LES LUNETTES JAUNES
119 pages
Français

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LES LUNETTES JAUNES , livre ebook

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Description

Antoine voit la vie en noir depuis que sa soeur jumelle a été victime d’un grave accident de la route. Déménagé à Québec dans le but d’assouvir sa vengeance, il constate que sa poursuite du chauffard criminel lui pourrit la vie. Le chemin de la haine s’avère toutefois pavé d’amitiés inattendues, d’une famille surprenante et d’un amour étonnant.
Les Lunettes jaunes s’interroge sur le pardon, la résilience et les remords et montre que la vie devient plus ensoleillée derrière des lunettes jaunes, qu’on se trouve dans le fauteuil roulant ou qu’on marche à côté. Pas facile quand le coupable est si près, si près…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 février 2019
Nombre de lectures 11
EAN13 9782764437186
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

De la même auteure chez Québec Amérique
Le Chant des libellules , coll. Titan, 2013.
Une carte sans légende , coll. Titan, 2009.
Un jeu vers le soleil , coll. Titan, 2006.





Projet dirigé par Stéphanie Durand, éditrice
Conception graphique et mise en pages : Nicolas Ménard
Révision linguistique : Eve Patenaude et Julie Therrien
En couverture : Photographie de freemixer / istockphoto.com
Conversion en ePub : Nicolas Ménard
Québec Amérique 7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l'aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L'an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l'art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d'impôt pour l'édition de livres – Gestion SODEC.



Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Gingras, Pascale, auteur Les lunettes jaunes / Pascale Gingras. (Titan) Public cible : Pour les jeunes.
ISBN 978-2-7644-3716-2 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3717-9 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3718-6 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Titan jeunesse.
PS8613.I53L86 2019 jC843’.6 C2018-943023-0 PS9613.I53L86 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2019
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2019.
quebec-amerique.com



Pour Rémi : mission accomplie !


Chapitre 1
Pouf ! Disparue ! Juste comme ça…
Envolée, la Fille de sa vie !
Ou du moins, elle pourrait l’être, pense-t-il.
Antoine la voudrait dans sa vie, cette étudiante qui s’est rendu compte qu’il file un mauvais coton, qui est entrée en contact avec lui, qui l’éloigne de ses idées noires. (Enfin, il suppose que c’est une étudiante. Statistiquement parlant, il y a toutes les chances qu’elle le soit, dans un café de cégep.)
Il était assis là, il y a une minute, seul à sa petite table. Dos aux autres clients, il regardait par la fenêtre les jeunes qui déambulaient dans la rue bordée de neige, sac à dos sur l’épaule, du pas pressé de ceux qui bravent le froid. Lui, réchauffé par le café qu’il achevait de boire, réfléchissait à tout ce qui allait mal, aujourd’hui et depuis l’Accident. Submergé par le découragement, il avait caché son visage entre ses mains. Une voix féminine avait soudainement murmuré à son oreille : « Mets ces lunettes jaunes et arrête de broyer du noir… Ça a marché pour moi, en tout cas… » Curieux, il avait tendu une main vers les lunettes qui venaient de se matérialiser devant lui. Sa tête, lourde de soucis, demeurait appuyée dans son autre main.
C’est ce moment que la Fille avait choisi pour lui effleurer la joue d’un très léger baiser (à moins qu’il ait rêvé ça, mais l’arôme de son parfum était bien réel : une douce fragrance aux accents d’agrumes, qui contrastait avec l’odeur tenace du café qui stagnait au fond de sa tasse).
En saisissant les lunettes, il avait vu pendant un bref instant la main de la Fille. Des doigts avec des ongles assez longs (mais pas trop) et bien soignés. L’erreur d’Antoine fut sans doute de s’attarder sur les étranges montures plutôt que sur la Fille. C’était une paire de grosses lunettes de protection, fermées sur les côtés, dotées de verres jaunes en plastique. Il les avait prises, puis s’était tourné vers la donatrice pour découvrir avec stupéfaction qu’elle avait décampé.
Pouf ! Disparue ! Juste comme ça… , se dit-il. Pourquoi n’a-t-elle pas eu le bon sens de rester ? Pourquoi les gens ne font-ils parfois les choses qu’à moitié ? Tu aides quelqu’un ou tu ne l’aides pas… C’est simple.
Un brin frustré, Antoine touche machinalement son tricot à l’épaule droite. La Fille s’est appuyée là avec insistance, au moment de déposer les lunettes et le baiser. Une réconfortante pression qu’il aurait voulu savourer plus longtemps, mais que la main inconnue avait interrompue dans un tiraillement semblable à celui d’un ongle qui serait resté coincé dans les mailles…
Le jeune homme se sent encore plus seul qu’avant, comme si le fait d’avoir goûté à la chaleur de la Fille l’amenait à prendre conscience que ses amis, laissés à Sainte-Julie, lui manquent cruellement. Ses amis, et surtout sa sœur, confinée à son lit d’hôpital pour encore combien de temps ?
Il attrape aussitôt son téléphone et lui adresse un texto :

