La chasse au météore
322 pages
Français

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La chasse au météore , livre ebook

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Description

Jules Verne (1828-1905)



"Il n’y a aucun motif pour cacher aux lecteurs que la ville dans laquelle commence cette histoire singulière est située en Virginie, États-Unis d’Amérique. S’ils le veulent bien, nous appellerons cette ville Whaston, et nous la placerons dans le district oriental, sur la rive droite du Potomac ; mais il nous paraît inutile de préciser davantage les coordonnées de cette cité, que l’on chercherait inutilement, même sur les meilleures cartes de l’Union.


Cette année-là, le 12 mars, dans la matinée, ceux des habitants de Whaston qui traversèrent Exeter street au moment convenable purent apercevoir un élégant cavalier monter et descendre la rue, qui est en forte pente, au petit pas de son cheval, puis finalement s’arrêter sur la place de la Constitution, à peu près au centre de la ville.


Ce cavalier, de pur type yankee, type qui n’est point exempt d’une originale distinction, ne devait pas avoir plus de trente ans. Il était d’une taille au-dessus de la moyenne, de belle et robuste complexion, de figure régulière, brun par les cheveux et châtain par la barbe dont la pointe allongeait son visage aux lèvres soigneusement rasées. Un ample manteau le recouvrait jusqu’aux jambes et s’arrondissait sur la croupe du cheval. Il maniait sa monture assez fringante avec autant d’adresse que de fermeté. Tout, dans son attitude, indiquait l’homme d’action, l’homme résolu et aussi l’homme de premier mouvement. Il ne devait jamais osciller entre le désir et la crainte, ce qui est le fait d’un caractère hésitant. Enfin, un observateur eût constaté que son impatience naturelle ne se dissimulait qu’imparfaitement sous une apparence de froideur.


Pourquoi ce cavalier était-il céans dans une ville où nul ne le connaissait, où nul ne l’avait jamais vu ?... Se bornait-il à la traverser, ou comptait-il y rester quelque temps ?..."



A Whaston (Virginie), Dean Forsyth et Sidney Hudelson, deux astronomes ex-amis, se disputent la "paternité" d'une météore apparue dans le ciel. Qu'en pensent Francis, neveu du premier, et Loo, fille du second : Leur projet de mariage ne va-t-il pas tomber à l'eau à cause de ce "bolide"?


Roman remanié par Michel Verne, fils de l'auteur.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374636702
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La chasse au météore


Jules Verne


Mai 2020
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-37463-670-2
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 670
I
Dans lequel le juge John Proth remplit un des plus agréables devoirs de sa charge avant de retourner à son jardin

