Correspondance, 1812-1876 - Tome 1
231 pages
Français

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Correspondance, 1812-1876 - Tome 1 , livre ebook

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Description

pubOne.info present you this new edition. Que j'ai de regret de ne pouvoir te dire adieu! Tu vois combien j'ai de chagrin de te quitter. Adieu pense a moi, et sois sure que je ne t'oublierai point.

Informations

Publié par
Date de parution 06 novembre 2010
Nombre de lectures 0
EAN13 9782819931713
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0100€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND
I
A MADAME MAURICE DUPIN [1] QUIALLAIT QUITTER NOHANT [2]
1812.
Que j'ai de regret de ne pouvoir te dire adieu! Tuvois combien j'ai de chagrin de te quitter. Adieu pense à moi, etsois sûre que je ne t'oublierai point.
Ta fille.
Tu mettras la réponse derrière le portrait du vieuxDupin [3] .
[1] Mademoiselle Aurore Dupin avaitalors huit ans.
[2] Propriété de madame Dupin deFrancueil, puis de George Sand,
près la Châtre (Indre).
[3] Portrait au pastel de M. Dupinde Francueil, qui se trouve dans
le salon de Nohant.
II
A LA MÊME, A PARIS
Nohant, 24 février 1815
Oh! oui, chère maman, je t'embrasse; je t'attends,je te désire et je meurs d'impatience de te voir ici. Mon Dieu,comme tu es inquiète de moi! Rassure-toi, chère petite maman. Je meporte à merveille. Je profite du beau temps. Je me promène, jecours, je vas, je viens, je m'amuse, je mange bien, dors mieux etpense à toi plus encore.
Adieu, chère maman; ne sois donc point inquiète. Jet'embrasse de tout mon coeur.
AURORE [1] .
[1] Mademoiselle Aurore Dupin avaitalors onze ans.
III
A.M. CARON, A PARIS
Nohant, 21 novembre 1823.
J'ai reçu votre envoi, mon petit Caron, et je vousremercie de votre extrême obligeance. Toutes mes commissions sontfaites le mieux du monde, et vous êtes gentil comme le pèreLatreille [1] .
Vous m'avez envoyé assez de guimauve pour fairepousser deux millions de dents; comme j'espère que monhéritier [2] n'en aura pas tout à fait autant, j'aifait deux bouteilles de sirop dont vous vous lécherez les barbes sivous vous dépêchez de venir à Nohant; car mon petit n'est pasdisposer à vous en laisser beaucoup. Au reste, votre envoi a faitbon effet, puisque nous avons deux grandes dents. Vous seriezamoureux de lui maintenant: il est beau comme vous, et leste commeson père. J'aimerais autant tenir une grenouille, elle ne sauteraitpas mieux.
Adieu, mon petit père. Nous vous embrassons etsommes vos bons amis.
LES DEUX CASIMIRS [3] .
[1] Vieil ami et correspondant de lafamille. [2] Maurice, son fils, qui avait alorsquatre mois. [3] Nom de François-Casimir Dudevant,son mari.
IV
A MADAME MAURICE DUPIN, A PARIS
Je ne sais pas la date. Nous sommes le deuxièmedimanche de carême [1] .
Je suis enchantée d'apprendre que vous vous portiezmieux, chère petite maman, et j'espère bien qu'à l'heure oùj'écris, vous êtes tout à fait guérie; du moins je le désire detout mon coeur, et, si je le pouvais, je vous rendrais vos quinzeans, chose qui vous, ferait grand plaisir, ainsi qu'à biend'autres.
C'est un grand embarras que vous avez pris de sevrerun gros garçon comme Oscar [2] , et vous avez rendu àCaroline [3] un vrai service de mère. Le mien n'aplus besoin de nourrice, il est sevré. C'est peut-être un peu tôt;mais il préfère la soupe et l'eau et le vin à tout, et, comme il necherche pas à teter, mon lait a diminué, sans que ni lui ni moinous en apercevions.
