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Description
Sujets
Informations
Publié par | Éditions David |
Date de parution | 16 février 2016 |
Nombre de lectures | 7 |
EAN13 | 9782895975588 |
Langue | Français |
Poids de l'ouvrage | 1 Mo |
Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Mystères à Natagamau
DU MÊME AUTEUR
Mystères à Natagamau. Opération Clandestino Éditions David, 2013
Didier Périès
Mystères à Natagamau
Le secret du borgne
ROMAN
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Périès, Didier, auteur Mystères à Natagamau. Tome 2, Le secret du borgne / Didier Périès.
(14/18) Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-89597-533-5. — ISBN 978-2-89597-557-1 (pdf). — ISBN 978-2-89597-558-8 (epub)
I. Titre. II. Titre : Secret du borgne. III. Collection : 14/18
PS8631.E7336M973 2016 jC843’.6 C2015-908625-6 C2015-908626-4
Les Éditions David remercient le Conseil des arts du Canada, le Bureau des arts franco-ontariens du Conseil des arts de l’Ontario, la Ville d’Ottawa et le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada.
Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-830-3336 | Télécopieur : 613-830-2819 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com
Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 1 er trimestre 2016
À Magali, la muse qui n’a jamais cessé de m’élever
Prologue
L’hélicoptère rouge et or s’approcha du secteur DCD de la prison fédérale de Port-Cartier. Les gardiens ne reconnurent pas immédiatement le bourdonnement caractéristique de son rotor. Dans leurs miradors, ils durent plisser les yeux, tant le soleil rasant de cette fraîche soirée d’octobre était aveuglant. Le temps qu’ils comprennent qu’un événement inusité était en train de se dérouler sous leurs yeux : deux câbles descendaient depuis l’appareil jusque sur le toit du bâtiment. À leur extrémité pendait un baudrier. Deux silhouettes orange jaillirent d’une trappe comme par magie et s’harnachèrent avec vivacité. Dans la seconde qui suivit, le Bell Short Light Single aux couleurs flamboyantes quitta sa position statique, lourdement chargé de 400 livres de plus. Fermement accrochés à leur câble, les deux évadés se balançaient comme des pantins. Alors que l’hélicoptère amorçait son virage plein sud, les tirs commencèrent. Trop tard.
Dans le cockpit de l’engin, le pilote suait abondamment, surtout parce qu’un calibre 38 était pointé sur sa tempe, depuis qu’un de ses deux clients lui avait arraché son casque. Les deux hommes à la mine patibulaire, mais bien habillés, l’avaient littéralement braqué dès le décollage, plusieurs heures auparavant. L’escapade touristique, comme il en faisait souvent les fins de semaine, s’était transformée en aventure rocambolesque. Jusqu’à maintenant, il n’avait rien pu faire, sinon obéir aux ordres précis du plus petit des agresseurs . Mais, à la première occasion, il tenterait quelque chose : un appel de détresse, une manœuvre pour les déstabiliser, n’importe quoi pour empêcher les quatre hommes, dont les deux pendus au bout du câble , de s’échapper en toute impunité.
— Atterris ! On doit faire monter nos amis. Tu ne joues pas au héros, compris ?
— Non, bien sûr, j’veux pas mourir, s’entendit-il répondre, avec un accent de vérité.
— On repartira dès qu’ils seront dedans.
Le ton peu amène ne souffrait aucune répartie. Le pilote avisa donc un espace dégagé, quelques centaines de mètres sur sa gauche, le montra du doigt et entama immédiatement son virage. Il devrait slalomer un peu entre les collines. Plus près du sol, au moment où les deux hommes aideraient les évadés à se hisser à l’arrière, il aurait quelques secondes pour agir…
Trente secondes plus tard, un premier coup de feu retentit, puis encore un autre. L’appareil tournoya alors dans un ballet désordonné. À son bord, les quatre passagers faisaient tout pour garder leur équilibre et hurlaient à tout rompre. Aucun témoin ne vit l’hélicoptère descendre inexorablement vers le sol, au milieu des arbres un peu plus loin, ni un homme sauter hors du cockpit peu avant qu’il ne s’abîme dans les eaux marécageuses. C’est peut-être bien ce geste téméraire qui lui sauva la vie, au moment où les autres occupants se ruaient sur le manche pour reprendre le contrôle de l’appareil.
