LOUVE
112 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Un monstre est caché en chacun de nous... Il y a des sujets tabous dont on ne parle sous aucun prétexte.
Mon secret, je ne le partage qu’avec mon grand-père… il faut bien quelqu’un pour m’enfermer à double-tour, une fois par mois. Quelqu'un prêt à tirer en cas de pépin.
Mais les choses ont changé à Tillsville. Un nouveau loup-garou est arrivé et fait des ravages sur mon territoire… au risque d’attirer l’attention sur moi et sur mon grand-père, malgré toutes nos précautions. Hors de question !
Mon instinct me crie de retrouver mon nouvel ennemi… quitte à me lancer dans une lutte de territoire bestiale, ivre d’une pleine lune qui peut me faire perdre tout contrôle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juin 2022
Nombre de lectures 16
EAN13 9791039521123
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aux louves, où qu’elles soient… Et à celle qui a cru en moi.
© 2022, éditions Auzou
24-32, rue des Amandiers, 75020 Paris – France
Tous droits réservés pour tous pays. Loi n o  49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse, modifiée par la loi n o  2011-525 du 17 mai 2011.
Correction : Catherine Rigal ; Karine Afchain Couverture : Patrick Connan
ISBN : 9791039521123
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Table des matières
Page de titre
Dédicace
Page de copyright
Réveil
Piège
Devoirs
Famille
Incident
Chasse
Seule
Vérifier
Pistage
Convoitise
Stigmates
Vorace
Doutes
Nettoyage
Flashs
Embuscade
Douleurs
Errance
Dualité
Ingérence
Appréhension
Lune
Confrontation
Confessions
Secrets
À propos de l'auteur
Retrouve d'autres aventures palpitantes aux éditions Auzou
Réveil Un jour après la pleine lune

Le froid.
Cette sensation s’installe toujours au réveil.
Ambre est recroquevillée sur le sol. Elle vérifie si elle peut bouger sans risque. Les chaînes de ses poignets glissent sur son flanc et elle faufile ses mains au travers des anneaux pour se libérer de leur étreinte. La jeune fille s’agenouille. Elle passe les doigts dans le collier de fer qui lui enserre le cou et grimace. L’odeur qui flotte dans la pièce lui donne un haut-le-cœur. Puanteur animale…
La semi-obscurité ne l’empêche en rien d’inspecter sa cellule. Les murs de plâtre sont labourés de sillons plus ou moins profonds et un vieux plaid à carreaux écossais rouge et noir n’a pas résisté à une nuit supplémentaire. Ses yeux se posent sur les chiffres au sol. Elle rassemble ses esprits et se glisse jusqu’à la plaque de métal grise. La chaîne de son cou se tend au maximum. Malgré ses ongles rongés, elle exécute la combinaison avec une précision d’horloger.
La trappe s’ouvre dans un déclic. Ambre y passe la main et un autre déclic, celui d’une petite clé, la libère bientôt du collier. Le bruit des chaînes cesse. La jeune fille se lève d’un bond et gagne un coin de la pièce jusqu’alors inaccessible. Elle fait tourner au maximum le robinet d’eau chaude. Puis elle allume un néon pour plonger ses yeux dans un miroir terni.
D’un geste encore ankylosé, elle ouvre le placard sous le lavabo. Ses affaires y sont rassemblées ; sous-vêtements, jean et pull attendent pliés sur une chaise près de la porte. Malgré une certaine réticence, Ambre doit se rendre à l’évidence : avoir seize ans nécessite qu’on se livre à un minimum de préparation avant d’aller au lycée.
 
Un coup long, deux courts, un long…
Sa toilette terminée, Ambre frappe du poing sur la porte métallique. La lumière de l’œilleton éclaire l’élastique qui retient désormais ses cheveux auburn en une queue-de-cheval très haute. Un cliquetis résonne dans la serrure et la porte s’ouvre avec un petit grincement, le genre de grincement à vous hérisser le poil, idéal pour entamer la journée de mauvaise humeur.
Les deux tubes d’un fusil à canons superposés s’invitent dans la pièce. Ambre pousse la porte pour sortir de cellule, ignorant l’arme et dépassant le geôlier :
— Salut, Tal.
 
