Un chemin semé d étoiles
122 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Un chemin semé d'étoiles , livre ebook

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Français

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Description

Lorsque Davy, jeune orphelin de treize ans, surprend le révérend de sa petite ville dans une situation compromettante, il se retrouve menacé de mort. Pourchassé, il doit s'enfuir pour échapper au pire... Il est alors recruté par Mlle Elizabeth Flint, une vieille dame excentrique à la recherche d'un chauffeur pour la conduire dans la maison de son enfance. Davy et son chien George Bailey s'engagent avec elle dans un voyage rocambolesque. Seulement, au cours du trajet, un étrange phénomène se produit.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791039500470
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’édition originale de ce livre a été publiée
pour la première fois sous le titre « The Road to Ever After »
en Grande-Bretagne aux éditions Macmillan
 
© Moira Young, 2016, pour le texte
© Macmillan, 2016
 
© Éditions Auzou, 2019, pour la traduction française
24-32 rue des Amandiers, 75020 Paris
 
Mise en pages : IGS-CP
Correction : Maxime Gillio/Catherine Rigal
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation strictement réservés pour tous les pays.
Loi n o  49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse,
modifiée par la loi n o  2011-525 du 17 mai 2011.
Dépôt légal : octobre 2019 – Imprimé en Serbie.
Produit conçu et fabriqué sous système de management de la qualité certifié AFAQ ISO 9001.
 
 

À mon père, avec amour et gratitude
 
« Il n’apparaît sur aucune carte ; les endroitsvrais n’y sont jamais. »

Herman Melville, Moby Dick
 
Il est des époques incapables de percevoir lesanges. Il est des villes qui ne les voient pas non plus.Si le hasard ou si une volonté puissante venaient àfaire tomber un ange du ciel, il demeurerait invisible dans les caniveaux asséchés de Brownvalejusqu’à ce que ses ailes tombent en poussière. Car,il s’agissait de l’une de ces époques. Et Brownvalefaisait justement partie de ces villes.

