Saleya
116 pages
Français

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Description

Une petite ville du sud, sur le littoral. Le ciel est d'un bleu immuable mais «?la mer noire sous la nuit, son odeur pénétrante, et le mystère déjà s'inscrit à l'horizon?»... Lorsque Marie rencontre Pierre-Jean, le beau motard à catogan, au regard vert, elle tombe foudroyée sous le charme... Et Marie invente l'Amour... Sans fin ils se croisent, se cherchent, s'égarent, se retrouvent. «?Comment ça se décline le déclin ??» s'inquiète Marie. Richard Cannavo Journaliste Pierre-Jean. Chevauchant sa moto, l'homme au catogan reste d'un mystère insondable. Son cœur est recouvert d'une carapace de cuir que Marie et ses doux poèmes ne demandent qu'à traverser. Il y a bien un homme, derrière l'animal. L'amour peut-il survivre sur cette route accidentée ? Entre poésies et perdition, Anne Anderssen nous conte le romantisme cruel de deux âmes dissemblables dans une histoire plus intellectuelle que charnelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342153798
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0041€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Saleya
Anne Anderssen
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Saleya

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Préface
De sons en voix… de lettres faisant des mots qui s’égrènent en musique…
Phrasé, écrit, parlé ou chanté, c’est l’univers d’Anne mais où est-elle ?
La voix de ses mots, le son de ses chansons, le tout dessine son monde qu’elle préfère ainsi, multiple et mélangé.
Anne Anderssen est un décibel de sa vie…
Elle est bien là, comme cela, dans un livre !
Jean-Pierre Milante
 
 
 
 
 
« Il était de dos, sans catogan, ses cheveux épars lui couvrant les épaules. Qui des deux était la bête vibrante, l’objet du désir ? L’homme à la chevelure de pouliche ou cet engin encore chaud de sa course qu’il tenait fermement contre lui ? »
 
 
 
 
 
« Elle se glissa dans le lit comme dans un bateau ivre car instantanément tout chavira. Les voiles du baldaquin allaient-elles se gonfler pour l’embarquer vers un naufrage annoncé ? »
 
Une saison particulière
Elle le vit immédiatement. De loin, attablé à la terrasse du « Bingo », il feuilletait négligemment un magazine et ne l’avait pas vue arriver. D’ailleurs ils ne se connaissaient pas ou alors comme se reconnaissent de vue et vaguement les piliers de cet incontournable quartier branché de la vieille ville. La place du Marché-aux-Fleurs, toujours investie par les fidèles autochtones et envahie en cette période de l’année par l’éclosion des touristes, laissait admirer son plus seyant paysage. Des terrasses qui se serrent les unes contre les autres, rivalisant de confort, de couleurs, de guirlandes fleuries et joyeux luminaires sous les étoiles naissantes, et aussi et surtout, d’estivales musiques qui se chevauchent d’un bar à l’autre dans une même harmonie italo-vacancière, qui donne envie de chanter, danser, aimer son prochain et le suivant…
Lentement elle avance parmi la nuée de beaux spécimens, souvent jeunes mais toujours bronzés, élégantissimes ou encore débraillés avec recherche, d’humeur légère, détachée comme il sied. Une foule plutôt belle en somme, ce qui n’est pas la normalité des foules que l’on déteste. Mais qui se plaindrait d’une foule, quelle qu’elle soit, à l’heure où elle se donne rendez-vous, pas Marie, qui s’avance toujours lentement en cette fin de journée encore tiède de printemps finissant agrémentée par le parfum de la mer. Envoûtant.
À pas mesurés, elle progresse au milieu des tables et fauteuils occupés, en désordre. C’est un labyrinthe, tout le monde la regarde, elle ne voit que lui. Elle ralentit encore la cadence au fur et à mesure que ses pensées s’affolent. Et s’il ne la voyait pas… Elle veut se donner le temps de réfléchir et peut-être aussi de découvrir une place assise qui serait dans sa trajectoire.
Dès le premier jour où elle a vu cet homme, elle se demande ce qu’il a éveillé en elle qui fait qu’elle s’interroge depuis sans comprendre ce ressenti. Comme un sentiment d’appartenance qui se serait infiltré en elle pour lui parler de cet homme qu’elle ne connaît pas, avec des accents de réminiscence. C’était idiot. Et chaque fois la voilà qui rejette l’idée incongrue : celle qui dérange l’ordre de sa vie auquel elle tient tout particulièrement. L’ordre ! Sa dictature à elle. Un impératif ! Le désordre la déprime, c’est simple, elle ne supporte pas. Ne pas se perdre… Et voilà que cet inconnu ne lui serait pas inconnu… Absurde ! Absurde ? Oui, mais elle y pense souvent et s’interdit toutefois de trop le dévisager lorsqu’elle l’aperçoit, comme si, à force, elle pourrait y découvrir un secret. Absurde… Pourtant… Elle est devant lui, figée et regrettant d’avoir marqué un temps d’arrêt un brin trop long, elle amorce sur le côté une ébauche de pas de deux…
— Voulez-vous vous asseoir ?
Le timbre de voix est grave, pas le ton qui semble léger. Elle est sensible aux belles voix. Mais peut-être aurait-elle même aimé une voix de crécelle si… mais la voix, par bonheur, est belle.
Il avait posé son magazine sur le siège vacant près de lui. Elle le remercie dans un murmure et avec ce qu’elle croit être un sourire, fait mine de s’asseoir alors qu’il retire vivement le magazine pour lui céder la place.
— Oh pardon, j’allais m’asseoir dessus.
— C’eût été dommage…
Le ton est ironique.
Elle regarde la couverture du magazine et se sent aussi bancale qu’une chaise à trois pattes. Elle parle pour meubler un silence soudain pesant.
— C’est… mais… qu’est-ce que…
— C’est un cul !
Bien sûr, c’est un cul. Joli d’ailleurs ce cul qui s’étale pleine page en couverture d’un très sérieux hebdomadaire. Soudain humiliée, elle a envie de le gifler.
— Je vois bien…
— Alors… vous asseoir dessus, quel outrage ! Puis il se présente : Pierre-Jean.
À travers ses yeux vert bronze, il s’était amusé de cette gêne qu’il avait provoquée à dessein puis ils avaient parlé d’autre chose et aussi… de choses et autres, agréablement, rien de bien mémorable cependant ce soir-là, le premier d’une longue série.
 