Elle se faufile aussitôt entre les livres entassés en colonnes. C’est la première chose à affronter lorsqu’on pénètre dans la maison de Talbert Montaigne. Sa bibliothèque cannibalise le moindre espace vital. Neufs ou anciens, les livres adoptent toutes les configurations géométriques possibles, jusqu’à parfois se métamorphoser en chaise ou en meuble d’appoint.
Du pouce, le vieil homme rabat les deux chiens de son fusil. Il pose l’arme contre le mur de la cellule et inspecte les lieux d’un coup d’œil rapide. Comme à chaque fois, une séance de nettoyage ne sera pas du luxe.
Sans dire un mot, il emprunte un itinéraire différent pour rejoindre Ambre. Il la retrouve installée à la table de la cuisine, occupée à dévorer un bol de muesli. Talbert rattrape au vol une boîte de céréales avide d’expérimenter les lois de la pesanteur en abandonnant son perchoir d’encyclopédies. Ses mains de bûcheron se referment en étau sur l’emballage. Il ne quitte pas des yeux son invitée. Ambre croise enfin son regard.
La jeune fille étudie les rides pareilles au tracé d’une voie ferrée sur le visage de son grand-père. Ses cheveux poivre et sel décoiffés et ses yeux cernés confirment sa première impression :
— J’ai pas été très sage, hein ?
— Pas tellement…
La voix de Talbert résonne d’un ton mi-las, mi-ironique.
— Tu devrais mettre une écharpe pour cacher ça ! ajoute-t-il en pointant du doigt le cou d’Ambre, où un vilain bleu s’est invité par la faute du collier.
Elle lui sert un bol de café en acquiesçant. Mais il a déjà replongé le nez dans un livre d’anatomie. Sa petite-fille marmonne alors, contrariée par une bouche pleine de muesli :
— J’espère qu’ils ne t’ont pas prévu d’exercices pratiques dans le dernier chapitre ! Papa et maman n’apprécieraient pas de me récupérer en plusieurs morceaux…
Talbert sourit. Les petits-déjeuners avec Ambre sont rarement des moments de poésie.
 
Le 4×4 gris de Talbert quitte les bois pour dépasser le panneau « Bienvenue à Tilsville », où le dessin d’un élan coiffé d’un bonnet de Santa Claus semble vous chanter la phrase d’accueil.
Tilsville, petite bourgade du nord du Canada : ses joyeux habitants, sa mairie et son maire encore plus joyeux – comme si c’était possible –, son cimetière – beaucoup moins joyeux pour le coup –, ses écoles, son lycée – où Ambre entame sa première année.
Géniaaaaal ! songe-t-elle en bâillant.
 
