La lecture à portée de main
87
pages
Français
Ebooks
2020
Écrit par
Paul Beaupère
Publié par
Editions Fleurus
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Ebook
2020
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Publié par
Date de parution
08 octobre 2020
Nombre de lectures
16
EAN13
9782215162667
Langue
Français
"Les toits de Paris sont magnifiques et magiques, mais quand on est poursuivi par la moitié des policiers de la ville, étrangement, ce n’est ni magique ni magnifique… C’est juste très glissant, très étroit, très sombre, très dangereux, très fatigant, et cette histoire est partie pour très mal finir…"
Nous sommes un groupe de musiciens. Il y a l’oncle Andreï, pianiste, tante Mary, trompettiste, oncle Lucien, batteur, Ethy, ma mère, chanteuse, et moi, John, 12 ans et un don certain pour l’improvisation… Mais nous avons aussi une activité nocturne très spéciale : nous « empruntons » des instruments à nos riches élèves musiciens pour les confier à nos élèves moins fortunés. Nous sommes, en quelque sorte, les Robins des bois de la musique ! Et ce n’est pas de tout repos, croyez-moi !
Publié par
Date de parution
08 octobre 2020
Nombre de lectures
16
EAN13
9782215162667
Langue
Français
Table des matières Un piano par la fenêtre Non, les pianos ne volent pas, même par grand vent Il arrive que la nuit les hirondelles volent bas C’est dans le journal ! Cinq mois plus tôt De l’Est lointain et froid Du Nord, d’un Nord humide et proche De Paris, en passant par la Somme De l’Ouest, du grand Ouest, vraiment très à l’Ouest, et même du Far West Là où tout commence, sous le regard d’un hyppo : au quatrième round Un toit pour tous, tous sous le même toit et froid pour chacun Répétitions, tensions, les jours passent, la musique trépasse Ça commence mal, ça ne finit pas bien C’est dans le journal ! Filent les notes, file le temps et arrivent les présents Et si on ouvrait une école ? Vous connaissez Robin des Bois ? Tu peux m’aider ? Je veux bien un coup de main ! Ce n’est pas toujours à César que l’on rend ce qui appartient à César (même si dans cette histoire, personne ne s’appelle César) Avoir les yeux plus gros que le ventre et un piano en travers du gosier Il n’y a pas loin du zinc au papier, du comptoir au canard C’est dans le journal ! D’Ouest, d’Est, du Nord, viennent du vent et des ennuis Commissaire, colère, tout s’accélère… Ingénieux ingénieur, pianos et voiture volante…, et si le futur s’éclaircissait ? Et pendant ce temps-là dans Paris… Quand Raoul pas content, lui toujours faire comme ça… et ça souffle Concert, visites, surprises, promenade, tout à fond la caisse Quand la souris voit le rat, il est prudent qu’elle hâte le pas Révélation, disparition, préparation, il est 4 heures, Paris s’éveille ! Glissades sur verre, fusillades et élastiques sur terre…, avion en colère, boxeur et dirigeable qui jouent les filles de l’air C’est la fin, mais pas tout à fait Tartines et confiture, café et chocolat, un peu de hauteur…, quelques notes de musique et une nouvelle idée d’instrument à déménager. Page de ccpyright
Points de repère Title Page Copyright Page Couverture Corps de texte
Chapitre 1
Non, les pianos ne volent pas, même par grand vent
Tout commence avec un « crac ! » : celui d’un morceau de bois qui cède.
Puis un long « swiiiiiiiiiiiiip » : la plainte d’une corde qui file.
Ensuite, il y a un court silence, une seconde. Une seconde qui dure un siècle, une seconde d’éternité ; le temps suspend son vol. Alors, penchés au-dessus du vide, au sixième étage d’un bel immeuble parisien, nous regardons sans vouloir y croire l’inexorable chute.
Enfin, il y a un bruit terrible, mélange de « vlam » du bois qui éclate, de « tzoiiiinnnng » des cordes qui lâchent, de « wizzzzzzz » des touches qui s’échappent et volent en tous sens. Immédiatement après, on entend le terrifiant, pathétique, effrayé et effrayant hennissement de la jument qui nous attendait sagement dans la rue. Elle s’enfuit alors, emportant sur sa charrette déglinguée tout ce qu’il reste de notre butin : une ou deux touches d’ivoire, une corde de mi , deux de sol , une roulette de laiton et une pédale du même métal.
Autour de nous, des fenêtres commencent à s’allumer çà et là. Encore quelques secondes et des visages bouffis de sommeil vont apparaître, puis la police ne tardera pas à se montrer.
– Il est temps de filer ! dit oncle Lucien.
– Da ! approuve oncle Andreï.
– It’s time ! ajoute tante Mary.
– Mais, comment… comment est-ce possible ? Pourquoi ? Pourquoi et comment ? How and why ? répète maman en boucle. How and why ? Comment ? Pourquoi ?
Ce n’est pas vraiment le moment pour répondre à ces questions. J’attrape la main de maman et je l’entraîne avec moi pour rejoindre les autres qui s’enfuient déjà.