Au volant, en laissant sa voiture la conduire machinalement toute seule sur le chemin escarpé de la maison, elle se repassait le film de La Rencontre . Avec, dans le rôle de l’héroïne, Marie la gourde de service comme on en rêve pour amuser la galerie. Aussitôt elle chasse sa propre image pour ne retenir que lui, Pierre-Jean. Un visage racé, la taille, au jugé, semble classique. Elle ne sait pas, elle l’a toujours vu assis, n’arrive pas à lui donner d’âge. Quelque part au-dessous de la quarantaine. Il habite la Marina. Il parle beaucoup et bien, ne semble gêné de rien, si ce n’est par la fumée de la table voisine qui venait en pleine figure de Marie. Il s’était alors adressé aux demoiselles un peu vertement, tel le preux chevalier volant au secours de sa belle. Marie, elle, n’avait même pas remarqué la fumée avant qu’il n’en fasse mention et d’ailleurs, n’étaient-ils pas en plein air alors… Mais elle avait été flattée, comblée par cette attitude reçue comme un compliment. Elle ne savait rien d’autre, c’était tout, c’était peu, c’était bien. Elle s’en contentait. Puis ils s’étaient quittés. Se redressant légèrement de son siège, il avait pris dans un instant très bref la main de Marie dans les siennes. Des mains fines qui parlent de classe. Pourtant… ce blouson de cuir noir, ce catogan de longs cheveux roux sombre, elle n’arrive pas à faire entrer dans une case répertoriée ce personnage aux multiples contradictions.
Elle se couchera intriguée, mal à l’aise, mais curieusement attirée. Pourquoi lui rappelle-t-il quelque chose qui semble très personnel ? Flou aussi. Et emportée dans la brume de ses réflexions, Marie s’est enfin assoupie, un point d’interrogation creusé dans la ride frontale entre ses paupières closes.
 
Impatiente, elle attendit que le lendemain lui apporte sur un plateau, avec l’heure de l’apéritif, le piquant cocktail sucré-salé des propos et des silences de cet homme étrange entré dans sa vie, oh ! juste un pied sur le palier et encore, le palier du sas extérieur…
Il ne fallait pas s’emballer. Et d’ailleurs à quel propos ? Pour un arrogant personnage bardé de cuir qui maniait la dérision comme une épée, chevalier des temps modernes qui chevauchait sa Harley rutilante ? Car, descendant dans la vieille ville pour tromper son impatience, Marie l’avait vu, à l’arrêt, serrant entre ses cuisses cet objet du désir, d’aller vite, loin, pour de vertigineuses sensations.
Il était de dos, sans catogan, ses cheveux épars lui couvrant les épaules. Qui des deux était la bête vibrante, l’objet du désir ? L’homme à la chevelure de pouliche ou cet engin encore chaud de sa course qu’il tenait fermement contre lui ? Marie, surprise par ses propres réflexions entra brusquement dans la première boutique de cette ruelle étroite. Ne pas risquer d’être vue et qu’il ne découvre le fond de cette pensée du jour, volée à la pudeur. Elle essaya nombre de chaussures multicolores sans les voir. Dehors, le bruit, à la démesure d’une musique wagnérienne, reconnaissable entre tous, beau, plein, généreux, bien rond, donnait le signal du départ de l’homme à la moto. Marie est ressortie avec des souliers rouges à semelles compensées, en satin, jolis, trop petits, qui longtemps lui feront mal en pensant à lui.
Toute la journée elle était allée se promener entre les personnages de son roman afin de partager leur histoire et se rassurer en oubliant la sienne, petite pousse, herbe folle, rien de bien viable encore mais déjà trop dérangeante. Et l’image de ce visage bizarrement familier était venue se superposer à celle de son héros. Oh zut ! Fallait pas !
 
Ce roman c’était son évasion à elle, la porte ouverte vers des horizons lointains, atteints dans l’instant à la vitesse du stylo. Et les personnages à sa merci, exutoire ou panacée, ne devaient pas lui échapper pour une réalité incontrôlable.
Comme il était encore trop tôt pour l’apéritif à son QG de la place du Marché-aux-Fleurs, Marie décide de s’arrêter afin de prendre une crêpe en terrasse « Chez Olive ». En face, le « Bingo » déserté offre ses fauteuils inutiles. Il fait si chaud encore sous le soleil couchant, les plages grouillent toujours de bipèdes aux seins nus. Marie les a vus en passant, demain elle ira se baigner. Lorsqu’elle saute un rendez-vous, la mer lui en fait sentir le manque. Depuis son accident et sa longue rééducation, son corps sem

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