Effet Miroir
111 pages
Français

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Description

Sous ses airs de fille timide, Léa cache un lourd secret. Victime d'hallucinations, elle est hantée par cette « femme en noir » qui semble attendre quelque chose d'elle. Lorsque la situation dérape, Léa fuit, abandonnant sa famille et ses amis pour trouver des réponses. Est-elle vraiment folle ? Doit-elle faire confiance à cette infirmière qui dit pouvoir lui venir en aide ?
Loin de s'imaginer dans quoi elle va mettre les pieds, Léa apprendra à ses dépens que les apparences sont souvent trompeuses. Entre complots et trahisons, elle devra affronter ses peurs et se dépasser pour sauver le monde d'un futur inacceptable.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mars 2022
Nombre de lectures 5
EAN13 9782493078315
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHRISTEL LM
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Éditions l’Abeille bleue — 38 rue Dunois 75013 Paris
Collection l’Imaginative
Retrouvez toutes nos parutions sur : https://editions-abeillebleue.fr
© Illustration couverture par Hemaris Graphisme
 

À Marion,
 
1 — Les cartes en mains
Ailleurs
Code rouge, code rouge !
Les haut-parleurs crachent violemment le message et des pas rapides résonnent dans les couloirs. Le système de sécurité pourtant à la pointe n’a apparemment pas suffi à empêcher une intrusion. Une certaine confusion semble régner. On voit ça et là des personnes rejoindre leur bureau, d’autres leur laboratoire. Chacun doit retrouver sa place en attendant la fin de l’alerte. Ce n’est pas un exercice cette fois. Une voix grave domine les autres et donne des ordres précis :
— Ça ne peut être qu’elle. Retrouvez-la avant qu’elle ne fasse des dégâts. Dépêchez-vous, je veux régler cette affaire une bonne fois pour toutes.
— À vos ordres !
Dans un recoin, une fine silhouette s’aplatit contre le mur, cherchant un peu d’obscurité pour se camoufler. Elle tient dans sa main le sésame et le met rapidement dans son sac à dos.
Elle attend que la diversion prévue attire les gardes de l’autre côté du bâtiment pour bouger. Son cœur résonne dans tout son corps, sa respiration saccadée trahit un stress qu’elle s’efforce de maîtriser au mieux.
Enfin, les bruits s’éloignent. Elle s’avance à pas de loup vers la salle de repos et la cuisine. Cet endroit, elle le connaît comme sa poche et serait capable de se déplacer les yeux fermés. Elle doit aller au bout du couloir. Aucune porte ni ouverture vers l’extérieur. C’est un cul-de-sac.
Les gardes préféreront fouiller en premier les pièces d’où elle peut s’enfuir. C’est bêtement logique. Elle entre dans la cuisine et trouve la trappe du vide-ordures. Sortant quelques instruments de sa poche, elle commence à la déboulonner méthodiquement. Depuis quelques années, elle est devenue maître dans l’art du bricolage et de la débrouillardise. L’entraînement paie et les automatismes compensent la panique qui veut s’emparer d’elle. Un peu de sport pour la silhouette et une tenue en latex lui permettront de se faufiler facilement. En quelques secondes, la trappe est à terre et elle se glisse dans l’espace restreint qui mène au sous-sol, se laissant tomber jusqu’à ce que ses pieds sentent le fond de la poubelle. Vide, comme elle l’espérait, le planning n’a pas changé.
— Ici Maëlle, je suis dans le nid ! déclare-t-elle dans le talkie-walkie en atteignant le précieux accès donnant sur l’extérieur.
— OK, on vient te chercher. Éloigne-toi de la porte.
Maëlle sait qu’elle n’aura que quelques secondes avant que toute une troupe ne débarque dès que la porte sera forcée. Elle installe son sac sur le dos et se met en position pour courir à toutes jambes. Son cœur s’est calmé, sa respiration est régulière, profonde. Elle est prête. Elle sait que ses adversaires sont armés et dangereux. Elle risque certainement sa vie et celle de ses amis. Pourtant, elle n’a pas voulu prendre d’armes. Bien qu’elle ait fait des choses pas très recommandables, elle se refuse encore à blesser ou tuer quelqu’un. Sauf lui , pour qui elle ferait sans aucun doute une exception.
La porte s’ouvre brutalement et une sirène retentit. Maëlle bondit et se lance à la poursuite de Lucas, qui lui indique la voie vers une voiture en attente une cinquantaine de mètres plus loin. Les pas résonnent derrière eux. Des ordres sont aboyés et Lucas ralentit pour se placer derrière sa coéquipière. Il veut faire un rempart de son corps et la pousse à accélérer la cadence. Tous deux courent à toute allure et se jettent dans la voiture, qui démarre en trombe au milieu de fléchettes anesthésiantes. Pas de balles, ils veulent les avoir vivants.
Le plan a été suivi à la lettre et l’équipe se retrouve sans encombre au point de rendez-vous où les attend le reste des résistants. Maëlle s’avance à leur rencontre, auréolée d’une joie incommensurable, irradiant la satisfaction.
— Alors, tu l’as ?
— Oui, je l’ai, dit Maëlle en sortant le trésor de son sac. Et je l’ai essayé avant de l’emmener.
— Ça a marché ? demande Jade, avide d’une réponse qui pourra tout changer.
— Oui, ça a marché.
Les acclamations transpercent la noirceur de la nuit. Quelques larmes coulent même sur les joues rugueuses de ces hommes aguerris que peu de choses déstabilisent. Les hommes et les femmes s’étreignent. La première partie du plan a merveilleusement fonctionné. Ils ont désormais les cartes en main.