Il se retourne sur sa chaise et fouille les alentours du regard en jouant avec l’étrange cadeau qu’il vient de recevoir. Cette pièce, dont l’ambiance feutrée incite au calme, Antoine l’a immédiatement adoptée. Après quelques jours passés à essayer de se repérer dans ce nouveau cégep, trouver ses marques quelque part est réconfortant. Les tables habillées de vieux journaux recouverts de vernis, les murs imitation de briques, le petit comptoir qui longe la paroi du fond, avec ses hauts tabourets… Il adore tout de cet endroit qui a été revampé depuis peu, lui a expliqué Raphaël, un étudiant qui travaille à la caisse.
« Mets ces lunettes jaunes et arrête de broyer du noir. Ça a marché pour moi, en tout cas… » La Fille avait une voix posée, mais un peu espiègle. Antoine réfléchit :
Elle est sans doute un peu folle, pour avoir embrassé un étudiant inconnu (toujours si je n’ai pas rêvé), pour porter des lunettes semblables (si elle n’a pas menti sur le sujet), et pour disparaître aussi précipitamment. Mais bon, je suis un peu fou moi-même, alors pas de problème !
En tout cas, si elle dit que les lunettes jaunes l’ont empêchée de mijoter de sombres pensées, c’est donc qu’à un moment ou à un autre de sa vie, elle s’est plus ou moins sentie comme lui à l’heure actuelle. Du coup, Antoine a l’impression d’être compris, même s’il doute que sa tristesse et sa soif de vengeance puissent être éprouvées aussi puissamment par qui que ce soit…
Il n’a aucun vrai ami à Québec ; la Fille pourrait devenir la première… Ou peut-être même plus : c’est-à-dire l’amour de sa vie… Plus il repense à l’événement, plus il y croit. Le sentiment qu’elle n’était pas là par pur hasard s’incruste en lui. Il contemple l’intérieur de sa main en concluant que la visite de la Fille était inscrite là, dans l’enchevêtrement des lignes. Il va la retrouver ; c’est sa destinée. Il mériterait un peu de bonheur, après ces semaines de désespoir.
Le jeune homme reprend du poil de la bête. Ce nouveau projet va peut-être l’aider à ne plus se sentir aussi solitaire que le ver du même nom. Mais par où commencer ? Tout ce qu’il sait d’elle tient en quelques mots : une fille qui sent bon, aux ongles propres, un peu folle, très empathique, audacieuse et timide à la fois.
Je ne l’ai même pas vue , songe-t-il en enfilant machinalement les lunettes de plastique. Si jamais j’ai aperçu un bout de ses vêtements (comme sa manche, ce qui serait probable), je ne m’en souviens pas. Shit. Ça aurait pu m’aider. De toute évidence, je dois rencontrer le plus de gens possible ici, et très rapidement, pour avoir toutes les chances de la retrouver au plus vite ! Et en prime, je me sentirai moins seul. Faut que je m’ouvre au monde, quoi !
Drôle de sensation, ces grosses lunettes contre son visage. Les côtés pleins lui collent aux tempes, mais sans trop serrer. Antoine observe le même effet protecteur que celui qu’il obtient, caché sous le capuchon d’une veste. La voix exacerbée de sa mère résonne dans sa mémoire : « Veux-tu bien ôter ça, dans la maison ? On ne te voit pas… » Les lunettes jaunes ne lui procurent pas cet avantage, cependant. Tournant le dos à la fenêtre, il s’offre une vue panoramique du café pour constater que son petit déguisement fait naître plusieurs expressions moqueuses.
Malgré ça, Antoine choisit de garder les lunettes enc

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