Il n’y a aucun motif pour cacher aux lecteurs que la ville dans laquelle commence cette histoire singulière est située en Virginie, États-Unis d’Amérique. S’ils le veulent bien, nous appellerons cette ville Whaston, et nous la placerons dans le district oriental, sur la rive droite du Potomac ; mais il nous paraît inutile de préciser davantage les coordonnées de cette cité, que l’on chercherait inutilement, même sur les meilleures cartes de l’Union.
Cette année-là, le 12 mars, dans la matinée, ceux des habitants de Whaston qui traversèrent Exeter street au moment convenable purent apercevoir un élégant cavalier monter et descendre la rue, qui est en forte pente, au petit pas de son cheval, puis finalement s’arrêter sur la place de la Constitution, à peu près au centre de la ville.
Ce cavalier, de pur type yankee, type qui n’est point exempt d’une originale distinction, ne devait pas avoir plus de trente ans. Il était d’une taille au-dessus de la moyenne, de belle et robuste complexion, de figure régulière, brun par les cheveux et châtain par la barbe dont la pointe allongeait son visage aux lèvres soigneusement rasées. Un ample manteau le recouvrait jusqu’aux jambes et s’arrondissait sur la croupe du cheval. Il maniait sa monture assez fringante avec autant d’adresse que de fermeté. Tout, dans son attitude, indiquait l’homme d’action, l’homme résolu et aussi l’homme de premier mouvement. Il ne devait jamais osciller entre le désir et la crainte, ce qui est le fait d’un caractère hésitant. Enfin, un observateur eût constaté que son impatience naturelle ne se dissimulait qu’imparfaitement sous une apparence de froideur.
Pourquoi ce cavalier était-il céans dans une ville où nul ne le connaissait, où nul ne l’avait jamais vu ?... Se bornait-il à la traverser, ou comptait-il y rester quelque temps ?... Pour trouver un hôtel, il n’aurait eu, dans ce dernier cas, que l’embarras du choix. On peut citer Whaston sous ce rapport. En aucun autre centre des États-Unis ou d’ailleurs, voyageur ne rencontrerait meilleur accueil, meilleur service, meilleure table, confort aussi complet à des prix aussi modérés. Il est vraiment déplorable que les cartes indiquent avec tant d’imprécision une ville pourvue de tels avantages.
Non, cet étranger ne semblait point en disposition de séjourner à Whaston, et les engageants sourires des hôteliers n’auraient sans doute aucune prise sur lui. L’air absorbé, indifférent à ce qui l’entourait, il suivait la chaussée qui dessine la périphérie de la place de la Constitution, dont un vaste terre-plein occupe le centre, sans même soupçonner qu’il excitât la curiosité publique.
Et Dieu sait pourtant si elle était excitée, la curiosité publique ! Depuis que le cavalier était apparu, patrons et gens de service échangeaient, sur le pas des portes, ces propos ou d’autres analogues :
« Par où est-il arrivé ?
– Par Exeter street.
– Et d’où venait-il ?
– Il est entré, à ce qu’on dit, par le faubourg de Wilcox.
– Voilà bien une demi-heure que son cheval fait le tour de la place.
– C’est qu’il attend quelqu’un.
– Probable. Et même avec une certaine impatience.
– Il ne cesse de regarder du côté d’Exeter street.
– C’est par là qu’on arrivera.
– Qui ça, « on » ?... Il ou elle ?
– Eh ! eh !... il a ma foi bonne tournure !...
– Un rendez-vous alors ?
– Oui, un rendez-vous... mais non dans le sens où vous l’entendez.
– Qu’en savez-vous ?
– Voilà trois fois que cet étranger s’arrête devant la porte de Mr John Proth...
– Or, comme Mr John Proth est juge à Whaston...
– C’est que ce personnage a quelque procès...
– Et que son adversaire est en retard.
– Vous avez raison.
– Bon ! le juge Proth les aura conciliés et réconciliés en un tour de main !
– C’est un habile homme.
– Et un brave homme aussi. »
En vérité, il était possible que ce fût là le vrai motif de la présence de ce cavalier à Whaston. En effet, à plusieurs reprises, il avait fait halte, sans mettre pied à terre, devant la maison de Mr John Proth. Il en regardait la porte, il en regardait les fenêtres, puis il restait immobile, comme s’il eût attendu que quelqu’un parût sur le seuil, jusqu’au moment où son cheval, qui piaffait d’impatience, le contraignait à repartir.
Or, comme il s’arrêtait là une fois de plus, voici que la porte s’ouvrit toute grande, et qu’un homme se montra sur le palier du petit perron donnant accès au trottoir.
À peine l’étranger eut-il aperçu cet homme :
« Mr John Proth, je suppose ?... dit-il en soulevant son chapeau.
– Lui-même, répondit le juge.
– Une simple question qui n’exigera qu’un oui ou un non de votre part.
– Faites, monsieur.
– Quelqu’un serait-il déjà venu, ce matin, vous demander Mr Seth Stanfort ?
– Pas que je sache.
– Merci. »
Ce mot prononcé, son chapeau soulevé une seconde fois, le cavalier rendit la main et remonta au petit trot Exeter street.
Maintenant – ce fut l’avis général – il n’y avait plus à douter que cet inconnu eût affaire à Mr John Proth. À la manière dont il venait de formuler sa question, il était lui-même Seth Stanfort, présent le premier à un rendez-vous convenu. Mais un autre problème tout aussi palpitant se posait. L’heure dudit rendez-vous était-elle passée, et le cavalier inconnu allait-il quitter la ville pour n’y plus revenir ?
On le croira sans difficulté, puisque nous sommes en Amérique, c’est-à-dire chez le peuple le plus parieur qui soit en ce bas monde, des paris s’établirent touchant le retour prochain ou le départ définitif de l’étranger. Quelques enjeux d’un demi-dollar, ou même de cinq ou six cents, entre le personnel des hôtels et les curieux arrêtés sur la place, pas davantage, mais enfin enjeux qui seraient bel et bien payés par les perdants, et encaissés par les gagnants, tous gens des plus honorables.
Quant au juge John Proth, il s’était borné à suivre des yeux le cavalier qui remontait vers le faubourg de Wilcox. C’était un philosophe, le juge John Proth, un sage magistrat, qui ne comptait pas moins de cinquante ans de sagesse et de philosophie, bien qu’il ne fût âgé que d’un demi-siècle, – façon de dire qu’en venant au monde, il était déjà philosophe et sage. Ajoutez à cela que, en sa qualité de célibataire, – preuve incontestable de sagesse, – il n’avait jamais eu sa vie troublée par aucun souci, ce qui, on en conviendra, facilite grandement la pratique de la philosophie. Né à Whaston, il n’avait, même en sa première jeunesse, que peu ou pas quitté Whaston, et il était aussi considéré qu’aimé de ses justiciables qui le savaient dépourvu de toute ambition.
Un sens droit le guidait. Il se montrait toujours indulgent aux faiblesses et parfois aux fautes d’autrui. Arranger les affaires évoquées devant lui, renvoyer réconciliés les adversaires qui se présentaient à son modeste tribunal, arrondir les angles, huiler les rouages, adoucir les heurts inhérents à tout ordre social, si perfectionné qu’il puisse être, c’est ainsi qu’il comprenait sa mission.
John Proth jouissait d’une certaine aisance. S’il remplissait ces fonctions de juge, c’était par goût, et il ne songeait point à monter à de plus hautes juridictions. Il aimait la tranquillité pour lui et pour les autres. Il considérait les hommes comme des voisins d’existence avec lesquels on a tout intérêt à vivre en bons termes. Il se levait tôt et se couchait tôt. S’il lisait quelques auteurs favoris de l’Ancien et du Nouveau Monde, il se contentait d’un brave et honnête journal de la ville, le Whaston News, où les annonces tenaient plus de place que la politique. Chaque jour, une promenade d’une heure ou deux, pendant laquelle les chapeaux s’usaient à le saluer, ce qui l’obligeait pour son compte à renouveler le sien tous les trois mois. En dehor

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