Sur le devant de la scène
171 pages
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Sur le devant de la scène , livre ebook

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Description

Angleterre, fin 1865

Parmi les patients du médecin John Langdon Down, Mary, 17 ans, rêve de devenir actrice. Cela tombe bien, car Mr Adams Foley installe justement son cirque dans la ville, et est à la recherche de personnes pas comme les autres pour faire partie de son spectacle vivant "Once upon a time". Dans ce milieu impitoyable, Mary va rencontrer toute une famille d'artistes pas comme les autres et se lier d'amitié avec le jeune Ed, toujours accompagné d'un livre de sagesse dont les phrases vont venir la toucher en plein cœur. Et si les véritables "monstres" n'étaient pas ceux qui en ont l'apparence ?

Le Gispy Book est un livre de sagesse écrit par un vieux gitan, Nanosh Balatta. Il est passé de main en main, a voyagé dans le temps, changeant chaque fois la vie de ceux et celles qui le lisaient.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juillet 2023
Nombre de lectures 5
EAN13 9782728934669
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0374€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire Chapitre 1 Chapitre 2 Chapitre 3 Chapitre 4 Chapitre 5 Chapitre 6 Chapitre 7 Chapitre 8 Chapitre 9 Chapitre 10 Chapitre 11 Chapitre 12 Chapitre 13 Chapitre 14 Chapitre 15 Chapitre 16 Chapitre 17 Chapitre 18 Chapitre 19 Chapitre 20 Chapitre 21 Chapitre 22 Chapitre 23 Chapitre 24 Chapitre 25 Chapitre 26 Chapitre 27 Chapitre 28 Chapitre 29 Chapitre 30 Chapitre 31 Chapitre 32 Chapitre 33 Chapitre 34 Chapitre 35 Chapitre 36 Chapitre 37 Chapitre 38 Chapitre 39 Chapitre 40 Chapitre 41 Chapitre 42 Chapitre 43 Chapitre 44 Chapitre 45 Chapitre 46 Chapitre 47 Chapitre 48 Chapitre 49 Chapitre 50 Chapitre 51 Chapitre 52 Chapitre 53 Chapitre 54 Chapitre 55 Chapitre 56 Chapitre 57 Chapitre 58 Chapitre 58 Chapitre 60 Chapitre 61 Chapitre 62 Chapitre 63 Chapitre 64 Chapitre 65 Chapitre 66 Chapitre 67 Note de ­l’auteure Notes Page de copyright
Points de repère Cover Title Page Copyright Page Corps de texte
À Armelle, et à toutes les Mary du monde.
« Lorsque je suis faible, ­c’est alors que je suis fort. » 2 Co 12, 10
1
Angleterre, 1865
La nouvelle se répand comme une traînée de poudre dans la ville de Redhill.
– Ils sont là ! Ils sont arrivés !
Quelques jours auparavant, des affiches placardées partout en ville ont éveillé la curiosité des habitants désormais pressés ­d’assister au spectacle. Tant de bruits courent à son sujet ­qu’ils veulent voir de leurs propres yeux ce que ­l’on raconte.
À peine le chapiteau est-il installé au milieu de la ville que les gens se hâtent pour acheter les premiers billets. Assis dans la petite cahute qui lui tient lieu de guichet, Adams Folley jubile. Il ­n’a pas relevé le rideau qui le sépare de la foule, mais il ­l’entend derrière qui fait la queue et piaille ­d’impatience. Cette fois encore, le succès sera au rendez-vous.
– Mesdames et Messieurs, crie-t-il en ouvrant enfin le guichet, je vous préviens ­qu’il ­n’y aura pas de billets pour tout le monde ce soir. Mais, rassurez-vous, notre spectacle Once Upon a Time 1 reste à Redhill plusieurs jours.
Un murmure parcourt la file ­d’attente, provoquant des grognements de mécontentement chez les derniers arrivés.
Adams Folley se penche en avant vers le premier client, un enfant. Ce sont toujours les enfants qui sont les premiers dans la queue. Ils courent le plus vite et se faufilent partout. Leurs mères les envoient acheter des billets à leur place.
– Combien mon garçon ? demande Adams Folley avec un immense sourire.
Le gamin écarquille les yeux. La veste rouge et or et le chapeau haut de forme de ­l’homme ­l’impressionnent. Il ­n’a jamais rien vu ­d’aussi beau.