Maëlle s’éloigne doucement, un sourire béat figé sur son visage. Voir ses compagnons si heureux lui procure presque autant de plaisir que de savoir qu’elle a berné l’ Autre et lui a volé son plus grand trésor. Elle prend conscience de son pouvoir à elle. Tout repose à présent sur ses capacités et elle les sait très élevées. Elle connaît sa valeur, sans vanité ni arrogance. Elle tient sa revanche dans le creux de sa main et la possibilité de rétablir l’équilibre. Maëlle relève fièrement la tête, prête au combat.  
2 — Première rencontre
Léa
8 h 32. C’est ce qu’indique le portable de Léa. Au moins, à cette heure-là, elle est tranquille, personne ne frappe pour lui demander de se dépêcher, l’avantage de passer en dernier. La pièce, chargée de condensation, ressemble plus à un sauna qu’à une salle de bain, la jeune fille a la chance de récolter la chaleur des précédents passages. Elle relève la tête et contemple l’image du miroir. Ses sourcils se haussent instinctivement et un soupir profond s’échappe de ses lèvres. Ce reflet ne lui plait pas. Il ne lui a jamais plu, surtout sous la lumière crue du néon. Pas de pitié pour les petits et grands défauts. Comment peut-elle avoir cette tête avec des parents comme les siens ? se plaint-elle encore une fois.
— Léa, j’y vais, crie sa mère à travers la porte. Tu te souviens que ton père et moi faisons les courses ce soir ? Si tu penses à quelque chose à rajouter à la liste, tu m’appelles.
— Oui, je sais. Tu me l’as déjà dit hier, s’exaspère la jeune fille.
— D’accord. Passe une bonne journée.
— Oui, oui, répond-elle machinalement en reprenant le fil de ses pensées.
Sa mère est le genre de femmes sur lesquelles les hommes se retournent, même encore à son âge . Elle s’en moque et réussit à remettre gentiment en place les plus entreprenants. Sans doute la force de l’habitude. Quant à son père, il est, comme diraient ses copines, un beau brun ténébreux qui attire les regards… En fait, ses parents pourraient faire la couverture des magazines. Le genre de couple qui suscite des remarques telles que : « J’ai hâte de voir vos enfants, ils seront magnifiques. » Léa ne se trouve pas magnifique, loin de là. Dans ses moments de blues, elle répète à sa mère : « Eh bien moi, j’ai dû hériter de lointains ancêtres avec des gènes bizarres. Vous avez mal bossé, il y a un loupé quelque part ! »
Léa soupire à nouveau, baisse le regard, résignée. Elle se déplace vers la fenêtre, la brosse à dents dans la bouche. C’est l’hiver. Il fait encore très sombre, même à cette heure-ci. Dehors, le vent souffle et le ciel a l’air de se dégager. Pas de pluie ou de neige pour aujourd’hui à priori. La rue est presque déserte. Quelques véhicules troublent les flaques d’eau sur la route, témoins silencieux de la nuit diluvienne qui a perturbé son sommeil. Ici et là, des mamans reviennent après avoir déposé leurs enfants à l’école et se pressent pour rentrer au chaud. Elles ne sont que des silhouettes bien emmitouflées, dont le souffle s’évapore dans un nuage blanc. Léa ressent encore plus vivement la chaleur qui l’entoure et pourtant, elle frissonne à l’idée de devoir soumettre son corps à ce froid pénétrant pour aller au lycée.
Léa s’ébroue et stoppe péniblement sa contemplation du monde extérieur. Il faut qu’elle se maquille un peu, pour se mettre en valeur et effacer les quelques traces d’acné qui la complexent. Elle recentre son attention sur le reflet du miroir. Sur la jeune fille qui lui fait face, une lueur défaitiste dans le regard. Se saisissant du mascara, elle maquille ses yeux préalablement soulignés d’un trait de crayon pour accentuer leur forme en amande. Si leur couleur pouvait être modifiée, ils seraient parfaits. Ses parents la trouvent jolie, mais Léa sait qu’ils ne sont pas impartiaux, ce sont ses parents… Ils lui demandent d’être moins dure avec elle-même, d’être patiente, arguant qu’elle traverse une période pas facile pour son corps qui se transforme encore. Ils sont sûrs qu’elle finira déesse, sirène ou autre icône de la beauté… et insistent pour la convaincre qu’elle est déjà belle. Les garçons, eux, ne semblent pas de leur avis et c’est plutôt leurs avis à eux qui intéressent Léa. Pour l’instant, elle n’a jamais eu de petit copain et elle n’est pas sûre que ça change vite. À son grand désespoir…
Léa a seize ans mais, comme dirait Mathys, son petit frère de quatorze ans, hilare, qui cumule déjà les copines, « avec ta tête de calculatrice, comment tu veux plaire à quelqu’un ?! » Sa sœur feint l’indifférence à ses remarques ou cherche la réponse adéquate pour le vexer à son tour. Pourtant, cette simple phrase suffit à la blesser profondément. Son corps même accuse le coup, un coup dans l’estomac à chaque fois, une douleur réelle et implacable. Lucide, elle reconnaît se poser aussi cette question. Certains de ses proches masculins sont plutôt beaux, et d’autres gentils, mais elle n’a jamais ressenti ce qu’elle voit dans les films ou ce qu’elle lit dans les romans… Cette espèce d’extase hypnotique, ce « rien d’autre ne compte », ce « enfin, j’existe grâce à toi »…
Un œil sur son portable lui signale qu’elle a perdu beaucoup de temps. Il faut qu’elle termine de se préparer rapidement. Léa se repasse un

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