Mon ange
142 pages
Français

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Description

Une autre soirée banale pour Ambre qui doit prendre soin de son petit frère Bastien, attendre l’arrivée de Vince qui avait promis de passer... et puis retrouver son père dans un bar en ville, certainement ivre et incapable de rentrer. Depuis la disparition de sa mère qui a pris la poudre d’escampette, c’est ainsi que se caractérise le quotidien de l’adolescente... Mais ce soir-là, les choses vont se révéler encore un peu plus difficiles, car, sur le chemin du retour, alors qu’elle ramène son père à la maison, elle percute accidentellement un jeune homme, apparu on ne sait comment sur sa route. Heureusement, l’inconnu, à moitié nu, refusera de porter plainte... Il y aura toutefois une contrepartie : s’installer quelque temps dans la grange de cette famille à la dérive afin d’y recouvrer des forces... Ainsi va donc la vie d’Ambre : de mal en pis... à moins que les derniers événements ne constituent une chance inespérée. De non-dits en mystères, de secrets en révélations, d’éclats de larmes en éclats de joie, Maïté Manéa tisse la trame d’une relation à tout point de vue extraordinaire entre son héroïne et le désarmant Joshua. Une relation qui délaissera bien vite le stade de la simple courtoisie due à un blessé, qui se fera de plus en plus chaleureuse et troublante pour la jeune femme qui s’emploie à maintenir ce qui reste de sa famille à flots. Un roman placé sous le signe du fabuleux, habité par des personnages émouvants, à lire comme une ode à l’espoir.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 février 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748375916
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon ange
Maïté Manéa
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Mon ange
 
 
 
 
 
 
 
— À demain, Ambre !
La jeune fille se retourna et fit un signe de main à son amie Ilham qui montait dans son bus. Ambre cherchait ses clefs dans sa besace quand Vince passa ses bras autour d’elle. Il l’embrassa sur la joue et respira son parfum.
— On ne s’est pas vu aujourd’hui.
— Tes entraînements te prennent beaucoup de temps, répondit-elle en pivotant sur elle-même pour lui faire face.
— Je sais, je suis désolé, mais le match est pour bientôt et le coach est sur des charbons ardents.
— Il vous met la pression ?
— Oui, j’en peux plus !
 
Ambre sourit en rejetant en arrière les cheveux couleur d’or qui lui tombaient dans les yeux. Elle piqua un stylo dans son chignon afin de le faire tenir. Elle s’aperçut que Vince la regardait avec insistance, s’attardant sur ses joues pleines de chaleur, sur sa bouche rose pâle, et sur ses yeux, gris ou verts selon l’intensité de la lumière.
— Quoi ? demanda-t-elle joyeusement.
— Tu veux pas passer les tests ?
— Tu rigoles ? s’esclaffa-t-elle. Est-ce que tu me vois en pom-pom girl ?
— Je viens de t’imaginer dans leur tenue, et j’avoue que l’idée me plaît.
Elle le repoussa doucement.
— Il va falloir que tu te contentes de ce que je porte, dit-elle. Parce que le délire pompons à paillettes et jupettes, ça n’est pas pour moi.
 
Elle ouvrit alors la porte de sa vieille voiture. Vince lui sourit :
— Qu’est-ce que tu fais ce soir ?
— Tu sais très bien ce que je fais. Il faut que je m’occupe de Bastien.
— Il vous faudrait une nounou !
— Non, il se sent déjà assez délaissé comme ça.
Vince acquiesça. Ses coéquipiers, qui traversaient le parking, saluèrent Ambre qui leur répondit en agitant la main.
— Je pourrais peut-être faire un tour par chez toi ? suggéra Vince. Je verrais ton petit frère.
— Tu viendras bel et bien, cette fois ?
— C’est promis.
— Alors, on t’attendra. Oh, je dois me dépêcher ! s’exclama-t-elle en consultant sa montre. À ce soir !
Elle l’embrassa furtivement puis démarra le 4×4. Elle vit à peine Vince qui la regardait encore lui échapper. Ambre alluma la radio et fredonna The man that can’t be moved, du groupe The Script. Cette chanson passait souvent sur les ondes mais la jeune fille ne s’en était toujours pas lassée.
 
