Pré-Histoire
166 pages
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Description

Les biographies, mémoires ou autres témoignages occupent aujourd’hui une place importante dans les étagères de nos librairies. Ces ouvrages ont au moins un point commun : la narration commence le jour de la naissance, et néglige les neuf mois qui la précèdent. D'où ces "Mémoires Intimes d'un Futur Jeune Prodige". Vous allez enfin pouvoir suivre, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, l'épanouissement du bébé dans le ventre de sa mère. Raconté par lui-même. Comme si vous y étiez. De la rencontre du spermatozoïde (zozo) à madame l’ovule, Zig (parce que zygote) nous raconte son évolution au fil des neuf mois de maturation bien au chaud dans le ventre de sa maman. Œuf, zygote, embryon, fœtus... De la multiplication cellulaire aux premières perceptions, rien ne nous échappe dès lors. Et c'est fantastique, tellement c'est vrai...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 2
EAN13 9782748374759
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pré-Histoire
Bernard Tabary
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Pré-Histoire
 
 
 
 
Chapitre premier
 
 
 
Ouf ! Ça y était !
 
Depuis le temps qu’on l’attendait !…
 
On était tous tassés les uns sur les autres – serrés, comprimés, compressés – engrappés, agglutinés, agglomérés – foulés, piétinés, laminés… Et chaque seconde qui passait voyait surgir de nouvelles vagues.
 
Gonflés à bloc, on était ! Vous pensez ! c’était la première fois qu’on allait s’éjecter . Enfin on pourrait voir le monde ! On allait même carrément lui déferler dessus. On allait lui montrer de quel bois on se chauffait.
Le baptême du feu !…
Pas question de rater ça ! On voulait tous être devant. Surtout ne pas rester sur place comme les vieux rabougris qui nous racontaient, nostalgiques, qu’ils n’avaient pas réussi à foutre le camp la dernière fois.
 
On s’en méfiait, de ces vieux-là. Ayant participé au départ précédent – participé passivement mais participé quand même ! –, ils avaient peut-être retenu des trucs pour filer plus vite, pour nous fausser compagnie, pour jouer la fille de l’air. Mais nous, les jeunes, on n’avait pas du tout envie de se faire doubler par ces vieux débris. On ne les écoutait que d’une oreille et on épiait leurs moindres gestes.
 
De toute façon, hormis le départ, ils n’avaient rien vu.
 
Avaient-ils d’ailleurs vraiment vu le départ ? Ils avaient dû se faire bousculer tout de suite et se retrouver le nez dans la poussière, concassés par la vague d’assaut. Et quand ils avaient fini par se redresser en se tenant les côtes, plus rien, que nib , le vide – à part bien sûr les autres vieux débris qui s’étaient fait doubler comme eux.
 
Des losers , des perdants ! On ne pouvait pas leur faire confiance.
 
Surtout, ils n’en savaient pas plus que nous sur l’autre côté – puisqu’ils n’étaient pas partis ! Et nous, c’est l’autre côté qui nous intéressait. On voulait y aller voir, on voulait sortir, foncer, vivre, exister, être, quittes à les laisser encore sur le pavé . Pas de pitié pour les canards boiteux !
 
On était donc là, tous tassés les uns sur les autres – serrés, comprimés, compressés – engrappés, agglutinés, agglomérés – foulés, piétinés, laminés…
 
Et soudain…
*
Il y a eu comme un signe avant-coureur, un présage, un murmure qui s’est propagé dans les rangs (ou plus exactement, dirais-je, dans l’invraisemblable embrouillamini  !), qui s’est enflé, gonflé, dilaté, comme un énorme bruit de fond…
 
Ahhhhhhhhhhhhhhhhhh
 
CINQ, QUATRE, TROIS, DEUX, UN…
 
Chacun, pour la énième fois, a vérifié son équipement, bandé ses muscles, prêt à subir le choc du largage – dont on savait seulement qu’il serait épouvantable.
 
Surtout, ne pas se faire blouser comme les vieux rabougris de la dernière fois. Ceux-là, on a complètement arrêté de les écouter – même d’une oreille – et on s’est arrangé pour les coincer discrètement. Ils n’allaient tout de même pas partir devant ! Ils n’allaient même pas partir du tout ! D’ailleurs, ils étaient sans doute trop vieux pour être opérationnels. Ce qu’il fallait, c’étaient des jeunes pleins de santé, pleins de muscles, pleins de jus, de vitalité, de vitamines.
 
Nous, quoi !
 
… ZÉRO…
 
Vlouf ! ç’a été la bousculade, la cohue, le déferlement – le tourbillon, la tornade, le maelström.
 
Tout le monde voulait être premier. On nous avait pourtant prévenus : « Du calme ! ne partez pas comme des fous. C’est un parcours d’ endurance . Utilisez vos méninges davantage que vos muscles. »
 
Rien ne sert de partir, il faut courir à point … » – ou quelque chose comme ça ! – Ah oui, j’y suis : Rien ne sert de courir, il faut partir à point … ; et tout un tas d’autres fadaises dans le genre.
 
C’est bien beau la théorie, les belles phrases, les plans sur la comète, les prétendus bons plans ; mais nous, c’est la pratique qui nous intéressait ; c’est elle qu’on vivait. Et tout le monde voulait être premier.
 
C’est comme ça !
*
Comme dans les naufrages : « Pas de panique ! Les femmes et les enfants d’abord  ! » Tu parles ! C’est le sauve-qui-peut général, le moi-d’abord universel, le pourvu-que-je-m’en-tire-et-tant-pis-pour-les-autres ! En plus, chez nous, des enfants, y en avait pas. Et les femmes, ce n’était pas facile de les repérer, impossible même. C’est comme ça ! Et vous comprendrez que ce n’était pas le moment de se lancer dans une analyse d’ADN.
 