La voiture s’arrête à deux cents mètres du lycée comme convenu. Ambre saisit son sac :
— Allez, rendez-vous dans un mois pour notre soirée pyjama ! dit-elle avec ironie. Passe une bonne journée !
Son grand-père toussote pour l’interpeller. Elle claque la portière pour lui répondre à travers la vitre abaissée, avec une moue boudeuse :
— OK, récapitulons : on a joué aux échecs toute la soirée, bien entendu, je t’ai mis une raclée… et, comme d’habitude, tu t’es endormi au milieu de la deuxième partie !
Ambre fait mine de réfléchir :
— Soupe aux poireaux pour le repas, ça te va ? Je dois garder la ligne !
Talbert esquisse malgré lui son deuxième sourire de la matinée. Il ajuste son bonnet rouge au ras de ses sourcils épais et, en remontant la vitre côté passager, se contente de son habituel :
— Fais attention à toi, fillette ! Si tu as besoin, appelle…
Les pneus crissent sur le goudron détrempé de cette fichue pluie d’octobre dont le seul but est de transpercer le barrage de vos vêtements pour couler le long de votre nuque. Les lettres jaunes « Talbert Montaigne – Arbres et espaces verts » s’envolent au coin de la rue, le 4×4 tourne à gauche dans une embardée.
*
Giuseppe Garibaldi, lui, attend à cinquante pas du lycée Lafayette. Il a compté avec soin. L’élève de première année est toujours très attentif aux détails, et s’il y a bien un détail à ne pas négliger, c’est Victor Helm.
— Bouge de là, têtard !
L’ordre de Helm est sans appel et le géant blond, meilleur marqueur de La Crosse des deuxièmes années de Lafayette, toise sa cible avec le mépris d’un boxeur poids lourd face à un poids mouche. Gus aimerait disparaître, Ambre le devine tout de suite lorsqu’elle le voit s’écarter sans broncher pour laisser s’éteindre derrière lui un flot de railleries supplémentaires.
— Salut ! lance Ambre en se hâtant de le rejoindre pour détourner l’attention du groupe.
Helm est encadré par sa bande de lèche-bottes habituels. Ambre les connaît par cœur. La plupart de leurs parents bossent pour Helm père, patron du fleuron industriel de Tilsville, une fabrique de gants de deux cents employés. Alors, Helm fils, redoublant acharné puisqu’il devrait être en dernière année, s’octroie quelques passe-droits, dont celui de dicter sa loi.
— Laisse tomber, il y a pas plus débiles que ces types ! marmonne Ambre en tirant par le poignet celui qu’elle surnomme Gus – alias Giuseppe – pour un slalom rapide dans l’entrée du lycée.
— Si seulement sa tante l’avait gardé à Londres l’été dernier. Elle aurait pu l’exposer au British Museum ! peste-t-il dans son sillage.
La jeune fille pouffe. Elle et Gus sont amis depuis l’école primaire, et elle sait qu’il a depuis toujours horreur d’attirer l’attention. Il a d’ailleurs mis au point une méthode imparable pour écarter les parasites du genre de Helm. D’après lui, pour ça, il suffit de rester invisible. Ne pas se faire remarquer est ainsi chez lui un principe de vie : pas de vêtements de marque, pas de montre, pas de scooter ou de conduite accompagnée, pas de notes trop élevées ou trop basses, et surtout, jamais de questions pendant les cours… Rester invisible jusqu’à devenir un paramètre sans importance résume, pour lui, le secret d’une vie paisible.
Ambre emprunte volontiers sa technique de temps en temps, surtout lorsque ça lui épargne des explications compliquées. En général, elle évite de s’attarder avec les filles de son âge : trop de questions à la clé, trop collantes, trop de trucs à gérer, trop, trop, trop…
Mais là, j’avoue que je me serais bien défoulée en remettant Helm à sa place , pense-t-elle.
Gus sort son livre de sciences de son casier pour le premier cours de la matinée avec l’apathique M. Flow, mais, lorsqu’il tourne la tête, son amie a déjà été avalée par un groupe d’élèves.
Tiens… Qu’est-ce qui lui a pris ? se demande-t-il.
Sérieux ! songe Ambre dix mètres plus loin. Encore lui !? Ce type commence vraiment à m’agacer… il est toujours sur ma route ! Foutu Gabriel Stevenson, ce mec débarque un matin avec sa mèche brune, ses yeux vert émeraude, et son air rebelle à deux balles… Sourire indélébile, piercing au-dessus du sourcil gauche et look travaillé «  old school  ». Ouais, tu te la racontes pas du tout…
L’adolescente a appris que ce garçon venait d’arriver dans la région avec sa mère, embauchée comme serveuse chez Rex, un pub du centre-ville. Et depuis, elle le voit partout…
— Bon, arrête, tu te fais des idées, ma vieille.

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