Elle se gara près de l’école primaire et alla récupérer son petit frère, qui l’attendait sur le même banc que d’habitude.
— T’as fait vite ! dit-il.
— C’est parce que je suis Wonder Woman.
— Ça peut pas être toi.
— Et pourquoi ça ?
— Parce qu’elle est brune.
— C’est une perruque, gros bêta !
Déboussolé par cette réplique, Bastien ne sut que répondre, ce qui fit rire sa sœur. Elle l’embrassa sur la joue et lui prit la main. Se doutant qu’il avait faim, comme toujours, elle sortit de son sac un gâteau au chocolat sous cellophane.
— Qu’est-ce qu’on dit ?
— Merci. Est-ce que je peux monter devant ?
— Quel âge as-tu ?
— Sept ans.
— Et… ?
— …et je suis encore trop petit.
— Exactement. Allez, dépêche-toi de grimper derrière et attache ta ceinture.
 
 
Ils arrivèrent bientôt chez eux. La famille occupait une petite maison en bordure de la ville. Sa façade était bleue, tandis que la grange voisine, encombrée de bottes de foin, était d’un rouge vif. À part Ioda, le petit shar-peï dont Bastien avait choisi le prénom, il n’y avait pas d’animaux, de sorte que le terrain verdoyant était vide. Ambre ne s’aventurait pratiquement jamais dans la grange, sinon pour y chercher Bastien lors de parties de cache-cache.
— Papa est pas là, dit Bastien. Y’a pas sa voiture.
Ambre se pinça les lèvres : où était-il encore passé ?
— Vince vient à la maison ce soir, annonça-t-elle afin de changer de sujet.
— Ouais, la dernière fois aussi, il devait venir.
— Il a eu un empêchement, mais il m’a promis de venir tout à l’heure. Je veux que tu le rencontres. Il est très gentil, tu verras.
— Il aime les chiens ?
— Il y est allergique. Je vais d’ailleurs mettre Ioda dehors.
— Mais il va avoir froid !
— Ne t’inquiète pas, je mettrai des couvertures dans sa niche.
— Ou alors je pourrais le garder dans ma chambre. Il est encore tout bébé, insista Bastien.
— D’accord, mais empêche-le de descendre au rez-de-chaussée, et ne le fais pas dormir dans ton lit. Bon, maintenant, va te laver. Tu as du chocolat plein le visage.
 
À vingt-et-une heures, personne ne s’était manifesté, ni Vince, ni leur père. Bastien et Ambre s’étaient installés dans le canapé pour y regarder la télé. La jeune fille caressait la tête de son petit frère, qui s’était endormi. Finalement, résignée et fatiguée d’attendre en vain, elle éteignit le poste et porta Bastien dans sa chambre. Elle le coucha dans son lit et releva les couvertures jusqu’à ses épaules. Le petit garçon ouvrit à peine les yeux.
— Vince avait promis… murmura-t-il.
— Il a dû avoir un problème.
— Peut-être qu’il veut pas me voir ?
— Qu’est-ce que tu racontes ? Bien sûr qu’il veut te rencontrer, il me l’a dit.
— C’est vrai ?
— Est-ce que je suis une menteuse ?
— Non.
— Allez, dors maintenant.
Comme elle venait de sortir de la chambre de Bastien, la jeune fille l’entendit l’appeler :
— Ambre ! Tu vas aller chercher papa ?
— …Oui.
— Tu promets de le ramener ?
— Tu as ma parole, répondit-elle après une profonde respiration.
— Bonne nuit, dit-il finalement en se tournant contre le mur.
Après avoir branché la veilleuse, Ambre ferma la porte et descendit les escaliers. Elle fut alors prise de soudains tremblements, et posa les mains à plat sur le plan de travail de la cuisine pour tenter de se calmer. Voyant qu’elle n’y parvenait pas, elle s’assit à même le sol et ramena ses jambes contre elle. Elle resta là, dans le noir, seule, en plein malaise. Mais où était donc Tyler ?
 