Nous filons sur un grand balcon, tout le long du luxueux appartement dans lequel nous nous étions introduits, nous grimpons à une échelle métallique, qui sert ordinairement aux ramoneurs ou aux couvreurs, avant de disparaître dans une forêt de cheminées qui prend racine dans le zinc des toits. En courant, j’ai juste le temps d’apercevoir un petit homme accoudé à sa fenêtre. Il me sourit et me fait un signe amical de la main. Il a sans doute assisté à toute la scène qui vient de se dérouler et, curieusement, il ne semble ni étonné ni offusqué.
Emporté dans une course folle, je n’ai pas le temps de répondre à son geste.
Chapitre 2
Il arrive que la nuit les hirondelles volent bas
C’est oncle Lucien qui avait repéré un itinéraire de secours. « Au cas où ! » avait-il dit. « Pas besoin, avait répondu maman, c’est inratable ! »
– Tu parles que ça ne peut pas rater ! grommelle oncle Lucien en courant. Rater, peut-être pas ! Mais foirer, échouer, se planter, partir en nouille ou en eau de boudin, capoter, ça oui, ça pouvait ! Inratable mon œil ! J’vous en trouverai, moi, des pianos qui habitent au rez-de-chaussée ! Pourquoi ne pas se farcir les grandes orgues de Notre-Dame, pendant qu’on y est ! Mais coup de bol, je suis là ! Heureusement que bibi il a repéré un itinéraire bis, une solution mitonnée aux petits oignons ! Par ici la sortie ! Et c’est qui qui vous sauve ? C’est Lucien. Suivez l’guide !
– Chostakovitch, Borodine, Moussorgski, Prokofiev ! bougonne oncle Andreï qui, dès qu’il est contrarié, jure dans sa langue maternelle.
– C’est par là ! dit oncle Lucien en désignant une porte ouverte entre deux cheminées. Ça donne direct sur un escalier de service. En bas, on débouche dans une petite rue calme et éloignée de la zone d’atterrissage du piano ! Il n’est pas né l’volatile qui mettra la patte sur Lucien !
Deux minutes plus tard et six étages plus bas, dans la cour d’un immeuble, nous tombons nez à nez avec un vol d’hirondelles ! Sinistres oiseaux qui, sifflet à la bouche et bâton à la main, se lancent à notre poursuite.
Hirondelles, c’est le surnom des policiers de Paris qui patrouillent à vélo, cape au vent. Pour nous, ils ont abandonné leurs montures de métal et se sont faits piétons.
Nous rebroussons chemin et gravissons en dix secondes les six étages que nous venons juste de descendre. C’est incroyable comme d’avoir les agents collés au train peut donner des ailes. Nous grimpons les escaliers comme des chamois, avec la peur du mouton qui a vu un loup.
– Et maintenant, nous allons où ? demande tante Mary de retour sur le toit.
– Aller où, aller où ? C’est une bonne question ! Je ne sais pas, moi ; normalement, ils n’auraient pas dû être là ! Je comprends pas… dit oncle Lucien en se grattant la tête avec la main qui lui reste.
– Sokolov ! marmonne oncle Andreï, adossé de tout son poids contre la porte derrière laquelle tambourinent déjà les policiers.
– How and why … s’interroge maman. Pourquoi et comment ? (Quand elle est stressée, maman se remet à parler en anglais, – en américain dans son cas. C’est presque pareil, à 6 000 kilomètres près… Mais dans notre situation, nous ne sommes pas à 6 000 kilomètres près.)
Voilà comment moi, John, douze ans, Américain à Paris, je me retrouve à trois heures du matin sur le toit d’un immeuble, entouré par quatre adultes au cerveau momentanément réduit à l’état de serpillière, poursuivi par une horde de policiers bien décidés à nous envoyer finir la nuit et notre vie dans une prison parisienne. Tout ça pour avoir tenté de voler un piano à queue qui, explosé sur un trottoir, ressemble désormais plus à un jeu de mikado qu’à un instrument de musique. Avouez que venir de New York pour vivre ça, c’est assez lamentable. Comme à ce moment précis je vois bien que c’est la seule solution, qu’il n’y a plus que moi capable de réfléchir, je prends les choses en main.
– Suivez-moi ! dis-je en commençant à courir sur le zinc glissant.
Et ils m’obéissent. Nous voilà sautant d’un immeuble à un autre, franchissant des ruelles comme on le fait ordinairement des ruisseaux ; nous sommes des moineaux chassés par des hirondelles qui se prennent pour des faucons. Les toits de Paris sont magnifiques et magiques, mais quand on est poursuivi par la moitié des policiers de la ville, étrangement, ce n’est ni magique ni magnifique… C’est juste très glissant, très étroit, très sombre, très dangereux, très fatigant, et cette histoire est partie pour très mal finir.
Tante Mary traîne la jambe, plus exactement le pied, car elle n’envisage pas une seconde de marcher sans ses chaussu