de chasse, quatre parts de butin ; il recevra en partage Gammla, fille de ma sœur, et, si je meurs, il prendra le bâton de commandement.

Alors Naoh, fils du Léopard, se leva et dit :

– Qu’on me donne deux guerriers aux jambes rapides et j’irai prendre le Feu chez les fils du Mammouth ou chez les Dévoreurs-d’Hommes, qui chassent aux bords du Double-Fleuve.

Faouhm ne lui jeta pas un regard favorable. Naoh était, par la stature, le plus grand des Oulhamr. Ses épaules croissaient encore

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