– Quatre… quatre places, Monsieur, bégaye-t-il. ­S’il vous plaît, Monsieur.
Il tend à Folley les quelques shillings donnés par sa mère, attrape les billets et ­s’enfuit à toutes jambes en serrant les précieux sésames contre son cœur.
Non loin de la cahute, depuis la tente des coulisses qui jouxte le chapiteau, Édouard regarde par un trou de la toile.
– Alors, Ed, ­qu’est-ce que tu vois ? lui demande Virginia.
– Les enfants ont encore gagné, répond-il en souriant, ­l’œil rivé au trou.
– Il y a du monde ? demande Alfred.
– Le chapiteau sera plein, comme ­d’habitude. Folley sera content.
Virginia sourit en passant de ­l’huile sur ses bras. Cela rend sa peau luisante et plus colorée. Ces derniers temps, elle doit en mettre davantage pour obtenir le résultat escompté car sa peau est de plus en plus sèche. Mais Virginia ne se plaint jamais. Elle redouble ­d’énergie pour se préparer. Les gens viennent nombreux pour les voir, elle et les autres, elle ne veut pas les décevoir. Sa vie dépend de leur enthousiasme.
À côté ­d’elle, tous les autres artistes se préparent également. Isabelle se glisse dans sa robe « couleur du temps », Alfred sculpte ses cheveux en houppette, Will remplit ses poches de petits cailloux blancs, Charles et Charlie se coiffent ­l’un ­l’autre, Cristina brosse sa longue chevelure, Howard passe sa tunique de plumes et Édouard a déjà enfilé ses bottes immenses. Ils sont le Petit Chaperon rouge, Peau ­d’Âne, Riquet à la Houppe, le Petit Poucet, Hansel et Gretel, Blanche-Neige, le Vilain Petit Canard et ­l’Ogre aux bottes de sept lieues. Chaque soir, ­c’est le même rituel et ils ­s’y plient avec plus ou moins de bonne humeur. La plupart ­n’ont pas vraiment le choix ­d’une autre vie et ils ­s’en accommodent du mieux possible. Les choses pourraient être tellement pires pour certains. Rien que ­d’y penser, ils trouvent toute ­l’énergie dont ils ont besoin sur scène pour incarner leur personnage.
– Aïe ! crie Charlie. Tu ­m’as mis le doigt dans ­l’œil.
– Non, ­c’est toi qui as mis ton œil sur mon doigt ! riposte Charles.
– Si seulement tu ne me collais pas autant, râle Charlie.
– Dis plutôt que ­c’est toi qui me suis partout, contrecarre son frère.
– Oh les garçons ! ­s’exclame Virginia en riant. Stop ! Réservez plutôt votre petit numéro pour le spectacle.
Les deux frères haussent les épaules, se font un clin ­d’œil et continuent de se préparer. Howard leur lance un regard sombre et désapprobateur.
Moins ­d’une heure plus tard, alors que le chapiteau est comble, Adams Folley entre sur la piste dans son costume rouge et or. Il a une allure folle avec ses cheveux bruns, son nez droit, son front haut, sa bouche charnue et ses yeux noirs qui percent ­l’âme. Il est ­d’une beauté insolente et affiche un sourire enjôleur qui fait fondre aussitôt le cœur de quelques demoiselles dans le public.
– Mesdames et Messieurs, soyez les bienvenus sous le chapiteau de Once Upon a Time ! ­s’écrie-t-il ­d’une voix puissante tandis que des lustres au gaz ­l’éclairent depuis le sommet de la tente.
Un tonnerre ­d’applaudissements fait trembler les structures du chapiteau.
Ce ­n’est que lorsque les derniers battements de mains se taisent ­qu’Adams Folley reprend la parole, ­d’une voix plus grave. Il sait jouer avec le public et créer une ambiance propice à ­l’émerveillement.
– Les contes de fées ont bercé votre enfance, déclame-t-il avec un ton parfaitement étudié. Ils ­l’ont enchantée, vous ont terrifiés parfois aussi. Vous connaissez tous ­l’histoire du Petit Poucet abandonné par ses parents dans une forêt profonde, de Peau ­d’Âne qui cachait sa beauté sous une vieille peau de bête, de Riquet à la Houppe, si laid ­qu’il en effrayait toutes les princesses des alentours, ou encore du Petit Chaperon rouge dévoré par le loup.
