L éternité Livie L éternité
61 pages
Français

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L'éternité Livie L'éternité , livre ebook

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Français

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Description

Jules, 17 ans, tombe amoureux de Livie dès qu'il l'aperçoit dans une libraire romaine. Comme lui, elle accompagne ses parents pour un séjour dété, et elle accepte aussitôt de le suivre dans ses pérégrinations. Jules est en effet fasciné par les assassinats antiques (Jules César, Caligula) et aime parcourir la ville pour visiter les lieux de ces évènements historiques. Lors de leurs visites, il rencontrent Gianni, un vieil homme à l'histoire familiale compliquée dans laquelle ils vont être entraînés. L'histoire d'amour des deux jeunes gens s'entremêle alors aux problèmes de Gianni, aux meurtres antiques et à la santé de Livie...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2020
Nombre de lectures 3
EAN13 9782733892008
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Auzou, 2020
24-32 rue des Amandiers, 75020 Paris
 
Correction : Maxime Gillio
Mise en pages : IGS-CP
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation strictement réservés pour tous les pays.
Loi n o  49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse,modifiée par la loi n o  2011-525 du 17 mai 2011.
Dépôt légal : mars 2020
Imprimé en Serbie.
Produit conçu et fabriqué sous système de management de la qualité certifié AFAQ ISO 9001.
 

MICHEL
QUINT
 
 


 
 

AUZOU
PREMIÈRE JOURNÉE
Je m’appelle Jules. J’ai dix-sept ans et je suisamoureux pour la vie.
Ce matin de juillet, elle est entrée dans la libreria Stendhal à Rome où je m’incruste depuis le débutdes vacances, avec juste le bruit doux de son sourireet j’ai oublié aussitôt quelle page je lisais, quel livre.Le temps d’un battement de cils, d’une respiration,j’étais foutu. Sur le seuil elle a traversé le soleil arrogant, a fait un pas dans le silence des ouvrages et s’estarrêtée devant le comptoir pour un petit bonjoursilencieux à Marie-Ève la libraire.
Après elle tourne la tête et me voit. Je crois que jeme suis levé du divan jaune adossé à la vitrine, où onpeut butiner de la lecture. Je ne sais plus si j’étais assis, avant, mais à cet instant je suis debout, je lui fais face.Même pas inquiet de ne pas porter mon meilleur jean,un T-shirt présentable et d’avoir ma tignasse châtaincoiffée à la six-quatre-deux. L’expression est de mamère, qu’elle tient de ma grand-mère que je n’ai pasconnue : je suis un garçon osseux, monté en graine,pas très sociable, sportif bof, trouillard devant lesfilles disons-le, en résumé un gamin à la six-quatre-deux d’après maman. Comme elle, Alice, à mon âge,une gamine six-quatre-deux. Ma mère s’appelle Alicecomme celle au pays des merveilles. Tous les deux onrit de la formule, 6/4/2, quand on est un peu pas bienc’est notre mot de passe vers l’aller mieux. Là, je suiscontent de ne pas y penser, à mes six-quatre-deux.La demoiselle porte une robe ciel, sans manches, unerobe sage, à col rond, une robe de bonne sœur enété, et des tennis blanches, pareilles que les miennes.Zyeux verts, cheveux roux pâle bouclés court, visagede poupée russe, grande et pas maigre, oh non !Maman dirait qu’elle ressemble à Marlène Jobertjeune, et elle saurait ce qu’elle dit vu qu’elle est critique de cinéma, maman. Et que j’ai vu des films de Marlène en DVD. Qu’elle vienne à moi direct cettedemoiselle, ait un mouvement de menton vers le livrequi me pend à bout de bras ne m’épate pas du tout, ledestin est en marche, ni qu’elle demande, d’une voixavec du moelleux dedans, du souffle précipité et destrucs joyeux aussi, du cœur en pop-corn peut-être.
— Tu lis quoi ?
— Je sais pas.
Là-bas, derrière elle, Marie-Ève lève les sourcils,s’écarquille un peu, pince les lèvres, au bord de la rigolade. Elle a compris le danger amoureux avant moi.Jeanne d’Arc devait être aussi menue qu’elle. En toutcas elle avait la même coiffure de petit soldat combatif. Et la même soif de conquête. Parce que Marie-Èvelutte pour le livre, pas sur des champs de bataille.Mais sur celui de sa librairie. Pour le reste je ne peuxrien affirmer. Sauf qu’elle m’a accueilli à ma premièrevisite comme un vieil habitué. Aujourd’hui, à causede la tête épatée de Marie-Ève, je mets un nom sur cecoup de chaud qui me déborde du cœur : l’amour, lapassion, le bazar à Vénus, à Phèdre, à Bérénice, toutesles nanas des tragédies étudiées au lycée, que quand elle est tout près je pâlis, je rougis à sa vue, quelquechose de cet ordre. Et à l’instant le mot me vient :foutu, Jules t’es foutu. Amoureux pour la vie.
Malgré tout, je retrouve de la contenance, je meracle la gorge, tourne mon livre vers elle.
—  La vie des douze Césars par Suétone. Pas mal.Le genre polar sanglant chez les empereurs romains…
Elle regarde le titre, fait ah en silence et puis :
— Pas lu. Comment tu t’appelles ?
— Jules.
— Comme César ? Moi c’est Livie. Comme lafemme d’Auguste. Un prénom d’impératrice. Mamère est prof d’histoire. Elle n’a pas pu s’empêcher…
À mon tour de faire ah en silence. C’est pasMarlène, dommage, mais avec nos vrais prénoms,déjà je trouve qu’on va bien ensemble : Jules et Livie,bien sûr, le hasard n’existe pas. Et le destin, des fois ila des bontés pour les tendres mortels.
 
