Aventures d’Arthur Gordon Pym
254 pages
Français

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Aventures d’Arthur Gordon Pym , livre ebook

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Description

Les aventures d’un jeune homme de 16 ans et de son ami Auguste.


Les deux compères font des escapades sur un canot à voiles, de plus en plus lointaines et dangereuses : chasse à la baleine, poursuites trépidantes, rencontres étranges et fascinantes avec des pirates, des anthropophages, un fantôme... Un récit profond où souffle tout l’imaginaire d’Edgar Poe, qui était considéré par Borges comme son chef d’oeuvre.


La traduction de Baudelaire ajoute à ce récit toute la flamboyance de la langue baudelairienne.




La collection Perles classiques présentent des textes du patrimoine avec des illustrations d’époque et de courtes notices.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 4
EAN13 9791091599283
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Edgar Allan Poe

Aventures d’Arthur Gordon Pym
Traduction par Charles Baudelaire
ISBN : 9791091599283
Couverture : gravure sur bois de Pierre Falké
© ACT éditions 2020
Retrouvez l'ensembe de nos parutions sur www.editions-act.fr
PRÉFACE
Lors de mon retour aux États-Unis, il y a quelques mois, après l’extraordinaire série d’aventures dans les mers du Sud et ailleurs, dont je donne le récit dans les pages suivantes, le hasard me fit faire la connaissance de plusieurs gentlemen de Richmond (Virginie), qui, prenant un profond intérêt à tout ce qui se rattache aux parages que j’avais visités, me pressaient incessamment et me faisaient un devoir de livrer ma relation au public. J’avais, toutefois, plusieurs raisons pour refuser d’agir ainsi : les unes, d’une nature tout à fait personnelle et ne concernant que moi, les autres, il est vrai, un peu différentes. Une considération qui particulièrement me faisait reculer était que, n’ayant pas tenu de journal durant la plus grande partie de mon absence, je craignais de ne pouvoir rédiger de pure mémoire un compte-rendu assez minutieux, assez lié pour avoir toute la physionomie de la vérité, — dont il serait cependant l’expression réelle, — ne portant avec lui que l’exagération naturelle, inévitable, à laquelle nous sommes tous portés quand nous relatons des événements dont l’influence a été puissante et active sur les facultés de l’imagination. Une autre raison, c’était que les incidents à raconter se trouvaient d’une nature si positivement merveilleuse, que mes assertions n’ayant nécessairement d’autre support qu’elles-mêmes (je ne parle pas du témoignage d’un seul individu, et celui-là à moitié Indien), je ne pouvais espérer de créance que dans ma famille et chez ceux de mes amis qui, dans le cours de la vie, avaient eu occasion de se louer de ma véracité ; — mais, selon toute probabilité, le grand public regarderait mes assertions comme un impudent et ingénieux mensonge. Je dois dire aussi que ma défiance de mes talents d’écrivain était une des causes principales qui m’empêchaient de céder aux suggestions de mes conseillers.
Parmi ces gentlemen de la Virginie que ma relation intéressait si vivement, particulièrement toute la partie ayant trait à l’océan Antarctique, se trouvait M. Poe, naguère éditeur du Southern Literary Messenger, revue mensuelle publiée à Richmond par M. Thomas W. White [1] . Il m’engagea fortement, lui entre autres, à rédiger tout de suite un récit complet de tout ce que j’avais vu et enduré, et à me fier à la sagacité et au sens commun du public, affirmant, non sans raison, que, si grossièrement venu que fût mon livre au point de vue littéraire, son étrangeté même, si toutefois il y en avait, serait pour lui la meilleure chance d’être accepté comme vérité.
Malgré cet avis, je ne pus me résoudre à obéir à ses conseils. Il me proposa ensuite, voyant que je n’en voulais pas démordre, de lui permettre de rédiger à sa manière un récit de la première partie de mes aventures, d’après les faits rapportés par moi, et de la publier sous le manteau de la fiction dans le Messager du Sud. Je ne vis pas d’objection à faire à cela, j’y consentis et je stipulai seulement que mon nom véritable serait conservé. Deux morceaux de la prétendue fiction parurent conséquemment dans le Messager (numéros de janvier et février 1837), et, dans le but de bien établir que c’était une pure fiction, le nom de M. Poe fut placé en regard des articles à la table des matières du Magazine.
La façon dont cette supercherie fut accueillie m’induisit enfin à entreprendre une compilation régulière et une publication des dites aventures ; car je vis qu’en dépit de l’air de fable dont avait été si ingénieusement revêtue cette partie de mon récit imprimée dans le Messager (où d’ailleurs pas un seul fait n’avait été altéré ou défiguré), le public n’était pas du tout disposé à l’accepter comme une pure fable, et plusieurs lettres furent adressées à M. Poe, qui témoignaient d’une conviction tout à fait contraire. J’en conclus que les faits de ma relation étaient de telle nature qu’ils portaient avec eux la preuve suffisante de leur authenticité, et que je n’avais conséquemment pas grand’chose à redouter du côté de l’incrédulité populaire.
Après cet exposé, on verra tout d’abord ce qui m’appartient, ce qui est bien de ma main dans le récit qui suit, et l’on comprendra aussi qu’aucun fait n’a été travesti dans les quelques pages écrites par M. Poe. Même pour les lecteurs qui n’ont point vu les numéros du Messager, il serait superflu de marquer où finit sa part et où la mienne commence ; la différence du style se fera bien sentir.
A. G. Pym.
New-York, juillet 1838.

