La guerre des boutons
163 pages
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La guerre des boutons , livre ebook

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Description

La Guerre des Boutons, c’est bien-sûr l’histoire des enfants de Longeverne, Lebrac et son armée, et ceux de Velrans, la troupe de l’Aztec des Gués, qui se livrent une guerre sans merci, à coups de bâtons, de cailloux et surtout de coups de pieds et de poings.


La Guerre des Boutons, c’est aussi une kyrielle de répliques devenues cultes, telles que :


« Les avis c'est comme les trous du cul, chacun le sien ! »


La Guerre des Boutons, c’est un langage fleuri, argotique et drôle.


Mais derrière tout cela, il y a la poésie, la description de la campagne et aussi une extraordinaire maîtrise de la langue française.


Il y a bien sûr ces deux bandes d'enfants mais l’histoire montre avant tout l'enfant confronté à la trilogie dont il doit se défaire : l'école, l'église et la famille.


Et l’on comprend mieux, après l’avoir lu, pourquoi à sa sortie, en 1912, il a tant fait parler de lui !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 mai 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374539546
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PRÉSENTATION
La Guerre des Boutons , c’est bien-sûr l’histoire des enfants de Longeverne, Lebrac et son armée, et ceux de Velrans, la troupe de l’Aztec des Gués, qui se livrent une guerre sans merci, à coups de bâtons, de cailloux et surtout de coups de pieds et de poings.
La Guerre des Boutons , c’est aussi une kyrielle de répliques devenues cultes, telles que :
« Les avis c'est comme les trous du cul, chacun le sien ! »
La Guerre des Boutons , c’est un langage fleuri, argotique et drôle.
Mais derrière tout cela, il y a la poésie, la description de la campagne et aussi une extraordinaire maîtrise de la langue française.
Il y a bien sûr ces deux bandes d'enfants mais l’histoire montre avant tout l'enfant confronté à la trilogie dont il doit se défaire : l'école, l'église et la famille.
Et l’on comprend mieux, après l’avoir lu, pourquoi à sa sortie, en 1912, il a tant fait parlé de lui !
La Guerre des Boutons
Louis Pergaud
Les classiques du 38
 
À mon ami Edmond Rocher.
 
Cy n’entrez pas, hypocrites, bigotz, Vieulx matagots, marmiteux borsouflez…
 
FRANÇOIS RABELAIS.
 
Préface
 
Tel qui s’esjouit à lire Rabelais, ce grand et vrai génie français, accueillera, je crois, avec plaisir, ce livre qui, malgré son titre, ne s’adresse ni aux petits enfants, ni aux jeunes pucelles.
 
Foin des pudeurs (toutes verbales) d’un temps châtré qui, sous leur hypocrite manteau, ne fleurent trop souvent que la névrose et le poison ! Et foin aussi des purs latins : je suis un Celte.
 
C’est pourquoi j’ai voulu faire un livre sain, qui fût à la fois gaulois, épique et rabelaisien, un livre où coulât la sève, la vie, l’enthousiasme, et ce rire, ce grand rire joyeux qui devait secouer les tripes de nos pères : beuveurs très illustres ou goutteux très précieux.
 
Aussi n’ai-je point craint l’expression crue, à condition qu’elle fût savoureuse, ni le geste leste, pourvu qu’il fût épique.
 
J’ai voulu restituer un instant de ma vie d’enfant, de notre vie enthousiaste et brutale de vigoureux sauvageons dans ce qu’elle eut de franc et d’héroïque, c’est-à-dire libérée des hypocrisies de la famille et de l’école.
 
On conçoit qu’il eût été impossible, pour un tel sujet, de s’en tenir au seul vocabulaire de Racine.
 
Le souci de la sincérité serait mon prétexte, si je voulais me faire pardonner les mots hardis et les expressions violemment colorées de mes héros. Mais personne n’est obligé de me lire. Et après cette préface et l’épigraphe de Rabelais adornant la couverture, je ne reconnais à nul caïman, laïque ou religieux, en mal de morales plus ou moins dégoûtantes, le droit de se plaindre.
 