Ambre s’apaisa petit à petit. Une fois remise sur pieds, elle débarrassa le dîner de son petit frère, fit la vaisselle, et passa l’aspirateur. Ce ménage accompli, elle enfila une veste et, ayant verrouillé toutes les issues afin que Bastien fût en sécurité, elle monta dans sa voiture et s’en alla faire ce qu’elle avait déjà dû faire des milliers de fois depuis qu’elle savait marcher : chercher son père. Il était sorti tôt hier et aujourd’hui, à 3 h 26 du matin, toujours aucune nouvelle. C’est la raison pour laquelle elle avait dû se résigner à faire la tournée des bars. Certains gérants lui dirent avoir aperçu son paternel, un verre plein de whisky à la main, d’autres lui donnèrent des adresses où il était susceptible de se trouver. En se garant sur le parking de « L’oasis », Ambre pria intérieurement pour y trouver son père. Même à plusieurs mètres de distance, le boui-boui empestait l’alcool, la cigarette et l’herbe. La jeune fille s’avança courageusement mais le vigile, un grand Noir très baraqué, la coinça à l’entrée :
— Carte d’identité, s’il vous plaît.
— Je ne viens pas pour boire mais pour chercher quelqu’un.
— Vous n’êtes pas majeure, vous ne passez pas.
— Si jamais mon père rentre seul, complètement saoul, et qu’il a un accident, ce sera entièrement de votre faute et je vous collerai un procès là où je pense pour l’avoir laissé partir dans cet état !
Le videur réfléchit quelques instants et consentit enfin à se pousser pour la laisser passer :
— Vous avez dix minutes pour le sortir de là. Au-delà, je viendrai vous chercher personnellement pour vous mettre dehors.
Indifférente, Ambre entra dans la boîte. Il y faisait chaud. Elle jeta un œil aux dizaines d’hommes accoudés au bar circulaire mais n’y vit pas son père, aussi alla-t-elle fouiner plus loin. Elle le trouva finalement derrière des rideaux violets, dans un renfoncement douillet meublé de banquettes et de fauteuils. L’homme était affalé derrière une petite table encombrée de verres. Le cœur d’Ambre se serra ; elle avait l’habitude de le voir dans cet état, mais elle ne s’était jamais faite à l’idée que son père fût un ivrogne. Elle s’approcha de lui et le secoua :
— Tyler !
Pour toute réaction, l’homme poussa un gémissement. Elle prit alors son bras pour le passer autour de ses frêles épaules et le soutenir.
— Viens, lève-toi ! l’encouragea-t-elle.
— Laisse-moi…
— Il en est hors de question.
— Je suis ton père, je commande.
— Je n’ai pas de père, marmonna-t-elle. Est-ce que tu as pensé à Bastien ? Tu penses à lui parfois avant de te bourrer la gueule ?
— Bah, tu t’occupes bien de lui.
— Mais il a besoin de toi !
Ambre releva l’ivrogne avec difficulté et l’installa à l’arrière de sa voiture. Il l’exaspérait – non, pire que ça : il la désespérait.

Une fois au volant, Ambre se perdit dans ses pensées. Voilà cinq ans que sa mère avait disparu on ne sait où, pour on ne sait quelle raison. Son père, qui avait toujours été porté sur la boisson, avait alors décidé de lui en faire voir de toutes les couleurs. Ses abus et ses éclats de colère s’étaient multipliés au point de devenir quotidiens. Il était devenu agressif, et Ambre faisait depuis tout son possible pour épargner Bastien. Ce dernier, voyant Tyler s’absenter chaque soir, s’imaginait qu’il travaillait de nuit dans un magasin de jouets, aussi trouvait-il son père formidable.
Ambre lui aurait laissé croire ce qu’il voulait du moment que ça le rendait heureux… Cet enfant, elle en prenait soin comme si elle lui avait donné la vie. Ses parents ayant fui leurs responsabilités, Ambre incarnait pour Basti

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