1. ↑ Edgar Poe fut le premier éditeur, pour ainsi dire le fondateur du Southern Literary Messenger. Il était alors très jeune. Voir la préface du premier volume des Histoires extraordinaires. — C. B.
I
AVENTURIERS PRÉCOCES
Mon nom est Arthur Gordon Pym. Mon père était un respectable commerçant dans les fournitures de la marine, à Nantucket, où je suis né. Mon aïeul maternel était attorney, avec une belle clientèle. Il avait de la chance en toutes choses, et il fit plusieurs spéculations très-heureuses sur les fonds de l’Edgarton New Bank, lors de sa création. Par ces moyens et par d’autres, il réussit à se faire une fortune assez passable. Il avait plus d’affection pour moi, je crois, que pour toute autre personne au monde, et j’avais lieu d’espérer la plus grosse part de cette fortune à sa mort. Il m’envoya, à l’âge de six ans, à l’école du vieux M. Ricketts, brave gentleman qui n’avait qu’un bras, et de manières assez excentriques ; — il est bien connu de presque toutes les personnes qui ont visité New Bedford. Je restai à son école jusqu’à l’âge de seize ans, et je la quittai alors pour l’académie de M. E. Ronald, sur la montagne. Là je me liai intimement avec le fils de M. Barnard, capitaine de navire, qui voyageait ordinairement pour la maison Lloyd et Vredenburg ; — M. Barnard est bien connu aussi à New-Bedford, et il a, j’en suis sûr, plusieurs parents à Edgarton. Son fils s’appelait Auguste, et il était plus âgé que moi de deux ans à peu près. Il avait fait un voyage avec son père sur le baleinier le John Donaldson, et il me parlait sans cesse de ses aventures dans l’océan Pacifique du Sud. J’allais fréquemment avec lui dans sa famille, j’y passais la journée et quelquefois toute la nuit. Nous couchions dans le même lit, et il était bien sûr de me tenir éveillé presque jusqu’au jour en me racontant une foule d’histoires sur les naturels de l’île de Tinian, et autres lieux qu’il avait visités dans ses voyages. Je finis par prendre un intérêt particulier à tout ce qu’il me disait, et peu à peu je conçus le plus violent désir d’aller sur mer. Je possédais un canot à voiles qui s’appelait l’Ariel, et qui valait bien soixante-quinze dollars environ. Il avait un pont coupé, avec un coqueron, et il était gréé en sloop ; — j’ai oublié son tonnage, mais il aurait pu tenir dix personnes sans trop de peine. C’était avec ce bateau que nous avions l’habitude de faire les plus folles équipées du monde ; et maintenant, quand j’y pense, c’est pour moi le plus parfait des miracles que je sois encore vivant.
Je raconterai l’une de ces aventures, en matière d’introduction à un récit plus long et plus important. Un soir, il y avait du monde chez M. Barnard, et à la fin de la soirée, Auguste et moi, nous étions passablement gris. Comme je faisais d’ordinaire en pareil cas, au lieu de retourner chez moi, je préférai partager son lit. Il s’endormit fort tranquillement, — je le crus du moins (il était à peu près une heure du matin quand la société se sépara), — et sans dire un mot sur son sujet favori. Il pouvait bien s’être écoulé une demi-heure depuis que nous étions au lit, et j’allais justement m’assoupir, quand il se réveilla soudainement et jura, avec un terrible juron, qu’il ne consentirait pas à dormir, pour tous les Arthur Pym de la chrétienté, quand soufflait une si belle brise du sud-ouest. Jamais de ma vie je ne fus si étonné, ne sachant pas ce qu’il voulait dire, et pensant que les vins et les liqueurs qu’il avait absorbés l’avaient mis absolument hors de lui. Il se mit néanmoins à causer très-tranquillement, disant qu’il savait bien que je le croyais ivre, mais qu’au contraire il n’avait jamais de sa vie été plus calme. Il était seulement fatigué, ajouta-t-il, de rester au lit comme un chien par une nuit aussi belle, et il était résolu à se lever, à s’habiller, et à faire une partie en canot. Je ne saurais dire ce qui s’empara de moi ; mais à peine ces mots étaient-

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