Au demeurant, et c’est ma meilleure excuse, j’ai conçu ce livre dans la joie, je l’ai écrit avec volupté, il a amusé quelques amis et fait rire mon éditeur 1   : j’ai le droit d’espérer qu’il plaira aux « hommes de bonne volonté » selon l’évangile de Jésus et pour ce qui est du reste, comme dit Lebrac, un de mes héros, je m’en fous.
 
L. P.
 
Livre I LA GUERRE
 
La déclaration de guerre.
 
Quant à la guerre… il est plaisant à considérer par combien de vaines occasions elle est agitée et par combien légères occasions éteinte : toute l’Asie se perdit et se consomma en guerre pour le maquerelage de Paris.
 
Montaigne ( Livre second, ch. XII).
 
– Attends-moi, Grangibus ! héla Boulot, ses livres et ses cahiers sous le bras.
– Grouille-toi, alors, j’ai pas le temps de cotainer 2 , moi !
– Y a du neuf ?
– Ça se pourrait !
– Quoi ?
– Viens toujours !
Et Boulot ayant rejoint les deux Gibus, ses camarades de classe, tous trois continuèrent à marcher côte à côte dans la direction de la maison commune. C’était un matin d’octobre. Un ciel tourmenté de gros nuages gris limitait l’horizon aux collines prochaines et rendait la campagne mélancolique. Les pruniers étaient nus, les pommiers étaient jaunes, les feuilles de noyer tombaient en une sorte de vol plané, large et lent d’abord, qui s’accentuait d’un seul coup comme un plongeon d’épervier, dès que l’angle de chute devenait moins obtus. L’air était humide et tiède. Des ondes de vent couraient par intervalles. Le ronflement monotone des batteuses donnait sa note sourde qui se prolongeait de temps à autre, quand la gerbe était dévorée, en une plainte lugubre comme un sanglot désespéré d’agonie ou un vagissement douloureux.
L’été venait de finir et l’automne naissait.
Il pouvait être huit heures du matin. Le soleil rôdait triste derrière les nues, et de l’angoisse, une angoisse imprécise et vague, pesait sur le village et sur la campagne.
Les travaux des champs étaient achevés et, un à un ou par petits groupes, depuis deux ou trois semaines, on voyait revenir à l’école les petits bergers à la peau tannée, bronzée de soleil, aux cheveux drus coupés ras à la tondeuse (la même qui servait pour les bœufs), aux pantalons de droguet ou de mouliné rapiécés, surchargés de « pattins » aux genoux et au fond ; mais propres, aux blouses de grisette neuves, raides, qui, en déteignant, leur faisaient, les premiers jours, les mains noires comme des pattes de crapauds, disaient-ils.
Ce jour-là, ils traînaient le long des chemins et leurs pas semblaient alourdis de toute la mélancolie du temps, de la saison et du paysage.
Quelques-uns cependant, les grands, étaient déjà dans la cour de l’école et discutaient avec animation. Le père Simon, le maître, sa calotte en arrière et ses lunettes sur le front, dominant les yeux, était installé devant la porte qui donnait sur la rue. Il surveillait l’entrée, gourmandait les traînards, et, au fur et à mesure de leur arrivée, les petits garçons, soulevant leur casquette, passaient devant lui, traversaient le couloir et se répandaient dans la cour.
Les deux Gibus du Vernois et Boulot, qui les avait rejoints en cours de route, n’avaient pas l’air d’être imprégnés de cette mélancolie douce qui rendait traînassants les pas de leurs camarades.
Ils avaient au moins cinq minutes d’avance sur les autres jours, et le père Simon, en les voyant arriver, tira précipitamment sa montre qu’il porta ensuite à son oreille pour s’assurer qu’elle marchait bien et qu’il n’avait point laissé passer l’heure réglementaire.
Les trois compaings entrèrent vite, l’air préoccupé, et immédiatement gagnèrent, derrière les cabinets, le carré en retrait abrité par la maison du père Gugu (Auguste), le voisin, où ils retrouvèrent la plupart des grands qui les y avaient précédés.
Il y avait là Lebrac, le chef, qu’on appelait encore le grand Braque ; son premier lieutenant Camu, ou Camus, le fin grimpeur ainsi nommé parce qu’il n’avait pas son pareil pour dénicher les bouvreuils et que, là-bas, les bouvreuils s’appellent des camus ; il y avait Gambette de sur la Côte dont le père, républicain de vieille souche, fils lui-même de quarante-huitard, avait défendu Gambetta aux heures pénibles ; il y avait La Crique, qui savait tout, et Tintin, et Guignard le bigle, qui se tournait de côté pour vous voir de face, et Tétas ou Tétard, au crâne massif, bref les plus forts du village, qui discutaient une affaire sérieuse.
L’arrivée des deux Gibus et de Boulot n’interrompit pas la discussion ; les nouveaux venus étaient apparemment au courant de l’affaire, une vieille affaire à coup sûr, et ils se mêlèrent immédiatement à la conversation en apportant des faits et des arguments capitaux.
On se tut.
L’aîné des Gibus, qu’on appelait par contraction Grangibus pour le distinguer du P’tit Gibus ou Tigibus son cadet, parla ainsi :
– Voilà ! Quand nous sommes arrivés, mon frère et moi, au contour des Menelots, les Velrans se sont dressés tout d’un coup près de la marnière à Jean-Baptiste. Ils se sont mis à gueuler comme des veaux, à nous foutre des pierres et à nous montrer des triques. Ils nous ont traités de cons, d’andouilles, de voleurs, de cochons, de pourris, de crevés, de merdeux, de couilles molles, de…
– De couilles molles, reprit Lebrac, le front plissé, et qu’est-ce que tu leur z’y as redit là-dessus ?
– Là-dessus on « s’a ensauvé », mon frère et moi, puisque nous n’étions pas en nombre, tandis qu’eusses, ils étaient au moins tienze 3 et qu’ils nous auraient sûrement foutu la pile.
– Ils vous ont traités de couilles molles ! scanda le gros Camus, visiblement choqué, blessé et furieux de cette appellation qui les atteignait tous, car les deux Gibus, c’était sûr, n’avaient été attaqués et insultés que parce qu’ils appartenaient à la commune et à l’école de Longeverne.
– Voilà, reprit Grangibus, je vous dis maintenant, moi, que si nous ne sommes pas des andouilles, des jeanfoutres et des lâches, on leur z’y fera voir si on en est des couilles molles.
– D’abord, qu’est-ce que c’est t’y que ça, des couilles molles ? fit Tintin.
La Crique réfléchissait.
 