Bientôt, on n’entendit plus que les oiseaux et les bruits habituels de la forêt environnante, avec le glougloutement de la cascade toute proche. Dans l’enchevêtrement de tôle froissée à moitié immergé dans la vase, ne gisaient que quatre corps : celui du pilote et ceux d’un des évadés avec ses complices. Non loin de là, le second fugitif, hagard, échevelé et débraillé, émergea du bois et dévala la colline. La pénombre gagnait, un vent de tempête s’était levé. Il trébuchait sur les rochers affleurant du sol, glissait sur le tapis de feuilles mortes. Du côté de son œil valide — il était borgne — sa tête lui faisait un mal de chien. Il essuya du revers de sa manche le sang qui lui obstruait la vue au fur et à mesure qu’il coulait. C’était le contrecoup de la chute : sa tête avait rebondi sur le sol après son roulé-boulé approximatif. Commotion ? Traumatisme crânien ? Son cuir chevelu était ouvert, aucun doute. Il arracha une de ses manches pour se bander la tête. Il ne tiendrait pas longtemps à ce rythme et pouvait déjà ressentir le début d’une faiblesse physique. « Pas tomber dans les pommes, pas tomber dans les pommes », se répétait-il pour lui-même. S’évanouir aurait signifié se faire coffrer par la police, revenir en prison, subir à nouveau humiliations et coups… « Non, pas question ! Résiste, survis. Pense à lui. »
Au moment où le soleil disparaissait pour de bon à l’horizon, derrière les frondaisons, le borgne traversa une deuxième zone verte, puis atteignit une clairière, au cœur d’un vallon boisé. Un regard à gauche, un autre à droite : rien ni personne. Mais où était la route ? Il entrevit alors un début de sentier à quelques mètres. Cela devait déboucher quelque part, sur un chalet, sur un stationnement… Il ne savait même pas où exactement l’hélicoptère s’était écrasé. Disons dans un rayon de 20 kilomètres à l’ouest de la prison, vraisemblablement. À part la petite ville attenante à l’établissement de Port-Cartier, que pouvait-il y avoir par ici, excepté de la nature sauvage ? À travers les larmes et le sang, il consulta la montre qu’il avait prise au pilote, peu avant que l’appareil ne s’enfonce complètement dans les eaux marécageuses. Cela faisait plusieurs heures qu’il progressait ainsi, hors d’haleine et seul. Ne ralentissant qu’à peine son allure, il prit la piste sans hésitation. Il se remit à fuir.
Quelque trente minutes plus tard, il parvint en effet à ce qui semblait être une aire de pique-nique, plus ou moins laissée à l’abandon. Après l’avoir traversée, il tomba sur une route asphaltée. Enfin ! Il ne fallait pas flancher, ne pas laisser la fatigue gagner, même s’il commençait à songer à un peu de repos. Il grommela :
— Se coucher par terre quelques instants, juste un petit 15… Retrouver son énergie.
En si peu de temps, quel risque prenait-il qu’on le repère ? Que pourraient faire les policiers de toute façon ? Bien plus tôt, il avait entendu deux hélicoptères passer au-dessus de lui, probablement ceux de la Sûreté du Québec ; il supposait qu’une escouade de recherche était elle aussi à pied d’œuvre, sans compter les « tuniques rouges ». Et alors ? D’abord, ils ne sauraient dans quel secteur le chercher : l’accident avait eu une conséquence positive en ce que le borgne se trouvait moins loin de la prison qu’on le supposerait. Il n’y avait eu ni incendie ni explosion et l’hélicoptère s’était abîmé en pleine forêt, dans l’eau, entre deux îles, emportant avec lui les dépouilles du pilote, de Joe Corley One et de ses deux sbires. Avant de quitter l’endroit, il avait regardé une dernière fois en direction de l’appareil : seuls les bouts des pales sortaient de l’eau. Du ciel, on aurait été bien en peine de les distinguer des joncs et autres racines qui les jouxtaient. Donc, la police le chercherait probablement ailleurs, beaucoup plus loin ; et puis, avec la tempête qui soufflait et la nuit, les agents rentreraient gentiment au bercail, plutôt que de risquer un accident… Cela lui laissait quelques heures précieuses. Enfin, le borgne possédait une chose qui lui permettrait de se sortir de ce pétrin, une clef qui le rendait encore plus sombre et plus fort : sa haine.
En prison, il avait perdu un œil, ou plutôt, on le lui avait enlevé. Oh ! Une bêtise, une rixe avec un autre détenu, un certain Jimmy Moharty, pour une assiette de plus du rata qu’on leur servait quotidiennement. Même son protecteur, l’ex-trafiquant Joe Corley One, pourtant présent lui aussi, n’avait rien pu faire ce j