Il est superbe de graisse et de fraîcheur il a descouleurs très vives, l'air très décidé, et le caractère idem . Il n'a toujours que six dents; mais il s'en sert bienpour manger du pain, des oeufs, de la galette, de la viande, enfintout ce qu'il peut attraper. Il mord, comme un petit chien, lesmains qui, l'ennuient en voulant le coiffer, etc. Il pose très bienses pieds pour marcher, mais il est encore trop jeune pour couriraprès Oscar: dans un an ou deux, ils se battront pour leursjoujoux.
J'espère, ma chère maman, que le désir que vous metémoignez de nous revoir, et que nous partageons, sera bientôtrempli. Nous espérons faire une petite fugue vers Pâques, pourprésenter M. Maurice à son grand-papa, qui ne le connaît pas encoreet qui désire bien le voir, comme vous pensez. Je veux lui faireune surprise. Je ne lui parlerai de rien dans mes lettres et je luienverrai Maurice sans dire qui il est. Nous, nous serons derrièrela porte pour jouir de son erreur. Mais j'ai tort de vous direcela, car je veux vous en faire autant. Ainsi n'attendez pas que jevous prévienne de mon arrivée.
Adieu, ma chère maman; donnez-moi encore de vosnouvelles. Je vous embrasse de tout mon coeur, Casimir en faitautant; pour Maurice, quand on veut l'embrasser, il tourne la têteet présente son derrière; j'espère que vous le corrigerez de cettemauvaise habitude.
[1] C'était le 17 mars 1824. [2] Oscar Cazamajou, neveu de George Sand. [3] Madame Cazamajou, soeur aînée de GeorgeSand.
V
A LA MÊME
Nohant, 29 juin 1825.
Vous devez me trouver bien paresseuse, ma chèrepetite maman, et je le suis en effet. Je mène une vie si active,que je ne me sens le courage de rien, le soir en rentrant, et queje m'endors aussitôt que je reste un instant en place.
Ce sont là de bien mauvaises raisons, j'en conviens;mais, du moment que nous sommes tous bien portants, quellesnouvelles à vous donner de notre tranquille pays, où nous vivons engens plus tranquilles encore; voyant pen de personnes et nousoccupant de soins champêtres, dont la description ne vous amuseraitguère? J'ai reçu des nouvelles de Clotilde [1] , quim'a dit que vous vous portiez bien; c'est ce qui me rassurait survotre compte et contribuait à mon silence puisque j'étais sansinquiétude.
Si vous eussiez effectué le projet de venir àNohant, nous aurions dans ce moment le chagrin de vous quitter. Jepars dans huit jours pour les Pyrénées. J'ai eu le bonheur d'avoirici pendant quelques jours, deux aimables soeurs, mes amies intimesde couvent, qui se rendent aux mêmes eaux, avec leur père, et unvieil ami fort gai et fort aimable. En quittant Chateauroux, ellesn'ont pu se dispenser de venir passer quelques jours à Nohant, quiétait devenu pour moi un lieu de délices par la présence de cesbonnes amies. Je les ai reconduites un bout de chemin et ne les aiquittées qu'avec la promesse de les rejoindre bientôt.
Nous allons donc entreprendre un petit voyage decent quarante lieues d'une traite. C'est peu pour vous qui faitesle voyage d'Espagne comme celui de Vincennes; mais c'est beaucouppour Maurice, qui aura demain deux ans. J'espère néanmoins qu'il nes'en apercevra pas, à en juger par celui de Nohant, qu'il trouvetrop court à son gré. D'ailleurs, nous ne voyagerons que le jour eten poste. Nous sommes donc dans l'horreur des paquets. Nousemmenons Fanchou [2] , et Vincent [3] ,qui est fou de joie de voyager sur le siège de la voiture. Pourmoi, je suis enchantée de revoir les Pyrénées, dont je ne mesouviens guère, mais dont on me fait de si belles descriptions. Nemanquez pas de nous donner de vos nouvelles: car il semble qu'onsoit plus inquiet quand on est plus éloigné.
