RADIO DESASTRE
261 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

À Clade City, on attend la prochaine catastrophe. Certains parient sur le tsunami, d'autres les feux de forêts, et pourquoi pas une nouvelle pandémie... En fait, le monde entier s'y prépare. Les jumeaux Léo et Griff et leur ami Thomas consacrent leur temps libre après le lycée à préparer l'évacuation de leur ville sur leur fréquence locale, Radio Désastre... et à jouer de la musique avec Charity, cette fille à la voix d'ange qui fascine Léo autant que Griff. Un jour, ils captent une chanson sur radio pirate. Une chanson qui pourrait tout changer. Maintenant, ils n'ont qu'une obsession : trouver le groupe qui chante cette mélodie, quoi qu'il en coûte...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 janvier 2023
Nombre de lectures 5
EAN13 9791039534277
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pour Emily, qui illumine le chemin et affronte les éléments.
L’édition originale de ce titre a été publiée pour la première fois sous le titre The Great Big One aux États-Unis aux éditions Little, Brown and Company.
© J. C. Geiger, 2021, pour le texte © Éditions Auzou, 2023, pour la traduction française 24-32, rue des Amandiers, 75020 Paris
Correction : Catherine Rigal, Claire Gaillard Illustration de couverture : Adams Carvalho
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation strictement réservés pour tous les pays. Loi n o  49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n o  2011-525 du 17 mai 2011.
ISBN : 9791039534277
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Table des matières
Page de titre
Page de copyright
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Chapitre 64
Chapitre 65
Chapitre 66
Chapitre 67
Chapitre 68
Chapitre 69
Chapitre 70
Chapitre 71
Chapitre 72
Chapitre 73
Chapitre 74
Chapitre 75
Chapitre 76
Chapitre 77
Remerciements
J. C. Geiger
Découvrez également chez auzou
Ouverture
Car tout, pour finir, retourne à la mer – à Océanus, à la rivière océan, comme le temps qui défile à jamais, le début, et la fin.
 
Rachel Carson, The Sea Around Us
 
 
 