On n’avait tout simplement pas le temps !
 
Ce qu’on voulait tous, c’était filer, foncer, gicler…
 
Vite, vite, vite… Encore plus vite !
 
Partir le premier pour arriver le premier. Oui, je sais, il existe une histoire de lièvre qui n’est pas très glorieuse. Mais on n’était pas des lièvres. Et on ne courait pas contre des tortues . On courait contre des collègues qui étaient dotés des mêmes muscles que nous. Et pas question, en ce qui nous concernait, de baguenauder en route ! On était de vrais compétiteurs, obsédés par la gagne à tout prix. Une seule place compte : la première.
 
Deuxième, c’est nul ! Le deuxième, c’est simplement le loser N° 1.
 
Déferlement, rupture des digues, raz de marée…
 
D’un seul coup, d’un seul, on a été projeté dans l’inconnu. Sacré parachutage – sans parachute… On a beau s’y attendre, l’attendre même impatiemment, l’espérer de tout son être, il faut reconnaître que ça secoue. L’impression d’être lancé dans le vide comme un boulet de canon, comme une fusée intersidérale, comme un univers en expansion…
Le big bang !
Ouah ! quelle sensation !
*
Je me suis retrouvé, un peu sonné, à plat ventre sur un terrain étrange, très souple, très agréable pour la reptation. Ramper, je connais, c’est mon métier ; je ne connais même que ça. Mais pas question de ramper anarchiquement et de rater l’objectif. La consigne : « Dès l’atterrissage, orientez-vous. »
 
Je me suis orienté. Je ne vous expliquerai pas comment ; c’est un peu trop compliqué pour un non spécialiste comme vous. Et puis je crois que c’est top-secret. Motus et bouche cousue … Pour être précis, je ne sais absolument pas moi-même comment ça fonctionne.
 
Alors, expliquer… Mais je peux vous garantir que ça marche.
 
En fait, comme on était des milliers – des millions ? – à s’orienter, ç’a été vite fait. Et nous voilà tous ventre à terre, coude à coude , à progresser vers l’étroit défilé qui se profilait à l’horizon. Pas si étroit que ça, en fait. Très large finalement.
 
J’ai mis pas mal de temps – ne me demandez pas combien, la montre ne faisant pas partie de mon barda – pour y parvenir, coincé dans l’énorme colonne des rampeurs au long cours.
 
Au fur et à mesure qu’on avançait, on a été pris dans une sorte de brouillard de plus en plus dense qui s’est finalement transformé en pluie. Une pluie tiède, plus que tiède, très agréable même, que j’ai eu l’idée d’avaler tout en rampant. Et ce n’est pas facile. Essayez, vous m’en direz des nouvelles ! J’ai bu de longues gorgées, sans arrêter de ramper, m’étouffant de temps en temps, quand j’avalais de travers.
 
Pas question de laisser tomber ma moyenne . Pas question non plus de me faire doubler ! Il y avait déjà trop de monde devant. Alors ceux qui étaient derrière, qu’ils y restent !
 
Après le défilé, on s’est retrouvé dans une vallée qui s’élargissait progressivement. C’est là que j’ai pris mon premier – mon seul ! – coup de blues . Le terrain étant largement dégagé, j’ai vu ce monde…, ce monde…, cette foule, ce pullulement, cette multitude, ce grouillement qui rampait devant moi.
 
Et je me suis dit dans ma petite cervelle : pas possible, j’arriverai trop tard, je n’ai aucune chance !
*
Mais en même temps une petite voix intérieure me susurrait que non, qu’il ne fallait pas succomber au découragement, que j’étais le meilleur, que c’est moi qui allais gagner. Moi tout seul. Pourquoi ? Parce que j’étais moi – et que j’étais le meilleur. Ego surdimensionné ? Peut-être ; sûrement ! Et alors ? Ça s’appelle un moral de gagnant, de gagneur, de winner .
 
Finalement le coup de blues a fait long feu. J’ai avalé une énorme gorgée de pluie, qui m’a revigoré, et je me suis mis à progresser encore plus vite, toujours plus vite, comme si ma vie en dépendait – et je crois bien qu’en effet elle en dépendait.
 
Le terrain devenait de plus en plus accidenté. Partout une étrange végétation rendait la reptation difficile. Il fallait continuellement changer de cap pour contourner des bosquets touffus. Mais mon système de navigation – top secret – fonctionnait à merveille et je n’avais pas la moindre hésitation.
 
Je doublais, je doublais, encore et encore…
 
Certains avaient de plus en plus de peine à ramper ; d’autres s’arrêtaient, agités de soubresauts : ils ne repartiraient pas. De les voir ainsi mordre la poussière me dopait encore davantage.
 
Ma reptation était facilitée maintenant par les traces toutes chaudes. Je me coulais avec souplesse dans les sillons de mes collègues, ce qui me permettait de progresser très vite tout en m’économisant au maximum. Les premiers allaient perdre toutes leurs forces à tracer la piste et arriveraient au but épuisés, vidés, lessivés – rétamés, ratiboisés, anéantis…
 
Et à moi la victoire !
 
Parce qu’il ne suffisait pas d’être le premier et de franchir une sorte de ligne d’arrivée ! Une fois sur place, il y avait encore quelque chose à faire pour gagner. Quoi ? Je n’en avais pas la moindre idée – les autres non plus, je

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