Aux premiers rangs, les enfants écarquillent les yeux, légèrement terrorisés par la voix pleine de mystère du propriétaire du cirque.
– Eh bien, Mesdames et Messieurs, ces personnages, moi, je les ai retrouvés, poursuit Folley. ­J’ai sillonné le monde à leur recherche, bravé les dangers, forcé les portes pour vous les présenter ce soir. Ils ont peuplé votre enfance, ils hanteront peut-être vos nuits à présent…
Adams Folley se tait et promène ses yeux lentement sur le public. Tous retiennent leur souffle, curieux et inquiets. Folley laisse monter la tension sous le chapiteau. Puis, tout à coup, il renverse la tête en arrière, lève les bras au ciel, sourit, sûr de lui, et proclame :
– Mesdames et Messieurs, pour vous ce soir, voici les personnages des contes de votre enfance !
Alors, le rideau rouge au fond de la piste ­s’ouvre et les artistes entrent un à un pour se placer sous la lumière des lustres qui ­s’est intensifiée. Ils sont calmes, superbes et effrayants.
Au premier rang, une spectatrice bondit sur ses pieds en criant :
– Juste Ciel !
Elle porte la main à sa poitrine, tourne de ­l’œil et ­s’évanouit devant la piste.
Un brouhaha ­s’élève dans le public. ­Quelqu’un se précipite vers la femme pour la faire sortir.
Sur la piste, les artistes ne cillent pas. Ils sont habitués. ­C’est presque ainsi à chaque représentation. Et, comme le leur répète Adams Folley à ­l’envi : « Plus les gens vous trouveront monstrueux, plus nous auront de spectateurs… »
2
– Juste Ciel ! ­s’exclame Charlie en portant la main à sa poitrine de retour en coulisses.
Charles tourne de ­l’œil en exagérant la mimique et les frères siamois font semblant de ­s’évanouir.
Quand ils se relèvent, ils sourient, fiers de leur petite imitation.
– Il me semble que ­j’ai fait forte impression sur cette femme, déclare Charlie.
– Tu plaisantes ? ­C’est moi qui lui ai tapé dans ­l’œil, riposte Charles.
Mais Will ­s’approche, se plante devant les frères, les poings sur les hanches, et contrattaque :
– Ne me dites pas que vous ­n’avez pas remarqué que ­j’étais son préféré !
Charles et Charlie se regardent, miment la déception et capitulent :
– Impossible de rivaliser avec un tel bourreau des cœurs, disent-ils dans un même élan.
Will hoche la tête, satisfait, et se tourne vers tous les autres.
– Vous voyez, plaisante-t-il. Ce ­n’est pas moi qui le dis : je suis un bourreau des cœurs ! Les femmes sont folles de moi !
Cristina secoue la tête et se renfrogne.
– Je ne sais pas comment vous faites pour vous moquer sans cesse de vous-mêmes, soupire-t-elle.
– ­C’est pathétique ! persifle Howard avec cet air furieux qui ne le quitte presque jamais.
­D’un coup de tête, Will fait signe à Ed de ­l’aider. Il est de si petite taille ­qu’il a besoin du géant pour le porter à hauteur du visage de Cristina. Il caresse alors les longs cheveux blancs de la jeune fille de sa main aux doigts trop courts et lui sourit tendrement.
– ­L’humour, ­c’est tout ce qui nous reste, ma belle, lui souffle-t-il. Sans lui, nous ne sommes que des monstres. Mais si nous rions, nous restons des hommes.
Cristina grimace. Avec ses cheveux, ses cils et ses sourcils blancs, sa peau presque translucide et ses yeux ­d’un bleu si clair ­qu’ils paraissent blancs eux aussi, la jeune fille albinos donne ­l’impression ­d’être transparente.
– Sauf que Cristina ­n’est pas un monstre, rétorque Alfred dont le visage défiguré est ­d’une incroyable laideur. Elle est belle, elle.
Les autres hochent la tête. Cristina est belle, ­c’est vrai. Elle est certainement la seule qui peut prétendre ­l’être parmi eux tous.
– Be

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