La Belle Rivière
672 pages
Français

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La Belle Rivière , livre ebook

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Description

Gustave Aimard (1818-1883)



"Peu de personnes le savent.


Sous Louis XIV et sous Louis XV, la plus grande partie de l’Amérique du Nord appartenait à la France.


Dans ces possessions se trouvait le vaste territoire connu aujourd’hui sous la dénomination de Canada, jadis nommé : Nouvelle-France.


De nos mains, cette terre si riche passa dans celles des Anglais.


L’Angleterre en possède actuellement une minime partie qui constitue une de ses plus riches colonies.


Que si l’on cherche une cause sérieuse à cet abandon inintelligent, on n’en trouve pas.


Des flots de sang ont été versés.


Tant d’hommes illustres s’étaient voués à la colonisation de cette succursale de la mère patrie !


On se croyait près d’arriver à un résultat glorieux et fécond.


L’indifférence coupable du gouvernement, l’odieuse jonglerie des Mississipiens, le mot mi-spirituel et antipatriotique de Voltaire, mot qui fut pris à la lettre par le peuple le plus léger de la terre, anéantirent le fruit de si héroïques efforts, de si longs travaux.


Ce fut une grande perte pour la France."



Nouvelle-France, 1754. Les relations entre les Français et les Anglais sont très tendues. Coulon de Jumonville, alors qu'il se dirige en mission diplomatique vers les Anglais, est attaqué par la milice dirigée par Washington. De Jumonville et ses hommes sont tués...

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Informations

Publié par
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EAN13 9782384420346
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0019€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

La Belle Rivière


Gustave Aimard


Février 2022
Stéphane le Mat
La Gibecière à Mots
ISBN : 978-2-38442-034-6
Couverture : pastel de STEPH'
lagibeciereamots@sfr.fr
N° 1032
Première partie
Le Fort Duquesne
I
Le comte de Jumonville