– Couille molle !… Des couilles, on sait bien ce que c’est, pardine, puisque tout le monde en a, même le Miraut de Lisée, et qu’elles ressemblent à des marrons sans bogue, mais couille molle !… couille molle !…
– Sûrement que ça veut dire qu’on est des pas grand-chose, coupa Tigibus, puisque hier soir, en rigolant avec Narcisse, not’meunier, je l’ai appelé couille molle comme ça, pour voir, et mon père, que j’avais pas vu et qui passait justement, sans rien me dire, m’a foutu aussitôt une bonne paire de claques. Alors…
L’argument était péremptoire et chacun le sentit.
– Alors, bon Dieu ! Il n’y a pas à rebeuiller 4 plus longtemps, il n’y a qu’à se venger, na ! conclut Lebrac.
– C’est t’y vot’idée, vous autres ?
– Foutez le camp de là, hein, les chie-en-lit, fit Boulot aux petits qui s’approchaient pour écouter.
Ils approuvèrent le grand Lebrac à l’unanimité, comme on disait. À ce moment le père Simon apparut dans l’encadrement de la porte pour frapper dans ses mains et donner ainsi le signal de l’entrée en classe. Tous, dès qu’ils le virent, se précipitèrent avec impétuosité vers les cabinets, car on remettait toujours à la dernière minute le soin de vaquer aux besoins hygiéniques réglementaires et naturels.
Et les

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