They’re playing our song.
Can you see the lights?
Can you hear the hum? 1
 
Israel Nebeker, 3 Rounds and a Sound
1 . Ils jouent notre chanson.
Vois-tu les lumières ?
Entends-tu le son ?
L’océan envoie des signaux contradictoires.
Il aime vos précieux petits cœurs ; il veut votre mort.
Le Pacifique avait fait cadeau à Clade City de magnifiques plages de sable blanc, d’un phare à vous couper le souffle et de vagues qui s’écrasaient sur la rive, battant au rythme de la plus vieille chanson du monde. La ville s’accrochait à l’océan comme une bernacle s’agrippe au ventre d’une baleine à bosse, suspendue dans le vent de l’extrémité ouest de l’Amérique, avec son industrie de la pêche, ses instituts de recherche dernier cri et ses boutiques de souvenirs en bord de mer. Leur ville devait son existence à l’océan ; l’océan qui les détruirait.
Tous les enfants de Clade City de plus de six ans – assez vieux pour pouvoir prononcer le ts de tsunami et articuler le mot évacuation  – savaient que leurs jours étaient comptés.
C’était la seule raison pour laquelle Griffin Tripp avait accepté d’aider à accrocher la sirène.
— C’est trop beau ce truc, avait simplement dit son frère Léo. Attends de voir ça.
Le son d’une sirène n’était pas vraiment le genre de musique que Griff souhaitait répandre dans sa ville natale. Le chant de l’océan servait déjà bien assez de rappel. La mélodie de la marée lointaine s’engouffrait par la fenêtre de la chambre des deux frères lors des courts étés brumeux et s’acharnait sur les jetées usées en hiver. On entendait son murmure s’échapper des bouches des coquillages dans la boutique de souvenirs de leur mère sur Main Street, et, au crépuscule, on voyait luire le reflet du phare dans les grandes vitrines. Le faisceau de lumière semblait presque solide dans la brume et oscillait comme le mât doré d’un bateau fantôme qui voguait dans le vent.
WHOOMP !
Alors qu’il n’avait que neuf ans, la musique battant déjà dans ses veines, Griffin avait imaginé un son pour accompagner la lumière. Couché dans son lit, il observait le rayon doré à sa fenêtre, et chuchotait, en gonflant les joues :
Whoomp, whoomp…
Le phare, c’était ce que Griff aimait le plus à Clade City. Il lui procurait un sentiment de sécurité.
Avec l’océan, c’était plus compliqué. Un peu romantique. On pouvait le dompter avec une planche de surf. Il chantait et déposait des cadeaux à vos pieds, parfois venant de loin, du Japon – des plaques d’immatriculation, des flotteurs qui ressemblaient à des boules de cristal opaques. Des cadeaux volés : l’océan coulait les bateaux et dévorait leurs trésors. Et, tout comme les touristes ramassaient les coquillages, l’océan ramassait les touristes. Il venait les cueillir comme des raisins sur les affleurements rocheux, il faisait les gros titres, et ne rendait jamais les corps.
Des chiens, des enfants. Ça n’avait pas d’importance.
Dans son lit, la nuit, Griff écoutait battre le cœur de l’océan, observait le clignotement du phare. Il lui fallait un son.
Whoomp , laissait-il alors échapper.
Léo, à l’autre bout de la pièce, disait :
— Arrête de te parler à toi-même.
C’était difficile d’expliquer que ce n’était pas ce qu’il faisait, qu’il ne faisait que vocaliser le phare. Cela paraissait étrange. Ce n’était pas facile non plus de garder des secrets dans cette chambre partagée. D’autant plus avec son jumeau, un jumeau qui avait les mêmes caractéristiques biologiques, les mêmes sourcils fins, les mêmes cuticules à la base de chaque ongle, les mêmes lèvres allongées, le même menton carré. La même distance entre le creux du cou et l’omoplate.
C’était également un miroir de son circuit interne. Son jumeau connaissait d’instinct les bas-fonds inavouables de son esprit et les rêves qui l’habitaient. Il possédait la même carte au trésor, la même clef passe-partout qui ouvrait sur tous les désirs les plus secrets, et toutes les croyances les plus absurdes. Comme le jour où, dans le pick-up de leur père, en écoutant la radio, Léo avait dit :
— Papa, tu peux expliquer à Griff que la musique ne vient pas du phare ?
À l’époque, ils avaient onze ans.
Griff avait senti le sang lui brûler les joues. Il avait fait une supposition qui – maintenant mise dans le contexte d’une conversation rationnelle – n’avait aucun sens. Il avait aperçu une fois une pile de vieilles radios et de lecteurs de cassettes dans les quartiers du gardien du phare, et l’idée s’était implantée comme une graine dans son cerveau d’enfant, pour donner naissance à une pensée que Léo, on ne sait comment, avait devinée. Il était possible aussi que Léo ait fait la même supposition mais qu’il ait découvert la vérité un peu plus tôt que lui et se soit senti assez qualifié pour dénoncer Griff à leur père.
— Personne ne diffuse rien depuis le phare, avait dit leur père. Ce n’est qu’un vieux bâtiment.
— Je sais bien ! avait dit Griff, en baissant la tête.
C’était le problème d’être né le second.
Léo avait réussi – encore dans le ventre de leur mère, sûrement en lui balançant des coups de coude et des coups de pied pas très réglementaires et en enfonçant ses poings dans les orbites de son frère – à sortir la tête le premier, à voir le jour trois minutes plus tôt, et depuis, il était toujours en avance. Lorsque Griff avait eu dix-sept ans, Léo avait déjà dix-sept ans et trois minutes.
Le matin de leur rentrée en première, dans le pick-up de leur père, en route vers Radio K-LIVE, Léo était assis à l’avant, comme d’habitude. Il portait le manteau motif camouflage que leur père leur avait offert à tous les deux et qui était à partager, mais que Griff n’avait porté qu’une seule et unique fois. Léo discutait avec leur père pour savoir qui allait suspendre la sirène.
— Je veux bien monter et l’attacher, dit-il.
Il lança un regard à son frère, comme pour l’encourager à la compétition.
Griff essayait toujours d’en vouloir le moins possible dans la vie.
Il avait appris à préserver ses désirs (peu nombreux) derrière un mur de briques blanches imaginaire dans son esprit, qu’il renforçait quotidiennement tard le soir, allongé en attendant le sommeil, se laissant parfois aller à souffler le whoomp, whoomp, whoomp. Actuellement, il cachait deux désirs derrière le mur. Une émission de radio de nuit, et l’envie d’apprendre à la connaître.
Il ne pouvait pas la nommer, même dans sa tête. Surtout pas avec Léo près de lui.
Celui-ci saisirait tout de suite la pensée, comme une onde rebelle sur le transistor de leur père, il saisirait son nom, dont l’énergie était si palpable, si électrique dans son esprit. Griff se rendit soudain compte à quel point il désirait ces deux petites choses, et il crut un instant que les gyrophares qui s’agitaient près du poste de police étaient pour lui. Comme si ces désirs constituaient un crime.
K-LIVE 1590 AM Radio Désastre était située à l’extrême ouest du centre-ville, la bâtisse comme une petite boîte en verre montée sur des pilotis de bois. Garé devant, appuyé contre sa voiture de fonction, se tenait l’officier Dunbar. L’homme était blanc, corpulent, et son crâne chauve était aussi lisse qu’une savonnette. Il portait l’uniforme, et son visage se colorait de la lumière insistante des gyrophares.
— C’est pour quoi toutes ces lumières ? demanda Griff.
— Regarde-le, dit Léo. Le héros de son petit feuilleton policier.
Griff éclata de rire.
— C’est l’histoire d’un homme chauve, commença-t-il, comme s’il était la voix off du générique.
— À la recherche d’un but, enchaîna Léo, d’un tueur. Ou d’un ami.
— Soyez gentils, leur dit leur père. Ayez des pensées charitables.
Charitables ! De tous les mots qu’il aurait pu choisir. Charity, Charity, Charity – Griff s’agrippa à son siège, essayant de faire sortir le nom de sa tête. Son père pouvait-il voir à travers son mur ?
Ils sortirent du véhicule.
Dunbar et leur père se saluèrent d

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