Adieu, ma chère maman, je vous embrasse tendrementet vous désire une bonne santé et du plaisir surtout; car, chezvous comme chez moi, l'un ne va guère sans l'autre. Maurice estgrand comme père et mère et beau, comme un Amour. Casimir vousembrasse de tout son coeur. Pour moi, je me porte très bien, saufun reste de toux et de crachement de sang qui passeront, j'espère,avec les eaux.
Nous resterons deux mois au plus aux eaux; de là,nous irons à Nérac chez le papa [4] , où nousdemeurerons tout l'hiver. Au mois de mars ou d'avril, nous serons àNohant, où nous vous attendrons avec ma tante et Clotilde.
[1] Clotilde Daché, née Maréchal,cousine de George Sand.
[2] Femme de chambre.
[3] Cocher
[4] Le baron Dudevant, beau-pére deGeorge Sand.
VI
A LA MÊME
Bagnères, 28 août 1825.
Ma chère petite maman,
J'ai reçu votre aimable lettre à Cauterets, et jen'ai pu y répondre tout de suite pour mille raisons. La première,c'est que Maurice venait d'être sérieusement malade, ce qui m'avaitdonné beaucoup d'inquiétude et d'embarras.
Il est parfaitement guéri depuis quelques jours quenous sommes ici et que nous avons retrouvé le soleil et la chaleur.Il a repris tout à fait appétit, sommeil, gaieté et embonpoint.Aussitôt qu'il a été hors de danger, j'ai profité de saconvalescence pour courir les montagnes de Cauterets et deSaint-Sauveur, que je n'avais pas eu le temps de voir. Je n'ai doncpas eu une journée à moi pour écrire à qui que ce soit; tout lemonde m'en veut et je m'en veux à moi-même. Mais, après avoir fait,presque tous les jours, des courses de huit, dix, douze et quatorzelieues à cheval, j'étais tellement fatiguée, que je ne songeaisqu'à dormir, encore quand Maurice me le permettait. Aussi j'ai étéfort souffrante de la poitrine, et j'ai eu des toux épouvantables;mais je ne me suis point arrêtée à ces misères, et, en continuantdes exercices violents, j'ai retrouvé ma santé et un appétit quieffraye nos compagnons de voyage les plus voraces.
Je suis dans un tel enthousiasme des Pyrénées, queje ne vais plus rêver et parler, toute ma vie, que montagnes,torrents, grottes et précipices. Vous connaissez ce beau pays, maispas si bien que moi, j'en suis sûre; car beaucoup des merveillesque j'ai vues, sont enfouies dans des chaînes de montagnes où lesvoitures et même les chevaux n'ont jamais pu pénétrer. Il fautmarcher à pic des heures entières dans des gravats qui s'écroulentà tout instant, et sur des roches aiguës où on laisse ses soulierset partie de ses pieds.
À Cauterets, on a une manière de gravir les rochersfort commode. Deux hommes vous portent sur une chaise attachée à unbrancard, et sautent ainsi de roche en roche au-dessus deprécipices sans fond, avec une adresse, un aplomb et unepromptitude qui vous rassurent pleinement et vous font braver tousles dangers; mais, comme ils sentent le bouc d'une lieue et quetrès souvent on meurt de froid après une ou deux heures del'après-midi, surtout au haut dés montagnes, j'aimais mieuxmarcher. Je sautais comme eux d'une pierre à l'autre, tombantsouvent et me meurtrissant les jambes, riant quand même de mesdésastres et de ma maladresse.
Au reste, je ne suis pas la seule femme qui fassedes actes de courage. Il semble que le séjour des Pyrénées inspiredé l'audace aux plus timides, car les compagnes de mes expéditionsen faisaient autant. Nous avons été à la fameuse cascade deGavarnie, qui est la merveille des Pyrénées.

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