1.
Davy sortit les balais de son sac, puis les disposa sur lesol suivant leur taille. Il y en avait douze en tout, faits debrindilles, d’herbes et de plumes. À l’aide des plus grands,il aplanissait la terre afin de la préparer, puis il traçait grossièrement les contours. À l’aide des plus fins composésd’herbes et de plumes, il peaufinait les détails.
Il réalisait ses portraits d’anges aux premières lueurs del’aube, lorsque la ville était encore endormie. Ce matin-là,il en avait déjà dessiné un petit sur le terrain situé derrièrele cabinet du docteur. Il s’apprêtait à exécuter le deuxièmedans le jardin du presbytère. Ce n’était pas sans risque. Lerévérend Fall était un homme redouté. Toutefois, il possédait l’étendue plane la plus vaste de la ville, qu’il faisaitquotidiennement ratisser par un homme à tout faire. Iln’y avait pas endroit plus parfait pour ses portraits, c’était irrésistible. Aussi irrésistible que la manie de Davy de dessiner sur la terre.
Il ne courait pas souvent ce risque. Mais ce jour-là, il yétait prêt. Le chien était assis sur le trottoir, de l’autre côté dela grille, et suivait avec intérêt le moindre geste du garçon.
— Tu n’as pas le droit d’entrer, chuchota celui-ci.
Le terrier noir et blanc, au poil hirsute, ne le quittaitplus depuis la veille. Davy ne l’avait jamais vu parmi lameute hargneuse des chiens errants de Brownvale. Il n’affichait pas non plus l’air désorienté des chiens qu’on vientd’abandonner. On aurait dit au contraire qu’il exprimaitune sorte d’espoir, comme s’il attendait avec confiance lemoment où quelqu’un – Davy, par exemple – finirait parl’adopter. Il émit un petit jappement aigu.
— Chut ! fit l’adolescent en jetant un regard inquiet endirection du presbytère.
Mais les rideaux aux fenêtres demeurèrent clos.
Le cœur d’acier du révérend Fall pesait de tout sonpoids sur la ville de Brownvale dont il dictait les règlesà une large communauté de fidèles. Il était interdit deboire et de danser. Les seuls chants autorisés étaient ceuxcomposés par le révérend en personne. Il n’était pas rared’apercevoir sa silhouette corsetée de noir arpenter les ruesde Brownvale avec zèle, traquant le moindre faux pas. Ilsiégeait dans tous les conseils et comités de la ville, du tribunal à la commission de ramassage des ordures, où ilconvertissait toute activité à son mode de pensée. Si l’onpouvait comparer certains hommes à des nuages sombreset menaçants, assurément le révérend Fall était celui quirecouvrait Brownvale.
Or, il possédait la meilleure cour pour dessiner sur laterre. Par chance, Davy échappait au radar du pasteur, demême qu’il échappait plus généralement à l’attention d’unegrande partie de Brownvale. De toute façon, qui se souvenait d’un garçon de taille moyenne, aux yeux sombres etaux cheveux ternes, sans domicile et sans famille ? Qui plusest, il prenait un soin particulier à se mouvoir en lisière dela ville, comme pour éviter d’attirer l’attention sur lui.
Personne ne savait qu’il était l’auteur des portraitsd’anges.
Il les dessinait partout, pourvu que la surface soitdénudée et plane. Il ne s’agissait pas d’angelots au sourirebienveillant, non. Davy dessinait des archanges, ces combattants divins qui inspiraient à la fois crainte et admiration.L’archange saint Michel, par exemple, terrassant Lucifer : ilreproduisait la puissance de leurs corps entrelacés, la fureurvengeresse de l’épée de Michel dressée, prête à s’abattre.Ses images jaillissaient à la manière de provocations quivenaient troubler l’ordre de la ville de Brownvale. À l’angled’une rue, au détour d’une promenade ou sur le chemin de l’épicerie pour acheter du lait, on se faisait surprendreaux endroits les plus inattendus. Là où la veille le sol étaitvierge, il s’y trouvait une image au matin. Celle d’un angevengeur. D’un jugement. D’un châtiment divin. Les interprétations de ceux qui la croisaient ce jour-là variaient selonl’état de leur conscience. Il arrivait que certains demeurentmortifiés sur place. D’autres levaient les yeux au ciel ouau contraire détournaient le regard et déguerpissaient à lamanière d’un crabe effarouché. Voilà le genre d’endroitqu’était devenue Brownvale sous l’influence du révérendFall. Ainsi, malgré leur beauté, la plupart des habitants dela ville détestaient ces dessins. On aurait pu penser qu’unpasteur approuverait la présence des fougueux archanges.Or, ce n’était pas le cas du révérend Fall. Sa consciencen’était pas en meilleur état que celle des autres.
Davy n’avait pourtant pas l’intention de frapper laconscience de quiconque. Il se contentait de reproduireles tableaux d’un livre de la bibliothèque, Les Anges de laRenaissance . S’il y avait eu un plus large choix d’ouvragesde peinture, Davy aurait pu varier ses modèles, mais il setrouve qu’il n’y avait que celui-là. Leur air féroce de guerriers lui donnait du cœur à l’ouvrage.
Il se frotta les mains pour leur apporter un peu de chaleur. À quelques jours de Noël, les matins étaient frais. Puis, à grands traits, travaillant en silence, il entreprit d’aplanirle sol à l’aide de son grand balai de brindilles.
Le chien se mit à geindre. Davy se précipita pour ouvrirle portail et le prendre dans ses bras.
— Tu ne dois pas faire de bruit, dit-il.
Le chien en profita pour couvrir Davy de coups delangue.
Soudain, le garçon perçut un grondement qui venait dela route dans sa direction. Un halo de lumière blanche illuminait l’aube grise. Son cœur se mit à battre à tout rompreet il se faufila de nouveau dans le jardin à la recherche d’unecachette. Il rampa sous la haie de lauriers tout en tenant lechien serré contre sa poitrine, la main serrée autour de lagueule de celui-ci.
— Chut ! chuchota-t-il.
Il attendit un long moment, respirant à peine, jusqu’àce qu’un pick-up, sale et cabossé, parvienne à sa hauteur,roulant au pas. Des projecteurs montés sur une galerie surplombaient le toit du véhicule et ratissaient le ciel et le sol defond en comble. Davy recula encore pour échapper à leurhalo insidieux et se recroquevilla au plus profond du feuillage touffu et piquant des lauriers. M. Kite, le chef de gang,était au volant de la camionnette. De jour comme de nuit,personne ne pouvait anticiper ses rondes à travers les ruesde Brownvale. Ses cibles préférées étaient les vagabonds, les clochards sans domicile. Jeunes ou âgées, cela n’avait pasd’importance, du moment que ses proies étaient en mesurede travailler : M. Kite les kidnappait pour les revendre.Ainsi, grâce à lui, les membres du conseil municipal se félicitaient d’être débarrassés de ces désagréables problèmes etcontinuaient de dormir sur leurs deux oreilles.
M. Kite conduisait d’une main, avec nonchalance. Sesmâchoires ruminaient une chique de tabac tandis que sonvisage suivait le faisceau des projecteurs. Sur le fauteuil dupassager, juste à côté de lui, était assis un chien de Saint-Hubert dégoulinant de bave. Derrière eux se dressait unebarrière de fusils chargés de tranquillisants. Dans la cagequi surplombait l’arrière du pick-up, on devinait plusieurssilhouettes accroupies, les mains accrochées aux barre

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