Après, côte à côte sur le jaune du divan, on s’estapprivoisés à mi-voix. Autour de nous les habitués dela libreria tournaient leur bal lent de lecteurs avides et indécis entre les rayonnages métalliques, caressaientles volumes sur les tables, traversaient la lumièredevant nous, des bouquins dans les bras, bavardaientavec Marie-Ève sans voir ce qui se nouait là de définitif et d’anodin pour nos deux vies à peine commencées. Moi j’avais toujours le Suétone entre les mains,ce qui les empêchait de trembler. Et nos regards serejoignaient sur la couverture du livre. Avec son débitun peu sur le souffle, elle a commencé, réussi à dire :
— C’est marrant de se rencontrer ici, loin denos habitudes. Tu viens d’où ? Moi de Bruxelles…On est Français. De Lille. Mais mon père travaille àla Commission européenne, alors forcément, on estexpatriés… Et toi ?
— Parisien. De chez Parisien. Je suis ici parceque ma mère est critique de cinéma. Elle prépare unemanifestation pour septembre, la rentrée, avec projection de films, débats, exposition : « Les actrices françaises dans le cinéma italien ». Anouk Aimée, MagaliNoël, Annie Girardot… Je ne connais pas tous leursfilms mais sur les photos elles sont top. Ce sera à l’institut français, juste là, l’immeuble d’à côté…
— Et moi je suis entrée ici parce que mon pèreest aujourd’hui à une réunion au Sénat, juste là, àvingt mètres, après l’église…
— San Luigi dei Francesi…
— Je savais pas le nom… Ma mère est restée enBelgique. Peut-être qu’elle nous rejoindra.
— Et moi mon père pareil. Resté à Paris. Possiblequ’il débarque. Ou pas. Il est médecin.
 
Et puis on se tait. Déjà on a un passé en commun,de quoi plisser le front, laisser les yeux dans le vague,avoir envie de je sais pas quoi et pétocher des jours àvenir parce que, comme elle dit, Livie la rousse :
— Maintenant voilà…
Et puis :
— Tu parles italien ?
— Non.
— Moi non plus.
Et son premier rire me caresse l’épaule quand elley pose, vite, sa joue. Elle laisse un parfum de propre,de bien élevé.
— Tu habites où dans Rome ?
— Tu ne vas pas le croire.
— Dis toujours…
— Viale Giulio Cesare.
Là elle explose, se laisse aller contre moi, tousse,s’étrangle de marrade, bredouille dans son secondrire, que c’est pas possible que moi Jules j’habite avenue Jules César, non, arrête, que je suis chez moi, queje suis veni vidi vici réincarné deux mille ans après,aaahh, trop drôle ! Et moi je suis obligé d’être beaujoueur, lever les yeux au ciel, qu’elle a raison, quec’est improbable… Et m’arranger pour qu’elle resteun peu plus longtemps abandonnée avec son parfumde savon lavande, à portée de baiser… Faire la victimedu sort : je le savais que maman avait tort de louer àcette adresse, que c’était trop, même pour rire, et lerésultat est là : j’ai l’air nouille auprès de la fille que jeveux passer le restant de ma vie avec. Avec qui je veuxpasser le reste de mes jours, merde j’en perds monfrançais. Et d’ailleurs, autant se renseigner :
— Tu fais quoi comme études ?
— Je viens d’avoir mon bac L. J’entre en prépalittéraire, en hypokhâgne. Et toi ?
— Pareil. Avec latin ?
— Avec latin. Tu prépares le terrain avecSuétone ?
—&

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