Peu de personnes le savent.
Sous Louis XIV et sous Louis XV, la plus grande partie de l’Amérique du Nord appartenait à la France.
Dans ces possessions se trouvait le vaste territoire connu aujourd’hui sous la dénomination de Canada , jadis nommé : Nouvelle-France.
De nos mains, cette terre si riche passa dans celles des Anglais.
L’Angleterre en possède actuellement une minime partie qui constitue une de ses plus riches colonies.
Que si l’on cherche une cause sérieuse à cet abandon inintelligent, on n’en trouve pas.
Des flots de sang ont été versés.
Tant d’hommes illustres s’étaient voués à la colonisation de cette succursale de la mère patrie !
On se croyait près d’arriver à un résultat glorieux et fécond.
L’indifférence coupable du gouvernement, l’odieuse jonglerie des Mississipiens, le mot mi-spirituel et antipatriotique de Voltaire, mot qui fut pris à la lettre par le peuple le plus léger de la terre, anéantirent le fruit de si héroïques efforts, de si longs travaux.
Ce fut une grande perte pour la France.
On se représente encore maintenant le Canada comme un pays de médiocre étendue, stérile, au climat rigoureux, inclément, mortel pour les Européens.
On voit toujours ces immenses étendues de terrains, enfouies sous des neiges éternelles, parcourues par des bêtes fauves ou de féroces Indiens.
Erreur qui nous a coûté cher.
En deux mots, voici la vérité :
À l’époque où nous étions les maîtres, la Nouvelle-France formait un triangle dont la base se trouvait au nord de la baie d’Hudson et le sommet dans le golfe du Mexique, au sud de la Nouvelle-Orléans.
Or, chaque côté de ce triangle mesure au moins 3500 kilomètres et la superficie totale en est d’environ 1.200.000 kilomètres carrés, superficie onze fois plus considérable que celle de la France actuelle.
Le Canada seul compte vingt-cinq mille habitants.
Il en pourrait contenir le sextuple.
C’est, sans contredit, le pays le plus industrieux et le plus commerçant de l’Amérique du Nord.
Tels sont les quelques arpents de neige qui, au dire du philosophe de Ferney, ne valaient ni le sang ni l’argent qu’ils coûtaient à la France .
Nous n’insisterons pas davantage sur des considérations attristantes, qui sortent du cadre de notre récit.
À l’époque où commence cette histoire, la guerre menaçait de nouveau en Amérique entre les Anglais et les Français.
La faute n’en était point à nos représentants.
Cette guerre inique était faite, du côté des Anglais, avec une barbarie incroyable et un mépris cynique de tout droit des gens.
Ils l’entreprenaient, le plus souvent, sans déclaration préalable, sans même se donner la peine de chercher un prétexte futile.
Rien ne lavera jamais de cette tache leur réputation politique. C’est un reproche juste et infamant qu’on pourra constamment jeter en pleine face à leur honneur militaire.
Le 27 mai 1754, vers six heures du soir, une troupe de trente-quatre hommes, commandée par un officier, déboucha dans une vaste clairière.
Cette clairière était située au centre de l’une de ces immenses forêts qui couvraient alors les rives de l’Ohio, nommé par les nôtres Belle Rivière , et qui s’étendaient jusqu’aux frontières de la Virginie, possédée par l’Angleterre.
La troupe en question venait de faire une marche longue et fatigante à travers les sentiers presque impraticables de la forêt.
Bien que les hommes qui la composaient fussent pour la plupart des guerriers indiens, rompus, dès l’enfance, à toutes les privations de la vie du désert, et que le reste eût été choisi parmi les chasseurs canadiens les plus endurcis à la fatigue, Indiens et chasseurs paraissaient accablés.
Ils se traînaient plutôt qu’ils ne marchaient, et ce fut avec un cri de joie qu’ils émergèrent des fourrés et entrèrent les uns après les autres dans la clairière.
L’officier, jeune homme de vingt-cinq ans, aux traits fins et distingués, portait l’uniforme de Royal-Marine.
Jugeant une plus longue marche impossible et quelques heures de repos indispensables à ses hommes, il donna l’ordre d’établir le campement pour la nuit.
Cet ordre était impatiemment attendu par les Canadiens et les Peaux-Rouges.
En un instant, le bivouac fut installé.
On alluma les feux de veille.
Puis, chacun fouillant sa gibecière, se mit en devoir de préparer le repas du soir.
Le capitaine s’était assis devant un des feux, sur le tronc d’un arbre renversé.
Le coude sur le genou, la tête dans la main, il suivait d’un vague regard les étincelles brillantes échappées du foyer, tout en se laissant aller à une rêverie qui ne tarda pas à l’absorber complètement.
Profitons de ce moment de répit pour expliquer la présence de ce détachement armé dans une contrée déserte, éloignée de plus trente lieues de toute habitation.
Quelques semaines avant le commencement de notre action, Dinwidie, gouverneur de la Virginie, nommé par le gouvernement britannique, avait expédié une colonne de miliciens chargée d’occuper les terres de l’Ohio qui nous appartenaient.
Notons, en passant, que, selon l’habitude anglaise, cette expédition se faisait en pleine paix, contre le droit de toutes les nations civilisées.
Le major Washington commandait en chef cette colonne.
Washington, le même qui plus tard devint un grand homme et délivra sa patrie du joug de l’Angleterre.
Son avant-garde, dirigée par l’enseigne Ward, entra résolument sur notre territoire, s’y installa et construisit sur les bords de l’Ohio un fort qui du reste fut immédiatement attaqué et enlevé par les Français.
La garnison demeura prisonnière.
Cependant M. de Contrecœur, commandant du fort Duquesne, fort qui est aujourd’hui la ville de Pittsbourg, l’une des plus riches des États-Unis, M. de Contrecœur, voulant non seulement mettre le droit de son côté, mais, comme si cela était possible, éviter la guerre, prit la résolution de ne pas rendre coup pour coup, attaque pour attaque.
Il chargea l’un de ses aides de camp, capitaine au régiment de Royal-Marine, de se rendre auprès du chef anglais et de le sommer d’avoir à se retirer sur-le-champ, attendu qu’il se trouvait sans raison sur le territoire français.
Cet aide de camp se nommait le comte de Jumonville.
M. de Jumonville fit immédiatement ses préparatifs de départ.
Seulement, comme il lui fallait traverser des régions hantées par des tribus hostiles aux Français, sur la recommandation expresse de M. de Contrecœur, il prit une escorte de trente-quatre hommes dévoués et aguerris.
C’est ce détachement que nous avons laissé campé dans une clairière après une marche forcée de cinq jours.
Le comte de Jumonville tenait tellement à accomplir sa mission sans retard, qu’il n’avait encore laissé reposer ses hommes ni jour ni nuit.
Il espérait du reste, grâce à cette miraculeuse célérité, se trouver le lendemain même vers midi en vue des premiers avant-postes anglais.
Le jeune homme était depuis quelques instants plongé dans ses réflexions, lorsqu’un des Canadiens s’approcha de lui.
Le bruit de ses pas ne suffit pas pour le tirer de sa rêverie.
Le Canadien attendit.
Enfin, voyant que l’officier ne faisait aucune attention à lui, il se décida à parler.
– Capitaine ! fit-il après avoir salué respectueusement.
M. de Jumonville releva brusquement la tête, réprimant avec peine un premier mouvement de mauvaise humeur.
Mais le Canadien, immobile, au port d’armes, attendait imperturbablement que son chef l’interrogeât.
En reconnaissant dans le personnage qui se tenait devant lui, sinon un ami, du moins un homme dévoué, le capitaine sourit et lui dit :
– C’est toi, Berger ! que me veux-tu ?
– J’ai à vous parler, répondit laconiquement celui que M. de Jumonville venait d’appeler Berger.
– Assieds-toi, je t’écoute.
Le Canadien obéit et s’assit aux pieds de son chef.
C’était un homme de haute taille, aux larges épaules, aux membres bien attachés.
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